Tous les articles par Jacqueline Collard

Vandana Shiva : Transformer le cercle infernal en cercle vertueux.

Transition, solidarité, paix, économie de demain…, nous plongeons avec elle, et grâce à notre traducteur Xavier Combes, au cœur des réflexions et des propositions que nous offre son livre Le cercle vertueux.La rencontre entre Vandana Shiva et Nicolas Hulot a eu lieu en marge de la COP21 et s’est révélée fusionnelle. Leur discussion, orchestrée par Lionel Astruc, a débouché sur une définition commune des enjeux auxquels il faudra faire face et a permis de mettre en lumière des mesures concrètes destinées aux citoyens et aux décideurs politiques.

La dégradation de l’environnement et les catastrophes liées au réchauffement climatique touchent certaines populations plus que d’autres : les pays les plus pauvres et les revenus les plus modestes. Ils sont également les plus durement frappés par la perte de biodiversité, les problèmes d’accès à l’eau potable et à un air pur, la dégradation des sols, etc.
Comment inverser ce cercle infernal ? Réconcilier environnement, solidarité et économie, paroles croisées avec Nicolas Hulot, dans un entretien mené par Lionel Astruc, paru aux éditions Actes Sud.

Un livre de Frédéric Denhez pour savoir ce qu’est le bio

Fréderic Denhez, rappelle qu’il n’existe pas de produits  » bio  » en soi mais que les aliments ainsi estampillés doivent s’inscrire dans un écosystème général, qu’il nomme  » la bio « . Par exemple, la mention  » AB  » ne garantit pas au consommateur que le produit n’a pas voyagé ou qu’il a été cultivé avec des pratiques peu agressives pour le sol. Il explique que des labels moins  » verts « , comme le  » label rouge  » pour la viande de bœuf française, doivent satisfaire à une réglementation plus stricte que la certification AB.

Le bio, finalement c’est juste le label AB. Presque une marque. C’est le bio que l’on connaît : des produits achetés,  » propres « , sans savoir ce qu’il y a derrière. C’est un bio conforme à un cahier des charges qui n’est réellement restrictif que sur les intrants chimiques. Pour le reste, les agriculteurs font un peu ce qu’ils veulent. Tandis que « la bio » est une démarche philosophique qui va plus loin que la réglementation sur les pesticides. Elle vise à produire avec un impact environnemental et sociétal limité.  » La bio  » doit avant tout nourrir l’agriculteur, sans abîmer les sols ni la nature, avec un bon bilan carbone, en respectant les qualités nutritionnelles et gustatives des produits, et le bien-être animal.AB. Ces deux lettres sur fond vert, les Français les connaissent bien pour les voir fréquemment sur les emballages dans les rayons et magasins bio. 97% de la population connaît ce logo indique d’ailleurs le dernier baromètre Agence bio/CSA. Bien que facultative depuis quelques années, la marque propriété du ministère de l’Agriculture reste bien plus connue que son homologue européen, l’Eurofeuille, qui n’est familier que pour six Français sur dix.

Or, devant cet intérêt pour le bio avec un marché qui croît de­ 17 % par an et  génère  plus de ­8 ­milliards­ d’euros, industriels et distributeurs se ­ruent sur l’or vert : à nous consommateurs d’être vigilants et exigeants ;  ce livre est là pour nous aider.

Eau : les nitrates seraient liés au cancer colorectal

Une étude danoise publiée dans l’International Journal of Cancer. nous met en évidence une nouvelle fois les risques potentiels de la présence des nitrates dans les eaux de consommation, alors que depuis longtemps des études démontaient les effets délétères en particulier pour les enfants et les femmes allaitantes. Cette étude fait le lien avec le cancer colorectal.

La concentration « naturelle » en nitrates des eaux souterraines en l’absence de fertilisation va de 5 à 15 mg/l (NO3). Mais la source majeure provient de l’apport d’engrais azotés. Cet apport peut se faire soit directement sous forme de nitrates, soit sous forme d’ammoniac, ou d’urée, lesquels se transforment dans le sol en nitrates. Certains engrais associent les deux formes, comme le nitrate d’ammonium, qui dans les sols libère immédiatement des nitrates, avant de générer plus lentement des nitrates issus de l’oxydation de l’ammoniac. Les lisiers d’élevage libèrent surtout la forme ammoniaquée. Les nitrates dans les eaux continentales proviennent à 66 % de l’agriculture (engrais azotés et lisier). Le reste est issu des rejets des collectivités locales (22%) et de l’industrie (12%).

Rappelons que la norme de 50mg/l est celle qui est retenue depuis des années en France. Le décret 2001-1220 du 20 décembre 2001 fixe cette limite à 50 milligrammes par litre en nitrates de l’eau destinée à la consommation humaine. La norme de 50 mg/L a été fixée en fonction des risques courus par les populations les plus vulnérables Les nitrates dans l’eau sont souvent  issus de l’emploi de fertilisants agricoles,ceux ci ont la fâcheuse manie de se transformer en composés N-nitroso, fortement cancérigènes –de la même manière que les nitrites, utilisés par l’industrie alimentaire en particulier…

L’ion nitrate est la forme stable de l’azote, formé par l’association d’un atome d’azote avec trois atomes d’oxygène. Une fois ingéré, il peut être réduit en nitrite par les bactéries présentes dans le corps, en particulier dans la bouche, mais aussi l’intestin grêle et le côlon. A partir de 25 mg/L, les nouveaux-nés peuvent manquer d’oxygène parce que les nitrites issus des nitrates oxydent le fer ferreux (Fe2+) de l’hémoglobine des globules rouges en fer ferrique (Fe3+). La méthémoglobine qui en résulte est incapable de fixer l’oxygène. Dans un milieu acide, l’estomac par exemple, l’ion nitrite donne naissance à de l’acide nitreux qui génère du dioxyde d’azote. Le dioxyde d’azote est capable de réagir avec des susbtances azotées qu’on appelle amines pour former des individus très peu fréquentables, les nitrosamines. Les nitrosamines endommagent les gènes et provoquent des cancers dans toutes les espèces animales. Les nitrites représentent un risque pour la santé du nourrisson de moins de 6 mois en raison de l’immaturité de l’activité de la « méthémoglobine réductase ». Les adultes porteurs d’un déficit enzymatique (en G6PDH ou en MetHb-réductase) sont également exposés.

Listes des zones vulnérables aux nitrates au 21 février 2017 en auvergne Rhône-Alpes

http://draaf.auvergne-rhone-alpes.agriculture.gouv.fr/Revision-du-zonage-dit-zones

Ward MH : Workgroup Report: Drinking-Water Nitrate and Health—Recent Findings and Research Needs. Environ Health Perspect. 2005, 113(11): 1607–1614.

http://onlinelibrary.wiley.com

 

Le dernier livre de Barbara Demeneix : Cocktail toxique

La biologiste endocrinologue Barbara Demeneix, s’interroge autour de la question suivante : «Pourquoi tant de perturbateurs dans l’air ?»Ces cocktails toxiques de polluants chimiques sont-ils en train de nous empoisonner ?Ces perturbateurs endocriniens affectent le développement du cerveau, le métabolisme, la reproduction, et ont une incidence sur les cancers.

Elle effectue ses recherches au laboratoire Évolution des régulations endocriniennes, elle est aussi  professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Internationalement reconnue pour ses travaux en endocrinologie sur l’hormone thyroïdienne et les perturbateurs endocriniens, elle est à l’origine d’une technologie originale et innovante, permettant l’identification de polluants environnementaux. Elle a reçu la médaille de l’Innovation du CNRS. Elle est aussi l’auteur du Cerveau endommagé. Comment la pollution altère notre intelligence et notre santé mentale.

Pesticides, plastiques, résidus de médicaments et beaucoup d’autres choses encore : chaque jour, des centaines de milliers de produits chimiques sont rejetés dans l’environnement. Des études scientifiques récentes montrent que le nombre d’enfants atteints de dérèglements hormonaux, de désordres de type autistique ou de troubles de l’attention avec hyperactivité est en augmentation constante.

Barbara Demeneix parvient même à une conclusion inquiétante : les capacités intellectuelles des générations futures seront sérieusement compromises. Quelles solutions pouvons-nous mettre en œuvre pour protéger les enfants, mais aussi les adultes, à titre individuel et surtout collectif ?

 

Les Etats généraux de la bioéthique sont ouverts : quel monde pour demain ?

Les États généraux de la bioéthique viennent de s’ouvrir en janvier avec cette question: «Quel monde voulons-nous pour demain? »
Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui les préside est un organisme «indépendant» composé d’un président nommé par le chef de l’État, lequel nomme également 5 des 39 autres membres, 19 étant choisis parles ministres et les présidents d’assemblée et de grands corps d’État, les 15 derniers par leurs pairs dans le secteur de la recherche.
Cette vaste concertation qui s’est ouverte le jeudi 18 janvier  durera jusqu’à juillet.Elle , doit être  déclinée en régions, pour  s’adresser à tous : médecins, experts, associations mais aussi simples citoyens et jeunes, avec des débats dédiés aux étudiants et lycéens.

Cette vaste consultation est faite pour  recueillir l’opinion de la société française sur un certain nombre de thèmes. Tous les citoyens sont invités à s’interroger et à débattre sur :

  • l’avancée de la recherche dans les domaines de la reproduction, du développement embryonnaire et des cellules souches et le respect dû à l’embryon comme personne potentielle ;
  • les techniques de séquençage et d’ingénierie génomique et les prémisses d’une médecine prédictive ;
  • les dons et transplantations d’organes ;
  • les données de santé, notamment au regard du développement des objets connectés et des risques d’atteintes à la vie privée ;
  • l’intelligence artificielle et les robots et la responsabilité des professionnels de santé vis-à-vis de leur utilisation ;
  • les neurosciences au regard du développement des techniques d’imagerie ;
  • la relation santé-environnement et les responsabilités scientifiques et techniques de l’homme ;
  • la procréation (PMA, GPA, etc.) ;
  • la fin de vie (question sur la légalisation de l’assistance au suicide, politiques d’accompagnement pour les malades en fin de vie).

Un site internet, géré par le CCNE, est dédié aux États généraux depuis le 12 janvier (https://etatsgenerauxdelabioethique.fr/). Depuis le 12 février 2018, chaque citoyen peut s’y informer et exprimer en ligne sa propre opinion sur les thématiques.

Par ailleurs, au cours du premier trimestre 2018, plus d’une soixantaine de débats citoyens ouverts au public vont être menés en régions par les espaces éthiques régionaux, selon un calendrier et des thèmes choisis par eux. Chaque débat doit faire l’objet d’une synthèse qui sera transmise au CCNE.

Puis , selon une note du ministère de la santé datant de novembre, un  projet de loi sera finalisé « à l’été 2018 » pour un dépôt au Parlement « à l’automne » en vue d’une adoption d’une nouvelle loi « dans le courant du premier semestre 2019 ».

Le CCNE a chargé Louis Schweitzer, ancien Président de la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) d’être le médiateur de la consultation. Il recevra les réclamations relatives à l’organisation de la phase consultative et y répondra.

Et rappelons à cette occasion les paroles du généticien  JF Mattei ancien rapporteur des lois de bioéthique de 2011:: «Dans le domaine bioéthique, chaque pas que nous faisons ne nous paraît pas absolument déterminant et repoussant, mais vient un jour où l’on se retourne et où l’on est arrivé plus loin que ce que nous aurions voulu. Pour éviter cette pente eugéniste, il a fallu se battre ! »