Tous les articles par Jacqueline Collard

Internet et l’énergie électrique consommée

Le nouveau rapport de Greeenpeace nous informe sur la dérive énergétique que provoque  les habitués de la Toile via les smartphones, ordinateurs, tablettes ou autres objets connectés. Le trafic Internet devrait tripler d’ici 2020, selon Greenpeace, du fait de l’augmentation du nombre d’utilisateurs et de notre consommation personnelle de données. Les internautes consultent en effet toujours plus de vidéos, et ces dernières consomment bien plus d’énergie qu’on ne l’imagine.

A son  démarrage, il y a une vingtaine d’années, le réseau des réseaux a rapidement consommé l’équivalent de 2% de l’électricité mondiale. Nous n’en sommes plus là. Une étude publiée dés 2013 évaluait à plus de 1.800 térawattheures (TWh) la consommation annuelle d’électrons du net: plus de trois fois la consommation des Français, soit 7% de la demande mondiale. En cause: la multiplication du nombre d’usagers et surtout l’arrivée en force de la vidéo on line. Et il est prévu un doublement du trafic en 5 ans. En 2030, ils pourraient soutirer jusqu’à  8.000 TWh/an, soit 1/3 de la demande globale mondiale , à en croire l’Agence internationale de l’énergie (AIE) selon une étude suédoise!

De marginal (2% à ses débuts), le poids énergétique de l’internet va devenir majeur dans les prochaines années. D’où l’importance, pour le bon déroulé de la transition énergétique, d’un engagement total des exploitants de data centers en faveur des économies d’énergie et surtout de l’électricité produite par les énergies décarbonées. Ainsi, Apple, Google et Facebook, se sont engagés il y a plusieurs années pour faire fonctionner en partie leurs « data centers » grâce aux énergies renouvelables. Cependant d’autres grandes entreprises, comme Amazon par exemple, doivent encore faire des efforts, ce n’est pas encore le cas de ceux de l’Asie du Sud Est.

Echanger toujours plus de courriels, de tweets, de photos, de vidéos et de fichiers divers fait exploser le trafic de données. En 2003, les internautes du monde entier avaient accumulé (sur leurs sites, notamment) l’équivalent de 5 exabits (5 milliards de gigabits). Soit à peu près le volume de données qui s’échangent désormais tous les deux jours. Et cela n’est qu’un début. Selon certaines estimations, il pourrait s’échanger 10.457 exabits par an en 2019: 4 fois plus qu’en 2015.

Une boîte mail qui s’engorge, des vidéos regardées des millions de fois en haute définition… L’énergie consommée à cause d’Internet est très polluante. « Si Internet était un pays, il serait classé dans le top 5 des plus gros consommateurs mondiaux d’électricité », explique Gary Cook, analyste du secteur informatique au sein de l’antenne américaine de Greenpeace.

Le mail que vous vous apprêtez à envoyer, bien qu’immatériel, n’est pas neutre sur l’environnement et ne va pas en faveur d’une réduction de demande énergétique.

Les internautes, eux aussi, peuvent agir pour réduire leur consommation d’énergie. Greenpeace propose des gestes simples, comme vider sa boîte mail, se désabonner des mails publicitaires indésirables, stocker ses photos sur un disque dur plutôt que sur un « cloud » ou encore regarder des vidéos en basse définition quand la HD n’est pas indispensable.

Etude canadienne sur les polluants atmosphériques et les conséquences sanitaires

Un nouvel article du Lancet du 4 janvier met l’accent sur la proximité des axes routiers et les conséquences sanitaires multiples qu’elle induit pouvant aller sur des excès de démence.

 

« Les polluants atmosphériques peuvent entrer dans la circulation sanguine et conduire à des inflammations , liées à des maladies cardiovasculaires et éventuellement d’autres affections comme le diabète. Cette étude suggère entre autre que les polluants atmosphériques peuvent  atteindre le cerveau par la circulation sanguine et sont susceptibles de mener à des problèmes neurologiques »explique Ray Copes, expert de l’Institut Santé publique Ontario, co-auteur de l’étude avec d’autres scientifiques de l’Institute for Clinical Evaluative Sciences du Canada.

Elle met en évidence de ce fait que le risque de démence chez les personnes qui habitent à 50 mètres d’artères à forte circulation est supérieur de 7% à celui des personnes qui habitent à plus de 200 mètres de telles routes. Pour les personnes vivant de 50 à 100 mètres d’artères fréquentées, le risque accru de maladie est de 4%, de 2% pour celles situés de 101 à 200 mètres (à plus de 200 mètres des grandes routes, ce risque supplémentaire disparaît).

De plus, les chercheurs canadiens se sont concentrés sur la pollution engendrée par les particules fines (PM 2,5) et l’oxyde d’azote (NO2), alors que le bruit lié aux routes très passantes est aussi soupçonné de jouer un rôle dans l’apparition de démence. En effet des personnes exposées au bruit quotidien (comme celles habitant à proximité d’un aéroport) présenteraient plus fréquemment des maladies cardiovasculaires, des pressions artérielles plus élevées ou des troubles psychiques comme l’anxiété voire la dépression.

www.thelancet.com/pdfs

 

Normes différentes suivant les véhicules diesel

Une nouvelle étude de l’ICCT *met en évidence que les véhicules diesel ne respectent pas les normes demandées aux poids lourds comme la   la norme Euro 6 (1 voiture sur 10 les respecte)  : les plus gros véhicules diesel ne sont pas les plus polluants.

Avec 8,8 millions de véhicules diesel achetés en 2014, l’Europe reste la plus grande utilisatrice au monde. Elle en consomme davantage que la Chine, l’Inde et les Amérique réunies. Or, ce sont les voitures qui forment la grande majorité de la flotte, avec en moyenne 5 voitures vendues pour 1 poids lourd.

Les tests,  s’avèrent plus exigeants pour les poids lourds en Europe qu’ils ne sont pour les voitures . «Les tests mobiles pour les gros véhicules sont en effet obligatoires depuis 2013, ce qui ouvre la possibilité de faire des essais en conditions réelles, contrairement aux voitures», affirme au Guardian Peter Mock, directeur d’ICCT Europe. Cela tient avant tout au décalage existant, pour les voitures, entre les émissions déclarées et les émissions réelles, celles-ci pouvant être 6 à 7 fois plus élevées que le plafond européen Euro 6, fixé à 80 milligrammes d’oxydes d’azote (NOx) par kilomètre. Selon l’évaluation d’ICCT : les voitures diesel neuves émettraient en moyenne 10 fois plus de NOx que ne l’autorise la norme Euro 6. Les voitures à essence n’affichent guère de meilleurs résultats.

Seulement 1 véhicule sur 5 respecte la norme en vigueur (0,06 de NOx par kilomètre). L’ICCT a toutefois des données auprès de laboratoires finlandais et de l’autorité allemande en charge de l’homologation des véhicules. Elles montrent que les poids lourds testés émettent en moyenne 210 mg/km de NOx. C’est moitié moins que la moyenne des émissions réelles des voitures (480-560 mg/km), alors que ces modèles (Euro 6) consomment 5 fois plus de carburant. Ce qui montre que les véhicules diesel les plus lourds émettent 10 moins de NOx que les voitures par litre de carburant, conclut l’ICCT.

«Aux Etats-Unis, les fabricants vendent des voitures diesel plus propres. En Europe, les tests devraient obliger les producteurs à faire de même»,

 *I C C T The International Council on Clean Transportation

Il est urgent de préserver les terres agricoles

La planète connait une expansion urbaine sans précédents et donc une augmentation potentielle de la population et pourtant on continue à faire disparaitre des terres agricoles indispensables à l’alimentation de ses habitants. C’est en fait une  menace pour le secteur agricole certes mais aussi sur l’environnement, notre approvisionnement en denrées alimentaires et la paix sociale.
Christopher Bren d’Amour* (de l’Université de Berlin) et ses collègues ont voulu en avoir le cœur net. Couplant les projections d’expansion des métropoles aux cartographies de surfaces agricoles nationales, les chercheurs ont évalué l’ampleur de l’urbanisation des terres agricoles entre 2000 et 2030 soit un million d’hectares par an.

Selon leurs calculs, publiés dans la dernière édition des Pnas, ce sont près de 2% des terres agricoles qui sont appelées à disparaître sous le béton et le bitume avant 2030. Soit une trentaine de millions d’hectares : un peu plus de la superficie des terres agricoles françaises !

L’urbanisation galopante fait figure de grand responsable. Les villes devraient compter 5 milliards d’habitants, en 2030, contre 2,6 milliards au début du siècle. Il faut donc bâtir plus de logements, de bâtiments administratifs et commerciaux et d’infrastructures (routes, réseaux, etc.).

Bien sûr, l’amplitude du phénomène diffère selon les pays. Il sera particulièrement important en Asie et en Afrique.  A elle seule, la Chine perdra le quart des terres mondiales concernées. Avec 2 millions d’hectares en sursis, le Nigeria pourrait voir la production de ses champs chuter de 16%.

Pour exemple en Egypte le problème s’accroit aussi . Certes, le Caire ou Alexandrie ne devraient engloutir ‘que’ 800.000 ha de terres cultivées, mais cette perte devrait réduire d’un tiers la production de céréales et de légumineuses. Une situation explosive pour un pays qui importe déjà 36% des céréales qu’il consomme et où 67 millions de personnes [1] bénéficient d’une carte donnant droit à des tarifs réduits pour les produits alimentaires de base.
Aux impacts environnementaux (perte de biodiversité, perturbation des cycles naturels, pollutions) et alimentaires s’ajoute la crainte du désordre social. Immanquablement, le bétonnage d’un million d’hectares de bonnes terres agricoles (les terres péri-urbaines ont souvent d’excellents rendements) annonce la disparition de millions de petites exploitations. Ces millions de nouveaux migrants iront grossir les bidonvilles et les quartiers défavorisés des villes. Une situation qui ressemble étrangement à celle qui a prévalu en Syrie, au début des années 2010.

*Christopher Bren d’Amour du Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change, 10829 Berlin, Germany; et du Department Economics of Climate Change, Technische
Universität Berlin, 10623 Berlin, Germany
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Nouvelles mesures environnementales

Le ministère de l’environnement (MEEM) annonce la mise en œuvre d’une vingtaine de mesures à caractère environnemental, au 1er janvier. Voici les principales :

  • Naissance de l’AFB : une fois n’est pas coutume, honneur à la biodiversité. L’arrivée de 2017 marque l’avènement de l’Agence française pour la biodiversité (AFB). Installé à la fois à Vincennes, Montpellier et Brest, le fruit de la loi pour la reconquête de la biodiversité regroupe les services de l’Agence des aires marines protégées, l’Atelier technique des espaces naturels (Aten), l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) ainsi que les services des parcs nationaux de France. Seuls manquent à l’appel de la forêt les experts de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui poursuivront leurs missions parallèlement à leurs collègues de l’AFB.
    Présidée, à titre honorifique, par Hubert Reeves, la nouvelle agence devra tout à la fois animer la stratégie nationale, collecter des données, soutenir l’action de l’Etat (et éventuellement des régions), assurer les missions de police de l’environnement (à partager avec l’ONCFS), lutter contre les espèces exotiques envahissantes, appuyer la gestion d’aires protégées, renforcer l’efficacité du dispositif éviter-réduire-compenser.
  • La transition énergétique : l’un des principaux est le démarrage du marché de capacité de production d’électricité, prévu par l’article 168 de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). Récemment validé par la Commission européenne, il est censé apporter une rémunération aux exploitants de centrales de pointe.  Les propriétaires doivent désormais intégrer une exigence d’efficacité énergétique, lors de travaux lourds de réhabilitation – ravalement de façade, réfection de toiture, aménagements pour rendre un local habitable. Et pour les y inciter, le crédit d’impôt transition énergétique (Cite) et l’écoprêt à taux zéro (éco-PTZ) ont été reconduits. Les deux dispositifs sont par ailleurs cumulables.
  • Début de la fin des phyto : Biodiversité, toujours : les jardiniers des espaces verts de l’Etat, des forêts, des promenades ouvertes au public, des collectivités locales et des établissements publics ne sont désormais plus autorisés à utiliser des produits phytosanitaires de synthèse. Cette interdiction s’appliquera aux particuliers dans deux ans.
  • Des compteurs : Alors qu’Enedis et Engie poursuivent le déploiement des compteurs communicants d’électricité et de gaz naturel, les bailleurs et propriétaires d’immeubles collectifs vont devoir se mettre au diapason du comptage individuel d’énergie. D’ici le 31 mars, nous disent les articles 26 et 27 de la LTECV, les immeubles collectifs disposant d’un système de chauffage commun et présentant des consommations de chauffage de plus de 150 kilowattheures au mètre carré par an devront disposer d’appareils permettant à chaque occupant de mesurer la quantité de chauffage consommée, sauf impossibilité technique ou coût excessif.

    Tous les bâtiments neufs doivent désormais comporter des places de stationnement pré-équipées pour recevoir des bornes de recharge pour véhicules électriques. A prévoir aussi : un nombre de places de stationnement vélo.

  • Véhicules : à propos de transport, dès le 16 janvier prochain, poids lourds, voitures, tricycles, quadricycles et deux-roues motorisés circulant dans la capitale devront arborer une vignette Crit’air. Indispensable pour circuler sans être verbalisé, en cas de pic de pollution atmosphérique. Bonus électrique : Le barème du bonus écologique se recentre sur l’achat de véhicules électriques. Le bonus pour l’achat d’un véhicule électrique s’élève à 6.000 euros. Les hybrides rechargeables bénéficieront d’un bonus de 1.000 €. Pour 2017, un bonus écologique de 1.000 € a été créé en loi de finances pour les 2 et 3 roues électriques. Les propriétaires de vieux véhicules diesel (particuliers ou utilitaires) peuvent bénéficier, jusqu’au 31 décembre, d’une prime de 10.000 € pour l’achat d’une voiture électrique.

    Valorisation des déchets

  • Les déchets : la presse devra aussi participer à la valorisation de ses déchets. L’article 91 de la LTECV, complété par le décret du 5 juillet 2016, oblige les éditeurs de presse à payer une contribution aux éco-organismes agréés de la filière REP des producteurs de papier pour faciliter la collecte et le recyclage des anciens journaux.

La LTECV, et particulièrement son article 77, intéresse aussi les garagistes. Depuis le 1er janvier, ces derniers doivent proposer au consommateur des pièces de rechange recyclées à la place de pièces neuves.

Sans surprise, l’interdiction des sacs en plastique dédiés aux fruits et légumes est entrée en vigueur le 1er janvier. Elle intervient 5 mois après l’arrêt de la mise sur le marché des sacs plastique de caisse.

les déchets de BTP : Egalement depuis le 1er janvier, les distributeurs de matériaux de construction (de plus de 400 m2 et dont le chiffre d’affaires annuel dépasse le million d’euros) devront mettre en place une déchetterie dédiée aux professionnels du bâtiment.

  • Et rappelons l’interdiction du BPA : le Bisphénol A vient, à quelques jours d’intervalle, d’être classé comme substances extrêmement préoccupantes et d’être quasiment banni des tickets de caisse. Extrait : Le 4,4′-isopropylidenediphenol rejoint la liste des substances extrêmement préoccupantes (SVHC) que tient à jour l’agence européenne pour les produits chimiques (Echa).