Tous les articles par Jacqueline Collard

Un scénario Plan Climat proposé par l’ADEME

Des propositions pour un nouveau scénario nous sont présentées 5 ans aprés le premier par les économistes de l’ADEME: elles prônent des trajectoires pour la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et  la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui ont déjà débuté. « Ce nouveau scénario n’est pas une vision normative ou prophétique, prévient Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’Ademe. C’est un scénario multi-énergie possible, ambitieux mais réaliste ».

Ce scénario intègre toutes les énergies comme dans le premier (chaleur, électricité, carburant, combustible) et tous les gaz à effet de serre (GES) y compris les émissions non énergétiques. Il prend en compte les différentes études de l’Ademe parues depuis le premier scénario, comme le mix 100% ENR comme des études sectorielles sur les diférentes filières de l’ENR ou la diminution de la consommation énergétique finale.Pour les émissions de gaz à effet de serre, la France accuserait une baisse de 52% d’ici 2035 et 70 à 72% d’ici 2050. L’objectif de la loi pour la transition énergétique (LTE) de réduire les émissions de gaz à effets de serre de 40% entre 1990 et 2030 et de les diviser par quatre entre 1990 et 2050 n’est ainsi pas tout à fait atteint.

Prioriser la rénovation des logements sociaux

L’Ademe démontre une nouvelle fois l’enjeu que représente l’atteinte des objectifs de la loi et le risque d’échec. Selon son scénario, les besoins énergétiques du pays pourraient passer de 148 Mtep en 2010 à 105 Mtep (-29%) en 2035 et 82 Mtep (-45%) en 2050. Or, la loi de transition énergétique demande de réduire la consommation énergétique finale de 50% en 2050 par rapport à 2012.Les secteurs du bâtiment (résidentiel et tertiaire) et des transports seraient les premières sources d’économies en début de période. L’industrie prendrait le relais entre 2035 et 2050. Pour la rénovation des bâtiments, l’Ademe estime que sur la période 2010-2030, 500.000 logements par an en moyenne, dont 120.000 logements sociaux, devront faire l’objet de rénovations thermiques performantes.l’Ademe mise sur les pompes à chaleur (PAC) notamment aérothermiques réversibles, pour le chauffage. Elles équiperont 20% du parc de logements en 2035 et 50% en 2050. Pour l’eau chaude sanitaire, les cumulus (chauffe-eau à effet joule) seront progressivement remplacés par des chauffe-eau thermodynamiques (CET).

L’éolien, le photovoltaïque et la biomasse devront être développées

Pour répondre à ces besoins, l’Ademe estime que les énergies renouvelables pourraient fournir de 34 à 41% des consommations en 2035 et de 46 à 69% en 2050. Dans ses trois variantes (mix avec 50%, 80% ou 90% d’ENR), l’Ademe mise sur l’éolien, le photovoltaïque et la biomasse. Ces productions alimentent les différents réseaux énergétiques dont l’équilibre évoluerait progressivement au cours de la période.

De nouvelles mesures pour mettre en œuvre une vraie stratégie bas-carbone (SNBC)

Ces nouvelles mesures visent à combler l’écart entre le scénario prévu par la stratégie nationale bas-carbone (baptisé AMS2) et les mesures en vigueur et déjà prévues pour le réaliser.  Selon l’Ademe, le scénario AMS2 a surestimé les réductions d’émissions de GES d’ici 2030. En 2030, la France émettra 23,9 millions de tonne de CO2 de plus que prévu.Les instruments étudiés ont été de tous types (réglementaire, économique, fiscal, communicationnel) et de toute nature (incitative, coercitive, informative).

Avec ces études, l’Ademe va plus loin qu’un simple rôle d’appui à la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) qui organise les travaux sur les prochaines SNBC et PPE. Elle espère donner des billes pour faire évoluer les scénario officiels et en déduire des budgets carbone cohérents pour chaque secteur.

Les changements climatiques affectent déjà la santé humaine

Un rapport publié le 30 octobre par la revue scientifique Lancet démontrent que les changements climatiques représentent d’ores et déjà une menace pour la santé humaine,  L’étude a été réalisée conjointement par 24 institutions académiques et organisations intergouvernementales qui représentent un grand nombre  de disciplines.Elle s’intitule « Le compte à rebours du Lancet » (The Lancet Countdown on health and climate change),elle fait suite à une première évaluation réalisée en 2015 par la commission Santé et changements climatiques de la revue scientifique.

Après « 25 ans d’inaction », les auteurs appellent à lutter contre les changements climatiques et à transformer les politiques de santé pour répondre aux nouveaux enjeux.l’urgence nous l’impose!Cette année, la nouvelle évaluation franchit un pas de plus : « Aujourd’hui, les symptômes des changements climatiques sur la santé humaine sont sans équivoque [et] ils affectent la santé des populations du monde entier. » Dorénavant, les scientifiques jugent que ces symptômes sont « potentiellement irréversibles ». Au-delà des habituelles recommandations visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), l’étude recommande de consacrer plus d’efforts à l’adaptation des politiques de santé aux impacts des changements climatiques. Aujourd’hui, seulement 4,33% des dépenses mondiales consacrées à l’adaptation sont dédiées à la résilience des systèmes de santé, déplorent les auteurs.

Le diagnostic des scientifiques se base sur une quarantaine d’indicateurs climatiques et sanitaires. L’exposition plus fréquente aux canicules est maintenant un fait reconnu, explique l’étude qui évalue à 125 millions le nombre de personnes supplémentaires exposées à des vagues de chaleur entre 2000 et 2016. Ces canicules plus nombreuses et intenses aggravent les risques sanitaires associés à la déshydratation, aux « coups de chaleur » ou aux problèmes cardiaques. Sur la période, les vagues de chaleur et les risques sanitaires associés ont déjà engendré une baisse de l’ordre de 5,3% de la productivité des travailleurs en extérieur.

De même, l’étude évalue à 46% la progression de la fréquence des catastrophes climatiques en 17 ans. Elles ont causé des pertes évaluées à 129 milliards de dollars pour l’année 2016, expliquent les scientifiques qui alertent sur le fait que 99% des dégâts occasionnés dans les pays à bas revenus ne sont pas assurés. Sans surprise, les populations les plus vulnérables et aux revenus les plus bas sont affectées de façon « disproportionnées », car les changements climatiques sapent les bases sociales et environnementales nécessaires à une bonne santé climatique, explique l’étude. Cette dégradation exacerbe les inégalités sociales, économiques et démographiques, et les impacts sont finalement ressentis par toutes les populations.

Pour plus de détails; Lancet Countdown on Health and Climate Change – 2017 report

http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(17)32464-9/abstract

 

Les salariés des maisons de retraites alertent de leurs conditions de travail

Une mission parlementaire sur les Ehpad dénonce une situation grave pour les aides-soignantes. Elle a mis  en lumière les  conditions de travail  difficiles dans ces établissements d’accueil et de soins des personnes âgées, c’est ainsi que la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a présenté les premières conclusions sur le sujet.

La profession connaît un taux d’absentéisme moyen de 10 % et un taux d’accident du travail de deux fois supérieur à la moyenne nationale, plus important que dans le secteur du BTP. La médicalisation des établissements, poursuit le rapport, est « insuffisante », un tiers des établissements sont dépourvus de médecin coordonnateur, tandis qu’une grande majorité des Ehpad n’ont pas d’infirmier de nuit, ce qui est « souvent la cause d’hospitalisations en urgences qui auraient pu être évitées »

La concrétisation du travail de cette analyse n’est toutefois pas encore acquise. Une première série de recommandations est aujourd’hui sur le bureau de la ministre de la santé, Agnès Buzyn, à qui les députés demandent la mise en place à court terme d’un groupe de travail sur l’évolution des missions des aides-soignants et la revalorisation de leur statut. Ils invitent également la ministre à  prendre des mesures afin d’imposer la présence d’infirmiers de nuit dans les Ehpad mais aussi que le secteur fasse partie de ceux qui seront « prioritaires » dans l’allocation des derniers contrats aidés.

 Des représentants des salariés précisent: « Malgré les évolutions du secteur (…), la situation reste extrêmement tendue au regard des besoins et attentes des personnes âgées, écrivent-ils. Ces dernières entrent en établissement avec des handicaps physiques et psychiques de plus en plus importants, auxquels s’ajoutent parfois des pathologies psychiatriques pour lesquelles les personnels ne sont pas préparés ; les personnes âgées sont insuffisamment accompagnées dans les actes de la vie quotidienne, les familles s’épuisent et les professionnels sont au bord de la rupture. » « La qualité de vie au travail des salariés a une influence directe sur la qualité de séjour…

Un appel au secours est officiellement lancé par ces équipes en difficultés.

 

 

 

 

 

Nouveau rapport Lancet sur les décès dus à la pollution

Un décès sur six survenu en 2015 dans le monde était lié à la pollution, essentiellement à la contamination de l’air, mais aussi de l’eau et des lieux de travail, estime un rapport publié le 20 octobre 2017 dans la revue The Lancet.

« On estime que les maladies causées par la pollution ont été responsables de 9 millions de morts prématurées en 2015 – soit 16% de l’ensemble des décès dans le monde« , évalue ce rapport, issu de deux ans de travail d’une commission associant la revue médicale britannique, plusieurs organismes internationaux, des ONG et une quarantaine de chercheurs spécialisés dans les questions de santé et d’environnement.

Ce bilan représente « trois fois plus de morts que le Sida, la tuberculose et le paludisme réunis, et 15 fois plus que ceux causés par les guerres et toutes les autres formes de violence », soulignent ses auteurs.

La pollution sur le lieu de travail en causerait environ 800.000, via l’exposition à des substances toxiques ou cancérigènes. Et cette évaluation est « probablement sous-estimée », ajoute The Lancet, compte tenu « des nombreux polluants chimiques émergents qui restent encore à identifier ».

Le phénomène touche en premier lieu « les populations pauvres et vulnérables », note le rapport. 92% de ces décès surviennent en effet dans des pays à revenu faible ou moyen et, dans chaque pays, ils concernent davantage les minorités et les populations marginalisées. Dans les pays en voie d’industrialisation rapide comme l’Inde, le Pakistan, la Chine, Madagascar ou le Kenya, jusqu’à un décès sur quatre pourrait être lié à la pollution.

Au-delà du coût humain, la commision « pollution et santé » du Lancet a également tenté d’évaluer le coût économique. Là aussi, les pays les plus pauvres sont ceux qui paient la plus lourde facture. Ainsi, dans les pays en voie de développement, le rapport estime que les maladies et les décès liés à la pollution représentent en termes de perte de productivité 1,3 % du produit intérieur brut, contre 0,5 % pour les pays industrialisés. Ce pourcentage passe à 8,3 % (contre 4,5 % pour les pays les plus développés) si on prend en compte les dépenses de santé pour un coût total de l’ordre de 4 600 milliards de dollars (3 900 milliards d’euros) par an pour l’économie mondiale, soit 6,2 % de la croissance mondiale.

The Lancet : http://www.thelancet.com/commissions/pollution-and-health :

Air pollution and health:  Philip J Landrigan  The Lancet Public Health, Vol. 2, No. 1

  • Commission on pollution and health
  • Pollution, health, and the planet: time for decisive action
  • Towards a healthier and safer environment
  • Implications for the science of air pollution and health
  • In control of ambient and household air pollution — how low should we go ?

Ouvrir les fenêtres : la solution majeure pour la pollution intérieure

Parallèlement aux inquiétudes sur les conséquences sanitaires de la pollution intérieure où nous passons 80% de notre temps, un marché de l’épuration domestique a vu le jour, qui génère aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 170 millions d’euros. En quelques années, trois familles ont émergé: les dispositifs qui détruisent ou piègent les polluants, les matériaux de construction ou de décoration qui revendiquent des propriétés dépolluantes et les sprays qui vantent leurs propriétés assainissantes.

Eh bien une nouvelle étude de l’ANSES publie un avis qui va permettre de faire un choix en connaissance de cause. Selon elle «Pour prévenir des risques liés à une mauvaise qualité de l’air intérieur, il convient en premier lieu de limiter toutes les sources de pollution pouvant affecter la qualité de l’air intérieur [et de] ventiler et aérer.» Pire, certains dispositifs rajoutent des polluants à un air déjà fort chargé (voir encadré), prévient l’Anses, qui préconise d’informer la population des risques potentiels d’une dégradation de la qualité de l’air intérieur lors de l’utilisation de certains appareils d’épuration. Avis aux asthmatiques, friands de dispositifs utilisant des huiles essentielles ou pouvant générer de l’ozone.

Les revendications d’efficacité sont assez hétérogènes et peuvent cibler une substance spécifique ou un mélange de polluants. Elles portent principalement sur les composés organiques volatils (COV) (75%), les virus, bactéries et moisissures (68%), les particules (58%) et les allergènes (pollens, acariens) (54%). Certaines concernent plus génériquement la fumée de cigarette, les odeurs, ou «les polluants de l’air».

Conclusion : non contents d’être peu efficaces contre les polluants qu’ils prétendent éliminer, certains dispositifs rajoutent des molécules à une ambiance intérieure déjà très toxique.

https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2012SA0236Ra.pdf