Tous les articles par Jacqueline Collard

L’enjeu du permafrost inquiète le monde scientifique

Selon une nouvelle étude anglaise, le permafrost (ou pergélisol) gelé en permanence pourrait commencer à se dégeler d’ici 10 à 30 ans. Mais, selon Michel Allard, chercheur au centre d’études nordiques de l’Université Laval (Québec, Canada), cette fonte a déjà commencé. Le pergélisol supporte les écosystèmes, mais aussi les infrastructures humaines des communautés locales. Afin de construire les installations nécessaires à ces communautés et protéger l’environnement, il est indispensable de connaître les propriétés du pergélisol.

Le ministère de l’Environnement russe a reconnu dans son dernier rapport annuel que la dégradation du permafrost posait de nombreux risques pour les populations et la nature, les infrastructures menacées comprenant des canalisations d’eau et des égouts, des oléoducs et des structures de stockage de déchets chimiques, biologiques et radioactifs. La fonte du permafrost risque en outre d’accélérer la propagation des polluants, selon ce rapport. Ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques.

D’abord parce qu’en dégelant, le sol devient mou ce qui provoque régulièrement l’effondrement de bâtiments dans les zones habitées. Mais aussi parce que le sol gelé contient plusieurs éléments néfastes pour l’écosystème et l’humanité (dioxyde de carbone, mercure, virus, bactéries). En se répandant dans l’atmosphère à la faveur de la fonte du permafrost, ces éléments pourraient menacer notre planète.

Or, avec le réchauffement en cours depuis la deuxième moitié du XXe siècle, le permafrost commence à fondre, et l’eau liquide permet aux bactéries de transformer le carbone en gaz carbonique (CO2) et en méthane (CH4) qui sont émis dans l’atmosphère. Ces deux gaz sont les moteurs les plus puissants de l’effet de serre, ce qui va entraîner une accélération du réchauffement, donc de la fonte du permafrost.

http://www.takuvik.ulaval.ca/index-fr.php

Du 2 au 14 décembre en Pologne se tient la COP 24

La 24e conférence mondiale sur le climat qui se tiendra en Pologne à  Katowice, cité charbonnière de Silésie,  devrait, du 2 au 14 décembre, compléter l’accord de Paris et encourager les engagements des Etats pour réduire leurs émissions de carbone. En effet les 196 États membres de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques doivent prendre des décisions pour respecter les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique qui est désormais une évidence.

A l’issue de la conférence de Paris, les négociateurs avaient décidé que ces contributions deviennent l’engagement officiel des Etats qui ratifient l’Accord. Aujourd’hui, 183 Etats, ainsi que l’Union européenne, ont ratifié l’Accord. La quasi-totalité des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre ont ratifié l’Accord et pris des engagements de réduction de leurs émissions de GES. Les principales exceptions sont la Fédération de Russie (7,53 % des émissions mondiales), l’Iran (1,30 %) et la Turquie (1,24 %), seuls pays n’ayant pas ratifié le texte et dont les émissions de GES dépassent 1 % des émissions mondiales.Mais  en juin 2017, Donald Trump a annoncé son souhait de  désengager . Cette décision avait  été notifiée à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc) par un courrier daté du 4 août 2017. Compte tenu de ces délais, les Etats-Unis ne pourront pas formellement quitter l’Accord avant le 4 novembre 2020.

Laurence Tubiana, l’ancienne négociatrice en chef de la COP21, décrit ainsi la 24e conférence mondiale sur le climat (COP24)« Un sommet technique, mais avec un enjeu politique fort. » 

Des personnalités du monde politique et de la société civile, issues des deux rives de l’Atlantique, en ont débattu lors de la première édition du Monde Festival Montréal, le 26 octobre au Musée des beaux-arts de Montréal, parmi elles, Delphine Batho, ancienne ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, députée et présidente de Génération Ecologie, François Delorme, professeur à l’université de Sherbrooke et expert du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et Sidney Ribaux, cofondateur et directeur général de l’organisme Equiterre.

Le 30 novembre, la France et la Chine se sont entendues sur l’un des principaux points à l’ordre du jour de la COP 24. Dans un communiqué, le Quai d’Orsay se félicite de ce que les deux pays s’engagent avec leurs alliés à faire adopter à Katowice «un paquet qui respecte l’esprit et la lettre de l’Accord de Paris. Les modalités, les procédures et les lignes directrices doivent être équilibrées, globales, robustes et opérationnelles afin de permettre la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris, en tenant compte du principe des responsabilités communes mais différenciées, et des capacités respectives, eu égard aux différentes situations nationales.»

Alors que les financements concernant le climat se concentrent en majorité sur les actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment sur le développement des énergies renouvelables, la Banque mondiale a décidé d’insister pour son plan 2021-2025 sur le soutien à l’adaptation aux effets des dérèglements climatiques en proposant une mobilisation d’environ 200 milliards de dollars de financements de 2021 à 2025.

La coalition d’Etats-îliens AOSIS  se bat elle pour fixer au monde la plus drastique des contraintes carbone, seule à même de limiter la montée du niveau de l’océan qui pourrait engloutir certains de leurs membres, comme l’archipel des Seychelles.

Benoît Leguet, directeur du think tank I4CE (Institute for Climate Economics) pointe le doigt sur les objectifs qui devraient faire l’objet de négociations sérieuses. « Ce sont en réalité 6000 milliards de dollars qu’il faudrait investir les quinze prochaines années pour réaliser la transition en faveur d’une économie à faibles émissions de carbone. Il ne s’agit pas de trouver de nouvelles sommes, mais de dévier les flux financiers du marron vers le vert, par exemple en réaffectant le financement des énergies fossiles aux renouvelables. L’essentiel de l’argent va venir des économies des pays concernés : ce sont les Africains ou les Asiatiques qui vont payer pour leur transition énergétique. »

 Nous resterons vigilants des avancées qui devraient être prises dans cette conférence internationale.

Installation du Haut Conseil pour le climat (HCC)

Le  27 novembre le gouvernement a installé le Haut-Conseil pour le Climat,  pour accompagner la transition écologique: composé de treize experts, dont les climatologues Corinne Le Quéré et Valérie Masson-Delmotte, l’ex-ambassadrice pour le climat Laurence Tubiana ou des économistes tels que Pierre Larrouturou, Alain Grandjean, Katheline Schubert et Céline Guivarch , Jean-François Soussana (directeur scientifique de l’INRA), Andréas Rüdinger, chercheur associé pôle Energie-Climat à l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), Marion Guillou (présidente d’Agreenium), Pascal Canfin (directeur France du WWF), Jean-Marc Jancovici (climatologue) et Benoît Leguet (directeur général d’I4CE).

Pour piloter sa transition vers la neutralité carbone, la France a besoin d’un cadre de politiques qui soit cohérent entre secteurs (énergie, transport, bâtiment, agriculture, industrie) et sur la durée. Ce cadre doit être construit et révisé sur la base d’une analyse prospective qui reflète les dernières avancées technico-économiques et l’évolution du contexte socio-économique, mais également sur la base d’une évaluation transparente de l’effet des politiques existantes.

L’Iddri a formulé des propositions en ce sens à travers deux études publiées en juillet 2018, l’une portant sur le cadre de gouvernance et les enjeux méthodologiques pour suivre et évaluer la transition bas-carbone, l’autre sur les retours d’expérience et les enseignements du Climate Change Committee (CCC) mis en place il y a dix ans au Royaume-Uni.

Nous avions depuis 2013 le Conseil National de la transition écologique (CNTE) composé de 50 membres répartis en 6 collèges (collectivités, parlementaires, syndicats, salariés et employeurs, associations de protection de l’environnement, société civile) qui a pour rôle d’assurer la concertation entre le pouvoir et les parties prenantes. Et depuis 2015 il existe le Comité d’experts pour la transition énergétique (CETE), composé de huit experts issus de la recherche qui assure une fonction d’expertise indépendante. Sa mission est de donner des avis consultatifs sur des projets de stratégie nationale bas carbone (SNBC) et sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Il doit également rendre un rapport d’évaluation des stratégies tous les cinq ans. Sa mission est donc d’informer le débat, en apportant des éclairages pour les décideurs politiques et la concertation qui a lieu au CNTE.

Le nouveau rapport « Compte à rebours sur santé et climat » est paru

Le  rapport annuel publié dans The Lancet alerte sur les risques sanitaires du réchauffement climatique, qui risquent de fortement déstabiliser nos systèmes de soins.

En effet chaque année cette revue publie un rapport annuel, baptisé « Compte à rebours sur la  santé et le changement climatique« , ce dernier est signé de 27 institutions internationales qui démontre la vulnérabilité des la santé au regard du changement climatique et tout particulièrement chez les personnes sensibles enfants et personnes âgées.Le rapport mesure 41 indicateurs-clés relatifs au changement climatique et à la santé, dont le détail peut être retrouvé sur le site du Lancet.

Il met aussi en évidence le manque de budgets assignés aux systèmes de santé mondiale qui , si une prise de conscience existait pourrait avoir des bénéfices conséquents sur les économies nationales. Dans cet objectif ce rapport donne des recommandations que nous aimerions bien qu’elles soient prises dans le cadre de la COP 24.

La commission de l’UE présente sa stratégie carbone pour 2050

Nous relayons le communiqué :

Ce mercredi 28 novembre, la Commission européenne a adopté une stratégie climatique à l’horizon 2050 qui doit permettre à l’Union européenne (UE) de « devenir d’ici à 2050 la première grande économie du monde à présenter un bilan neutre sur le plan climatique ». Intitulé « Une planète propre pour tous« , elle vise à mettre en oeuvre un des objectifs clés de l’Accord de Paris : atteindre, au cours de la seconde moitié du siècle, un équilibre entre les émissions et les puits anthropiques de gaz à effet de serre (GES). La Commission européenne veut pousser l’Union européenne à faire la course en tête au plan climatique. Le commissaire en charge du sujet, Miguel Arias Canete, a présenté mercredi son projet à l’horizon 2050.

Sept axes stratégiques sont identifiés :
• l’efficacité énergétique,
• le déploiement des énergies renouvelables,
• une mobilité propre, sûre et connectée,
• la compétitivité industrielle et l’économie circulaire,
• les infrastructures et les interconnexions,
• la bioéconomie et les puits de carbone naturels,
• le captage et le stockage du CO2 pour éliminer les émissions résiduelles

La feuille de route prévoit une progression efficace sur le plan des coûts pour atteindre l’objectif de 80 % d’ici à 2050.

Pour y parvenir, l’Europe doit réduire ses émissions

  • de 40 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2030 (cet objectif a déjà été approuvé dans le cadre fixé à l’horizon 2030);
  • de 60 % d’ici à 2040.

Pour en savoir plus, voir la feuille de route pour l’énergie à l’horizon 2050.

Système d’échange de quotas d’émission de l’UE