Tous les articles par Jacqueline Collard

Impact des perturbateurs endocriniens sur la croissance du cerveau : le lien est avéré

Une nouvelle étude parue dans la revue Scientific Reports pointe le lien entre les perturbateurs endocriniens et les impacts sur la croissance du cerveau. Alors que les controverses persistent sur les critères d’identification de ces molécules présentes dans de multiples produits de notre quotidien, que le 7ème programme d’action sur l’environnement( 2013-2020) affiche la volonté de réduire la présence des substances toxisues dans notre environnement, nous sommes toujours et pour combien de temps encore confrontés à une contamination silencieuse qui inquiéte les chercheurs et de plus en plus la population.. De nouveaux travaux,  complètent ce tableau en montrant leurs effets délétères sur le développement du cerveau: Les auteurs du rapport de CHEM Trust rappellent qu’avec ses 85 milliards de neurones, le cerveau est un organe extrêmement complexe. Son développement subtil et élaboré, s’effectue tout au long de la vie. Mais les premiers stades de développement, du fœtus à l’adolescence, connaissent des modifications rapides et présentent une grande sensibilité aux produits chimiques toxiques.

Bisphénol A (BPA), phtalates, retardateurs de flamme bromés (BFRs), perchlorates, pesticides… les perturbateurs endocriniens se cachent dans les vêtements, les meubles, les emballages, les contenants alimentaires, la poussière et même les aliments (par le biais de résidus de pesticides). Selon la communauté scientifique compétente, nous sommes exposés à des doses variables de centaines de ces substances chimiques dans notre vie quotidienne.

Aussi « le phénomène d’exposition aux produits chimiques auquel nous assistons est un problème de santé public majeur et une menace pour l’intelligence », souligne le professeur Philippe Grandjean (université du  Danemark du Sud-université de Harvard), contributeur du rapport de CHEM Trust. et complété par  le professeur Michael Warhurst, directeur général de CHEM Trust, qui ajoute que la réglementation doit être plus stricte : « Le développement du cerveau des futures générations est un enjeu principal.

Inégalités dans la qualité de l’air ; une étude sur plusieurs villes européennes et françaises

La pollution de l’air touche-t-elle avant tout les personnes des classes sociales défavorisées ? La situation est plus complexe que cela, et dépend en grande partie des villes, révèle une  étude menée dans 16 grandes villes européennes et publiée dans la revue Environment International.

Plusieurs études, d’abord aux Etats-Unis puis en Europe, se sont penchées sur l’exposition à la pollution de l’air selon le niveau socio-économique de la population. Avec des résultats très contrastés à ce jour : pour certains auteurs, les pauvres sont plus exposés, tandis que d’autres travaux montrent que ce sont plutôt les riches.

Menée par Sofia Temam, de l’unité mixte de recherche «Vieillissement et maladies chroniques» de l’Inserm (Villejuif), et ses collègues européens, une étude menée dans 16 villes de huit pays –dont Paris, Lyon, Marseille et Grenoble-, s’est penchée sur la question, utilisant pour chacune les mêmes indicateurs socio-économiques. D’une part des critères individuels (niveau socio-économique, niveau d’études), d’autre part des critères collectifs (taux de chômage dans le quartier).

Résultats différents selon les indicateurs

Les résultats révèlent une situation complexe: quand les chercheurs ne tiennent compte que du taux de chômage, les quartiers les plus touchés sont bien surexposés à la pollution de l’air, et ce dans 11 des 16 villes analysées. Par exemple pour les quatre villes françaises, le taux de dioxyde d’azote (NO2) est de 35 µg/m3 d’air lorsque le taux de chômage dépasse 9,5%, mais de seulement 27 µg/m3 lorsqu’il est en-dessous.

A l’inverse, les chercheurs n’ont découvert aucune association statistiquement significative entre les facteurs individuels (niveau socio-économique et niveau d’études) et l’exposition au NO2. Du moins dans 14 des 16 villes: pour les deux autres (Lyon et Vérone, en Italie), les personnes de moindre niveau d’études sont en revanche moins exposées à la pollution.

Un profil différent selon les villes

Selon les chercheurs, «les inégalités sociales face à la pollution de l’air présentent un profil complexe dans les villes européennes, et ne peuvent être traitées qu’au sein de chaque ville. Nos résultats montrent par ailleurs l’importance de prendre en compte aussi bien les facteurs socio-économiques individuels et collectifs, de manière à bien décrire la complexité de ces profils d’inégalité».

Autre complexité, une plus grande exposition à la pollution de l’air n’est pas toujours synonyme d’une plus grande vulnérabilité sanitaire.A Paris , dont des travaux publiés en 2015 ont montré que la pollution au NO2 y était plus forte dans les beaux quartiers, mais que la mortalité suite aux pics de pollution était plus élevée dans les quartiers moins favorisés.

Le champ des radiofréquences de la téléphonie mobile vu par l’OMS

En mai 2011, l’agence internationale pour la recherche sur le cancer (CIRC) dépendant de l’OMS a évalué le risque de cancer des radiations de type radiofréquences.

Les études épidémiologiques sur l’homme démontrent une augmentation du risque de gliome et de neurinome acoustique. Ces radiofréquences ont été classées dans le groupe 2B, comme possiblement cancérogènes. Plusieurs autres études, qu’elles soient épidémiologiques, sur l’animal ou encore mécanistiques, ont renforcé cette association. Malgré cela, dans la plupart des pays, rien n’est fait, ou quasiment pour réduire cette exposition et informer la population de ce risque sanitaire lié à ce type de radiation. Et à l’inverse, l’exposition ambiante n’a fait qu’augmenter.

En 2014, l’OMS a lancé la création d’une monographie sur les champs électromagnétiques et la santé, celle-ci fut mise à disposition du public afin de la commenter. Il s’avéra que 5 des 6 membres du groupe principal en charge de cette ébauche sont affiliés à la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP), une ONG loyale à l’industrie, et qui de plus, serait sujette aux conflits d’intérêts. Tout comme l’avis de l’ICNIRP sur les radiofréquences, les évaluations des effets biologiques non thermiques sont écartées comme preuve d’effet sanitaire dans cette monographie. Cela à suscité un certains nombre de réactions auprès de l’OMS.

Les études épidémiologiques ont fourni des preuves soutenant l’augmentation du risque de tumeur cérébrale, de neurinome acoustique et de gliome. Ce groupe de travail finira donc par conclure que les radiations de type radiofréquences utilisées par les différents objets sans fil qui communiquent à travers la bande de fréquences des 30kHz-300gHz, appartiennent au groupe 2B, c’est-à-dire comme cancérogène possible pour l’homme (3,4). Par la suite, plusieurs autres études scientifiques corroborèrent ces conclusions, voir même renforcèrent les preuves de cet impact

Différentes études en laboratoire ont constaté des mécanismes cancérogènes de ces radiations notamment sur la régénération de l’ADN, sur le stress oxydatif, l’altération de la mRNA (NDLR: message ARN) ou encore sur la cassure simple-brin d’ADN (913).

Un rapport a été publié par le programme national de toxicologie (NTP), sous la tutelle de l’institut national de la santé (NIH) aux USA, sur une des plus large étude animal sur la causalité entre exposition aux radiations du téléphone portable et cancer (14). Une augmentation de l’incidence des gliomes au niveau du cerveau et des schwannomes au niveau du cœur a été constatée chez les rats. Les neurinomes acoustiques et les schwannomes vestibulaires sont des types similaires de tumeur, ces dernières ont donc été relevées au niveau du cœur, bien qu’elles aient été de forme bénignes. Cette étude animale conforte donc les conclusions des études épidémiologiques sur les radiofréquences et le risque de tumeur au cerveau (8).

Les directives ont été mises à jour en 2009 mais ne prennent toujours pas en compte la question du cancer, ni des effets à long terme non thermiques. L’ICNIRP donne comme limite d’exposition aux radiofréquences de 2 à 10 W/m2 selon les fréquences, toujours basé sur l’effet thermique à court terme (19).

Un appel pour une protection contre les expositions aux radiations non ionisantes a été lancé par l’appel scientifique international sur les champs électromagnétiques, initialement publié le 11 mai 2015 et dont la dernière version date du 27 janvier 2017, il a recueilli 222 signatures parmi 41 nations : « Nous sommes des scientifiques impliqués dans l’étude des effets biologiques et plus généralement sur la santé des champs électromagnétiques (CEM)…

Ces effets inclus l’augmentation du risque de cancer, le stress cellulaire, l’augmentation de radicaux libres nocifs, les dommages génétiques, les modifications de la structure et du fonctionnement du système reproductif, les troubles neurologiques et tous les impacts négatifs sur le bien-être chez l’humain. Ces dommages vont bien au-delà de la seule question de l’être humain, il y a de plus en plus de preuves qui tendent à démontrer des effets nocifs que ça soit sur les plantes ou sur le monde animal. Ces résultats justifient notre appel émis auprès des Nations Unies et à tous ses membres à travers le monde, pour encourager l’organisation mondiale de la santé à devenir le leader dans le développement d’un encadrement plus protecteur au sujet des CEM, en encourageant la mise en place de mesures de précaution et en mettant en place une politique d’information du public au sujet des risques sanitaires, plus particulièrement concernant les enfants et le développement fœtal. En ne prenant aucune action, l’OMS manque à son rôle d’agence sanitaire internationale prééminente. » (https://emfscientist.org/index.php/emf-scientist-appeal)
Un communiqué de presse a été publié le 24 février 2017 par la coordination des organisations européennes pour une régulation de l’exposition aux CEM qui protège réellement la santé du public.

Etudes correspondantes en référence:

  1. Baan R, Grosse Y, Lauby-Secretan B, E1 Ghissassi F, Bouvard V, Benbrahim-Tallaa L, Guha N, Islami F, Galichet L and Straif K; WHO International Agency for Research on Cancer Monograph Working Group: Carcinogenicity of radiofrequency electromagnetic fields. Lancet Oncol 12: 624-626, 2011.
    4. International Agency for Research on Cancer: IARC mono-graphs on the evaluation of carcinogenic risks to humans, Volume 102. In: Non-Ionizing Radiation, Part 2: Radiofrequency Electromagnetic Fields. WHO Press, Lyon, France, 2013. Available online: http://monographs.iarc.fr
  2. Hardell L, Carlberg M, Séderqvist F and Hansson Mild K: Case-control study of the association between malignant brain tumours diagnosed between 2007 and 2009 and mobile and cordless phone use. Int J Onco143: 1833-1845, 2013.
    6. Hardell L, Carlberg M and Hansson Mild K: Use of mobile phones and cordless phones is associated with increased risk for glioma and acoustic neuroma. Pathophysiology 20: 85-110, 2013.
    7. Coureau G, Bouvier G, Lebailly P, Fabbro-Peray P, Gruber A, Leffondre K, Guillamo JS, Loiseau H, Mathoulin-Pélissier S, Salamon R, et al: Mobile phone use and brain tumours in the CERENAT case-control study. Occup Environ Med 71: 514-522, 2014.
    8. Carlberg M and Hardell L: Evaluation of mobile phone and cordless phone use and glioma risk using the Bradford Hill viewpoints form 1965 on association or causation. BioMed Res Int 2017: 9218486, 2017.
    9. Markova E, Malmgren LO and Belyaev IY: Microwaves from mobile phones inhibit 53BP1 focus formation in human stem cells more strongly than in differentiated cells: Possible mechanistic link to cancer risk. Environ Health Perspect 118: 394-399, 2010.
  3. Akdag MZ, Dasdag S, Canturk F, Karabulut D, Caner Y and Adalier N: Does prolonged radiofrequency radiation emitted from Wi-Fi devices induce DNA damage in various tissues of rats? J Chem Neuroanat 75: 116-122, 2016.
  4. 14. Wyde M, Cesta M, Blystone C, Elmore S, Foster P, Hooth M, Kissling G, Malarkey D, Sills R, Stout M, et al: Report of Partial findings from the National Toxicology Program Carcinogenesis Studies of Cell Phone Radiofrequency Radiation in Hsd: Sprague Daw1ey® SD rats (Whole Body Exposures). US National Toxicology Program (NTP), 2016. doi: org/10.1101/055699. http://biorxiv.org/content/biorxiv/early/2016/05/26/055699.full.pdf .Accessed on April 1, 2017.
    15. Hedendahl L, Carlberg M and Hardell L: Electromagnetic hypersensitivity – an increasing challenge to the medical profession. Rev Environ Health 30: 209-215, 2015.
    16. Hardell L, Koppel T, Carlberg M, Ahonen M and Hedendahl L: Radiofrequency radiation at Stockholm Central Railway Station in Sweden and some medical aspects on public exposure to RF fields. Int J Onco149: 1315-1324, 2016.
    17. Hardell L, Carlberg M, Koppel T and Hedendahl L: High radiofrequency radiation at Stockholm Old Town: An exposimeter study including the Royal Castle, Supreme Court, three major squares and the Swedish Parliament. Mol Clin Oncol 6: 462-476, 2017.
  5. International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection: ICNIRP statement on the Guidelines for limiting exposure to time-varying electric, magnetic, and electromagnetic fields (up to 300 GHz). Health Phys 97: 257-258, 2009.
    20. Biolnitiative Working Group: Biolnitiative Report: A Rationale for a Biologically-based Public Exposure Standard for Electromagnetic Fields (ELF and RF). Sage C and Carpenter DO (eds). Bioinitiative, 2007. http://www.bioinitiative.org/table-of-contents/ . Accessed on April 1, 2017.
    21. Biolnitiative Working Group: Biolnitiative 2012. A Rationale for a Biologically-based Exposure Standard for Electromagnetic Fields (ELF and RF). Sage C and Carpenter DO (eds). Bioinitiative, 2012. http://www.bioinitiative.org/table-of-contents/ . Accessed on April 1, 2017.
  6. loup D: Téléphonie mobile: Trafic d’influence a l’OMS? Mediaattitudes, 2007. http://www.mediattitudes.info/2006/12/traficdinfluence-loms.html . Accessed on April 1, 2017.

Des produits vendus pour purifier qui polluent

Dans la revue 60 millions de consommateurs du mois de Mars sont étudiés une quarantaine de produits vendus pour purifier ou assainir l’air, or ils contribuent majoritairement à polluer notre air intérieur déjà mis à mal par l’ensemble des mobiliers et articles de décoration utilisés sans compter nos habitudes de vie.

C’est ainsi que sont passés au crible  10 sprays assainissants, 12 produits désodorisants, 12 anti-acariens et 12 désinfectants,selon la revue  « loin d’assainir la maison », ils « décuplent la pollution intérieure », cumulant « des substances allergènes, irritantes, voire toxiques ». Ainsi, « la majorité des 46 produits épinglés contient des composés organiques volatiles (COV) comme le limonène. Et pourtant « Notre secteur est très réglementé », se défend pour sa part  l’Afise, une association qui fédère les industries de la détergence, de l’entretien et des produits d’hygiène industrielle, et poursuit: les ingrédients qui entrent dans la composition des produits sont rigoureusement sélectionnés et testés avant d’être mis sur le marché », précise-t-elle.

Concernant plus particulièrement les produits et traitements anti-acariens, « les consommateurs ne sont pas suffisamment informés que les substances utilisées dans les aérosols et les traitements textiles acaricides », qui ne sont autres que des pesticides. Plus grave, peut-être, est l’introduction dans la sphère familiale de pesticides, tellement toxiques qu’ils sont désormais interdits en agriculture..

L’exposition aux toxiques (COV, aldéhydes, pesticides) contribuent à l’augmentation des allergies, un phénomène véritablement pandémique, souligne l’Observatoire pour la qualité de l’air intérieur. En France, les maladies allergiques touchent 25 à 30% de la population. Selon l’Inserm, leur prévalence a considérablement augmenté au cours des trois dernières décennies.

La revue pointe en général que « l’étiquetage de ces produits est tout simplement inacceptable », car « les deux tiers des marques trichent et font rétrécir les pictogrammes de danger, sans doute pour ne pas effrayer le consommateur »,et appelle « les consommateurs à limiter le recours à l’arsenal dont les industriels voudraient les équiper ». Continue reading

Dispositif d’interdiction des camions polluants de plus de 7,5 t dans la vallée de l’ARVE

Le texte instaure une interdiction de circulation pour les vieux camions de plus de 7,5 t.

Un peu plus d’un mois après la médiatisation du dispositif présenté le 24 février par la Ministre de l’environnement , afin de lutter contre la pollution atmosphérique dans la vallée de l’Arve la décision devient effective. Ces mesures visent à renforcer la réglementation encadrant le trafic des poids lourds dans la vallée de l’Arve (74), l’Etat prend ses dispositions en fixant comme objectif de faire de la vallée de l’Arve «un territoire respirable à énergie positive».

En début de semaine, la préfecture de Haute-Savoie a publié un projet d’arrêté concernant l’interdiction des poids lourds de plus de 7,5 tonnes, inférieurs ou égal à la norme Euro 3, dans les 41 communes couvertes par le plan de protection de l’atmosphére de la vallée de l’ARVE