Tous les articles par Jacqueline Collard

Plus de 15 000 scientifiques lancent une alerte sur le climat

Le Monde » publie le manifeste signé par 15 364 scientifiques de 184 pays dans la revue BioScience. L’ampleur de l’initiative est sans précédent. Plus de 15 000 scientifiques de 184 pays signent un appel contre la dégradation catastrophique de l’environnement.

« Mise en garde des scien­tifiques à l’humanité : deuxième avertissement. » C’est une alerte solennelle que publient, lundi 13 novembre , plus de 15 000 scientifiques de 184 pays. Biologistes, physiciens, astronomes, chimistes ou ­encore agronomes, spécialistes du climat ou des océans, de zoologie ou d’halieutique, les auteurs mettent en garde contre la destruction rapide du monde naturel et le danger de voir l’humanité pousser « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ».

Leur texte, que publie Le Monde en intégralité, enjoint aux décideurs et aux responsables politiques de tout mettre en œuvre pour « freiner la destruction de l’environnement » et éviter que ne s’aggrave l’épuisement des services rendus par la nature à l’humanité. « Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l’humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. »

L’ampleur du soutien à cette mise en garde reflète une inquiétude qui traverse toutes les disciplines des sciences expérimentales. L’appel des 15 000 est, à ce jour, le texte publié par une revue scientifique ayant rassemblé le plus grand nombre de signataires.

C’est la deuxième fois que les « scientifiques du monde » adressent une telle mise en garde à l’humanité. Le premier appel du genre, publié en 1992 à l’issue du Sommet de la Terre à Rio (Brésil), avait été endossé par quelque 1 700 chercheurs, dont près d’une centaine de Prix Nobel. Il dressait déjà un état des lieux inquiétant de la situation et s’ouvrait sur cette alerte : « Les êtres humains et le monde naturel sont sur une trajectoire de collision. » Ce premier appel n’a pas été suivi d’effets. Un quart de siècle plus tard, la trajectoire n’a pas changé.

Voici – sans ordre d’urgence ni d’importance – quelques exemples de mesures efficaces et diversifiées que l’humanité pourrait prendre pour  opérer sa transition vers la durabilité :

  1. privilégier la mise en place de réserves connectées entre elles, correctement financées et correctement gérées, destinées à protéger une proportion significative des divers habitats terrestres, aériens et aquatiques – eau de mer et eau douce ;
  2. préserver les services rendus par la nature au travers des écosystèmes en stoppant la conversion des forêts, prairies et autres habitats originels ;
  3. restaurer sur une grande échelle les communautés de plantes endémiques, et notamment les paysages de forêt ;
  4. ré-ensauvager des régions abritant des espèces endémiques, en particulier des superprédateurs, afin de rétablir les dynamiques et processus écologiques ;
  5. développer et adopter  des instruments politiques adéquats pour lutter contre la défaunation, le braconnage, l’exploitation et le trafic des espèces menacées ;
  6. réduire le gaspillage alimentaire par l’éducation et l’amélioration des infrastructures ;
  7. promouvoir une réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale ;
  8. réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore ;
  9. multiplier les sorties en extérieur pour les enfants afin de  développer leur sensibilité à la nature, et d’une manière générale améliorer l’appréciation de la nature dans toute la société ;
  10. désinvestir dans certains secteurs et cesser certains achats afin d’encourager un changement environnemental positif ;
  11. concevoir et promouvoir de nouvelles technologies vertes et se tourner massivement vers les sources d’énergie vertes tout en réduisant progressivement les aides aux productions d’énergie utilisant des combustibles fossiles ;
  12. revoir notre économie afin de réduire les inégalités de richesse et faire en sorte que les prix, les taxes et les dispositifs incitatifs prennent en compte le coût réel de nos schémas de consommation pour notre environnement ;
  13. déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital.

Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l’humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. Bien que cette recommandation ait été déjà clairement formulée il y a vingt-cinq ans par les plus grands scientifiques du monde, nous n’avons, dans la plupart des domaines, pas entendu leur mise en garde. Il sera bientôt trop tard pour dévier  de notre trajectoire vouée à l’échec, car le temps presse. Nous devons prendre conscience, aussi bien dans nos vies quotidiennes que dans nos institutions gouvernementales, que la Terre, avec toute la vie qu’elle recèle, est notre seul foyer.

A lire aussi dans la revue BioScience en anglais.

Le WWF démontre si besoin était que l’on peut manger mieux sans plus dépenser

A l’heure où les Etats Généraux de l’Alimentation battent leur plein, le WWF a souhaité apporter sa pierre à l’édifice. L’ONG démontre dans une étude, publiée le 9 novembre avec ECO2 Initiative, qu’il est possible de manger des produits plus sains et de meilleure qualité, tout en réduisant l’impact carbone de son alimentation.

« Manger cinq fruits et légumes par jour », « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop salé, trop sucré », ces messages sanitaires sont aujourd’hui bien connus du grand public. Mais sont-ils applicables par toutes et tous ? Et surtout, sont-ils accessibles à n’importe quelle bourse ?

Pour prouver cela, elle a comparé le panier standard des Français avec un panier dit « flexitarien » pour une famille de quatre personnes (2 adultes et 2 enfants), en prenant en compte trois critères de durabilité : un coût hebdomadaire de 190 €, un impact carbone moindre et une qualité nutritionnelle adéquate calculée avec le Nutri-Score (la nouvelle signalétique nutritionnelle du Ministère de la Santé).

Pour la composition du panier flexitarien, le WWF a ainsi diminué de 31% la proportion de viande et de 40% celle de poissons sauvages, dont on connaît l’impact carbone. Les produits transformés, gras, salés et sucrés ont aussi été réduits de près de 70%. Tout comme la part de produits à base de farines raffinées (pâtes, pain), remplacés par des produits faisant la part belle aux farines complètes reconnues pour leurs apports en fibres, vitamines, minéraux… La proportion de légumes, céréales et légumineuses a également été augmentée. Avec un tel régime, les Français mangeraient alors de la viande et du poisson sauvage quatre fois par semaine, contre six à l’heure actuelle. Ils ne consommeraient des produits transformés plus que deux repas par semaine, contre un par jour aujourd’hui. Ce panier flexitarien permettrait selon le WWF de réduire de 38% l’impact carbone du panier moyen hebdomadaire d’une famille de quatre personnes. Sans compter une baisse de son coût de près de 20%. De quoi introduire près de 50% de produits certifiés (issus de l’agriculture biologique, certifiés Label Rouge et Marine Stewardship council), sans pour autant dépasser le coût du panier standard.
Consommer des produits de meilleure qualité avec un impact réduit sur l’environnement serait ainsi à la portée de tous et toutes. Mais cela ne passera pas sans une évolution des habitudes alimentaires actuelles (consommation excessive de protéines animales, boissons sucrées et produits transformés) …

http://www.datapressepremium.com/rmdiff/2005445/SOUS_EMBARGO_Etude_paniers.pdf

La ville de Grenoble se dote d’un plan d’aménagement urbain

Un nouveau plan de circulation est en place dans le centre-ville depuis mi-avril 2017 dans le cadre du projet d’aménagement « Cœurs de ville, Cœurs de Métropole » initié par Grenoble-Alpes Métropole. De nombreuses analyses, basées sur les données de mesures d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes ont alimenté un débat local riche. Voici un point d’étape concernant les premiers résultats et les études prévues pour réaliser une évaluation détaillée des impacts du projet.

Le projet d’aménagement « Cœurs de Ville, Cœurs de Métropole » initié par Grenoble-Alpes Métropole concerne notamment le centre-ville de Grenoble. Ce projet global inclut notamment l’extension du plateau piéton et la requalification des boulevards Rey-Sambat-Lyautey visant à favoriser le partage de l’espace public entre les différents modes de déplacements et faciliter l’usage des modes doux. Un enjeu d’agir sur les transports routiers pour réduire l’exposition des grenoblois
Sans être exceptionnelle pour une agglomération de cette dimension, la situation du territoire métropolitain concernant la pollution atmosphérique est sensible. Une centaine de décès sont attribuables chaque année à l’exposition à la pollution de l’air (Morelli et al., 2016).

Les seuils réglementaires et les valeurs guides recommandées par l’OMS concernant les particules en suspension et le dioxyde d’azote sont dépassés de manière récurrente sur le territoire de la Métropole Grenobloise.

Le cœur de l’agglomération et les zones de proximité routière sont particulièrement exposés à la pollution atmosphérique.
Les transports routiers ont une responsabilité marquée dans l’exposition des grenoblois à la pollution de l’air, en effet, ils contribuent à la pollution de fond (52 % des émissions d’oxydes d’azote et de 21 % des émissions de particules PM10) mais sont aussi responsables de la « surexposition » des populations résidant en bordure de voiries.

Les aménagements urbains impliquant des modifications du plan de circulation ont des effets sur la qualité de l’air qui peuvent être complexes

Un nouveau plan de circulation est donc en place dans le centre-ville de Grenoble depuis mi-avril 2017 et des aménagements urbains sont prévus en 2018-2019. Ce projet, en agissant sur les pratiques de mobilité, est susceptible d’avoir des impacts sur la qualité de l’air de l’agglomération grenobloise. Les données de mesures d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes mises à disposition gratuitement sur le site Internet de l’observatoire ont donné lieu à de nombreuses analyses de la part de métropolitains qui ont alimenté un riche débat local autour des enjeux de la qualité de l’air.

Ainsi, afin qu’un projet d’aménagement urbain contribue à la réduction de l’exposition des grenoblois à la pollution atmosphérique, il doit assurer :

Une réduction des niveaux de trafic globaux afin de réduire le niveau de pollution de fond,
Une bonne maîtrise des effets locaux liés aux reports de trafic.

D’une manière générale, il existe quatre leviers principaux permettant de réduire les émissions de polluants atmosphériques des transports routiers :

– La diminution du trafic (transports de marchandise et de personnes), le développement des transports en commun et des modes actifs sont des moyens d’agir dans ce sens

– L’évolution du parc roulant vers des véhicules « plus propres » notamment par la mise en place de Zone à Circulation Restreinte.
– L’amélioration de la fluidité du trafic,
– L’optimisation de la vitesse de circulation,

Outre, les transports routiers, il convient de noter que le chauffage au bois individuel non performant, le secteurs industriel et agricole ont également une responsabilité dans l’exposition de la population à la pollution atmosphérique.

Pour suivre ces expérimentions et l’ensemble des mesures faites sur l’agglomération grenobloise que sur tous lieux de la Région vous pouvez consulté en permanence : http://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/

 

Un nouveau documentaire sur les perturbateurs endocriniens

 

Chaque bébé qui naît aujourd’hui aux Etats-Unis a plus de 100 molécules chimiques mesurables dans le sang.

Dans le même temps, le nombre d’enfants diagnostiqués autistes a augmenté de 600% en Californie entre 1990 et 2001.

Autre chiffre étonnant: depuis 20 ans, en Finlande, le quotient intellectuel (QI) a baissé de 2 points par décennie. Et si les perturbateurs endocriniens étaient la cause commune à toutes évolutions marquantes ?

C’est la question sous-jacente adressée par le documentaire « Demain, tous crétins ? ». Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade sont allés à la rencontre de plusieurs chercheurs et chercheuses françaises et américaines qui se sont intéressées à la baisse récente des capacités cognitives des populations occidentales à cause des perturbateurs endocriniens. Ces molécules, désignés en 2002 par l’Organisation Mondiale de la Santé comme des substances « […] ou un mélange qui altère la/les fonction(s) du système endocrinien et […] cause un effet délétère sur la santé d’un individu, sa descendance ou des sous-populations » sont présents dans tous les moments de notre vie quotidienne. On en retrouve dans les plastiques, les cosmétiques, les peintures, les mousses de canapé imprégnées de retardateurs de flammes, etc.

Les femmes enceintes, surtout en début de grossesse, sont les personnes les plus exposées aux perturbateurs endocriniens. Ainsi, depuis plusieurs années, le monde scientifique et médical alerte sur les dangers de ces molécules, dont les impacts représentent une véritable bombe à retardement. L’année dernière, un collectif de 1600 médecins français avaient notamment tiré la sonnette d’alarme et mené une campagne de prévention en Limousin.

Pour en savoir plus, rendez-vous samedi 11 novembre à 22h30 sur ARTE ou d’ores et déjà sur LeMonde.fr pour visionner ce documentaire.: il est à nouveau proposé le 22 novembre sur la même chaine

La mutation de l’énergie avec le numérique a déjà commencé

Nos ordinateurs, smartphones, tablettes et autres consomment beaucoup plus que la seule énergie nécessaire aux datacenters. Selon plusieurs  études, notre appétit dévorant de données et d’applications nécessite toujours plus d’électricité, laquelle repose d’abord et encore sur le charbon qui estime que l’ensemble de l’écosystème numérique pèse maintenant près de 10% de toute l’électricité produite dans le monde. Pour les auteurs, les coûts énergétiques du numérique sont largement cachés, la partie connue n’étant que la pointe de l’iceberg. L’économie numérique de la planète consomme déjà 50% d’énergie de plus que l’aviation du monde entier. Or ces énormes centres de données laissent une empreinte climatique plus ou moins forte en fonction de l’énergie utilisée.

Avec la décarbonation, l’arrivée du numérique est la deuxième mutation que subit le secteur de l’énergie. Les fiançailles ont duré quelques décennies. Les électriciens utilisent les technologies du ‘digital’ depuis une quarantaine d’années pour piloter et assurer la maintenance préventive des réseaux de transport et de distribution d’électricité. Les compagnies pétrolières doivent beaucoup aux modèles informatiques. Leurs capacités à visualiser les gisements de pétrole réduisent les risques liés à l’exploration.

Désormais des milliards d’objets connectés

Comme dans de nombreux secteurs, c’est l’arrivée d’internet qui a tout changé. La révolution du web ouvre la porte à des milliards d’objets connectés qui communiqueront entre eux et avec des plateformes informatiques, facilitera l’autodiagnostic des véhicules électriques, permettra d’adapter la consommation d’électricité à la production (ou aux prix de marché). Question: cette évolution est-elle souhaitable? D’ailleurs l’AIE à travers son  rapport qu’elle a publié ce lundi 6 novembre,  pose les éléments du débat en insistant sur les facteurs d’améliorations essentiellement comme la généralisation des thermostats intelligents, des compteurs communicants pourrait réduire de 10% la consommation mondiale des secteurs résidentiel et tertiaire, estime l’AIE.,

L »industrie en améliorant son comptage d’énergie,  a déjà massivement réduit ses consommations (et ses émissions de gaz à effet de serre). Faire surveiller à distance les machines permet au calculateur de détecter les signaux faibles avant-coureurs d’une panne.

Les exploitants de réseaux électriques, de parcs éoliens ou de fermes photovoltaïques utilisent désormais les drones pour assurer des missions de maintenance préventive

Plus d’informatique sur les réseaux, c’est faciliter l’injection d’électricité produite par intermittence sans dégrader la qualité du courant transporté, souligne l’agence de l’OCDE. Des réseaux offrant une plus large place aux productions d’origine éolienne ou photovoltaïque, capables de s’adapter plus facilement aux évolutions (parfois brutales) de l’offre et de la demande réduisent les besoins en nouvelles lignes.

Moins évidentes à chiffrer, les menaces que font peser sur nos systèmes énergétiques l’ouverture sur le monde de l’internet sont inquiétantes. Il est par exemple totalement impossible, soulignent les rapporteurs, d’éviter le déclenchement de cyber-attaques. «Mais leur impact peut être limité si les pays et les entreprises s’y sont préparés.»

L’arrivée en masse des robots énergétiques (automates de réseau) ne sera pas non plus sans conséquence pour l’emploi comme le prévoit déjà ENEDIS. La généralisation des thermostats intelligents, des compteurs communicants pourrait réduire de 10% la consommation mondiale des secteurs résidentiel et tertiaire, estime l’AIE.

Dans l’énergie comme ailleurs, le numérique est donc capable du pire comme du meilleur. C’est au pouvoir politique, souligne l’AIE, de fixer la place des curseurs.

http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/DigitalizationandEnergy3.pdf