Tous les articles par Jacqueline Collard

L’autorisation du glyphosate renouvelée pour 5 ans

Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé en France, en Europe et dans  le monde.

Composant phare du Roundup de Monsanto depuis 1974, il est aussi présent dans plusieurs centaines de désherbants.

Après de nombreux rebondissements les pays de l’Union européenne ont voté ce lundi en faveur du renouvellement pour cinq ans supplémentaires du glyphosate. La Commission européenne a indiqué dans un communiqué que 18 pays avaient voté pour ce renouvellement, que neuf avaient voté contre (dont la France) et qu’un autre s’était abstenu. Le principal syndicat d’agriculteurs européen, le Copa-Cogeca, s’est en revanche félicité du vote de Bruxelles pour 5 ans de plus.

Cette molécule fait l’objet d’un vif débat depuis mars 2015 lorsque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence spécialisée de l’OMS, l’a classée  comme « cancérogène probable ». Son usage massif rend la situation extrêmement préoccupante pour l’avenir : dangereux pour l’environnement, cancérigène pour les animaux, probablement pour l’Homme, perturbateur endocrinien… Une position que ne partage pas du tout l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui rend en novembre de la même année un avis contraire. Si l’ECHA a rendu un avis en mars 2017 en estimant lui aussi que le glyphosate ne serait pas cancérogène, les positions européennes n’en sont pas moins divisées.

C’est ainsi qu’est née une initiative européenne citoyenne réunissant plus d’un million de signatures qui demandait en juillet l’interdiction du glyphosate en Europe. La décision a provoqué la colère des ONG qui se sont battues farouchement contre une réautorisation. « Cinq années de glyphosate supplémentaires mettront notre santé et l’environnement en danger, et c’est un revers majeur pour les méthodes agricoles plus durables », a tempêté Adrian Bebb de Friends of the Earth Europe( Amis de la terre Europe).

En France, il a déjà été retiré du marché depuis le début de l’année 2017 pour les collectivités. L’herbicide composant du célèbre Roundup devrait même être interdit aux particuliers au 1er janvier 2019. Il pourrait  concrètement disparaître du marché français en 2022 comme l’ont indiqué Le Président Macron comme le 1er ministre  face à ce vote insatisfaisant pour des milliers de personnes.

 

Rapport sur l’ air intérieur dans des ERP de villes santé OMS

Un rapport finalisé avant l’été rassemble de nombreux indicateurs et retours d’expériences sur la qualité de l’air dans les ERP de villes françaises faisant parties du Réseau des villes OMS comme : Aix les Bains, Lyon, Grenoble, Marseille, Paris, Rennes, la Rochelle, et Besançon avant l’obligation de surveillance au 1er Janvier 2018 concernant les Établissements en charge de la petite enfance.

Accompagnement à l’entrée en vigueur de la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les ERP recevant des enfants.

Retours d’expériences de Villes-Santé  Réseau français des villes santé de l’OMS – 2017
http://www.villes-sante.com/wp-content/uploads/Rapport_surveillance_QAI_juin2017.pdf

Nouvelle étude chinoise : La pollution atmosphérique altérerait la qualité du sperme

Une étude publiée mardi 21 novembre dans la revue Occupational & Environmental Medecine suggère désormais qu’elle pourrait également expliquer l’infertilité d’un « nombre significatif de couples » qui s »accroit d’années en années. Le déclin du sperme et de sa  qualité dans le monde n’est pas nouveau mais ce qui alarme les auteurs de ces nouveaux travaux, publiés dans Human reproduction, est que cette tendance continue à s’accentuer, principalement aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Europe.

La concentration en spermatozoïdes du sperme a baissé de 52,4 % entre 1973 et 2011 chez les hommes occidentaux tandis que la quantité totale de sperme a chuté de 59,3 %, selon une méta-analyse  scrutant 50 pays.

Cette nouvelle  étude menée à Taẅan sur un nombre conséquent d’hommes: (6 457 hommes âgés de 15 à 49 ans) , conclut à un « lien fort » entre l’exposition aux particules fines PM 2,5 (de diamètre inférieur à 2,5 µm) et une dégradation de la qualité du sperme. Plus précisément, sur une période d’observation de deux ans, à chaque augmentation de 5 µg/m³ de PM 2,5 est associée une baisse de 1,29 % du nombre de spermatozoïdes à la morphologie (taille et forme) normale et à une augmentation de 26 % du risque d’avoir un taux de spermatozoïdes normal limité à 10 %. Les mêmes effets sont observés qu’il s’agisse d’une exposition à long ou à court terme (trois mois) aux PM 2,5.

Rappelons que l’OMS propose une limitation de l’exposition des PM2, 5 à 10 µg/m3 alors que les recommandations de l’Union Européenne ne sont que de 25 µg/m3

Jusqu’à maintenant, la littérature scientifique avait mis en évidence que l’exposition à des produits chimiques avait un effet délétère sur la qualité du sperme mais ne s’était jamais intéressée au rôle que pouvait jouer la pollution de l’air. Les auteurs de l’étude recommandent que d’autres recherches soient menées sur ce thème pour mieux comprendre comment la pollution de l’air peut interférer sur le  développement des spermatozoïdes. Ils relèvent cependant que des études expérimentales avaient déjà montré que de nombreux composants des particules fines, comme les métaux lourds et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, étaient associés à une détérioration de la qualité du sperme.

Occupational and Environmental Medicine : http://oem.bmj.com/content/early/2017/10/21/oemed-2017-104529

Les mesures de Ruthénium dans l’air européen restent assez floues

En effet les divers organismes en charge de mesures ne s’accordent pas.

Notre partenaire la CRIIRAD avait depuis fin septembre demandé des éclaircissements aux autorités nationales et mondiales sans avoir eu beaucoup d’informations probantes: elle a renouvelé la semaine dernière des demandes d’informations complémentaires à l’OMS, à L’EIEA sans réponses pour l’instant.

Cet article complète celui précédemment posté du 9 novembre 2017.

Détection de ruthénium 106 dans l’atmosphère en Europe avéré début Octobre

En date du 5 octobre : »Les organismes de surveillance de la radioactivité en Europe insistent sur l’absence de risques. Effectivement, si cette contamination reste limitée dans le temps, les doses subies par inhalation du ruthénium 106 à des concentrations de quelques mBq/m3 peuvent être considérées comme négligeables.

Il est cependant important que l’origine de ces rejets de ruthénium 106 soit recherchée. De ce point de vue l’absence d’information est inquiétante. Si l’installation à l’origine des rejets n’en est pas consciente, elle n’a pas pu mettre en place de mesures de radioprotection alors que les doses subies par les riverains ou les travailleurs concernés pourraient ne pas être négligeables. S’il s’agit de dissimulation, la situation est encore plus problématique.

Voir le  communiqué de la Criirad du 5 Octobre: ici

En ce 22 Novembre des informations erronées sont diffusées,  encore, par de grands médias : les niveaux de contamination mesurés en Russie seraient « très élevés », les résultats publiés par l’agence météorologique russe confirmeraient les conclusions des modélisations de l’IRSN et du BfS. cependant il n’en est rien.
Certains médias ont titré sur les aveux de la Russie qui aurait admis être à l’origine de la fuite radioactive de ruthénium-106 ». Un communiqué de l’agence de météorologie Rosguidromet ferait état de la détection fin septembre, de concentrations de ruthénium 106 « extrêmement élevées » dans plusieurs régions de Russie.

En fait, les chiffres mentionnés dans ce communiqué figuraient déjà dans un document d’HYDROMET que la CRIIRAD avait  étudié . Loin d’apporter des réponses, les résultats de mesures posent question :

1/ les concentrations mesurées dans l’air sont du même ordre de grandeur que celles mesurées en Roumanie ;

2/ les niveaux de dépôt au sol mesurés dans des stations situées à moins de 40 km au nord et au sud de Mayak n’atteignent que quelques centaines de becquerels de ruthénium 106 par mètre carré de sol (maximum de 330 Bq/m2 à Metlino) soit de l’ordre de 100 fois à 1 000 fois inférieurs à ceux annoncés par la modélisation de l’IRSN dans son communiqué du 9/11/2017.

À ce jour, nous sommes donc toujours dans l’incertitude la plus totale. La CRIIRAD a interpellé l’OMS et l’AIEA pour dénoncer leur silence et leur demander d’intervenir. Une totale transparence est par ailleurs indispensable, tant du côté des gouvernements, et notamment de la Fédération de Russie, que des organismes d’expertise.

Les responsables se soucient enfin de l’importance des rejets du ruthénium 106 intervenus, fin septembre 2017, et des risques encourus au plus près du terme source ! Dans un premier temps, les communiqués officiels se sont contentés de souligner l’absence de risque en France et en Europe. La CRIIRAD avait alerté dès le 5 octobre, mais en vain, sur les risques encourus par les populations locales. On sait pourtant depuis Tchernobyl qu’il faut agir très vite car l’exposition est majeure dans les premiers jours et les premières semaines.
Voir le communiqué de la Criirad du   10 novembre    ici
Lire le communiqué de presse : http://www.criirad.org/accident-et-pollutions/2017-11-21_cp_oms-aiea-irsn.pdf
Lire la lettre à l’OMS : http://www.criirad.org/accident-et-pollutions/2017-11-17_lo_oms_ru-106.pdf
Lire la lettre à l’AIEAhttp://www.criirad.org/accident-et-pollutions/2017-11-17_lo_aiea_ru-106.pdf

Précision dans le communiqué CRIIRAD du 22/11/2017 : http://www.criirad.org/accident-et-pollutions/2017-11-22_cp_mise%20au%20point_2.pdf

 

De timides avancées lors de cette Cop 23

Alors que s’achève cette COP 23 à Bonn le bilan reste maigre; les faits significatifs ont été l’absence des USA et les communiqués de leur Président qui ont plombé l’atmosphère, par ailleurs on peut estimer que c’est seulement  la moitié des organisations présentes à la COP 21 à Paris qui se sont mobilisées tout autant que pour les structures gouvernementales alors que l’urgence climatique est évidente partout dans le monde.

Et pourtant cette COP sans grand relief n’a pas cependant pas été pour autant un long fleuve tranquille.

Vendredi la veille de la clôture , la coalition des petites îles a manifesté sa « profonde préoccupation quant au rythme de leurs efforts internationaux ». Les Etats insulaires, et plus largement les pays les plus vulnérables aux impacts du réchauffement climatique, ne se satisfont pas des concessions obtenues dans le dossier des pertes et dommages – provoqués par les ouragans, les inondations, ou des phénomènes plus lents comme la montée des eaux, la salinisation des terres agricoles, etc. Les délégués de la COP23 ont certes accepté la tenue d’un « dialogue d’experts » sur le sujet en 2018, mais aucune perspective ne permet d’envisager, à terme, un financement de ce mécanisme. Les ONG jugeaient ce sujet crucial alors que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) rappelait encore il y a quelques semaines que les dérèglements climatiques étaient une des principales causes de la faim dans le Monde.

« Il est essentiel de réduire les émissions de l’agriculture industrielle et d’opérer une transition vers l’agroécologie paysanne, réagit Anne-Laure Sablé du CCFD-Terre Solidaire. Mais nous serons vigilants à ce que les fausses solutions n’envahissent pas ces futures discussions. »