Tous les articles par Jacqueline Collard

La pollution de l’air est responsable de 9 % de la mortalité en France

La pollution de l’air est responsable de 48 000 morts chaque année en France . Une nouvelle « évaluation quantitative d’impact sanitaire », publiée en  juin par Santé publique France (agence issue de la fusion, le 3 mai, de l’Institut de veille sanitaire avec d’autres organismes), rappelle que la pollution atmosphérique constitue un problème de santé publique majeur.

 Toutes ces indications ont été reprises lors des Assises de l’air à Paris en septembre

Assises de la qualité de l'air

Organisées par le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer et l’ADEME, les Troisièmes Assises sur la qualité de l’air ont eu lieu les 22 et 23 septembre 2016. Leur objectif était de mobiliser les élus, les entreprises et les citoyens pour lutter contre la pollution de l’air intérieur et extérieur dans tous les secteurs d’activités. Elles ont permis aux participants d’échanger, de valoriser les retours d’expérience, de mieux connaître les outils existants et de définir collectivement les bonnes pratiques.

C’est la troisième cause de mortalité en France, derrière le tabac (78 000 décès) et l’alcool (49 000 décès).

A l’origine de 9 % des morts annuelles en France, les particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres – les PM2,5, qui pénètrent profondément dans le système respiratoire et provoquent de nombreuses pathologies  entraînent une perte d’espérance de vie à 30 ans pouvant dépasser deux ans dans les   villes les plus polluées.Et encore, « cet impact des particules fines sur la santé est probablement sous-estimé », selon Sylvia Médina, coordinatrice du programme Air et santé. « Nous utilisons dans notre étude les PM2,5 comme traceur, car il s’agit de l’indicateur de pollution le plus étudié en termes d’effets sur la santé, mais la pollution atmosphérique est un mélange complexe de milliers de polluants qui interagissent », rappelle-t-elle.

Les effets de la pollution sont, sans surprise, plus importants dans les grandes villes : dans les zones urbaines de plus de 100 000 habitants, la perte d’espérance de vie à 30 ans du fait des PM2,5 atteint quinze mois en moyenne, ce qui correspond à 26 000 morts annuelles.

Globalement, plus de 47 millions de personnes en France sont soumises à une concentration moyenne annuelle de PM2,5 dépassant la valeur guide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), soit 10 µg/m3. Si cette valeur était respectée partout en France, 17 700 morts pourraient  être  évitées chaque année, souligne l’étude, qui s’est intéressée aux bénéfices attendus d’une amélioration de la qualité de l’air selon plusieurs scénarios. Cela correspondrait à une baisse de la mortalité en France de l’ordre de 4 %. « Si, dans toutes les communes, était respectée ne serait-ce que la valeur proposée par le Grenelle de l’’environnement (15 µg/m3 de PM2,5), ce sont tout de même plus de 3 000 décès qui pourraient être évités chaque année », relève Mathilde Pascal, épidémiologiste de la direction santé environnement.

« La réduction des niveaux de polluants uniquement en cas de pic de pollution ne permet pas d’assurer une prévention efficace des impacts sanitaires », souligne toutefois l’agence. Elle appelle les décideurs à s’attaquer à la pollution chronique, en réduisant la dépendance aux énergies fossiles, en favorisant un usage du chauffage plus écologique, en développant les modes doux de mobilité en ville…

Le triclosan perturbateur endocrinien présumé

Une grande entreprise de distribution américaine d’agro-alimentaire décide pour 2018 de supprimer de ces produits ceux qui contiennent des produits chimiques trop souvent accusés comme le triclosan suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Ce sont   90.000 produits qui sont concernés, indique l’agence de presse Bloomberg.  et  700 fournisseurs qui  doivent mentionner la présence de ces huit agents sur l’étiquetage des emballages .

Le triclosan est utilisé comme agent de conservation et comme ingrédient antimicrobien actif dans une variété de cosmétiques et de produits de soins personnels, de médicaments sans ordonnance et de produits de santé naturels. Il est aussi homologué au Canada comme pesticide et utilisé comme agent de conservation dans la fabrication de textiles, du cuir, du papier, du plastique et du caoutchouc pour contrer la prolifération de bactéries, de champignons et de moisissure ainsi que pour prévenir les odeurs indésirables.

 Attendons une généralisation d’actions identiques compte tenues des expositions multiples auxquels sont confrontés en particulier les jeunes enfants mettant en cause leur santé future.

 

A quand un étiquetage alimentaire profitable aux consommateurs ?

Le principe d’une information nutritionnelle synthétique, simple, accessible à tous est au menu de l’article 5 du projet de loi de modernisation du système de santé. Voté le 14 avril par les députés, il a été  examiné au Sénat en septembre. Mais depuis de longs mois, la bataille est rude entre les autorités de santé et les sociétés savantes d’un côté, et l’industrie agroalimentaire et la grande distribution de l’autre.

De nombreuses polémiques empêchent une mis en place rapide de cet affichage, ainsi plusieurs chercheurs éminents du comité de pilotage ont choisi de démissionner dans l’été, devant les pressions et conflits d’intérêts d’autres membres en lien avec la grande distribution ou l’industrie agro-alimentaire.

Le principe d’un nouvel étiquetage a été acté dans la loi sur la modernisation du système de santé, votée fin 2015, mais les industriels se sont élevés contre un code à 5 couleurs préconisé par le Haut Conseil de la santé publique( HCSP): le Nutri-score . Face à la demande pressante des industriels en faveur d’une étude menée directement dans les grandes surfaces, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a décidé de lancer un test comparatif entre quatre systèmes dont le  « Nutri-repère » (conçu par l’industrie agro-alimentaire) et un dernier utilisé par la grande distribution (« SENS »). Les résultats de l’étude sont attendus en décembre 2016 et « l’Anses rendra ensuite un nouvel avis scientifique étayé », a indiqué à l’AFP le ministère. Le nouvel étiquetage doit rendre plus compréhensible les informations actuelles qui détaillent la quantité de glucides, protides, lipides par portion de 100 grammes et parfois la teneur en vitamines.

Nouvelle étude de l’ANSES sur l’alimentation infantile

Le 28 septembre l’ANSES a publié sa dernière étude EATi  analysant les contaminants alimentaires susceptibles d’être présents dans l’alimentation des enfants de moins de 3 ans, ceux ci étant nourris avec de l’alimentation spécifique concernant leur stade de croissance ,excluant ceux qui sont allaités par leur mère.

Anses_logo_2010

La présence de plus de 500 contaminants ont été mis en évidence , indiquant que pour une dizaine d’entre eux non seulement leurs côté indésirables mais plus encore leurs caractères préoccupants.

images

L’Anses met en avant  entre autre le plomb, l’arsenic inorganique, le nickel, l’acrylamide et les furanes (des composés se formant notamment lors des cuissons à haute température), les PCB (polychlorobiphényles), des dioxines ainsi que des mycotoxines (des substances produites par des champignons contaminant parfois les céréales) entre autres.

Selon l’agence, les deux tiers des enfants de moins de 4 mois ne sont pas exposés à des niveaux excessifs de ces substances problématiques. Mais ce taux chute à seulement 21 % chez les 13-36 mois. Dans cette tranche d’âge, plus de 40 % des enfants sont trop exposés à au moins deux composés préoccupants.

La première recommandation ferme de l’Anses est d’éviter pour les enfants de moins d’1 an, le lait courant en remplacement des préparations infantiles (laits pour nourrisson à reconstituer…). Outre les considérations nutritionnelles, le lait courant est en effet une source importante d’exposition à certains polluants organiques persistants, comme les PCB ou les dioxines. Dans cette classe d’âge, les enfants consommant du lait courant sont ainsi deux à six fois plus exposés à ces toxiques que ceux consommant des préparations infantiles.

Les principales sources d’exposition au plomb sont les légumes et l’eau rend difficile son évitement. L’agence recommande ainsi de « varier le régime alimentaire des enfants afin qu’ils ne mangent pas systématiquement les aliments les plus contaminés ». Quant à l’arsenic inorganique, il est principalement présent dans les préparations infantiles, le riz, les petits pots préparés à base de légumes ou de poisson. Ces mêmes petits pots sont également critiqués pour des teneurs parfois excessives d’acrylamide ou de mycotoxines, également retrouvées dans les boissons lactées à base de céréales et les biscuits. L’Agence suggère aussi de conduire une réflexion sur « l’utilité de la mise en œuvre d’une réglementation pour les contaminants non réglementés à ce jour (…) pour lesquels l’exposition est jugée préoccupante : acrylamide, furanes, nickel » et certaines mycotoxines.

N’ont pas été prise en compte les effets potentiels des mélanges de molécules . Enfin, seule l’exposition alimentaire a été prise en compte dans cette étude , sachant que d’autres expositions peuvent se conjuguer comme l’exposition à l’air extérieur mais aussi avec l’air ambiant ou les poussières domestiques.

Cette étude complète le colloque FIGO qui s’était tenu en juin à l’Assemblée nationale sur la contamination des fœtus et bébés où des gynécologues dénonçaient la contamination déjà in utéro . Etaient ciblées en particulier par les nombreuses substances de notre environnement classées perturbateurs endocriniens à des dose infinitésimales sans que la réglementation ne soit adaptée à ces molécules largement utilisées dans le monde industriel dans l’alimentaire comme dans les produits courants qui vont affectés plus encore les bébés.

Nouveau rapport de l’OCDE alarmant sur les effets de la pollution atmosphérique

« D’importantes incertitudes demeurent dans l’évaluation des coûts en bien-être liés aux décès prématurés et aux maladies, reconnaît Angel Guria, secrétaire général de l’OCDE, mais il est certain que des millions de vies seront en danger et que la situation économique des pays empirera si les pouvoirs publics ne mettent pas en place des mesures plus ambitieuses ».

La baisse de la productivité au travail, l’augmentation des dépenses de santé, les pertes dues à la diminution des rendements agricoles (des polluants comme l’ozone sont des oxydants des tissus végétaux) représenteront à l’horizon 2060 une charge équivalant à 1% du Produit intérieur brut (PIB) mondial. Ces pertes seront bien plus marquées en Chine avec une baisse de 2,6% du PIB et en Europe de l’ouest (-2%) et de l’est (-2,7%).

thOutre ces conséquences sur les biens marchands, l’étude s’est également penchée sur les sommes que les personnes sont prêtes à payer pour améliorer leur état de santé affecté par la qualité de l’air et réduire le risque de décès prématuré.

Ces coûts estimés aujourd’hui à plus de 2600 milliards d’euros sont évalués en 2060 entre 16 000 et 22 000 milliards d’euros. Les coûts annuels associés à la douleur et à la maladie passeraient de 260 milliards d’euros à près de 2000 milliards d’euros. Rapporté à chaque habitant, cette dépense flambe de 450 euros aujourd’hui à 2500 euros par an en 2060.

Compte tenu de ces projections inquiétantes l’OCDE presse donc les pays d’agir pour des raisons sanitaires autant qu’économiques.