Tous les articles par Jacqueline Collard

Les aliments ultra-transformés industriellement mis en cause

Les aliments « ultra-transformés » sont consommés chaque jour par des millions de personnes, et ce de plus en plus,  dans notre société ultra trépidente. 

Durant ces dernières décennies, « les habitudes alimentaires ont évolué vers une augmentation de la consommation d’aliments ultra-transformés qui contribuent aujourd’hui à plus de la moitié des apports énergétiques dans de nombreux pays occidentaux », explique une équipe française (Inserm, Inra et Université Paris 13)

Cette nouvelle étude associant des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université Paris 13 (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, équipe EREN) suggère une association entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le sur-risque de développer un cancer. Or selon les scientifiques, ces aliments ultra-transformés augmenteraient les risques de développer un cancer.

Pour parvenir à cette conclusion, ils ont recruté sur Internet 104 980 participants de la cohorte NutriNet-Santé (suivis entre 2009 et 2017 avec un âge médian de 43 ans). Leurs habitudes alimentaires ont été étudiées. Au cours du suivi, 2 228 cas de cancers ont été diagnostiqués. Résultat : « une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire s’est révélée être associée à une augmentation de plus de 10% des risques de développer un cancer en général et un cancer du sein en particulier. « Plus spécifiquement, les graisses et sauces ultratransformées et les produits et boissons sucrées étaient associés à un risque accru de cancer globalement »

Parmi les différentes hypothèses qui pourraient expliquer ces résultats, la moins bonne qualité nutritionnelle globale des aliments ultra-transformés ne serait pas la seule impliquée, suggérant des mécanismes mettant en jeu d’autres composés (additifs, substances formées lors des process industriels, matériaux au contact des aliments, etc.). Ces résultats doivent donc être considérés comme une première piste d’investigation dans ce domaine et doivent être confirmés dans d’autres populations d’étude. Notamment, le lien de cause à effet reste à démontrer. Cette étude est publiée le 15 février 2018 dans le British Medical Journal.

*L’équipe de recherche INSERM poursuit ses travaux en lançant un nouveau programme sur les additifs alimentaires, afin d’en évaluer leurs effets potentiels sur la santé et la survenue de maladies chroniques. Pour participer au recrutement, il suffit de s’inscrire en ligne (www.etude-nutrinet-sante.fr) et de remplir des questionnaires, qui permettront aux chercheurs de faire progresser les connaissances sur les relations entre nutrition et santé et ainsi d’améliorer la prévention des maladies chroniques par notre alimentation.

Définition et exemples d’aliments ultra-transformés

La classification NOVA permet de catégoriser les aliments selon 4 groupes, en fonction de leur degré de transformation industrielle (aliments peu ou pas transformés, ingrédients culinaires, aliments transformés, aliments ultra-transformés). Cette étude portait sur le groupe des «aliments ultra-transformés», qui comprend par exemple les pains et brioches industriels, les barres chocolatées, les biscuits apéritifs, les sodas et boissons sucrées aromatisées, les nuggets de volaille et de poisson, les soupes instantanées, les plats cuisinés congelés ou prêts à consommer, et tous produits transformés avec ajout de conservateurs autre que le sel (nitrites par exemple), ainsi que les produits alimentaires principalement ou entièrement constitués de sucre, de matières grasses et d’autres substances non utilisées dans les préparations culinaires telles que les huiles hydrogénées et les amidons modifiés. Les procédés industriels comprennent par exemple l’hydrogénation, l’hydrolyse, l’extrusion, et le prétraitement par friture. Des colorants, émulsifiants, texturants, édulcorants et d’autres additifs sont souvent ajoutés à ces produits.

Source : Monteiro CA, Cannon G, Moubarac JC, Levy RB, Louzada MLC, Jaime PC. The UN Decade of Nutrition, the NOVA food classification and the trouble with ultra-processing. Public Health Nutr 2018;21:5-17. http://dx.doi.org/10.1017/S1368980017000234

Communiqué de presse: Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de cancer  LIEN : http://presse.inserm.fr/consommation-daliments-ultra-transformes-et-risque-de-cancer/30645/

13 février, présentation de la santé environnementale par Nicolas Hulot

Santé environnementale : une priorité qui s’affiche enfin !

Mardi 13 février, le Ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot, et le Directeur Général de la Santé, Jérôme Salomon, ont présenté les propositions du gouvernement en matière de Santé Environnementale devant le Groupe Santé Environnement. Emmanuel Macron avait inscrit dans son programme la santé environnementale comme une priorité. Cette priorité a été rappelée par Nicolas Hulot.

La principale annonce de celui-ci concerne l’organisation d’Assises de la Santé Environnementale en région, pour préparer le prochain Plan National Santé Environnement prévu en 2020, mais curieusement sans évoquer d’ Assises Nationales.

La 2ème phase de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens va être préparée dès le mois de mars. Le DGS a présenté la Stratégie Nationale de Santé Publique avec un focus plus particulier sur la protection de la période des 1000 jours (grossesse et petite enfance). Un accent est mis sur l’importance de la mortalité prématurée en France.

L’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2018 va de nouveau débattre de la réponse à l’épidémie de maladies chroniques dans le monde. L’OMS propose un objectif de réduction de la mortalité prématurée par maladies chroniques de 30 % d’ici 2030, (ODD 2030) tout en précisant que les pays développés peuvent se donner des objectifs plus ambitieux, mais aucune référence à cette manifestation et à cet objectif dans les interventions du ministre et du DGS.

L’Empreinte écologique de nos modes de consommation doit être quantifiée

La surconsommation occidentale menace les espèces protégées, elle est un fléau pour la planète:  telle est la conclusion d’études présentées dans la revue Nature: Les routes commerciales qui sillonnent la planète menacent la biodiversité: Notre empreinte écologique devient de plus prégnante sur les écosystèmes, il devient nécessaire de quantifier les désordres déjà visibles,  afin de savoir où il est le plus urgent d’agir.

« Les mesures de préservation de la biodiversité ne doivent pas seulement prendre en compte la zone écologique directement affectée, mais aussi la demande du consommateur qui pousse à la surexploitation des ressources« , « Faire le lien entre consommation et zones à risque pour la biodiversité », ce qui passe par le recensement des principales menaces anthropiques (c’est à dire d’origine humaine) qui pèsent sur les écosystèmes : déforestation, surpêche, changement climatique…

Les chercheurs identifient en tout 123 menaces distinctes d’origine humaine, qui sont ensuite reliées aux zones géographiques sensibles pour les espèces menacées  – espèces inscrites à la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ou recensées par l’ONG Birdlife International.

Mais aujourd’hui, communiquer justement et efficacement sur les enjeux qui pèsent sur la biodiversité demeure une gageure. « De telles cartes pourront aider tous les acteurs, des producteurs aux consommateurs en passant par les conservateurs de la faune et de la flore, à construire des solutions là où la biodiversité est menacée », espèrent les deux chercheurs.

www.nature.com/articles/s41559-016-0023

Une nouvelle réglementation pour le Bisphénol A en contact alimentaire

Bisphénol A: nouvelle réglementation européenne pour le contact alimentaire: la Commission européenne renforce les restrictions dans les emballages alimentaires

La Commission européenne a publié le 12 février une nouvelle réglementation applicable au bisphénol A (BPA) et son usage dans des matériaux de contact alimentaireEn France, depuis le 1er janvier 2015, le bisphénol A fait l’objet d’une restriction d’usage dans l’ensemble des applications de contact alimentaire : jusqu’ici, ce n’était pas le cas dans l’UE, où seule une interdiction dans les biberons, et une limite de migration pour le plastique alimentaire existait. La nouvelle réglementation améliore la situation sur plusieurs points. Le texte élargit également l’interdiction européenne du BPA dans les biberons, adoptée en 2011, à la fabrication de gobelets ou bouteilles en polycarbonate destinés aux nourrissons et enfants en bas âge.

Le BPA : quels dangers pour la santé ?

  • Le bisphénol A a été classé par l’UE « présumé toxique pour la reproduction » (CMR catégorie 1B), sur la base d’une proposition de la France. La classification entre en vigueur au 1er mars 2018.
  • Il est également sur la liste des substances candidates de REACH à un classement comme « substance extrêmement préoccupante ».
  • De nombreuses études estiment que le BPA aurait des effets sur le système reproducteur, immunitaire, métabolique et neurocomportemental.

La réglementation européenne existante : une limite de migration et une dose journalière tolérable

  • En contact alimentaire, le BPA est utilisé dans des plastiques en polycarbonate ou des résines époxy (vernis et revêtements). La limite de migration autorisée par un règlement de 2011 est de 0,6 milligrammes de BPA par kilo de denrées alimentaires pour les matériaux et objet en matière plastique entrant en contact alimentaire.
  • L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) avait réalisé une évaluation du BPA en 2006. De nombreuses données sont parues depuis. En 2014, l’EFSA a donc rendu un nouvel avis, et fixé une dose journalière tolérable de BPA à 4 microgrammes par kilo de poids corporel par jour. Cette limite est inférieure à l’exposition alimentaire au BPA, et l’EFSA juge également que l’ensemble des autres sources d’exposition n’atteint pas de niveaux nécessitant de s’inquiéter.
  • Il existe actuellement des réglementations divergentes au sein des Etats membres sur le BPA et le contact alimentaire.

Les nouveautés de la nouvelle réglementation 
Si une nouvelle dose journalière tolérable a été fixée par la Commission européenne sur la base de l’avis de l’EFSA de 2014, la limite de migration n’avait pas été revue : c’est l’objet du règlement adopté ce 12 février. L’EFSA note que pour certains groupes de la population, d’autres sources qu’alimentaires contribuent à l’exposition ou que les viandes et produits à base de viande non mis en boîte sont des sources importantes pour certains groupes de population.

  • Plastiques : Le nouveau règlement fixe une limite de migration pour les plastiques de 0,05 milligramme de BPA par kilo de denrées alimentaires. L’EFSA se base sur l’hypothèse de consommation (classique) qu’une personne de 60 kilos consomme 1 kilo de denrées alimentaires par jour. En vertu du principe de précaution, le BPA est également désormais interdit dans les gobelets ou bouteilles en polycarbonate destinés aux nourrissons et enfants en bas âge.
  • Vernis et revêtements : La même limite de migration autorisée de 0,05 milligramme s’applique aux vernis et revêtements de contact alimentaire. Pour les matériaux ou objets destinés à un contact avec des préparations pour nourrissons ou bébés(suite, denrées alimentaires à des fins médicales, boissons à base de lait, etc.), le nouveau règlement va plus loin puisqu’aucune migration de BPA n’est autorisée.

Le nouveau règlement s’appliquera à partir du 6 septembre 2018. Les produits mis sur le marché légalement avant cette date pourront être vendus, pour assurer l’écoulement des stocks.

A télécharger

Sugarland : Un film qui parle des sucres cachés

Sugarland, un film documentaire pour dénoncer les sucres cachés

« Sugarland », un film australien drôle et coloré pour parler des sucres cachés dans les produits allégés, est sorti en salles ce mercredi 24 janvier 2018. 40 cuillères à café de sucre par jour pendant deux mois. Voici le régime que s’est imposé Damon Gameau, acteur et réalisateur australien du film Sugarland.

Entouré d’un nutritionniste, d’un médecin et d’un biologiste, le réalisateur a élaboré un menu qui prévoit d’ingérer non pas directement des morceaux de sucre ni de se gaver de sodas et de sucreries mais de ne consommer que ces aliments dits allégés.

En pratique, 160 grammes de sucres par jour, essentiellement du saccharose et du sirop de glucose-fructose, des sucres particulièrement présents dans les céréales et boissons dites ‘light’, les muesli étiquetés ‘sains’, les smoothies et aussi les barres de céréales… qui, à elles seules, contiennent en général la ration journalière recommandée de sucres (soit de 20 à 30 g) ! Ces mensurations changent en 2 mois, heureusement cela est réversible en quelques semaines avec le retour à une alimentation équilibrée.

Tout au long du film, des séquences historiques rappellent comment le gras a été diabolisé dès les années 1970 et comment le sucre a été exonéré et évoquent les manoeuvres sucrières, calquées sur celles de l’industrie tabac, comme l’a démontré une étude scientifique publiée en 2016 et comme l’a révélé le New York Times.

Pédagogique et en même temps très ludique, le film,  aux couleurs saturées et aux effets spéciaux très réussis, s’achève sur un clip (ci-dessous) où l’acteur réalisateur métamorphosé en M. Sugar, évolue dans les rayons d’un supermarché.