Tous les articles par Jacqueline Collard

Une étude nationale sur la santé et les risques professionnels du monde agricole

À l’occasion du 55e Salon international de l’agriculture, Santé publique France fait un focus sur les études et les données qu’elle a produites sur la santé des agriculteurs et plus particulièrement la santé mentale, la maladie de Parkinson, l’exposition aux pesticides, le chlordécone en outre-mer.

En milieu professionnel agricole, les expositions sont nombreuses et peuvent avoir un impact sur l’état de santé (risque accidentel, contraintes physiques, produits phytosanitaires, agents biologiques, risques psychosociaux…). Santé publique France a mis en place un programme national de surveillance – COSET – (Cohortes pour la surveillance de la santé et relation avec le travail) dont l’objectif est d’améliorer les connaissances sur l’état de santé et les risques professionnels en France.

C’est dans ce cadre qu’une étude nationale sur la santé et les risques professionnels a été lancée fin 2017, en partenariat avec la Mutualité sociale agricole -Coset-MSA-, auprès d’un échantillon de professionnels affiliés au Régime agricole (salariés, exploitants et conjoints collaborateurs) tirés au sort et invités à participer via un questionnaire en ligne. L’étude Coset-MSA prévoit de suivre les participants pendant plusieurs années afin d’étudier l’évolution de l’état de santé en relation avec les facteurs professionnels sur le long terme. Elle entend donner une vision la plus complète possible de l’état de santé et de la diversité des situations professionnelles du monde agricole. Par l’identification de situations à risque, les résultats aideront à mieux définir les priorités de prévention et contribueront à la mise en place de programmes dédiés.

Les premiers résultats seront disponibles à partir de 2019. D’autres résultats concernant d’autres types de professionnels (salariés du Régime général et indépendants) seront également produits et publiés dans le cadre du programme Coset.

www.coset.fr/          www.msa.fr/lfy/sst/etude-coset-msa

 Nous en profitons pour rappeler l’étude Phyt’attitude menée aussi par la MSA : elle a été créé en 1991 par la MSA, est organisée par des  médecins du travail, des conseillers en prévention et d’experts toxicologues. L’objectif est de recenser, analyser et valider les informations sur les accidents ou incidents survenus lors de l’utilisation de produits phytosanitaires.Parmi les symptômes signalés à Phyt’attitude, on recense notamment des troubles ORL, ophtalmologiques et respiratoires, des lésions de la peau, des troubles digestifs, des maux de tête ou des troubles neurologiques (maux de tête, etc.).

Il en ressort que 1 personne sur 5  pulvérise ou applique un produit phytosanitaire tout en affirmant avoir développé des symptômes lors de l’utilisation de produits phytosanitaires. Maux de tête, nausées, irritations… d’où l’intérêt de signaler ces symptômes à Phyt’attitude en appelant le n° vert gratuit : 0 800 887 887.

www.msa.fr/lfy/web/msa/sst/phyt-attitude

 

 

Un nouveau carnet de santé pour plus de conseils pour les parents

Le ministère de la Santé a publié ce lundi 5 mars 2018 le nouveau modèle du carnet de santé : c’est un document qui contient les éléments d’information médicale nécessaires au suivi de la santé de l’enfant jusqu’à ses 18 ans. Son utilisation est réservée aux professionnels de santé et sa consultation soumise à l’accord des parents.Le carnet de santé est établi au nom de l’enfant. Il y est mentionné les résultats des examens médicaux ainsi que toutes les constatations importantes concernant sa santé. Toute personne appelée, par sa fonction, à prendre connaissance des renseignements qui y sont inscrits est soumise au secret professionnel.

Le carnet, gratuit et traditionnellement remis par la maternité ou un médecin, succédera le 1er avril au modèle distribué depuis 2006. Il a été conçu pour « tenir compte des avancées scientifiques et des attentes des professionnels de santé et des familles », a indiqué le ministère dans un communiqué.  Les messages de prévention « ont été enrichis et actualisés pour tenir compte des évolutions scientifiques et sociétales, de nouvelles recommandations et de l’identification de nouveaux risques« , est-il expliqué sur le site du ministère de la Santé. Ce nouveau carnet de santé donne  des recommandations nouvelles pour les bébés, sur l’alimentation mais aussi notamment sur l’exposition aux écrans et la prévention du syndrome de mort inattendue du nourrisson.

 

Une enquête sur l’utilisation toujours plus grande des terres rares

Tungstène, cobalt, graphite, indium…  Omniprésents dans nos appareils numériques, les métaux rares nécessitent une extraction de plus en plus plus difficile et plus polluante pour la planète. Le journaliste Guillaume Pitron a enquêté sur ces métaux. Dans son enquête, Guillaume Pitron a découvert que l’extraction des métaux rares est plus difficile que celle des métaux classiques et est nocive pour la planète : « La roche contient une infime dose de métaux rares. Pour séparer ces métaux rares de la roche, il va falloir des solvants chimiques qui vont souvent être rejetés dans la nature.« 

Quel est le bilan écologique, économique, géopolitique de la transition énergétique et numérique en cours ? Guillaume Pitron a enquêté six ans dans une douzaine de pays sur les « terres rares », cette trentaine d’éléments chimiques devenus indispensables à la société actuelle, des éoliennes aux smartphones en passant par les applications militaires. Son ouvrage est un pavé dans la mare précis, référencé, qui ouvre un débat fondamental.

L’auteur propose des alternatives : Il faut absolument recycler 100% des métaux rares. Il y a évidemment une nécessité d’être plus sobre et modérés dans notre façon de consommer. »

La Guerre des métaux rares, paru en janvier 2018, LLL, 20 euros.

Le WWF publie les indices de changements de comportement agricole et alimentaire

Alors que les Etats généraux de l’alimentation se sont achevés avec des décisions politiques imminentes, le WWF France présente les 10 signaux démontrant que la transition agricole et alimentaire est déjà à l’œuvre.

En effet, si les Français ont déjà commencé à changer leurs pratiques et semblent encore plus enclins à le faire demain, les politiques publiques doivent encourager, et non freiner, cette transition agricole. Le WWF France veut contribuer à un nouveau pacte entre les agriculteurs, premières victimes du modèle d’agriculture industrielle dominant, et les citoyens. Augmenter le revenu des premiers, répondre aux attentes des seconds en matière de qualité, réduire la pression que la production agricole exerce sur la planète. Tout cela est à portée de main et doit constituer le cœur de ce nouveau pacte. Les Français y sont prêts. Aux décideurs, publics comme privés, de prendre leurs responsabilités et de saisir cette extraordinaire opportunité.

 Un sondage de l’IFOP d’octobre 2017 met en évidence que 69% de Français sont prêts de payer plus chers pour que vivent les producteurs, 89% souhaitent que moins de pesticides soient utilisés, 62% déclarent rechercher des produits biologiques.

 Après un pic de croissance hors norme en 2015, le nombre de conversions d’exploitations en bio a encore augmenté en 2016. En décembre dernier, le “zéro pesticide” représentait 5,7 % de la surface agricole utile (SAU) du territoire avec plus de 1,5 million d’hectares engagés en bio, soit une hausse de +17 % en un an ! (Source : Agence Bio)
Au total, l’agriculture bio représente aujourd’hui plus de 118 000 emplois directs en équivalent temps plein, soit un gain de 32 500 emplois et une croissance annuelle moyenne de 8,4% de la filière (production, transformation, distribution) en seulement quatre ans ! Les quelque 32 300 fermes bio du pays pèsent désormais pour 10,8% de l’emploi agricole en France. Outre les producteurs agricoles « zéro pesticides », ce sont aussi près de 15 000 entreprises qui travaillent désormais pour la filière bio (+10 %), soit 47 185 emplois. Dans le détail, on dénombre 32 326 exploitants agricoles bio et 14 859 personnes qui travaillent dans la transformation et la distribution de produits bio, ce qui représente une évolution de l’ordre de 12% en l’espace d’un an. (Source : Agence Bio)
En 2016, la consommation bio des ménages français a bondi de 21,7% par rapport à 2015 et le marché a dépassé les 7 milliards d’euros. Soit un gain d’1,2 milliard d’euros en seulement un an. Le bio représente 3,5 % du marché alimentaire des particuliers. (Source : Agence Bio)
 La croissance de la consommation de produits issus du commerce équitable en 2016 a été exceptionnelle : + 42,8% par rapport à 2015. Le marché français atteint désormais 948 millions d’euros. (Source : www.commercequitable.org)
Après le pic de l’après-guerre (+1,5 % par an entre 1960 et 1980) qui a atteint son sommet en 1984 , depuis 10 ans, la consommation de viande en France est en baisse régulière. (Source : France Agrimer)
Entre 2007 et 2013, pour les viandes de boucherie (c’est-à-dire le bœuf, le veau, l’agneau, le porc frais et la viande chevaline), les niveaux sont passés de 58 à 52.5 g/j/personne, ce qui porte actuellement la consommation moyenne hebdomadaire à environ 370 g, soit 3 à 4 portions seulement par semaine. (Source : CREDOC)
En France, de plus en plus d’entreprises, tous secteurs confondus, s’engagent à exclure les œufs de poules élevées en cage de leurs rayons ou de leurs préparations . Aujourd’hui, en France, les œufs dits « alternatifs », représentés par les codes 0,1 et 2 (respectivement élevage bio, plein air et sol) représentent près de 48% en volume du marché des œufs.
Les achats d’œufs biologiques ont progressé de 14% entre 2015 et 2016. Avec 14,3 milliards d’œufs produits en 2016, la France est le premier producteur d’œufs de consommation dans l’UE. Dans l’hexagone, 32 % des poules environ sont élevées en système alternatif, soit 15 millions de pondeuses sur un total d’environ 48,6 millions. (Sources : DGAL, Agence Bio, SYNALAF)
Le gaspillage alimentaire a été réduit de 22% dans les supermarchés ayant participé au projet pilote, encouragé par la loi de lutte contre le gaspillage alimentaire du 3 février 2016 qui interdit de rendre délibérément impropres à la consommation les invendus des industriels et oblige la grande distribution à distribuer les “surplus” alimentaires qu’elle jetait auparavant sous peine d’une amende de 3750 euros par infraction. (Source : Legifrance).
En 2016, près de six établissements scolaires sur dix (60%) ont mis à disposition des plats préparés à partir de produits biologiques, contre 46% en 2011 et seulement 4% avant 2006. Et 32% des établissements proposent des menus entièrement bio. (Source : Agence Bio)   En restauration collective, 78% des produits bio sont d’origine française et 59% d’origine régionale, confirmant ainsi la tendance générale des Français pour la consommation locale.
Et de plus de nouveaux modes de distribution émergent de façon sérieuse:En France, en parallèle de la grande distribution (45% de part du marché bio), 20% des agriculteurs vendent leurs produits en circuits-courts (Source : La Ruche qui dit Oui). Le chiffre d’affaire de la distribution spécialisée bio (Biocoop, Bio c’ Bon, la Vie Claire etc.) a augmenté de 24% entre 2010 et 2016, passant de 1222 à 2497 millions d’euros, soit 37% du chiffre d’affaire total de la filière. (Source : Agence Bio).
Le nombre d’AMAP  continue de progresser. On en recense plus de 2000 aujourd’hui en France contre 1600 environ en 2011. Près de 250 000 familles « amapiennes », soit 300 000 mangeurs environ, s’alimentent grâce aux paniers AMAP. (Source : Amap)

La demande énergétique de l’agriculture s’est accrue considérablement

Lancée après la deuxième guerre mondiale, la «révolution verte» n’avait de vert que le nom, comme le confirment Pedro Pellegrini et Roberto Fernández, agronomes à l’université de Buenos Aires (Argentine). Une étude publiée dans  Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas) nous met en évidence la véritable demande énergétique de l’agriculture à l’échelle mondiale.

La production végétale mondiale a triplé au cours des 50 dernières années,( entre  1961 à 2014) principalement par une augmentation du rendement (production / superficie). Nous montrons que l’énergie intégrée dans les principaux intrants pétroliers (machinerie, carburant et engrais) a augmenté dans le monde entier à un rythme plus important (il y a eu une augmentation de 137% de la consommation d’intrants par hectare), cependant moins rapide au cours des dernières décennies, que la production agricole.

Cela a été expliqué par les progrès dans l’industrie des engrais azotés, l’irrigation, et d’autres technologies et peut-être quelques changements environnementaux. Ces résultats correspondent au «paradoxe de Jevons*»: les gains d’efficience, tant pour l’EUE que pour la terre (rendement), n’ont pas permis de réaliser des économies de ressources. Tout comme l’augmentation de la production ne garantit pas la réduction de la faim, les technologies permettent de réaliser des économies sur les terres (et la biodiversité), mais leur réalisation dépend de décisions politiques audacieuses.

Dans l’ensemble, l’efficacité de l’utilisation de l’énergie (production végétale / intrants) a suivi une trajectoire en U commençant à 3 et se terminant près de 4. Les perspectives d’une intensification plus durable sont discutées, et l’inadéquation du modèle d’épargner la nature sauvage via l’agriculture intensifiée est mise en évidence.

*Le paradoxe de Jevons a initialement été formulé par l’économiste britannique du nom de William Stanley Jevons dans son livre Sur la question du charbon en 1865. L’homme va faire une observation capitale qui peut nous être utile aujourd’hui. Ce paradoxe est le suivant : À mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource  est employée, on observe que la consommation globale de cette ressource augmente. En termes simples, plus une énergie est maîtrisée (donc démocratisée), plus sa consommation augmente: une réflexion à avoir dans le cas d’une transition énergétique réussie.