Tous les articles par Jacqueline Collard

L’alliance solaire internationale (ISA) devient opérationnelle

Évoquée à plusieurs reprises par le Premier ministre indien, l’alliance internationale pour le solaire (ASI) est devenue une réalité. Elle avait été instaurée le 30 novembre 2015 à la COP 21. Son objectif : exploiter le potentiel photovoltaïque des pays du Sud.

Vieux rêve du Premier ministre indien Narendera Modi, cette initiative vise à exploiter l’important gisement solaire des pays tropicaux. « Nous ne pouvons plus accepter que les pays les plus ensoleillés concentrent une si faible production photovoltaïque », avait  insisté le président Hollande. L’Alliance solaire, lancée à Paris lors de la COP 21 en 2015, compte suffisamment de membres et de ratifications pour pouvoir fonctionner. Son siège sera installé en Inde, avec le soutien de la France. La Cop 23 à B onn a relancé ce projet international en décembre 2017 elle est devenue une entité juridique internationale à part entière,et a été ratifiée par  16 pays,  est donc entrée en vigueur le 7 décembre 2017. Son objectif  est de créer un guichet unique et lisible pour les investisseurs afin d’orienter les flux financiers vers le terrain.

Pourquoi l’Inde? En effet ce pays propose aux « pays riches en solaire » de développer des réseaux et des synergies entre eux. L’objectif est de soutenir l’innovation dans les domaines connectés au réseau, mais pas seulement. Dans ces régions où de nombreux habitants n’ont pas encore accès à l’électricité, l’alliance doit permettre de faire émerger des applications déconnectées et décentralisées : électrification de villages et mini-réseaux, lanternes solaires, chargeurs de téléphones, pompes… Des développements dans des secteurs aussi variés que la chaleur, le froid, le dessalement, la désinfection, la stérilisation, le pompage, le stockage, les télécommunications sont aussi envisagés…

 La venue du président français à New Delhi  a été l’occasion de  poser  la première pierre de ce projet  ce 11 mars, en présence du Premier ministre indien Narendra Modi et d’Emmanuel Macron. L’alliance a ainsi été inaugurée à New Delhi, elle rassemble désormais 52 pays  et  vise à réunir 1.000 milliards de dollars d’ici à 2030 pour réaliser 1.000 gigawatts de capacité photovoltaïque.Sont concernés les pays  »riches » en soleil, situés dans la zone intertropicale, qui ont un grand besoin de mini-centrales photovoltaïques pour amener l’électricité dans les villages et de pompes à eau fonctionnant au solaire. La création de l’ASI est censée sécuriser les investissements en direction de ces 121 Etats situés entre le tropique du Cancer et le tropique du Capricorne. Ceux-ci ne représentent que 23% des capacités photovoltaïques mondiales alors qu’ils bénéficient de plus de 300 jours d’ensoleillement annuel.

Les projections des capacités installées pour 2021 placent la Chine en tête des pays équipés d’énergie solaire, devant les Etats-Unis. L’Inde arrive en troisième position et accélère ses objectifs en matière d’énergies renouvelables. Son gouvernement a porté à 100 gigawatts (GW) la capacité solaire installée d’ici 2022. Sa production d’énergies renouvelables (hors gros hydraulique) atteint d’ores et déjà 60 gigawatts, soit 18% de la production nationale d’énergie, dont 20 GW issus du solaire. La Banque européenne d’investissement a annoncé le 10 mars un prêt aux installations d’énergies renouvelables en Inde d’un montant de 800 millions d’euros.

Des réfugiés de Fukushima viennent témoigner 7 ans après la catastrophe

L’accident nucléaire survenu en mars 2011 est passé aujourd’hui à un état de crise chronique avec des fuites radioactives récurrentes. Alors que la contamination présente encore des risques sanitaires importants dans de vastes territoires, la politique de retour décidée par le gouvernement japonais avec la fin de l’aide publique auprès des évacués bouleverse la situation des sinistrés. Sept ans après, les victimes de l’accident glissent dans l’oubli.

Dans cette circonstance, trois mères accompagnées de cinq enfants se rendent à Genève le 16 mars pour lancer un appel en faveur des droits de réfugiés nucléaires auprès de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU. Elles iront ensuite témoigner dans différents lieux en Rhône-Alpes dont la Bibliothèque Centre-Ville de Grenoble qui sera leur première étape, puis à Valence le lundi et mardi à Lyon.



La question de l’euthanasie reprise par 156 députés

Euthanasie : 156 députés appellent à légiférer pour une « libre disposition » de son corps

156 députés ont signé  une tribune en faveur de la légifération de l’euthanasie dans le journal Le Monde, prônant pour les malades la « libre disposition de leur corps« .

Nous reprenons l’article du Monde en question:Y aura-t-il dans les douze prochains mois une majorité suffisante à l’Assemblée nationale pour voter une loi autorisant une aide médicale active à mourir sous certaines conditions ? Deux ans après l’adoption de la loi Claeys-Leonetti instaurant un droit à la sédation profonde et continue pour les malades en phase terminale, le débat pourrait de nouveau avoir lieu dans l’Hémicycle avec un rapport de force inédit.

Dans une tribune publiée dans Le Monde mercredi 28 février, 156 députés, dont 122 étiquetés La République en marche (LRM), demandent qu’une nouvelle loi soit adoptée « sans délai ». « Il convient de donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps et, c’est essentiel, de leur destin. C’est pourquoi nous, députés issus d’horizons différents, proposons de légiférer en ce sens au cours de l’année 2018 », écrivent-ils.

Jamais jusqu’à présent les députés élus en juin 2017 n’avaient si massivement pris position en faveur d’une évolution de la législation. L’été dernier, ils n’étaient qu’une cinquantaine à avoir signé la proposition de loi en ce sens du député du Rhône Jean-Louis Touraine (LRM, ex-PS), également à l’initiative de la tribune. « La majorité du groupe parlementaire est pour », assure aujourd’hui l’élu, estimant que « les nouveaux députés sont moins dans la réserve que lors des mandats précédents ».

Les états généraux de la bioéthique, vaste concertation de six mois appelée à nourrir la révision de la loi bioéthique de 2011, ont débuté en janvier avec des débats potentiellement vifs dont  cette question du suicide assisté: en effet trois pays proches de la France, la Belgique, les Pays-Bas, et le Luxembourg autorisent l’administration de médicaments mortels à des patients l’ayant demandé dans certains cas précis. En France, l’aide à mourir s’obtient déjà dans les hôpitaux auprès de médecins « courageux« , notent ces 156 députés, citant des chiffres de l’Ined estimant à 2.000 à 4.000 le nombre de personnes en phase terminale choisissant leur mort chaque année.

Rappelons que la loi Leonetti de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie oblige la dispensation des soins palliatifs et indique que les traitements ne doivent pas être poursuivis par une « obstination déraisonnable » lorsque les soins sont inutiles ou n’ont « d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie » sans légaliser l’euthanasie active.

L’agglomération de Grenoble se dote d’une zone à circulation réduite (ZCR)

Grenoble Alpes Métropole a présenté jeudi 1er mars un des ingrédients essentiels de la démarche « Métropole respirable en 5 ans » : la mise en place progressive d’une Zone Basses Emissions marchandises entre 2019 et 2025.

Des acteurs du territoire d’horizons divers ont confirmé leur engagement dans ce dispositif, bénéficiant directement à la qualité de l’air mais aussi plus généralement à la qualité de vie des grenoblois et à l’attractivité du territoire.

Malgré une amélioration générale de la qualité de l’air ces dernières années, notamment à l’échelle de la métropole grenobloise, les seuils réglementaires pour plusieurs polluants sont dépassés de manière régulière, en particulier pour les polluants suivants : particules en suspension, dioxyde d’azote et ozone.ville-respirable_actu_plans_actu_teaser.jpg

En outre, si l’on considère les valeurs recommandées par l’OMS concernant les particules fines, plus de 75 % des habitants de l’agglomération de Grenoble seraient exposés à des niveaux présentant un risque pour la santé.

Les sources de pollution sont multiples et bien identifiées. Les transports, le chauffage individuel, les industries, l’agriculture…sont autant de sources d’émission de polluants sur lesquelles des leviers d’action peuvent être envisagés.

Après une expérimentation menée dès le 1er janvier 2017 dans le centre-ville élargi de Grenoble, un élargissement du périmètre ainsi qu’un renforcement progressif de la réglementation va se mettre en place entre 2019 et 2025. 

Quel périmètre est concerné ?

La zone « basses émissions  » va concerner 9 communes de la métropole : Échirolles, Eybens, Grenoble, La Tronche, Poisat, Pont-de-Claix, Saint-Égrève, Saint-Martin-d’Hères et Saint-Martin-le-Vinoux ainsi que le Domaine Universitaire.

Quels sont les véhicules concernés ?

La restriction de circulation dans la zone va évoluer entre 2019 et 2025 en 4 étapes, avec dans un premier temps l’interdiction des véhicules (Véhicules Utilitaire Légers –VUL et les Poids Lourds – PL) sans certificats et des véhicules avec une vignette Crit’Air 5.

A partir de 2025, Grenoble Alpes Métropole ne souhaite autoriser à la circulation que les véhicules électriques et hydrogènes ainsi que ceux munis d’un « certificat qualité de l’air 1 » (qui correspond aux véhicules gaz et hybrides ainsi que les véhicules essences immatriculés après le 1 janvier 2011). Les véhicules Diesel ne seront donc plus autorisés à circuler à partir de 2015 dans la zone basses émissions.

Des mesures d’accompagnement et des aides financières seront proposées par la Métropole en complément des aides nationales. De plus, pour limiter le nombre de livraisons vers le centre-ville de Grenoble, et pour fluidifier le trafic routier, deux centres de distribution urbaine complémentaires l’un de l’autre, sont en développement.

Les particules fines PM 2, 5 passeraient le placenta


Notre association partenaire  l’ASEF nous transmet un article très intéressant sur l’impact des particules fines de type PM 2,5 sur le fœtus et par conséquence sur l’enfant en devenir : nous en faisons bénéficier

Quand les particules fines s’invitent dans le placenta : une question de santé publique !

Prématurité, faible poids de naissance, risques de malformations congénitales, retards et troubles du développement, séquelles respiratoires, syndromes métaboliques… Le fardeau associé à l’exposition à la pollution durant la grossesse est lourd à porter par le fœtus et par l’enfant. Il est reconnu que la présence particules fines de petites tailles (pm=2.5 ou plus petites encore) est corrélée avec des marqueurs de l’inflammation. [1]

Une équipe de l’INRA [2] confirme non seulement les effets néfastes d’une exposition in utero sur la croissance et le métabolisme du fœtus mais démontre ces effets sur 2 générations. L’étude a été menée sur la lapine, choisie pour son placenta très proche du placenta humain. L’expérience objective :

  • Dès mi-parcours de la gestation, un retard de croissance fœtale,
  • A terme, une longueur de la tête et un tour de taille réduits des bébés lapins, des signes comparables aux observations faites chez l’Homme.
  • Les échographies montrent une forte diminution de l’apport sanguin au placenta, réduisant l’apport de nutriments au fœtus.

 Ces conclusions contribuent à expliquer comment les nanoparticules inhalées traversent le placenta et atteignent le sang fœtal.

Le travail de l’équipe du Dr Emily DeFranco, médecin au Cincinnati Children’s Hospital Medical Center, montre qu’une exposition accrue aux particules fines de faible poids (PM 2.5) dans la période péri-conceptionnelle est associée à un risque de malformation [3]. Le risque augmente lorsque la période d’exposition est dans le mois qui précède et le mois suivant la conception. Les principales malformations rapportées sont des anomalies de la paroi abdominale et l’hypospadias.

Ces anomalies sont plus fréquentes chez les jeunes mères de 18 ans et moins, d’ethnie blanche non hispanique, à faible niveau d’éducation et à statut socioéconomique faible. Le tabagisme et le diabète sont deux facteurs confirmés comme significativement associés à l’incidence d’anomalies congénitales. Le taux d’anomalies congénitales est plus élevé parmi les grossesses avec diabète pré gestationnel, atteignant 7,1 cas pour 1.000 naissances vivantes.

Si l’augmentation du risque est modeste, l’impact possible sur la population générale, compte-tenu d’une exposition quasi-systématique, constitue un enjeu de santé publique.

Est-il si simple d’écrire et de répéter qu’une femme enceinte doit bénéficier de conseils visant à limiter le risque d’exposition aux particules fines ?

L’ASEF prend position pour que celles et ceux qui accompagnent les désirs de grossesse puis la période de grossesse, soient informés de risques environnementaux afin de mieux conseiller et de mieux accompagner.

La justice pourrait-elle être un jour saisie pour dénoncer un risque aggravé si des mesures préventives n’étaient pas mise en place ?  Ce sont les citoyens qui auront le dernier mot !

Bibliographie

[1] Environmental Science & Technology, March 2014 http://pubs.acs.org/doi/full/10.1021/es5006016

[2] Particle and Fibre Toxicology 26 July 2016 DOI: 10.1186/s12989-016-0151-7Maternal exposure to diluted diesel engine exhaust alters placental function and induces intergenerational effects in rabbits et INRA 28/07/2016 Pollution aux gaz d’échappement de moteur diesel : des effets sur les fœtus sur 2 générations.

[3] Periconception Exposure to Air Pollution and Risk of Congenital Malformations

Sheng Ren, PhD1,2, Erin Haynes, DrPH3, Eric Hall, PhD4, Monir Hossain, PhD5, Aimin Chen, MD, PhD3,Louis Muglia, MD, PhD5,6, Long Lu, PhD2, and Emily DeFranco, DO MS5,6. The journal of pediatrics.