Tous les articles par Jacqueline Collard

Installation du Haut Conseil pour le climat (HCC)

Le  27 novembre le gouvernement a installé le Haut-Conseil pour le Climat,  pour accompagner la transition écologique: composé de treize experts, dont les climatologues Corinne Le Quéré et Valérie Masson-Delmotte, l’ex-ambassadrice pour le climat Laurence Tubiana ou des économistes tels que Pierre Larrouturou, Alain Grandjean, Katheline Schubert et Céline Guivarch , Jean-François Soussana (directeur scientifique de l’INRA), Andréas Rüdinger, chercheur associé pôle Energie-Climat à l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), Marion Guillou (présidente d’Agreenium), Pascal Canfin (directeur France du WWF), Jean-Marc Jancovici (climatologue) et Benoît Leguet (directeur général d’I4CE).

Pour piloter sa transition vers la neutralité carbone, la France a besoin d’un cadre de politiques qui soit cohérent entre secteurs (énergie, transport, bâtiment, agriculture, industrie) et sur la durée. Ce cadre doit être construit et révisé sur la base d’une analyse prospective qui reflète les dernières avancées technico-économiques et l’évolution du contexte socio-économique, mais également sur la base d’une évaluation transparente de l’effet des politiques existantes.

L’Iddri a formulé des propositions en ce sens à travers deux études publiées en juillet 2018, l’une portant sur le cadre de gouvernance et les enjeux méthodologiques pour suivre et évaluer la transition bas-carbone, l’autre sur les retours d’expérience et les enseignements du Climate Change Committee (CCC) mis en place il y a dix ans au Royaume-Uni.

Nous avions depuis 2013 le Conseil National de la transition écologique (CNTE) composé de 50 membres répartis en 6 collèges (collectivités, parlementaires, syndicats, salariés et employeurs, associations de protection de l’environnement, société civile) qui a pour rôle d’assurer la concertation entre le pouvoir et les parties prenantes. Et depuis 2015 il existe le Comité d’experts pour la transition énergétique (CETE), composé de huit experts issus de la recherche qui assure une fonction d’expertise indépendante. Sa mission est de donner des avis consultatifs sur des projets de stratégie nationale bas carbone (SNBC) et sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Il doit également rendre un rapport d’évaluation des stratégies tous les cinq ans. Sa mission est donc d’informer le débat, en apportant des éclairages pour les décideurs politiques et la concertation qui a lieu au CNTE.

Le nouveau rapport « Compte à rebours sur santé et climat » est paru

Le  rapport annuel publié dans The Lancet alerte sur les risques sanitaires du réchauffement climatique, qui risquent de fortement déstabiliser nos systèmes de soins.

En effet chaque année cette revue publie un rapport annuel, baptisé « Compte à rebours sur la  santé et le changement climatique« , ce dernier est signé de 27 institutions internationales qui démontre la vulnérabilité des la santé au regard du changement climatique et tout particulièrement chez les personnes sensibles enfants et personnes âgées.Le rapport mesure 41 indicateurs-clés relatifs au changement climatique et à la santé, dont le détail peut être retrouvé sur le site du Lancet.

Il met aussi en évidence le manque de budgets assignés aux systèmes de santé mondiale qui , si une prise de conscience existait pourrait avoir des bénéfices conséquents sur les économies nationales. Dans cet objectif ce rapport donne des recommandations que nous aimerions bien qu’elles soient prises dans le cadre de la COP 24.

La commission de l’UE présente sa stratégie carbone pour 2050

Nous relayons le communiqué :

Ce mercredi 28 novembre, la Commission européenne a adopté une stratégie climatique à l’horizon 2050 qui doit permettre à l’Union européenne (UE) de « devenir d’ici à 2050 la première grande économie du monde à présenter un bilan neutre sur le plan climatique ». Intitulé « Une planète propre pour tous« , elle vise à mettre en oeuvre un des objectifs clés de l’Accord de Paris : atteindre, au cours de la seconde moitié du siècle, un équilibre entre les émissions et les puits anthropiques de gaz à effet de serre (GES). La Commission européenne veut pousser l’Union européenne à faire la course en tête au plan climatique. Le commissaire en charge du sujet, Miguel Arias Canete, a présenté mercredi son projet à l’horizon 2050.

Sept axes stratégiques sont identifiés :
• l’efficacité énergétique,
• le déploiement des énergies renouvelables,
• une mobilité propre, sûre et connectée,
• la compétitivité industrielle et l’économie circulaire,
• les infrastructures et les interconnexions,
• la bioéconomie et les puits de carbone naturels,
• le captage et le stockage du CO2 pour éliminer les émissions résiduelles

La feuille de route prévoit une progression efficace sur le plan des coûts pour atteindre l’objectif de 80 % d’ici à 2050.

Pour y parvenir, l’Europe doit réduire ses émissions

  • de 40 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2030 (cet objectif a déjà été approuvé dans le cadre fixé à l’horizon 2030);
  • de 60 % d’ici à 2040.

Pour en savoir plus, voir la feuille de route pour l’énergie à l’horizon 2050.

Système d’échange de quotas d’émission de l’UE

Le réseau mondial des Académies lancent l’alerte : « nos systèmes alimentaires sont en train de nous faire défaut »

C’est suffisamment important pour que nous relayons cette alerte que l’on mène à travers de nombreuses ONG depuis longtemps.

Le constat, accablant, est détaillé dans un rapport que vient de publier le réseau mondial des académies des sciences et de médecine, l’InterAcademy Partnership (IAP). 130 académies nationales,ont font le lien entre les systémes alimentaires les plus classiques et le contexte du changement climatique, et ce juste avant la COP 24. En effet le rapport rappelle qu’une personne sur trois sur la planète est mal nourrie, un chiffre qui pourrait passer à une sur deux d’ici 2030 si nous continuons sur la même voie. Il y a aussi de plus en plus d’obèses dans le monde, et ils sont aujourd’hui plus nombreux que les personnes d’un poids insuffisant.  Deux aspects de ce que nous pouvons désigner comme de la malnutrition, d’autant que des troubles de carences en micro-aliments y est associés( (comme le fer, l’iode, le fluor, essentiels au corps mais à très petites doses) », précise l’IAP.

« En plus du changement climatique, nos systèmes d’alimentation actuels impactent négativement la santé des gens autour du monde. Les régimes très riches en calories sont devenus moins chers, et cela a des implications sérieuses pour la santé publique, l’obésité et la malnutrition, » affirme le professeur Volker ter Meulen, président de l’IAP. Désireuse de « faire entendre la voix de la science lorsqu’on aborde les priorités sociétales », l’IAP propose dans son rapport une longue série d’orientations, pour mieux nous nourrir demain.

Globalement, il est nécessaire de revoir l’ensemble du système alimentaire, qui inclut bien sûr l’agriculture, mais aussi la transformation des aliments, le commerce, l’environnement, la santé…

Recyclage des plastiques : un contrôle sévère reste indispensable

Depuis longtemps les plastiques sont signalés comme potentiellement toxiques. Tout d’abord  si la molécule de base est relativement connue, les nombreux adjuvants ne le sont souvent pas, alors que penser des  productions faites à partir  de mélanges de plastiques dans des objectifs  d’économie circulaire??

L’origine même des plastiques recyclés devrait aussi être particulièrement suivi, et l’actualité nous le démontre: en effet plusieurs ONG européennes, HEAL, Arnika(République Tchèque), IPEN et BUND (Allemagne), BUND,  ont testé des produits plastiques d’utilité courante obtenus dans ce cadre de recyclage et  achetés dans 7 pays. Et c’est ainsi que des molécules toxiques ont été retrouvées dans des jouets, dans des accessoires pour cheveux entre autres: des molécules de dioxines, de retardateurs de flamme, PBDD,  avec des concentrations énormes de POP ou de produits  CMR.

L’étude [1] réalisée par IPEN, HEAL et Arnika, analyse 109 jouets, accessoires pour cheveux et ustensiles de cuisine récoltés dans toute l’Europe. Les retardateurs de flamme toxiques recherchés (PBDEs et HBCDs) comptent parmi les 28 produits chimiques les plus dangereux présents sur la planète à cause de leur persistance dans l’environnement. On les retrouve notamment dans les boîtiers et l’isolation métallique d’appareils électroniques ou dans les mousses de polystyrène et les plastiques pour l’électronique et les voitures.

Les résultats montrent qu’entre 70 à 98% des produits testés sont contaminés par ces molécules toxiques. Plus précisément : 107 articles (98 %) contiennent des fortes concentrations de polybromodiphényléthers (PBDEs) et 80 échantillons (73 %) contiennent des hexabromocyclododecane (HBCD). En ce qui concerne les produits achetés en Belgique (3 accessoires pour cheveux et un jouet), les 4 échantillons contenaient de l’OctaBDE, à des concentrations comprises entre 3 et 17 ppm, et du DécaBDE, à des concentrations comprises entre 26 et 660 ppm.

Alors que la Commission européenne travaille actuellement sur l’interface entre les législations sur les substances chimiques, les produits de consommation et les déchets, les auteurs rappellent que la mise en place d’une économie circulaire ne doit pas se faire au détriment de la santé: Le minimum serait d’exiger une économie circulaire non toxique.

Nous relayons à l’UE les demandes de ces  ONG sur plusieurs mesures  :

  • Réduire la limite autorisée de DecaBDE dans les plastiques recyclés à 10 ppm (contre 1000 ppm)
  • Une limite plus stricte pour les déchets « POPs » dit « Low POPs content level » allant jusqu’à 50 ppm pour tous les PBDE réglementés
  • Retrait des exonérations de recyclage autorisées pour le Penta et l’OctaBDE – qui sont listés par la Convention de Stockholm
  • Ajouter les PBDD/Fs à la convention de Stockholm
  • Améliorer la définition des déchets électroniques dans le cade de la convention de Bâle
  • A new study, “Toxic Soup: Dioxins in Plastic Toys”, has been released today by Arnika, BUND, HEAL and IPEN. This report shows alarming levels of very toxic brominated dioxins in eight toys and one hair clip made of recycled plastic stemming from electronic waste.
  • En savoir plus :
    Le communiqué (en anglais) : https://ipen.org/news/press-release…
    Le résumé de l’étude (en anglais) : https://ipen.org/documents/executiv…
    L’étude (en anglais) : https://ipen.org/documents/toxic-so…