Tous les articles par Jacqueline Collard

La littérature scientifique regorge d’études démontrant les effets délétères de la pollution de l’air sur le développement du fœtus et de l’enfant. Une nouvelle étude cette fois, ci allemande pointe la plus grande exposition des enfants aux polluants atmosphériques: cette  étude réalisée par l’ONG Deutsche Umwelthilfe, a été publiée le 2 octobre. Selon les calculs, ils seraient jusqu’à 37% plus exposés que les adultes à cette pollution atmosphérique.

Pour parvenir à ce chiffre, Deutsche Umwelthilfe a mesuré la pollution de l’air par le dioxyde d’azote (NO2) dans 500 rues de six villes allemandes, sur une période d’un mois – entre le printemps dernier et cet été. Les mesures ont été prises à deux niveaux : à un mètre de hauteur, et à deux mètres, de façon à estimer l’exposition des enfants par rapport à celle des adultes.

Résultat : dans la grande majorité des emplacements, « les niveaux de NO2 étaient plus élevés à un mètre », relève cette étude, ce qui n’est pas surprenant. En moyenne, l’écart était supérieur d’environ 7,2%. Mais une différence de 37% de NO2 en plus a même été observée dans un emplacement en particulier. »Le NO2 est émis près du sol et a donc plus d’impact sur les animaux de compagnie et les enfants que sur les adultes.

L’Oxyde d’azote NO2 provient principalement des moteurs diesel, il a de graves effets sur la santé des enfants : « L’exposition aux particules toxiques au cours de ces premiers stades du développement peut entraîner chez l’enfant un retard de croissance pulmonaire, des troubles respiratoires comme l’asthme et même une diminution du développement du cerveau », rappelle Deutsche Umwelthilfe. L’ONG ne manque pas de rappeler que des études ont récemment montré que les effets de la pollution atmosphérique sont d’ailleurs bien plus graves sur la santé des bébés et des jeunes enfants que sur celle des adultes.

 Rappelons l’étude publiée jeudi 21 juin 2018 dans la revue Environment international qui apporte une première réponse sur les mécanismes expliquant ces effets. Ils pourraient passer par une altération du placenta. « Nous nous sommes intéressés au placenta car c’est un tissu très important lors de la grossesse. C’est lui qui est responsable de la bonne santé de la maman et du développement du fœtus », explique au Monde Johanna Lepeule, auteure principale de l’étude et épidémiologiste à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

On sait désormais qu’une exposition aux particules fines pendant la grossesse augmente le risque de donner naissance à des bébés de petits poids, et plusieurs travaux suggèrent qu’elle pourrait aussi être à l’origine d’un fonctionnement dégradé des poumons ou de troubles neuro-développementaux.

Ces résultats inédits ont été obtenus par une équipe de chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’université Grenoble-Alpes regroupés au sein de l’institut pour l’avancée des biosciences. Ils se fondent sur une cohorte de 668 mères (et de leurs enfants) recrutées entre 2003 et 2006 à Nancy et Poitiers.

L’étude de Deutsche Umwelthilfe intervient alors que le Parlement européen doit justement se prononcer prochainement  sur un relèvement des normes d’efficacité énergétique des voitures en 2021.

Des milliers de personnes se mobilisent sous le slogan : « il est encore temps »

Climat : 80 mobilisations citoyennes se sont organisées en France et en Europe le 13 octobre:Sous le slogan « Il est encore temps », près de quatre-vingts marches citoyennes se sont rendues dans les rues, en France , en Suisse, au Luxembourg ou encore en Belgique, pour appeler à une prise de conscience sur les dangers du réchauffement climatique. Au moins 10 000 personnes ont défilé à Lyon, soit autant qu’il y a un mois selon la préfecture du Rhône, et près de 10 000 également à Grenoble sans oublier de  plus petites villes comme Dijon, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Auch ou Angers.

Des dizaines de milliers de personnes qui demandent  plus de volontarisme politique dans la lutte contre la hausse globale des températures.D’autant que le dernier rapport du Giec est plus qu’alarmant, leurs pronostics précédents étant moins catastrophistes.

Un nécessaire changement est indispensable avec « un message clair qui soit audible pour tous » en faveur de l’environnement. Nous n’avons plus le choix d’autant que  le coût des catastrophes a presque triplé en vingt ans.Le réchauffement climatique, avertit l’UNISDR dans son rapport, augmente la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes. Les catastrophes liées aux changements climatiques ont représenté environ 90 % des 7 255 catastrophes majeures survenues entre 1998 et 2017, dont la plupart ont été des inondations et des tempêtes.

 Ce même rapport cite les pertes financières causées par des conditions météorologiques extrêmes et les autres désastres liés au réchauffement climatique ont été multipliées par deux et demi au cours des deux dernières décennies.D’après le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR), les coûts engendrés par l’ensemble de ces phénomènes ont atteint 2 521 milliards d’euros entre 1998 et 2017. 77 % de ces pertes sont dues aux tempêtes, inondations, sécheresses et autres conditions météorologiques extrêmes qui se sont multipliées avec la montée des températures. Les pertes les plus importantes ont été subies aux Etats-Unis (820 milliards d’euros), en Chine (427 milliards d’euros) et au Japon (326 milliards d’euros).

Sans compter les pertes humaines : au cours des deux dernières décennies, ces catastrophes ont fait 1,3 million de morts et 4,4 milliards de blessés, de sinistrés ou de déplacés. Plus de la moitié des décès sont dus aux 563 séismes et aux tsunamis, précisent les auteurs du rapport, qui se fondent sur des données du Centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes.

L’hypersensibilité reconnue par le tribunal des affaires sociales

Nous relayons cette décision importante pour les personnes impactées par l »Hypersensibilité (EHS) qui ont souvent beaucoup de mal à  obtenir une reconnaissance de leur pathologie cependant fort invalidante.

Par jugement du 27 septembre 2018, le Tribunal des affaires de sécurité sociale de Versailles a jugé qu’un électrohypersensible devait être pris en charge au titre des accidents du travail.

Diagnostiqué électrohypersensible depuis 2011, le requérant, technicien d’un service client d’une entreprise de télécommunications, avait été maintenu à un poste sans aménagement malgré les préconisations de la médecine du travail recommandant un changement de poste moins exposant aux ondes électromagnétiques.

Son malaise, survenu le 6 novembre 2013 sur son lieu de travail a été reconnu comme accident du travail par le Tribunal des affaires de sécurité sociale de Versailles par jugement du 27 septembre. Cette reconnaissance est pour Maître Lafforgue, avocat du demandeur, et, par ailleurs avocat de Priartem, « une première judiciaire française qui ouvre une brèche pour d’autres victimes électrohypersensibles ».

Selon l’AFP, une première expertise médicale avait conclu à un malaise d’origine « psychiatrique » provoqué par des « troubles anxieux« , sans rapport avec l’environnement au travail. Mais un second rapport, rédigé par un autre médecin, avait avancé que « les signes présentés lors de ce malaise pourraient être compatibles avec un malaise par hypersensibilité aux ondes électromagnétiques« , assurant qu’on ne pouvait exclure « tout lien de causalité entre le malaise et le travail« .

La présidente de Priartem Sophie Pelletier s’exprime avec satisfaction appréciant cette décision «Nous saluons cette Première comme une avancée de plus dans le processus de reconnaissance de l’EHS et plus globalement de l’impact des ondes sur la santé ».

Association nationale P.R.I.A.R.T.EM (Pour Rassembler, Informer et Agir sur les Risques liés aux Technologies ElectroMagnétiques)
Correspondance : P.R.I.A.R.T.EM – Collectif des Electrosensibles de France; 5, Cour de la Ferme Saint-Lazare ; 75010 Paris
Email : Cliquez –  Tél : 01 42 47 81 54

Les risques des cabines de bronzage confirmés par l’ANSES

Les liens avec les risques de cancers de la peau sont connus de longue date. Le nombre de nouveaux cas de cancers cutanés a plus que triplé dans la période 1980-2005. C’est l’un des cancers qui a le plus augmenté ces dernières années, et cette progression se poursuit. Les carcinomes représentent 90 % des cancers cutanés diagnostiqués en France. Moins fréquents, les mélanomes sont les plus dangereux, du fait de leur fort potentiel métastasique.

14 325 nouveaux cas de mélanomes ont été recensés en 2015 en France, et 1 773 morts, selon les chiffres de l’Institut national du cancer.

Depuis 2009, le Centre international de recherche sur le cancer( CIRC) , qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé, a classé l’ensemble des spectres des rayons UV et les appareils de bronzage comme « cancérogènes certains ». De même, les dermatologues alertent sur « le soleil en boîte » depuis la fin des années 1990, littérature scientifique à l’appui.

Les chiffres sont sans appel : « 382 cas de mélanomes pouvaient  être attribués à l’exposition aux appareils de bronzage », pointe l’avis de l’Anses. Le risque de  développer un mélanome pour les personnes ayant eu recours au bronzage artificiel au moins une fois avant l’âge de 35 ans est augmenté de 59 %. 43 % des cas de mélanome chez les jeunes peuvent être attribués à une utilisation des cabines avant 30 ans, ajoute l’Anses. Deux études épidémiologiques récentes réalisées aux Etats-Unis et en Norvège ont conforté ces niveaux de preuve.

En outre, les UV artificiels provoquent d’autres effets indésirables, comme un vieillissement de la peau, dont les experts estiment qu’il pourrait être quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu’avec le soleil. En réalité, le bronzage en cabine colore la peau plus qu’elle ne la bronze. Autre inquiétude de l’agence, alors que la réglementation interdit ces cabines aux mineurs, « les contrôles montrent qu’il y a encore une fraction non négligeable des moins de 18 ans qui le pratiquent, et plus on s’expose tôt plus le risque est élevé », souligne Olivier Merckel, directeur de l’unité des risques physiques à l’Anses.

« Aucune valeur limite d’irradiance ou de dose ne peut être fixée pour protéger les utilisateurs », ajoute encore le rapport. En 2016, 63 % des 982 cabines contrôlées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes s’étaient révélées non conformes en raison de manquements à la sécurité ou de non-respect de la réglementation, qui interdit la publicité et les promotions.

Communiqué de presse à propos des malformations congénitales

Voilà notre communiqué de presse fait en partenariat avec WECF, l’ASEF, la FRAPNA AURA, le C2DS et transmis aux autorités sanitaires

Mardi 8 octobre 2018

Bébés nés sans bras ou sans mains : les investigations doivent se poursuivre pour identifier les causes

Nous sommes plusieurs associations qui publions une lettre ouverte demandant la poursuite des investigations pour identifier les causes de malformations à la naissance constatées notamment dans l’Ain, en Bretagne et en Pays de la Loire. Alors que les impacts des pollutions environnementales sur la santé des nouveau-nés sont un enjeu majeur de santé publique, les autorités ne peuvent laisser dans l’incertitude les parents et familles des victimes. Le 4 octobre, Santé Publique France avait annoncé la non-poursuite des investigations, dans un contexte où le REMERA, l’un des six registres de malformations existants sur le territoire national, pourrait être contraint de mettre fin à ses travaux faute de financements. Il est demandé aux autorités de poursuivre les investigations pour identifier les causes de ces malformations qui ont des conséquences à vie sur la santé des enfants.

 Arrêter les investigations devant des cas de malformations constatés dans plusieurs zones rurales du territoire : une situation inacceptable

Plusieurs cas de bébés nés sans mains ou sans bras dans des zones rurales ont été signalés dans l’Ain entre 2009 et 2014, ainsi qu’en Bretagne et Pays de la Loire. Or, dans un récent communiqué, l’Agence Santé Publique France estime (1) que « suite à l’investigation des 7 cas rapportés dans l’Ain nés entre 2009 et 2014, l’analyse statistique ne met pas en évidence un excès de cas par rapport à la moyenne nationale », et que « l’absence d’hypothèse d’une éventuelle cause commune ne permet pas d’orienter des investigations complémentaires ». Elle note cependant un excès de cas pour les deux autres zones concernées, sans identifier « aucune exposition commune […] pour les cas groupés de ces 2 régions ». Peut-on accepter de laisser sans réponse des familles totalement désarmées ? Les données de santé n’exigent-elles pas plus de transparence ?

Surveillance des malformations : renforcer les registres pour couvrir tout le territoire

Le registre régional REMERA de Rhône-Alpes portant sur 4 départements et à l’origine de ces investigations se voit aujourd’hui menacé de mettre fin à ses activités, faute de financements de l’Etat comme de la Région. Comment est-ce possible, alors même que les autorités sanitaires ont réaffirmé la nécessité de renforcer la surveillance des malformations congénitales, aujourd’hui assurée par 6 registres (2) couvrant seulement une partie du territoire national ? Une telle situation apparaît en flagrante contradiction avec l’objectif du Plan National de Santé Publique de « grossesse en bonne santé et les 1000 premiers jours » et d’« information sur les perturbateurs endocriniens » (3). La création d’un registre national rassemblant toutes les données est au contraire devenu indispensable.

Protéger la santé des nouveau-nés : enjeu essentiel des politiques de santé-environnement

Le PNSE3 comme le PRSE3 ont un même objectif : un accroissement de la prévention pendant la période des 1000 premiers jours. Ces mesures, devenues urgentes, sont motivées par l’impact reconnu des expositions in utero sur la survenue de pathologies chroniques qui se révéleront parfois dès la naissance mais aussi des années plus tard, et auront des conséquences à vie. Ce sujet majeur de santé publique intéresse l’ensemble des citoyens et revêt une importance capitale, puisqu’il concerne la population particulièrement fragile que sont les nouveau-nés, les nourrissons et les enfants en bas âge. Les associations demandent que l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) lance au plus vite des études de terrain sur les territoires où ont été repérés des agrégats de malformations d’enfants, pour étudier le lien avec les intrants chimiques et pesticides utilisés par les agriculteurs sur ces territoires ruraux, ou tout autre type de pollutions auxquelles seraient exposées les populations.

  1. Surveillance des anomalies congénitales, Communiqué, Santé Publique France, 4 octobre 2018, http://www.santepubliquefrance.fr/Accueil-Presse/Tous-les-communiques/Surveillance-des-anomalies-congenitales
  2. Il existe actuellement 6 registres : Rhône-Alpes (REMERA), Paris (EPOPE), Auvergne, Antilles (Martinique), Ile de la Réunion
  3. Bretagne, http://invs.santepubliquefrance.fr/fr/Dossiers-thematiques/Maladies-chroniques-et-traumatismes/Perinatalite/La-sante-perinatale
  4. Plan National de Santé Publique 2018-2022, https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2018/03/dossier_de_presse_-_priorite_prevention_rester_en_bonne_sante_tout_au_long_de_sa_vie.pdf