Tous les articles par Jacqueline Collard

Le recyclage des déchets électriques et électroniques : un vrai cauchemar

Les déchets électroniques et électriques( communément appelés DEEE) sont en permanence extension sans que des solutions pérennes et efficaces ne soient à la hauteur des enjeux tant en matière environnementale que sanitaire. La France doit répondre à la directive concernant les déchets électriques et électroniques qui a pour  objectif de favoriser le recyclage des équipements électroniques et électriques. De nombreuses modifications ont été apportées depuis la première mouture de 2002 ( directive européenne RoHS (2002/95/CE) visant à limiter l’utilisation de six substances dangereuses), la dernière datant de 2014.

Cette dernière  introduit à partir de 2016 un objectif de collecte de 45% des équipements électroniques vendus. Cet objectif est porté à partir de 2019 à 65% des équipements vendus ou à 85% des déchets électroniques produits. Les États membres pourront choisir l’une de ces deux méthodes de comptage pour mesurer leur progression par rapport à l’objectif: en France c’est l’ADEME qui en a la charge.

Elle impose aux fabricants et aux importateurs d’équipements électroniques et électriques de prendre en charge les coûts de ramassage et de traitement des déchets d’équipement électriques et électroniques.

A partir de 2018, le champ d’application de la directive sera par ailleurs étendu à toutes les catégories de déchets électroniques, sous réserve d’une analyse d’impact préalable : panneaux photovoltaïques, équipements contenant des substances appauvrissant la couche d’ozone, lampes fluorescentes, etc.

En dépit de la réglementation, la France ne traite pas correctement ces produits très toxiques pour l’environnement et l’homme. et tout particulièrement les composés bromés  souvent utilisés comme retardateurs de flamme, d’autant que l’utilisation exponentielle de ces produits devenus d’usage courant ont fait irruption dans tous nos actes quotidiens avec une frénésie sans égale . Simultanément ils sont constitués d’une multitude d’éléments faits avec des ressources naturelles extrêmement  précieuses et difficiles à renouveler.

Dernièrement une étude de l’INERIS a rendu un rapport concernant la pollution chronique des plastiques utilisés dans ces appareils pollués aux brome et longtemps mélangé aux autres plastiques en vue de recyclage: trente-quatre pages mises en ligne le 20 mars par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), résultats d’une commande du ministère de l’environnement, constituent un document explosif. Il démontre, explique un professionnel du secteur, « que l’ensemble de la filière plastique a été empoisonnée par le brome » On trouve des composés « bromés » à peu près partout : dans les jouets, les outils électriques, les systèmes d’éclairage et, surtout, dans les gros équipements électroménagers (réfrigérateurs, etc.). Selon l’Ineris, environ 39 % des appareils électriques ou électroniques contiennent du brome dans toutes leurs pièces plastiques, 46 % dans au moins l’une d’elles. Seuls 15 % n’en contiennent pas du tout.

L’affaire est un casse-tête pour la filière de traitement des déchets. Depuis 2006, une directive européenne impose de séparer les plastiques bromés des autres, mais sans déterminer de seuil à partir duquel un plastique est considéré comme bromé. En 2015, le Comité européen pour la standardisation électrotechnique (Cenelec) s’est enfin accordé sur le seuil de 2 g de brome par kilo, soit 2 000 parties par million (ppm). Ces plastiques, lorsqu’ils sont classés « dangereux » et « polluants organiques persistants » (ou « POP »), ne peuvent être recyclés, ni mis en décharge, ni brûlés dans les incinérateurs classiques. Ils doivent être traités en incinérateurs de produits dangereux, équipés de fours à haute température.

 

Télécharger la directive D3E 2002-96-CE  et la Directive D3E révisée a été publiée en juillet 2012. et Le décret français n° 2014-928 du 19 août 2014 transpose la directive révisée.

 

Quelles ambitions pour les polluants atmosphériques d’ici 2030?

Polluants atmosphériques: un parcours fléché jusqu’en 2030: le ministère de l’Ecologie communique:

Des propositions essentielles, à condition de faire en sorte d’y parvenir!

On inspire, on souffle ?

On inspire, on souffle ?

Mis en consultation le 6 avril, le nouveau plan national de réduction des polluants atmosphériques fixe les objectifs à atteindre en 2020, 2025 et 2030.

 Comme d’habitude en matière d’amélioration de la qualité de l’air, la réglementation arrive… avec retard. La loi sur la transition énergétique avait prévu sa publication au plus tard le 30 juin 2016 (Art 64), mais le nouveau plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PREPA) pour la période 2017-2021 a été  mis en consultation sur le site du ministère de l’écologie.

Le projet de décret propose un scénario de réduction en trois temps -2020, 2025 et 2030- en s’appuyant sur les travaux réalisés entre 2015 et 2016 par le Citepa[1], l’Ineris[2] et le cabinet d’étude AJBD. Des travaux qui optent pour «une évolution du mix énergétique à caractère tendanciel» (cf tableau 1 ci-dessous, avec 2005 comme année de référence).

POLLUANTS

EMISSIONS DE REFERENCE

OBJECTIFS

2005

2020

2025

2030

kt

% par rapport à 2005

SO2

467

-55%

-66%

-77%

NOX

1.429

-50%

-60%

-69%

COVNM

1.189

-43%

-47%

-52%

NH3

686

-4%

-8%

-13%

PM2,5

255

-27%

-42%

-57%

PM10

378

Pas d’engagements sur les PM10

 Importants, ces objectifs seront repris dans les schémas régionaux de climat, de l’air et de l’énergie ainsi que dans les plans de protection de l’atmosphère au niveau local. La mise en consultation se terminant le 27 avril, ils pourraient entrer en vigueur avant la fin du premier semestre2017.

 Ambition variable

Premier constat, plusieurs objectifs définis pour 2020 s’avèrent peu ambitieux puisque la plupart ont déjà été atteints en 2014 (l’année de référence étant 2005). C’est le cas des émissions de dioxyde de soufre (SO2), des composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) et des PM 2,5 (cf tableau 2 ci-dessous).

EMISSIONS DE REFERENCE

EVALUATION

OBJECTIFS

2005

2014

2020

kt

% par rapport à 2005

SO2

467

-64%

-55% (atteint)

NOX

1.429

-38%

-50%

COVNM

1.189

-46%

-43%

NH3

686

+3%

-4%

PM 2,5

255

-34%

-27%

PM 10

378

-27%

Pas d’engagement

Chauffage sous haute surveillance

Il existe toutefois une incertitude liée aux émissions de particules PM 2,5 à cause de l’évolution des appareils de chauffage au bois. Le rapport d’évaluation du projet de PREPA estime en effet que comme pour les véhicules diesel, il existe une différence entre les émissions réelles des équipements et les émissions mesurées lors des essais de conformité. Des études en cours devraient préciser l’écart actuel.

Selon le Citepa, les PM 2,5 proviennent surtout des logements (43%), et dans une moindre mesure de l’industrie et du traitement des déchets (24%), du transport routier et non routier (20%) et de l’agriculture (11%).

A noter que les émissions de méthane produites par l’élevage des ruminants ne sont ciblées par aucun objectif de réduction, tout comme les émissions de particules PM10.

 AVIS aux constructeurs automobiles

Les efforts les plus importants devront se tourner vers les émissions d’oxydes d’azote (NOX), dont la baisse devrait atteindre 57% en 2020, 65% en 2025 et 72% en 2030 (toujours par rapport à 2005). Le poids du trafic routier étant majeur, «tout dépendra de l’efficacité des nouvelles normes Euro 6 sur les véhicules diesel», note le rapport. Autrement dit, cette réduction est entre les mains des constructeurs automobiles.

 Les 39 marches

C’est le projet d’arrêté qui énumère les actions à mettre en œuvre. Soit 39 au total dont 6 pour l’industrie, 18 en matière de transports, 8 pour le résidentiel et le tertiaire et 7 pour l’agriculture.

Les émissions industrielles devront ainsi faire l’objet de nouveaux plafonds réglementaires, en particulier pour les COV dans les secteurs les plus émetteurs. Déjà évoqué, un fonds air-industrie pourrait accélérer le mouvement au niveau des collectivités locales.

Côté transports, le texte cite la convergence –déjà actée- entre la fiscalité sur l’essence et sur le gazole, l’alignement de leurs régimes de déductibilité de la TVA, la mise en place de plans de déplacement dans les entreprises et les administrations, le recours accru au vélo, la création de zones à circulation restreinte, la mise en place de sanctions en cas de non affichage des vignettes Crit’air, le développement d’infrastructures de recharge pour les véhicules électriques, au gaz naturel et à l’hydrogène.

Dieselgate oblige, un chapitre entier vise à contrôler les émissions réelles des véhicules routiers, via la rédaction, en cas de dépassement, de plans d’amélioration destinés aux constructeurs automobiles.

Côté logement, le projet d’arrêté vise à réduire la teneur en soufre du fioul domestique, à inciter à la rénovation thermique (sans citer de nouveaux soutiens financiers) et à renforcer le contrôle des performances des appareils de chauffage neufs.

Au niveau de l’agriculture, il est préconisé de réduire les émissions d’ammoniac provenant des engrais, et de lancer une campagne de surveillance des pesticides dans l’air en vue de réduire, in fine, leur utilisation.

 Une économie de 17 milliards d’euros

Si toutes ces mesures étaient mises en place, la qualité de l’air serait réellement améliorée. Selon le rapport d’évaluation, les dépassements du seuil horaire pour le NO2 (200 microgrammes par mètre cube), chuteraient de 1000 à 2 entre 2010 et 2030.

Idem pour les dépassements du seuil journalier des particules PM10 (50 μg/m3), qui passeraient de 4.362 à 208 en 20 ans. Au total, les impacts sanitaires seraient réduits de 40% entre 2010 et 2030. Soit une économie, non négligeable, de 17 milliards d’euros.

[1] Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique

[2] Institut national de l’environnement industriel et des risques

Des particules nanométriques jusque dans les bonbons

Il en va des bonbons comme de tous les petits et grands plaisirs de la vie, il faut les consommer avec modération. En atteste cette enquête de France 5 au titre évocateur: »les bonbons flingeurs ».

S’agissant des bonbons, et connaissant l’appétence des Français pour les sucreries (6,5 kg par personne et par an), la facilité des parents à satisfaire les demandes de leurs enfants , sachant que 80% sont issus de la production industrielle, la question se pose de leur «deuxième effet», sur les dents bien sûr et tout particulièrement chez les jeunes enfants, mais pas seulement. Car la plupart des bonbons, majoritairement composés de sucre, contiennent aussi du sirop de glucose, de la graisse de palme, de la gélatine de porc généralement  (E428 ou E441), du sel, des acides (E296…), des colorants (E131…) et des additifs, dont les nanoparticules de dioxyde de titane, communément appelées E171.

Cet  additif alimentaire,( E 171), présent dans les bonbons, les chewing-gum et même dans  le pain ou les médicaments pourrait altérer la structure et la fonction des cellules digestives, d’après  une recherche de l’Université de Binghamton (USA). En effet, les cellules de l’intestin grêle sont entravées par l’exposition chronique aux nanoparticules de cet additif alimentaire commun. Résultat : leur capacité à absorber les nutriments et à agir comme une barrière contre les agents pathogènes est considérablement diminuée.

Ce dernier ingrédient, heureusement est en cours de suppression chez de nombreux confiseurs depuis la publication, en octobre 2016, d’une étude édifiante de l’Inra, en effet il aurait comme effet de franchir la barrière intestinale et de favoriser le développement de certains cancers. Outre les caries, toujours plus nombreuses et particulièrement chez les enfants, les autres provoquent obésité, diabète, déminéralisation de l’émail dentaire, problèmes cardiovasculaires, troubles digestifs, risques d’allergies, d’altération du fonctionnement du foie, des testicules, des ovaires. Faut-il, pour autant, arrêter de manger des bonbons? A minima ne pas en abuser !

 

Le Vercors laboratoire du climat

La moyenne montagne est une altitude qui est à la croisée des chemins des influences méditerranéennes, océaniques, et continentales et c’est ainsi que l’IRSTEA (Institut de recherches et technologies pour l’environnement  et de l’agriculture) en a fait depuis quelques années son terrain d’observation du changement climatique au sein même du Vercors. En effet, un programme de 3 ans avait été défini en 2015  (dans le cadre de la COP 21) dénommé ADAMONT*, avec des collaborations entre le GICC (Gestion et impacts du changement climatique), l’OPERC (Observatoire national des effets du réchauffement climatique) et Météo France.

 Au cours de ces 3 ans ont été programmés des ateliers sur ce territoire rassemblant les divers acteurs concernés du tourisme, de la gestion des ressources en eau, de la forêt et des risques naturels.

 Les résultats seront présentés fin2017 par le Ministère de l’écologie et du Développement durable au cours d’un colloque sur ce sujet  d’actualité, afin de fournir aux acteurs des territoires de moyenne montagne des outils d’adaptation au réchauffement climatique pour les diverses filières que sont l’agriculture, le tourisme et la forêt et imaginer ainsi des « orientations 4 saisons »pour les 20 ans à venir .

* Adamont : Adaptation en territoire de montagne aux impacts du changement climatique

 

 

 

 

La Bulgarie condamnée sur sa mauvaise qualité de l’air

La Bulgarie, premier Etat membre de l’UE à être condamné pour sa mauvaise qualité de l’air

Pour la première fois, la Cour de justice de l’Union européenne a condamné, mercredi 5 avril, un pays, la Bulgarie, pour n’avoir pas respecté la réglementation sur la qualité de l’air ambiant. L’arrêt de la Cour mentionne un « non-respect systématique et persistant, depuis l’année 2007 jusqu’à l’année 2013 incluse au moins des valeurs limites journalières et annuelles applicables aux concentrations de PM10 [PM10 désigne les particules dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres (µm)] », dans un grand nombre de zones.

Pour la première fois s’agissant de la qualité de l’air, ils reconnaissent qu’un État n’a non seulement pas respecté les limites fixées par la réglementation européenne, mais n’a pas non plus tenu compte des injonctions successives qui lui rappelaient la nécessité de prendre des mesures pour baisser les niveaux d’émission de ces particules fines.

La mise en place de la réglementation sur les PM10 remonte à 2005. Le seuil annuel est de 40 µg/m3 et le seuil journalier limite a été fixé à 50 µg/m3, à ne pas dépasser plus de trente-cinq jours par an. La France risque le même sort puisque n’ayant pas pu pour l’instant obtenu des réductions drastiques des concentrations particulièrement pour les particules fines PM 10 et PM 2,5 et les oxydes d’azote: c’est pourquoi elle met en œuvre des mesures réglementaires afin d’accéder aux exigences de l’Europe.