Tous les articles par Jacqueline Collard

Nécessité de repenser le stockage du carbone

Un rapport du sénateur Roland Courteau, à destination de l’office parlementaire des choix scientifiques (OPECST) démontre une fois encore l’enjeu du stockage du carbone qui devient plus que jamais important face au réchauffement climatique.

En effet les sols peuvent stocker davantage de carbone qu’ils en émettent et compenser ainsi partiellement les émissions anthropiques de CO2. Ce sont des importants réservoirs de carbone sous la forme de matière organique , pendant longtemps sous estimés. Ainsi, ce rapport met  en évidence la nécessité d’allouer des projets de recherches afin de mieux connaître leurs capacités d’absorption et de mettre en  œuvre les pratique les plus favorables.

Le climat influe sur la teneur en carbone organique des sols en jouant sur les entrées, à travers la productivité végétale par exemple,par l’intermédiaire de l’activité biologique et de l’érosion. Le sol fait figure d’acteur-clé dans les cycles biogéochimiques du carbone.

 Cependant, les sols sont marqués par une grande diversité:la quantité maximale de MO qui y est contenue peut fluctuer fortement d’un écosystème à un autre,suivant les variations des différents facteurs évoqués.Selon la nature du sol et son usage,le stockage de carbone dans les sols est très inégal: entre tourbières,sols forestiers, sols agricoles , sols dégradés,artificialisés,voire imperméabilisés, les écarts sont grands. 
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Rapport OPECST «De la biomasse à la bio économie : une stratégie pour la France» appelait en 2015 une poursuite des investigations sur la question des relations entre sols et carbone, et tout particulièrement sur les enjeux du stockage de carbone dans les sols. C’est l’objet de la présente note.

Dépassement des normes qualité de l’air : La France comme 5 autres pays renvoyée devant la justice européenne (CJUE)

Bien que la pollution de l’air en France  recule depuis plus de 20 ans elle reste problématique aux regards des normes européennes.En effet rappelons que selon  une analyse de Santé Publique France, 48 000 décès par an seraient attribuables à l’impact des particules fines.

Communiqué de l’Europe :

Annonce par la Commission européenne qu’elle saisit ce même jour la Cour de Justice de l’UE (CJUE) de recours contre six Etats membres (dont la France) pour dépassement des valeurs limites de concentration (VLC) fixées par la directive 2008/50/CE et manquement à l’obligation de prendre des mesures appropriées pour réduire au maximum les périodes de dépassement. En ce qui concerne la France, où 12 zones de qualité de l’air sont concernées, le renvoi devant la CJUE vise le non-respect des VLC du NO2 (comme pour l’Allemagne et le Royaume-Uni).

Cette étape de la procédure fait suite au sommet ministériel sur la qualité de l’air convoqué par le commissaire Vella le 30 janvier 2018 dans un ultime effort pour trouver des solutions au sérieux problème de pollution atmosphérique qui affecte neuf États membres. Les 6 États membres susmentionnés n’ayant pas présenté, dans les délais impartis et dès que possible comme le requiert la législation de l’UE, des mesures crédibles, efficaces et en temps utile pour réduire la pollution, la Commission a décidé d’engager une procédure judiciaire.

Pour le dioxyde d’Azote: en France – dans 12 zones de qualité de l’air, dont Paris, Marseille et Lyon; les concentrations annuelles déclarées en 2016 ont atteint 96 µg/m3 (à Paris).

Pour l’Hongrie, l’Italie et la Roumanie, le recours est au motif des concentrations élevées persistantes de PM10. Quant aux trois autres Etats membres initialement visés par la Commission (Espagne, République tchèque et Slovaquie), les mesures mises en place ou prévues qui ont été communiquées à la Commission à la suite du sommet ministériel sur la qualité de l’air du 30 janvier 2018 semblent, selon l’exécutif européen, être de nature à pouvoir remédier aux insuffisances constatées, à condition qu’elles soient correctement mises en œuvre.


Dans tous les cas de dépassements des valeurs limites fixées par la législation de l’Union sur la qualité de l’air ambiant (directive 2008/50/CE), les États membres sont tenus d’adopter des plans de qualité de l’air et de veiller à ce que ces plans prévoient des mesures appropriées pour que la durée de la période de dépassement soit la plus courte possible. Fondée sur le principe de subsidiarité, la législation de l’Union laisse aux États membres le choix des moyens à mettre en œuvre pour se conformer aux valeurs limites.

Voir communiqué, communication (mesures disponibles pour aiser les Etats membres à réduire la pollution de l’air) et fiche d’information de la Commission, et les différentes étapes de la procédure d’infraction à la législation de l’UE.

Plus de détails : https://www.citepa.org/fr/

Le 11 mai – Journée mondiale des espèces menacées

Journée mondiale des éspèces menacées
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Alors que nous sommes dans la décennie promue par l’ONU (en 2010 ) pour la préservation de la biodiversité la disparition des espèces continue sa progression. Ainsi la journée internationale du 11 mai a pour but de rappeler l’état des espèces vivantes et de sensibiliser le monde scientifique et le grand public  à ce constat inquiétant. Chaque année, le 11 mai est consacré à  la Journée Mondiale des Espèces Menacées.

D’après une étude de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), ce sont plus de 20 000 espèces de plantes et animaux qui sont en danger de disparition imminente chaque année.

Au niveau européen, l’IUCN souligne que 7,5 % des espèces marines sont menacées et ont atteindrait 40 % pour la catégorie des requins et des raies.La sixième grande disparition que nous sommes en train de vivre a été confirmée par une étude, publiée en juillet 2017, dans les derniers « Comptes rendus de l’Académie nationale des sciences des États-Unis d’Amérique ». Le constat des auteurs est alarmant, au total, plus de 50 % des animaux vertébrés ont disparu en 40 ans (peut-être plus), ce qui revoit à la hausse l’ampleur réelle de cette crise majeure.Contrairement aux cinq épisodes précédents d’extinction massive des espèces, cette sixième vague de disparition est due pour la première fois à l’impact d’une seule espèce : l’être humain, qui participe à la dégradation des habitats naturels via la déforestation, l’agriculture intensive ou bien encore l’urbanisation. La dernière extinction sur terre remonte à 65 millions d’années, elle a conduit à la disparition des dinosaures, et avec eux, de 75 % des espèces animales.

La France a elle seule figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées. Ce ne sont pas moins de mille espèces menacées au niveau mondial qui sont présentes sur le territoire national (métropole et outre-mer).

1/3 de l’ effectif des populations d’oiseaux, ont disparu des zones agricoles de France,  depuis une quinzaine d’années selon une étude publiée par le CNRS et le Muséum national d’histoire naturelle.

75%: c’est le pourcentage d’insectes volants ayant disparu en Allemagne en 30 ans. Une diminution probablement représentative de ce qui se passe en Europe, selon les chercheurs à l’origine de l’étude publiée dans la revue Plos One. Les pesticides agricoles seraient responsables de cette hécatombe. L’impact d’un tel déclin sur nos écosystèmes inquiète les scientifiques : les insectes volants jouent un rôle crucial dans la pollinisation de 80 % des plantes sauvages et dans l’alimentation de 60 % des oiseaux.

Le but de cette journée est donc d’encourager la population à s’informer et à prendre conscience des menaces pesant sur les espèces, de promouvoir des exemples couronnés de succès de rétablissement des espèces , ainsi que les initiatives de préservation des espèces partout dans le monde. La nature a été confiée à l’homme non pas pour qu’il la détruise mais pour pour qu’il l’apprivoise (dixit la Bible) et ce sont souvent les comportements humains qui sont à la source de toutes ces catastrophes (déchets plastiques dans la mer, émissions polluantes dans l’atmosphère, etc…).

Pour les chercheurs du CNRS et du Muséum national d’histoire naturelle,  « si la situation n’est pas encore irréversible, il devient urgent de travailler avec tous les acteurs du monde agricole, et d’abord les agriculteurs, pour accélérer les changements de pratiques ». Bonne nouvelle, la Commission européenne a voté fin avril l’interdiction de trois pesticides néonicotinoïdes, surnommés les « tueurs d’abeilles », sur les terrains agricoles, afin d’enrayer l’inquiétante diminution des populations de butineuses, si nécessaires à la pollinisation des plantes.

Une liste rouge mondiale reste un bon moyen de connaître et appréhender cette problématique de disparition accélérée de certaines espèces et d’essayer de la prendre en compte.

Estimation à la hausse de la maladie de Parkinson

Des chercheurs de Santé publique France et de l’Inserm ont pour la première fois réalisé une estimation du nombre de patients atteints sur le territoire. Selon leurs travaux, publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, au moins 166.700 personnes étaient atteintes de cette pathologie fin 2015.

La maladie de Parkinson est l’affection neurologique dont le nombre de cas a le plus augmenté en 25 ans dans le monde – évolution que les épidémiologistes ne peuvent uniquement expliquer par le vieillissement de la population.

Les auteurs notent qu’il s’agit d’une estimation basse, du fait d’un sous-diagnostic parmi les populations les plus âgées. La maladie touche environ 2 femmes sur 1.000 et 3 hommes sur 1.000. Si plus de la moitié des malades étaient âgés de plus de 75 ans, les chercheurs notent « qu’un patient sur sept a moins de 65 ans ».

Si le nombre de nouveaux cas annuels reste constant jusqu’en 2030…

En prenant en compte l’allongement de l’espérance de vie et les projections démographiques, les auteurs estiment à au moins 260.000 le nombre de patients parkinsoniens en 2030. Parmi les plus de 45 ans, une personne sur 120 sera concernée. Ces estimations sont supérieures à des projections antérieures, qui extrapolaient au niveau national des données collectées à l’échelle d’un seul département.

Dans un éditorial au Bulletin épidémiologique hebdomadaire, le professeur Marie Vidailhet de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, rappelle que ces résultats ont une portée majeure du fait des enjeux sociétaux et économiques associés à cette évolution. Au-delà des questions du coût des traitements, celles de l’aménagement des habitats, de l’accompagnement de la dépendance, mais aussi de la réduction des facteurs de risque constituent d’importantes problématiques de santé publique.

Source : F. Moisan, et al. Fréquence de la maladie de Parkinson en France en 2015 et évolution jusqu’en 2030. Bull Epidémiol Hebd. 2018;(8-9):128-40.

 

Le 5 mai la France a déjà été atteint le jour du dépassement

Si le monde entier vivait comme les Français, l’humanité commencerait à creuser son déficit écologique dès le 5 mai. Soit trois mois avant la date du Jour du dépassement planétaire qui est tombée début août en 2017. Il faudrait 2,9 Terre si toute l’humanité vivait comme les Français.

Tous les ans, l’ONG Global Footprint Network calcule « le jour du dépassement ». C’est la date à laquelle l’empreinte écologique de l’humanité dépasse la biocapacité de la planète, à savoir la capacité régénératrice de la Terre pour satisfaire notre consommation annuelle de ressources. Cette date symbolise ainsi un budget disponible épuisé pour l’année. Pascal Canfin, président du WWF a déclaré à cette occasion : le constat est clair : si la planète était une entreprise, elle serait en faillite. Si les grands pays gaspilleurs que sont les Etats-Unis, le Canada ou l’Australie commémorent leur ‘jour du dépassement’ dès le mois de mars, la France n’est pas pour autant une bonne élève.

Depuis le 5 mai, la France est en déficit écologique

En 4 mois, nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres et consommé plus d’eau que ce que la nature de notre territoire peut nous procurer au cours d’une année.

De quelle façon martyrisons-nous notre environnement ? «Deux tiers de l’empreinte écologique d’un Français provient de son alimentation, des dépenses d’énergie de son logement et de ses déplacements», répond Pascal Canfin, directeur général de la branche française de l’organisation. Et c’est bien là le problème. Les facteurs qui dressent les contours de notre empreinte écologique sont d’ordre économique et climatique. Malgré les Grenelle, les lois sur la transition énergétique ou sur la protection de la biodiversité, aucune réforme structurelle ne nous a permis de stopper la consommation d’espaces naturels (avec les effets sur la biodiversité que cela implique), réduire régulièrement nos émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre, diminuer les besoins en mobilité, assainir les pratiques agricoles, baisser notre consommation d’énergie, etc.

Pour renverser vraiment la vapeur, le WWF propose de soutenir les «modes de consommation responsables». Et par exemple, de favoriser la baisse de la demande de viande, dont la production est émettrice de GES et consommatrice d’espaces.

Si l’on s’intéresse strictement au territoire français et que l’on compare l’empreinte écologique de la France à sa propre biocapacité – c’est-à-dire les zones terrestres et marines du pays lui permettant d’absorber sa consommation à domicile – la France et les Français demanderaient à l’heure actuelle 1,8 fois plus à la nature que ce que les écosystèmes du territoire français sont en mesure de lui fournir. Depuis le 5 mai 2018, nous vivons à crédit.

Pour consulter le rapport :

www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-05/180504_Rapport_Jour_du_depassement_France.pdf