Tous les articles par Jacqueline Collard

Les objectifs du DD (ODD 14) pour les océans à l’ONU

Du 5 au 9 juin, l’Organisation des Nations unies (ONU) organise pour la première fois une grande conférence entièrement consacrée aux océans. Cette conférence vise à identifier les moyens d’appuyer la mise en œuvre de l’objectif du Développement durable 14 ( ODD 14)* qui est de « conserver et d’exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable« . L’ambition affichée est d’aboutir à la signature d’un « appel à l’action » au niveau intergouvernemental afin de préserver 10% des océans d’ici à 2020, au lieu de moins de 4% actuellement.

Sous la direction de Callum M. Roberts, de l’Université de York, douze chercheurs ont réuni leurs connaissances sur ce thème à partir de 140 recherches antérieures. Dans cette équipe figurait notamment l’ancienne directrice de l’Administration océanique et atmosphérique américaine (NOAA), Jane Lubchenco (université d’Etat de l’Oregon), et le célèbre halieute Daniel Pauly (Université de  Colombie-Britannique, au Canada). Ils ont identifié cinq impacts majeurs du changement climatique sur l’océan : l’acidification du milieu, l’augmentation du niveau des mers, l’intensification des tempêtes qui frappent les rivages, une nouvelle distribution des espèces autour du globe, la baisse de leur abondance et de la disponibilité en d’oxygène.

Si les zones protégées mondiales étaient agrandies de 5%, la biodiversité pourrait tripler. C’est le résultat d’une étude menée par deux chercheurs du Centre national de recherche scientifiques (CNRS) et un chercheur de l’Université de Yale (États-Unis).

* Cette discussion explorera comment le système des Nations Unies peut aider les États membres à mettre en œuvre les objectifs de développement durable liés au climat et aux océans, notamment :
– améliorer nos connaissances sur les impacts du changement climatique sur l’environnement marin et côtier et le développement durable;
– comprendre le rôle des océans sains dans l’adaptation et l’atténuation;
– renforcer les capacités d’adaptation aux changements climatiques grâce à des solutions innovantes et réactives.

L’anorexie au cœur de nouvelles études

L’anorexie se diagnostique en principe à partir de trois critères internationaux : la présence d’une restriction alimentaire menant à la perte de poids, une perception déformée du poids et du corps, et une peur intense de grossir. Mais une étude française (Inserm/Université Paris-Descartes/Centre hospitalier Saint-Anne) parue le 7 juin 2016 dans la revue Translational Psychiatry pourrait bien transformer la façon de percevoir cette maladie, et offrir du même coup de nouvelles perspectives thérapeutiques.

Cette hypothèse est confortée  par le Pr Philip Gorwood, chercheur à l’Inserm et chef de service de la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris, a de quoi bouleverser les idées reçues. Selon lui, l’anorexie ne se caractérise pas par la peur de grossir – comme les chercheurs le pensaient jusqu’alors – mais… par le plaisir de maigrir. Une hypothèse qui ouvre la voie à des thérapies ayant fait leurs preuves chez les toxicomanes.

Le spécialiste a été en effet frappé par un chiffre : le taux de mortalité des patients atteints de ce trouble alimentaire, très majoritairement des femmes, est le plus élevé de toutes les maladies mentales, soit de 5 % à 10 % selon les études.

 

L’ANSES pointe l’insuffisance des réglementations en faveur de l’air

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publie un avis sur les normes qui régissent la qualité de notre air. Doit mieux faire, conclut l’agence, qui invite à attirer l’attention du public sur cet aspect.

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est lancée dans un processus de révision des valeurs-guides pour les particules, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre, l’ozone et le monoxyde de carbone qui devrait aboutir en 2020, l’Anses s’est plongée dans le maquis réglementaire consacré à l’air ambiant made in France.

Avec une question centrale: les normes actuelles de qualité de l’air sont-elles assez protectrices pour la santé publique même question que s’était posée Santé publique France à l’automne? Dans l’avis qu’elle rend ce 22 mai, l’agence recommande explicitement d’aller plus loin, en s’inspirant des normes en vigueur dans d’autres pays industrialisés comme les Etats Unis et en collant à la roue de l’OMS qui propose des meures plus strictes. Ainsi en matière de particules fines, tant PM10 que PM2,5, dont les valeurs-limites en moyenne annuelle sont bien au delà  des recommandations de l’OMS . Il en est de même pour le dioxyde de soufre et l’Ozone.

Au plan sanitaire, l’Anses appelle l’exécutif à adopter des valeurs-limites plus protectrices pour les particules (PM10 et PM2,5), étant entendu qu’il ne semble pas exister de seuil en dessous duquel aucun effet sur la santé n’est attendu, rappelle l’agence. Elle souligne que «toute réduction des niveaux de PM10 et PM2,5, qu’ils soient inférieurs ou supérieurs aux valeurs-limites, conduira à un bénéfice sanitaire». Et de proposer une valeur-limite en moyenne journalière de 50 μg/m3 pour les particules PM10 (contre une concentration de 25 μg/m3 en moyenne journalière préconisée par l’OMS en 2005), qui devra être déclinée pour les PM2,5.

La France cultive quelques différences, plus ou moins efficaces. Comme l’existence de seuils d’information et de recommandation pour le NO2 et le SO2, en sus des seuils d’alerte existant dans la réglementation européenne, mais aussi avec l’existence de seuils d’information/recommandation et d’alerte pour les PM10. Autant de dispositifs scientifiquement étayés, calés sur les normes de l’OMS et qui jouent désormais un rôle pédagogique auprès du grand public. Ne pas y toucher, préconise l’agence. L’existence, pour l’ozone, de trois niveaux d’alerte correspondant à la mise en œuvre progressive de mesures d’urgence doit en revanche être révisée, puisque seul le niveau 1 a été atteint ces 5 dernières années.

https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2016SA0092Ra.pdf

Les céréales complètes ont des impacts bénéfiques

Des chercheurs de la faculté de médecine de la Harvard University ont analysé deux études importantes ayant porté sur 74.341 femmes entre 1984 et 2010 et 43.744 hommes de 1986 à 2010. Tous les participants étaient en bonne  santé sans aucun signe de cancer ou de pathologie cardiovasculaire au début de cette recherche. Leurs résultats indiquent que manger plus de céréales complètes permettrait de réduire jusqu’à 15% les risques de décès prématurés, en particulier ceux dus aux maladies cardiovasculaires.

Plus précisément, ils ont calculé que 28 grammes de céréales complètes consommées par jour étaient liés à une baisse de 5% de mortalité et de 9% des décès provoqués par des pathologies cardiovasculaires. Celles-ci constituent un ensemble de troubles affectant le cœur et les vaisseaux sanguins. Si la consommation de céréales complètes a déjà été associée à une diminution du risque de développer des maladies chroniques comme le diabète de type 2 par exemple, il n’y avait jusqu’à présent que peu de données concernant leur impact sur la mortalité.

Que sont les céréales complètes ?
Chaque grain de céréale est constitué de trois parties distinctes : l’enveloppe de son, riche en fibres, le germe, partie intérieure du grain renfermant des micronutriments, et son « corps » principal amylacé, connu sous le nom d’endosperme. Le terme de « graine complète » signifie que ces trois parties ont été conservées, pour être consommées écrasées, éclatées, sous forme de flocons ou moulues.

 Les céréales sont souvent associés à des types de pains variés. Les féculents raffinés comme le pain blanc et les pâtes « standards » sont confectionnés avec de la farine blanche, issue de céréales auxquelles on a enlevé le germe et l’enveloppe. Ils sont par conséquent pauvres en fibres, minéraux et vitamines. Ces féculents raffinés ont un index glycémique élevé. Le Plan National Nutrition Santé (PNNS) juge leur consommation moyenne actuelle élevée et exhorte à les diminuer. Contrairement au pain blanc, le pain confectionné à partir de céréales complètes conserve tous les éléments nutritifs du germe et du son. Il est donc riche en fibres. L’index glycémique des féculents à base de céréales complètes est ainsi plus faible, ce qui signifie que le sucre qu’ils apportent se diffuse plus lentement dans le sang .

Plus riche en fibres et nutriments que le pain blanc, le pain complet peut contenir jusqu’à 2 ou 3 fois plus de minéraux, d’oligoéléments et de vitamines. Il présente ainsi des teneurs intéressantes en phosphore, magnésium, fer végétal, zinc, vitamines B1, B3, B5 et B6.

Un nouveau directeur à l’OMS : il devra s’investir sur le climat

L’Organisation mondiale de la Santé a élu le 23 mai son nouveau directeur général parmi des candidats issus des trois pays que nous représentons. L’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus l’a emporté et sera confronté à des défis aussi nombreux que cruciaux pour la santé publique au niveau mondial. Les représentants d’associations de médecins l’appellent, dans une tribune au « Monde », à redoubler d’efforts pour lutter contre le réchauffement de la planète.« Le nouveau directeur de l’OMS devra agir contre le changement climatique »

Au fil des années, et notamment sous la direction du Dr Margaret Chan qui a qualifié le changement climatique de « problème déterminant du XXIe siècle », l’OMS s’est appliquée à mieux  comprendre la menace que celui-ci représente pour la santé publique. Le nouveau directeur   devra accroître les efforts, en augmentant les financements pour aider les pays et les systèmes de santé à  faire face au changement climatique, ainsi qu’en intégrant la question du  climat dans tous les programmes de l’OMS. Les effets du changement climatique,font par exemple que 5,6 millions d’Éthiopiens ont un besoin urgent de nourriture et d’assistance médicale en raison d’ une nouvelle période sans précipitation dans leur pays.

Ainsi, pour  prendre  pleinement en compte les risques sanitaires liés au climat, il est essentiel que le Directeur général finance de nouvelles recherches sur les impacts du charbon – dont la combustion dégrade la qualité de l’air au niveau local et émet des gaz à effet de serre dans l’atmosphère –, et qu’il formule des recommandations spécifiques pour réduire  ces impacts.

Aucun pays – à revenu élevé, moyen ou faible, développé ou en développement – n’est à l’abri des impacts du climat. L’organisation estime que le réchauffement de la planète provoquera 250 000 morts additionnelles par an d’ici 2030. Les victimes, on le sait, seront en majorité des enfants, des personnes âgées et des personnes à faibles revenus.