Tous les articles par Jacqueline Collard

La cour de Justice de l’Europe se positionne sur l’évaluation des pesticides

La Cour de justice de l’UE a émis son jugement concernant l’évaluation des pesticides par les États membres de l’Union européenne. Elle a conclu que cette évaluation était illégale, mettant fin à la  pratique qui consistait à ignorer les avancées scientifiques récentes au profit d’études produites par les industriels datant de plusieurs décennies. Ainsi la Cour de justice européenne remet en cause les évaluations menées par les États.

En effet par deux décisions préjudicielles, la juridiction communautaire interprète le règlement qui régit la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques dans l’EU dans un sens beaucoup plus strict.

Ce jugement découle de plaintes déposées par PAN Europe devant un tribunal néerlandais en 2019, contestant la réautorisation de certains pesticides tels que le Closer (sulfoxaflor), le Dagonis (difénoconazole) et le Pitcher (fludioxonil). Dans toutes ces affaires, l’agence néerlandaise d’autorisation des pesticides (CTGB) n’avait pas pris en compte les données scientifiques les plus récentes dans son évaluation des risques liés à ces produits.La Cour précise également que les autorités réglementaires doivent utiliser les données scientifiques les plus récentes en l’absence de lignes directrices harmonisées.

La Cour a souligné que les critères de sécurité applicables aux substances actives des pesticides devaient également s’appliquer aux formulations commerciales de ces produits. De plus, elle a rappelé que chaque État membre était responsable de ses propres autorisations nationales et ne pouvait pas simplement se fier à l’évaluation scientifique d’autres États membres.Les États membres doivent prendre en compte les connaissances scientifiques et techniques les plus récentes pour protéger efficacement la santé publique et l’environnement.

Ces positionnements interrogent quant à la ré autorisation du Glyphosate , ce qui corrobore le recours déposé contre cette ré autorisation récente.

https://master.juricaf.org/arret/CJUE-COURDEJUSTICEDELUNIONEUROPEENNE-20240425-C30922

L’hiver a rechargé majoritairement les nappes phréatiques

Le dernier bulletin national de situation hydrologique du BRGM d’avril 2024 donne une première idée des tendances plutôt rassurantes avec 58% des niveaux au-dessus des normales.

Premier constat : la pluviométrie a été excédentaire de plus de 25 % en moyenne sur la France, durant la période de recharge des nappes de septembre à mars excepté certaines régions peu nombreuses encore en déficit . Ainsi, le manque de pluies de plus de 20 % dans l’Aude, l’Ariège, la Corse-du-Sud, l’Hérault et de 50 % dans les Pyrénées-Orientales, s’avère préoccupant. De même la situation reste  défavorable, avec des niveaux bas à très bas, sur la nappe inertielle du Sundgau (sud Alsace) et sur les nappes du littoral du Languedoc et du Roussillon.

La recharge 2023-2024 a été nettement excédentaire sur la quasi-totalité du territoire, ce qui se traduit par des niveaux actuels très majoritairement proches des normales mensuelles voire  très hauts.

https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/nappes-eau-souterraine-au-1er-avril-2024

A l’Université de Grenoble en collaboration avec Atmo AURA un nouveau projet: Prédict’Air

Sur une station de mesures de Grenoble est ajouté un nouvel appareil prototype européen : un projet innovant afin d’examiner la composition chimique des particules fines.

Alors que la nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air est attendue dans les prochains mois, abaissant les seuils d’acceptabilité de concentrations de métaux et de particules fines dans l’air, la chaire grenobloise Predict’Air, portée par l’Institut des Géosciences de l’Environnement, propose une approche complémentaire : elle travaille sur le déploiement d’une station de mesure capable de mesurer et analyser en temps réel la composition des pollutions atmosphériques, leur toxicité et la source des émissions. Objectif : fournir aux pouvoirs publics des indicateurs plus pertinents que les mesures actuelles.

Ce nouvel équipement vient ainsi renforcer un dispositif déjà très complet de mesures des polluants atmosphériques, ayant pour objectif de mieux comprendre et analyser la composition chimique ainsi que la provenance des particules, qu’il s’agisse du chauffage au bois, du trafic routier, de l’industrie ou des particules naturelles de sable, entre autres.

L’acquisition de cet appareil a été rendue possible grâce à une collaboration de longue date avec l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE), qui en est le propriétaire, dans le cadre de la Chaire PREDICT’AIR soutenue par la Fondation Université Grenoble Alpes. PREDIC’TAIR a pour ambition, en combinant les expertises de l’IGE et d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, de constituer une « super-station » pour mieux comprendre la composition et l’évolution de la qualité de l’air dans la capitale des Alpes.

Le projet vise également à étudier les effets sanitaires des particules grâce à l’analyse de leur potentiel oxydant, un indicateur prometteur des effets sanitaires déjà inclus dans le projet de nouvelle directive européenne sur l’air. Le potentiel oxydant, sujet de prédilection de l’IGE, pourra être analysé en continu dans cette même station dans les mois à venir, grâce à un prototype conçu par le laboratoire.

22 avril Jour de la Terre

La Journée mondiale de la Terre est une journée de sensibilisation mondiale célébrée le 22 avril de chaque année depuis 1970. Elle a été créée pour sensibiliser le public à la protection de l’environnement et de la biodiversité, et pour encourager les individus et les gouvernements à agir en faveur de la durabilité environnementale.

La nature souffre et nous envoie des signaux forts que nous ne pouvons plus négliger. Les océans se remplissent de plastique et deviennent de plus en plus acides. Les chaleurs extrêmes, les incendies de forêt, les inondations et d’autres phénomènes météorologiques ont touché des millions de personnes.

Les changements climatiques et les autres perturbations environnementales provoquées par les activités humaines, notamment celles qui touchent à la biodiversité comme la déforestation, le changement d’affectation des terres, l’agriculture et l’élevage intensifs, ou encore le commerce illégal des espèces sauvages, sont autant de facteurs qui accélèrent la détérioration de notre environnement.

Cette Journée internationale de la Terre nourricière est la troisième célébrée dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystème.

Agissons sans attendre

Selon le dernier rapport du GIEC, nous disposons de plusieurs solutions réalistes et efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour nous adapter au changement climatique d’origine humaine – et ces solutions sont aujourd’hui à portée de main.

  • Un écosystème sain contribue à nous protéger de ces maladies. La biodiversité rend par exemple difficile la propagation rapide des agents pathogènes.
  • On estime qu’environ un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction.

Le PIB pourrait être très affecté par le manque d’investissements pour le changement climatique

Le coût de l’inaction climatique s’avère déjà très élevée. Rien que pour les émissions passées, l’impact économique sera d’ici 2050 six fois plus important que le coût de l’action climatique pour limiter le réchauffement à 2°C, révèlent des chercheurs de l’Institut de recherche sur l’impact climatique (PIK) de Potsdam, dans une étude publiée dans la revue Nature.

38 000 milliards de dollars par an, c’est l’impact économique du changement climatique sur les revenus d’ici 2050.

C’est ce que révèle une nouvelle étude inédite publiée mercredi 17 avril .Pour arriver à de telles estimations, les scientifiques du PIK se sont appuyées sur des données issues de 1 600 régions à travers le monde sur les 40 dernières années. Ils n’ont pas seulement pris en compte l’impact de la hausse des températures moyennes annuelles mais aussi celui des précipitations moyennes et des variations extrêmes, ainsi que la persistance de ces impacts dans le temps. La Terre souffre déjà d’une amplification désastreuse des canicules, des sécheresses, des inondations ou des tempêtes tropicales,  avec déjà une hausse moyenne  de température de 1,2°.

L’étude n’entre pas directement dans ce débat mais son chiffrage des immenses pertes économiques plaide pour une action ambitieuse et rapide, selon les auteurs et des observateurs extérieurs.

“Notre analyse montre que le changement climatique entraînera des dommages économiques massifs au cours des 25 prochaines années dans presque tous les pays du monde, y compris dans les pays les plus développés comme l’Allemagne, les États-Unis Unis et la France, avec une réduction prévue du revenu médian de 11% pour les deux premiers, et de 13% pour la France”, note Leonie Wenz, scientifique du PIK, qui a dirigé l’étude. “Les rendements agricoles, la productivité du travail ou les infrastructures” seront par exemple touchés, cite Maximilian Kotz, scientifique du PIK et premier auteur de l’étude.

Mais ce que l’étude montre aussi, c’est qu’il va y avoir une grande inéquité, puisque les pays les moins responsables du changement climatique sont ceux qui en souffriront le plus.

https://www.nature.com/articles/s41586-024-07219-0

https://www.nature.com/articles/s41558-024-01990-8?fromPaywallRec=false

Les données sur la production économique et les données climatiques ERA-5 sont accessibles au public à l’adresse https://doi.org/10.5281/zenodo.4681306 (réf. 62) et https://www.ecmwf.int/en/forecasts/datasets/reanalysis-datasets/era5  respectivement