Tous les articles par Jacqueline Collard

Une politique d’éducation à la nature s’impose

Alix Cosquer est chercheuse en psychologie environnementale au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS (Montpellier), spécialiste des interactions entre individus et environnements naturels.Elle nous livre les conclusions de ces recherches:La vie urbaine de plus en plus fréquente nous coupe des milieux naturels alors que les bienfaits de leurs présences et de leur fréquentation ont des bienfaits nets sur la santé.

Sa thématique de recherche porte sur les représentations et les comportements des individus vis-à-vis de la nature et s’inscrit dans le contexte contemporain des changements environnementaux, caractérisé notamment par la perte de biodiversité. Ses travaux interrogent l’évolution des rapports à la nature, à travers une diversité de contextes (littoraux, urbains) et d’acteurs (pratiquants de sports et loisirs de nature, participants à des programmes de science participative, usagers d’espaces naturels protégées, etc.).

Les chercheurs sont partis d’un constat : nos pratiques se sédentarisent, la nature s’éloigne de nos espaces de vie et on ­observe, en même temps, l’augmentation d’un certain nombre de troubles – stress, allergies, obésité. A côté des raisons sociales et économiques, l’une des hypothèses expliquant cette évolution pourrait être la raréfaction de nos rapports avec le milieu naturel – l’écologue américain Robert Pyle parle même d’une « extinction de l’expérience » de nature.

Des recherches menées sur des groupes d’enfants ont montré que les environnements naturels favorisent le calme, la maîtrise de soi, et réduisent les sentiments de frustration ou de colère. Ils ­favorisent donc les comportements ­prosociaux et la coopération plutôt que la compétition. Plusieurs études, menées notamment à l’Institut de la santé et du bien-être de l’université de Glasgow (Ecosse), ont par ailleurs montré que l’accès à des espaces verts atténue les inégalités liées aux revenus en termes de santé.

https://www.pourlascience.fr/sd/biologie/une-foret-de-bienfaits-14849.php

L’année 2018 nous donne encore un record d’émissions de GES et un coût exhorbitant des catastrophes qui se sont produites

Selon le rapport annuel de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint un niveau « jamais vu depuis 3 millions d’années ». L’activité humaine en est en très grande partie responsable.

« La fenêtre d’action pour agir est presque fermée. » C’est par ces mots que le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas, a présenté le 14e rapport sur les gaz à effet de serre.

Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM, a rappelé  que le changement climatique aurait « des effets de plus en plus destructeurs et irréversibles » sans « réductions rapides » des émissions. Elena Manaenkova, son adjointe, a pour sa part expliqué que le CO2 « reste dans l’atmosphère pendant des centaines d’années et dans les océans encore plus longtemps », et que « chaque fraction d’un degré de réchauffement planétaire est importante, de même que chaque partie par million de gaz à effet de serre ».

Un rapport de l’organisme des Nations unies chargé de la lutte contre le changement climatique,  montrait que les engagements en matière de réduction d’émission de CO2 ont largement augmenté en 2018. Selon l’ONU, 9 000 villes dans 128 pays, 240 États et régions dans 40 pays et plus de 6 000 entreprises dans 120 pays ont pris des engagements et  sont répertoriés dans cet « Annuaire de l’action mondiale sur le climat ».

 Il est plus que nécessaire d’agir quand on sait que l’évaluation vient d’être faite à propos du coût du dérèglement climatique  et des conséquences qui en ont résulté en 2018 qui est de 80 milliards d’euros en 2018

Rappels:Le CO2 est responsable d’approximativement 66 % de l’effet réchauffant des gaz à effet de serre, le second gaz  en augmentation est le méthane (CH4), qui participe à 17 %  et le 3èmele protoxyde d’azote N2O, qui contribue à environ 6 % du forçage radiatif, qui provient principalement du recours aux fertilisants.

Lancement de débats locaux pour accompagner la transition écologique

Le Premier ministre a précisé, le 12 décembre en Conseil des ministres, le déroulé du grand débat faisant suite à l’annulation de la taxe carbone rejetée par un certain nombre de citoyens et ensuite  précisé le 15 décembre.

Il sera coordonné par la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) Chantal Jouanno jusqu’au 1er mars et sera piloté par un collège de garants, en collaboration avec le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et ses dérivés régionaux. Il débutera mi Janvier. Ce « comité des garants » qui  sont des personnalités d’horizon divers, sera chargé de superviser le bon déroulement et de garantir la transparence et l’authenticité des concertations.

Le débat doit aborder quatre thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l’Etat, et démocratie et citoyenneté). Leurs conclusions devraient notamment nourrir la réforme constitutionnelle, et ainsi  « tenir compte des éventuelles modifications qui seront souhaitées par les Français » à l’occasion de ce débat national.

Fin de la COP 24 sans éclats

La conférence, qui s’est achevée avec plus de 24 heures de retard sur le planning prévu, n’a  pas donné lieu à de nouveaux engagements des Etats à relever prochainement leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre, insuffisants à ce stade face aux dérèglements du climat.

Il y a quelques semaines, les scientifiques du Giec tiraient la sonnette d’alarme: dans un monde à +2°C, objectif minimal du pacte climatique de 2015, les impacts seraient bien plus importants que dans un monde à +1,5°C, limite idéale de l’accord.

Mais pour rester sous +1,5°C, il faudrait réduire les émissions de CO2 de près de 50% d’ici 2030 par rapport à 2010, alors que les engagements actuels des Etats annoncent un monde à +3°C avec son lot de tempêtes, sécheresses, inondations…La Russie a fait parler d’elle :  Aux côtés des États-Unis, de l’Arabie saoudite et du Koweït, la Fédération s’est opposée aux 192 autres États membres en refusant le terme “accueillir favorablement ” (welcome) pour souligner l’intérêt de la COP24 pour le rapport du Giec sur les 1,5 °C.

Alors que les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont reparties à la hausse au niveau mondial, Germanwatch et le New Climate Institute ont publié, le 10 décembre, le nouvel index des performances climatiques par pays. Dans le groupe des pays intermédiaires, la France perd 6 places.  «Aucun des 56 pays analysés, ni de l’Union européenne, n’a une trajectoire lui permettant de rester au-dessous des 2°C de réchauffement», décrypte l’ONG

La France a  cependant signé une déclaration pour renforcer la tarification du carbone en Europe, à cette occasion: déclaration  signée par neuf pays européens, dont la France représentée par Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la Transition écologique. « Dans le but d’atteindre les objectifs de long terme de l’Accord de Paris, de meilleures mesures doivent être prises pour renforcer le signal envoyé par le prix du carbone afin d’améliorer dans l’ensemble son ambition, sa couverture et sa prévisibilité », se sont engagé les pays signataires parmi lesquels ne figure pas l’Allemagne.

Selon la déclaration, la tarification carbone « mise en place avec des politiques et mesures d’accompagnement » est essentielle pour « délivrer un signal clair de long terme aux acteurs économiques » et « inciter à réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon économiquement efficace ».

https://www.climate-change-performance-index.org/sites/default/files/documents/ccpi_2019_resultats.pdf

4 cancers sur 10 sont liés à nos modes de vie (BEH N°21)

Nous relayons les statistiques transmises par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire N°21 à savoir que 4 cancers sur 10 pourraient être évités, puisque liés à nos modes de vie.

La part des cancers dits « évitables », c’est-à-dire attribuables à des facteurs de risque liés au mode de vie ou à l’environnement, vient d’être réévaluée pour la France métropolitaine : elle représenterait 41 % des tumeurs survenues en 2015 chez les adultes de plus de 30 ans, soit 142 000 cas (84 000 chez les hommes et 58 000 chez les femmes). Cette estimation est le fruit d’une vaste étude coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), publiée lundi 25 juin dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH)N° 21.

En 2000, la part des cancers évitables était évaluée en France à 35 %, tandis que les études portant sur d’autres pays donnent une fourchette variant entre 30 % et 50 %.

L’originalité de l’étude, par rapport aux évaluations antérieures, est d’avoir élargi le spectre des causes évitables à treize facteurs majeurs de risque pour lesquels un lien avec la survenue de cancer est bien établi, et pour lesquels l’exposition des Français était connue. La consommation de viande rouge et de charcuterie ou les expositions professionnelles (trichloréthylène, gaz d’échappement du diesel) n’étaient par exemple pas prises en compte auparavant.

Isabelle Soerjomataram, qui, au CIRC – agence intergouvernementale de recherche sur le cancer créée en 1965 par l’Organisation mondiale de la santé –, a coordonné l’étude, souligne que le message principal est positif : « C’est une bonne nouvelle de savoir que l’on peut agir sur 40 % des cancers, en se concentrant sur treize facteurs de risque seulement. »

Le déclenchement d’un cancer peut évidemment avoir des origines multiples et combinées. La part du hasard, c’est-à-dire liée à la survenue de mutations aléatoires dans l’ADN des cellules, fait l’objet d’âpres débats scientifiques. Elle est évaluée par certains à deux tiers des mutations susceptibles de déclencher un cancer. Le poids de l’hérédité, c’est-à-dire les prédispositions à développer certains cancers en raison de son patrimoine génétique, représenterait environ 5 % des cas.

Restent les cancers dits « évitables ». Tout l’intérêt de l’étude du BEH est donc de chiffrer le poids des déterminants sur lesquels on peut agir en modifiant des comportements (tabac, alcool, alimentation, activité physique) par la réglementation (polluants, pesticides, composants alimentaires) ou la prophylaxie (vaccins).

Sans surprise, le tabac et l’alcool restent les deux principaux « fauteurs évitables » de cancers, représentant 20 % et 8 % des cas, les deux sexes confondus. Chez les hommes, c’est ensuite l’alimentation qui prédomine (5,7 % des cas), tandis que chez les femmes, c’est le surpoids et l’obésité (6,8 %). « Je ne m’attendais pas à ce que ces facteurs de risque soient si élevés, commente Isabelle Soerjomataram. Il semble que la France suive dans ce domaine la trajectoire de pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. »

« Cet état des lieux a permis de mettre en exergue des lacunes scientifiques (comme les expositions chimiques), mais aussi le besoin de recherche pour identifier le rôle de facteurs de risques émergents (comme les perturbateurs endocriniens) », notent ainsi Christopher Wild, directeur du CIRC, Norbert Ifrah, président de l’Institut national du cancer, et François Bourdillon, directeur général de l’agence sanitaire Santé publique France dans l’éditorial du BEH. Cela signifie que, à mesure que des données plus solides apparaîtront, la part des cancers évitables pourrait encore augmenter.

Il est aussi à noter que les outre-mer n’ont pas été inclus. Le poids du chlordécone, un pesticide longtemps utilisé dans les bananeraies, serait sans doute à prendre en compte pour les cancers de la prostate. « On aimerait poursuivre l’analyse dans ces territoires », note Isabelle Soerjomataram, pour qui les facteurs de risque seraient alors probablement différents.