Tous les articles par Jacqueline Collard

Le réseau mondial des Académies lancent l’alerte : « nos systèmes alimentaires sont en train de nous faire défaut »

C’est suffisamment important pour que nous relayons cette alerte que l’on mène à travers de nombreuses ONG depuis longtemps.

Le constat, accablant, est détaillé dans un rapport que vient de publier le réseau mondial des académies des sciences et de médecine, l’InterAcademy Partnership (IAP). 130 académies nationales,ont font le lien entre les systémes alimentaires les plus classiques et le contexte du changement climatique, et ce juste avant la COP 24. En effet le rapport rappelle qu’une personne sur trois sur la planète est mal nourrie, un chiffre qui pourrait passer à une sur deux d’ici 2030 si nous continuons sur la même voie. Il y a aussi de plus en plus d’obèses dans le monde, et ils sont aujourd’hui plus nombreux que les personnes d’un poids insuffisant.  Deux aspects de ce que nous pouvons désigner comme de la malnutrition, d’autant que des troubles de carences en micro-aliments y est associés( (comme le fer, l’iode, le fluor, essentiels au corps mais à très petites doses) », précise l’IAP.

« En plus du changement climatique, nos systèmes d’alimentation actuels impactent négativement la santé des gens autour du monde. Les régimes très riches en calories sont devenus moins chers, et cela a des implications sérieuses pour la santé publique, l’obésité et la malnutrition, » affirme le professeur Volker ter Meulen, président de l’IAP. Désireuse de « faire entendre la voix de la science lorsqu’on aborde les priorités sociétales », l’IAP propose dans son rapport une longue série d’orientations, pour mieux nous nourrir demain.

Globalement, il est nécessaire de revoir l’ensemble du système alimentaire, qui inclut bien sûr l’agriculture, mais aussi la transformation des aliments, le commerce, l’environnement, la santé…

Recyclage des plastiques : un contrôle sévère reste indispensable

Depuis longtemps les plastiques sont signalés comme potentiellement toxiques. Tout d’abord  si la molécule de base est relativement connue, les nombreux adjuvants ne le sont souvent pas, alors que penser des  productions faites à partir  de mélanges de plastiques dans des objectifs  d’économie circulaire??

L’origine même des plastiques recyclés devrait aussi être particulièrement suivi, et l’actualité nous le démontre: en effet plusieurs ONG européennes, HEAL, Arnika(République Tchèque), IPEN et BUND (Allemagne), BUND,  ont testé des produits plastiques d’utilité courante obtenus dans ce cadre de recyclage et  achetés dans 7 pays. Et c’est ainsi que des molécules toxiques ont été retrouvées dans des jouets, dans des accessoires pour cheveux entre autres: des molécules de dioxines, de retardateurs de flamme, PBDD,  avec des concentrations énormes de POP ou de produits  CMR.

L’étude [1] réalisée par IPEN, HEAL et Arnika, analyse 109 jouets, accessoires pour cheveux et ustensiles de cuisine récoltés dans toute l’Europe. Les retardateurs de flamme toxiques recherchés (PBDEs et HBCDs) comptent parmi les 28 produits chimiques les plus dangereux présents sur la planète à cause de leur persistance dans l’environnement. On les retrouve notamment dans les boîtiers et l’isolation métallique d’appareils électroniques ou dans les mousses de polystyrène et les plastiques pour l’électronique et les voitures.

Les résultats montrent qu’entre 70 à 98% des produits testés sont contaminés par ces molécules toxiques. Plus précisément : 107 articles (98 %) contiennent des fortes concentrations de polybromodiphényléthers (PBDEs) et 80 échantillons (73 %) contiennent des hexabromocyclododecane (HBCD). En ce qui concerne les produits achetés en Belgique (3 accessoires pour cheveux et un jouet), les 4 échantillons contenaient de l’OctaBDE, à des concentrations comprises entre 3 et 17 ppm, et du DécaBDE, à des concentrations comprises entre 26 et 660 ppm.

Alors que la Commission européenne travaille actuellement sur l’interface entre les législations sur les substances chimiques, les produits de consommation et les déchets, les auteurs rappellent que la mise en place d’une économie circulaire ne doit pas se faire au détriment de la santé: Le minimum serait d’exiger une économie circulaire non toxique.

Nous relayons à l’UE les demandes de ces  ONG sur plusieurs mesures  :

  • Réduire la limite autorisée de DecaBDE dans les plastiques recyclés à 10 ppm (contre 1000 ppm)
  • Une limite plus stricte pour les déchets « POPs » dit « Low POPs content level » allant jusqu’à 50 ppm pour tous les PBDE réglementés
  • Retrait des exonérations de recyclage autorisées pour le Penta et l’OctaBDE – qui sont listés par la Convention de Stockholm
  • Ajouter les PBDD/Fs à la convention de Stockholm
  • Améliorer la définition des déchets électroniques dans le cade de la convention de Bâle
  • A new study, “Toxic Soup: Dioxins in Plastic Toys”, has been released today by Arnika, BUND, HEAL and IPEN. This report shows alarming levels of very toxic brominated dioxins in eight toys and one hair clip made of recycled plastic stemming from electronic waste.
  • En savoir plus :
    Le communiqué (en anglais) : https://ipen.org/news/press-release…
    Le résumé de l’étude (en anglais) : https://ipen.org/documents/executiv…
    L’étude (en anglais) : https://ipen.org/documents/toxic-so…

La mobilisation sur le climat s’amplifie

L’association Climate Chance, qui cherche à créer des synergies entre la grande diversité des acteurs non-étatiques œuvrant dans le domaine de l’action climatique, est à l’origine de la mise en place d’un « Observatoire mondiale pour l’action climatique non-étatique ». L’association a publié lundi 19 novembre son premier rapport de l’Observatoire mondial de l’action climatique non-étatique.

La parution du 1er rapport de l’Observatoire mondial pour l’action climatique non-étatique représente une nouveauté majeure et un document de référence pour tous les acteurs engagés dans la lutte pour la stabilisation climatique.

Ce rapport, disponible en ligne sur le site de l’association, s’appuie sur les savoirs existants pour rendre compte du monde actuel et des expérimentations inspirantes. Il recense et synthétise près de 1000 références issues de rapports mondiaux réalisés par des ONG, des thinks-tanks, des organisations intergouvernementales. Il s’appuie aussi sur la littérature scientifique, bases de données et revues spécialisées. Selon l’association Climate Chance, la première édition de ce rapport fournie un des panoramas les plus complets sur l’évolution des émissions mondiales des gaz à effet de serre, mais propose aussi, à travers ses 600 pages, un grand panorama des initiatives et des actions mises en œuvre au niveau international pour limiter les conséquences du changement climatique.

Ce rapport est le bienvenu à l’aube du sommet international de la COP 24 en Pologne au début décembre.Des millions de citoyens du monde pourront alors faire entendre leur voix à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui se tiendra en Pologne du 3 au 14 décembre, grâce à une initiative baptisée Une Place pour tous (People’s Seat).

A Katowice, en Pologne, les gouvernements se préparent à finaliser les lignes directrices de mise en œuvre de l’Accord de Paris signé en 2015 et à discuter des moyens d’accroître leurs ambitions afin que ses objectifs puissent être atteints.

14ème Conférence sur la biodiversité du 17 au 29 Novembre en Egypte

Yann Laurans, directeur biodiversité de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) s’exprime : Le bilan n’est pas fameux. Certes quelques objectifs ont été atteints. Globalement, 17% des surfaces terrestres et 10% des aires maritimes devraient être protégées au moins sur le papier car on peut s’interroger sur l’efficacité de certains cadres réglementaires.

La prise de conscience des individus et des opinions publiques sur la valeur de la diversité biologique a également progressé et le protocole de Nagoya qui lutte contre l’accaparement des produits d’intérêts issus de la nature par des industriels est entré en vigueur. Mais les ressources halieutiques sont toujours surpêchées, les zones humides continuent de disparaître, les subventions néfastes aux milieux naturels (comme par exemple les aides à la pêche industrielle) existent toujours, l’agriculture n’est pas « durable », les pressions anthropiques sur les récifs coralliens n’ont pas été réduites au minimum et l’extinction d’espèces n’a pas été freinée. Le dernier rapport du WWF rappelle que 60% des vertébrés sauvages ont disparu depuis 1970.

La 14ème réunion de la convention des Nations Unies sur la diversité biologique a été officiellement ouverte ce 17 novembre 2018 dans le centre international de conférence de Sharm El Sheikh en présence du Président égyptien, Abdel Fattah el-Sisi. Ont successivement pris la  parole ; L’Ambassadeur José Octavio Tripp Villanueva, du Mexique, au nom de la présidence de la CdP 13, qui a souligné l’important travail des organes subsidiaires, des autres organes compétents des Nations Unies et du large éventail de parties prenantes, et a souligné « qu‘il est temps d’investir dans la biodiversité pour les gens et la planète ». Cette conférence se tient alors que tous les signaux sont au rouge vif.

Face à ce sombre tableau, les représentants des 196 Etats parties à la convention planchent sur les moyens d’intégrer la protection de la biodiversité dans cinq secteurs économiques : l’énergie, les activités minières, les infrastructures, la fabrication et la transformation, et la santé. D’autres questions stratégiques sont en discussion, rappelle le ministère de la Transition écologique : biodiversité et changements climatiques, aires terrestres et marines protégées, prévention des risques biotechnologiques et partage des avantages (APA) liés aux ressources génétiques.

L’Organisation des Nations Unies appelle les décideurs de plus de 190 pays à redoubler d’efforts pour mettre fin à la perte de biodiversité et protéger les écosystèmes qui garantissent la sécurité de l’alimentation en eau et la santé de milliards de personnes.  En outre, en marge de la Conférence des Nations Unies sur la diversité biologique, des gouvernements, des entreprises, des ONG et des organisations intergouvernementales, des villes et des autorités infranationales, des peuples autochtones et des communautés locales se sont engagés à soutenir le Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020.L’enjeu de cette réunion internationale ? Préparer un plan stratégique post-2020 pour la biodiversité.

Or, la mobilisation de la société civile ne semble pas au rendez-vous, comme le prouve la très faible couverture médiatique de la COP. Tout comme le volontarisme des Etats n’atteint pas le niveau nécessaire. « Ici en Égypte, nous ressentons un profond sentiment de déception, car nous n’avons pas encore constaté de vision ou d’orientation qui soit cohérente« , déplorait le 21 novembre Marc Lambertini, directeur général du WWF International. Aussi, l’ONG appelle les Etats à « rehausser leur ambition dès cette COP14 à travers l’adoption d’une feuille de route solide, soutenue au plus haut niveau politique, qui puisse aboutir en 2020 à un accord ambitieux, avec pour objectif de mettre fin à l’érosion de la nature d’ici 2030« .

« La stabilité de notre économie et de notre société dépend de la nature et des services qu’elle nous fournit gratuitement (…), rappelle l’ONG. Si l’on devait payer pour de l’air frais, de l’eau potable, pour l’alimentation, le montant serait estimé à 125.000 milliards de dollars par an, soit plus que le PIB mondial« .

Notre partenaire le WECF fête ses 10 ans toujours en lien avec les objectifs ODD 2030

 

Pour ses 10 ans, WECF France mobilise autour de la santé de nombreuses actrices et acteurs engagé.e.s dans l’action

De g. à dr. : Anne Barre, fondatrice de WECF France, Des membres de WECF France et partenaires réunis autour des ODD, Les participants au colloque, Véronique Moreira, présidente de WECF France, Elisabeth Toutut-Picard, Députée et présidente du GSE

A l’occasion de ses 10 ans, WECF France a réuni ce 22 novembre au Ministère de la Transition écologique et solidaire un large panel d’actrices et acteurs de divers horizons venu.e.s témoigner de leur engagement en faveur de la santé. Placée sous le signe de la mobilisation, la journée a permis de revenir sur 10 ans de succès et de faire émerger des solutions. Face au constat d’urgence devant la perte de biodiversité, le changement climatique ou la multiplication des pollutions environnementales, WECF France livre des propositions fortes pour l’avenir.

La journée a réuni 24 intervenant.e.s et 167 participant.e.s venu.e.s du monde de la santé, de la petite enfance, et de secteurs variés, mais aussi d’institutions et de la société civile. En ouverture de la journée, la députée Elisabeth Toutut-Picard, nouvelle présidente du Groupe Santé Environnement de l’Assemblée nationale , ainsi que la Dr Maria Neira, Directrice de la Santé publique pour l’Organisation Mondiale de la Santé, ont témoigné à WECF France leur reconnaissance pour son engagement. Un engagement placé sous le signe de l’empowerment des femmes, en commençant par les 200 animatrices de son réseau santé-environnement jusqu’aux bénéficiaires de ses projets menés dans le monde pour lutter contre le changement climatique, réduire les expositions aux polluants chimiques et assurer un développement soutenable.

 Des messages forts pour protéger la santé :

  • Assurer une prise en compte des priorités des femmes dans toutes les politiques, aux plans local et international, dont l’accès à la terre, à l’eau, la production alimentaire, la protection de la santé, l’adaptation climatique
  • Prendre en compte la biodiversité dans l’aménagement du territoire
  • Stopper les exportations de produits chimiques dangereux vers les pays les plus pauvres
  • Engager la France, l’Union européenne et les pays les plus industrialisés dans des politiques fortes en matière de réduction des déchets plastiques, sans reporter ce fardeau sur des pays extérieurs ne pouvant faire face
  • Protéger la santé des plus vulnérables, notamment pendant la période périnatale, face aux pollutions environnementales telles que les perturbateurs endocriniens
  • Adopter des réglementations fortes pour prévenir toutes les expositions environnementales, en vertu du principe de précaution :  radiofréquences, CMR suspectés, etc.
  • Réduire les inégalités, dont les inégalités environnementales et de santé
  • Révolutionner nos modèles de société pour faire émerger un monde réellement soutenable