Tous les articles par Jacqueline Collard

L’ECHA lance un site pour informer les citoyens !

L’ECHA lance un nouveau site « Les produits chimiques dans notre vie »

L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) crée en 2007 a pour objectif de  sécuriser l’usage des produits chimiques. Elle veille à l’application de la législation innovante de l’UE sur ces substances, qui profite à la santé humaine, à l’environnement, à l’innovation et à la compétitivité en Europe.

Pallier le déficit d’information du grand public sur les produits chimiques : l’ intention est louable, mais cela signifierait-il que jusqu’alors il était quasiment impossible de savoir malgré publicités et étiquetage ??

C’est ce que tente l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques), avec son nouveau site « Les produits chimiques dans notre vie », traduit dans toutes les langues de l’UE. Le titre est explicite : il s’agit bien de montrer que les produits chimiques font partie de notre vie, et nous sont indispensables, et que cela ne saurait changer. Certes, la chimie fait partie intégrante de la vie. Mais l’ECHA se lance ici dans une opération de communication pour rassurer le grand public sur la situation en matière de pollutions chimiques dans l’UE.

L’information du public : une mission pour l’instant secondaire de l’ECHA 
Depuis sa création, l’ECHA s’est concentrée sur l’évaluation des substances chimiques, l’appui au secteur industriel et les restrictions de produits dangereux mis sur le marché. L’information du public est pourtant l’une de ses missions : jusqu’à aujourd’hui, ses outils étaient encore limités. De nombreuses sources d’information, notamment des scientifiques, des médecins, mais aussi des ONG, alertent depuis longtemps sur l’impact néfaste pour la santé de certaines substances chimiques auxquelles nous sommes exposés au quotidien.

Le contenu du site 
L’ECHA propose un site avec plusieurs rubriques, portant sur l’actualité, les produits de consommation contenant des produits chimiques, la santé, l’environnement, le travail. Une rubrique « conseils et astuces » revient sur des droits tels que le droit d’information du consommateur en vertu du règlement REACH. Les sujets qui font l’actualité ne sont pas ignorés : effet des mélanges de produits chimiques, glyphosate, sécurité des encres de tatouage sont bien mentionnés.

Une volonté de rassurer
Si l’ECHA se lance dans cette démarche, c’est que les pollutions chimiques inquiètent les citoyens européens, comme l’a montré un eurobaromètre récent. La solution est donc pour l’ECHA d’adopter une communication « non anxiogène » : elle se veut rassurante. Or, s’il n’est pas besoin d’inquiéter inutilement, nier ou minimiser la dangerosité ou les risques liés à un produit n’en a jamais réduit les effets néfastes.

 Nous resterons vigilants sur la communication et effets de langages utilisés dans cette stratégie nouvelle.

Découvrir le site en ligne : https://chemicalsinourlife.echa.eur…

 

L’agriculture biologique ferait plus obstacle aux attaques pathogènes

Selon une nouvelle étude publiée dans Nature Sustainability par des chercheurs de l’Inra et de l’université de Rennes 1 l’agriculture biologique serait moins souvent infestée, en particulier par les bactéries et les champignons.Les chercheurs ont procédé à une vaste analyse de la littérature scientifique sur ce sujet, en recensant 177 études qui comparent les performances respectives des systèmes agricoles biologiques et conventionnels, au regard, d’une part, de leur potentiel de régulation naturelle des agresseurs, d’autre part, des niveaux d’infestation constatés.

L’agriculture biologique favorise la régulation naturelle et la maîtrise des « bioagresseurs » – ravageurs, pathogènes et autres plantes adventices et cette étude  bat en brèche l’idée communément admise selon laquelle l’agriculture biologique, si elle est bénéfique pour la biodiversité, l’environnement et la santé, est en revanche moins bien armée pour  résister aux agressions naturelles.Ainsi le recours aux pesticides de synthèse pourrait être réduit sans dommages pour les cultures, selon une étude associant  toujours l’Institut national de la recherche agronomique.

Il apparaît que face aux attaques d’animaux ravageurs (insectes, nématodes (vers) et autres acariens), d’agents pathogènes – champignons ou bactéries – et de plantes adventices (les « mauvaises herbes »), le bio, exempt de pesticides de synthèse, est plus apte à  déployer des mécanismes naturels de défense. Le résultat dépend toutefois du type d’agresseur : vis-à-vis des plantes adventices, le bio se révèle moins efficace, alors que ses performances sont identiques face aux ravageurs et même supérieures pour les pathogènes.

L’adaptation au changement climatique demande de nouveaux engagements

Edwin Zaccai, professeur et spécialiste du climat de l’Université libre de Bruxelles, nous prévient : l’adaptation au changement climatique va demander de nouveaux apprentissages et collaborations. Il nous transmets le contenu de ces propositions.

L’actuel été des extrêmes dans l’hémisphère Nord a ramené à l’avant-plan, dans les pays européens, la question de l’adaptation au changement climatique. Loin de se stabiliser à court terme, le climat sera continuellement en évolution durant les prochaines décennies. Il pourrait révéler, même dans les pays fortement industrialisés et urbains, une plus grande dépendance des sociétés modernes à son égard qu’on le pense habituellement.

Une fraction de l’adaptation nécessaire à ces changements se produit de façon spontanée, sans apparaître dans des programmes d’action. Mais une large part demande de l’anticipation, de la coordination et de l’apprentissage. Les modalités sont très différentes de celles qui définissent les actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, elles-mêmes laborieusement et insuffisamment développées ces dernières décennies.
Dans le cas de l’adaptation, les incertitudes sont nombreuses. Elles portent sur les impacts climatiques locaux, les objectifs à rechercher et les méthodes à appliquer

Pour commencer, l’objet de la réduction des émissions et celui de l’adaptation sont foncièrement différents.

Dans le premier cas, il s’agit principalement de se concentrer sur les émissions de CO2, tandis que l’adaptation au changement climatique vise une gamme d’activités et d’impacts très diversifiée.

De plus, si des objectifs de réduction sont fixés et qu’il subsiste des incertitudes sur les façons de les atteindre, dans le cas de l’adaptation, les incertitudes sont plus nombreuses. Elles portent à la fois sur les impacts climatiques locaux, les objectifs à rechercher et les méthodes à appliquer. De ce fait, les indicateurs sont encore largement à inventer pour ce que l’on appellerait une adaptation réussie.
Les champs professionnels, et donc de formation, ne se recoupent pas nécessairement dans les deux approches. Pour la réduction des émissions, c’est le monde des ingénieurs, gestionnaires de procédés et de produits, qui est en première ligne. Pour l’adaptation, les acteurs sociaux, les gestionnaires publics locaux, ceux de la santé, de l’aménagement du territoire, sont essentiels.

On peut aussi mettre en évidence un rapport presque inverse à la question des inégalités. Dans le cas de la réduction des émissions, ce sont les plus nantis qui émettent le plus de gaz à effet de serre : à l’échelle de la planète, 10 % de la population serait responsable de 50 % des émissions. Les efforts de réduction devraient logiquement se focaliser davantage sur ces catégories de populations. Face aux impacts climatiques, ces mêmes catégories favorisées auront le plus d’outils en main pour se protéger, tandis qu’une véritable politique d’adaptation doit inclure les catégories les plus démunies, qui sont aussi les plus exposées.

Cette  analyse porte donc essentiellement sur les leviers en mettre en œuvre. L’adaptation émerge aujourd’hui comme une dimension incontournable de la réponse au changement climatique. Complémentaire à l’indispensable réduction des émissions de gaz à effet de serre, ses enjeux restent cependant largement méconnus. À quels risques les sociétés humaines et les écosystèmes vont-ils être confrontés ? Dans quelle mesure l’adaptation peut-elle y répondre ?

L’Adaptation au changement climatique, par Valentine van Gameren, Romain Weikmans et Edwin Zaccai

Et l’on reparle d’un positionnement du gouvernement sur l’usage des plastiques

La diffusion massive sur les réseaux sociaux d’images des océans et de la faune marine étouffant sous les déchets et le lancement de certaines initiatives telles que les « Plastic Attacks » – des rassemblements de consommateurs qui entassent leurs emballages à la sortie d’un supermarché   – commence à susciter des réponses politiques dans le monde.

Selon l’association WWF, l’Europe seule rejette, chaque année, jusqu’à 500 000 tonnes de plastique, et jusqu’à 130 000 tonnes de « microplastique » (des morceaux de moins de cinq millimètres), ceux qui menacent plus encore la faune marine. Ces petits bouts sont, par exemple, ingérés par les poissons ou des espèces marines comme la tortue de mer.
Rapportés aux 31 millions de secondes que contient une année, les Européens seuls rejettent jusqu’à quinze kilos de plastique dans la mer et quatre kilos de microplastique… chaque seconde.

La Commission européenne veut ainsi réduire drastiquement l’utilisation d’objets à usage unique, du coton-tige au matériel de pêche.Qu’en est-il en France après l’exigence de la disparition des sacs plastiques à usage unique, ils  ont été par exemple interdits cette année au Chili et en Nouvelle-Zélande, comme c’est déjà le cas en France pour ceux qui ne sont pas compostables.

Le secteur reste néanmoins florissant : la production mondiale de plastique a progressé de plus de 40% en deux ans, avec l’emballage comme premier débouché. Selon l’organisation PlasticsEurope, qui représente les producteurs européens de matières plastiques, la France figure parmi les lanternes rouges européennes du recyclage des emballages en plastique, avec un taux de recyclage d’à peine plus de 20 %, contre une moyenne européenne de près de 41 %.

Emmanuel Macron avait promis pendant sa campagne d’arriver à 100% de recyclage des plastiques d’ici 2025 en France. Dans cet objectif le gouvernement français entend mettre en place à partir de l’an prochain un système de « bonus-malus » pour généraliser le recyclage du plastique, donc passer par le portefeuille des consommateurs, en pleine vague mondiale de réglementation du secteur.

« Demain, quand il y aura le choix entre deux bouteilles, l’une fabriquée en plastique recyclé et l’autre non, la première sera moins chère », a déclaré Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire, dans un entretien au Journal du dimanche (JDD). Début 2019 (…) nous préciserons la liste des produits à usage unique que nous voulons interdire » et cette suppression des « usages superflus ou substituables » sera mise en œuvre « d’ici au 1er janvier 2020 », annonce la secrétaire d’Etat. Dans cet entretien, Brune Poirson rappelle également que le plan du gouvernement en faveur du recyclage des plastiques passera par une baisse de la TVA sur le recyclage et la hausse de la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) sur l’enfouissement, comme avait annoncé  le premier ministre Edouard Philippe, en avril.

Sommes nous devant un déséquilibre énergétique de la Terre ?

Sur des échelles de temps très longues et en l’absence de perturbation, le climat terrestre trouve un équilibre entre l’énergie entrante (celle du Soleil) et l’énergie sortante (celle qui est renvoyée dans l’espace). C’est ce que l’on appelle la température d’équilibre :

  • Si un objet reçoit plus d’énergie qu’il n’en perd, sa température augmente
  • Sa température augmentant, l’objet va perdre davantage d’énergie
  • L’équilibre est atteint lorsque l’énergie que perd l’objet est exactement compensée par l’énergie qu’il reçoit

Une façon de mesurer la manière dont les humains bousculent le climat est d’observer le déséquilibre énergétique de la Terre (DET), ou Earth Energy Imbalance : Jusqu’alors, seules deux forces étaient capables de modifier cet équilibre. La première est naturellement le Soleil, dont l’activité peut croître et décroître, faisant varier la quantité d’énergie que reçoit notre petite planète. La deuxième est le volcanisme.

Il existe désormais une troisième force capable d’influencer le climat de la planète Terre : les humains. « L’influence humaine est désormais suffisamment forte pour perturber l’équilibre énergétique terrestre de manière manifeste », écrivent les auteurs d’une étude d’évaluation du DET menée par Karina von Schuckmann et son équipe, et publiée dans Nature en janvier 2016.

Autrement dit, presque toute l’énergie solaire piégée sur Terre depuis 250 ans par les gaz à effet de serre émis par les humains a été absorbée par les océans, qui recouvrent 70,3 % de la surface terrestre. Une petite partie seulement l’a été par les terres émergées, l’atmosphère et les glaces (7 %). C’est pourtant cette faible part qui est responsable de presque l’intégralité du réchauffement mondial mesuré jusqu’à présent (plus 1 degré en 2017 par rapport à l’ère préindustrielle). La menace est d’autant plus réelle que le rythme auquel les océans absorbent le surplus d’énergie provoqué par les humains croît de façon spectaculaire et n’a jamais été aussi haut. Ceux-ci ont absorbé autant d’énergie entre 1997 et 2015 que depuis 1860, d’après une étude menée par Peter Glecker et son équipe et publiée dans Nature en janvier 2016.

En raison de la capacité des océans à stocker ce surplus d’énergie, ce qui agit comme un tampon, les températures moyennes de surface « ne sont pas un bon indicateur du réchauffement climatique sur ces échelles de temps », conclut Schuckmann. La question de savoir comment elle est absorbée et par quels composants est cruciale pour les scientifiques, car elle permet de beaucoup mieux comprendre comment va évoluer le climat dans les décennies à venir.