Tous les articles par Jacqueline Collard

De nouvelles études à charge des effets du roundup

Cette molécule déjà accusée d’effets génotoxique ou cancérogène est désormais affublée de perturbateur endocrinien comme le montre plusieurs études récentes.

En mars 2015, le CIRC , cette agence des Nations unies avait classifié le glyphosate comme « cancérogène probable ». Une décision qui avait initié une controverse internationale sur la dangerosité de l’herbicide. Elle s’opposait en effet aux conclusions de la plupart des agences réglementaires à travers le monde, dont l’Autorité européenne de sécurité des aliments et l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA). Selon une  étude publiée en février, le risque de développer un lymphome non hodgkinien (LNH), une forme rare de cancer du sang, est accru de 41 % pour les travailleurs les plus exposés. Inventé par Monsanto, l’herbicide vendu sous le nom commercial de Roundup est aujourd’hui le plus utilisé au monde.A ce jour, 9 000 procédures judiciaires sont en cours au Etats-Unis contre Monsanto, initiées par des personnes atteintes de lymphome, ou par leur famille pour celles qui sont mortes. Toutes estiment le glyphosate responsable de leur maladie.

Cette nouvelle étude émanant d’un  consortium international de chercheurs conduits par l’Institut Ramazzini en Italie vient de publier, dans la revue Environmental Health, les derniers résultats d’une étude pilote évaluant les effets du célèbre herbicide sur le rat. Les chercheurs y mettent en évidence des perturbations du développement et de l’équilibre hormonal des rongeurs exposés, depuis le stade fœtal jusqu’à l’âge adulte à une faible dose de la substance. Ce même groupement de chercheurs avait dans le cadre de cette étude, mis en évidence une modification de la flore intestinale chez les animaux exposés, par rapport groupe témoin.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1383574218300887

https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-018-0394-x

https://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-019-0453-y#Abs1

11 mars 2019 : 8ème anniversaire de la catastrophe de Fuhushima

Le Japon a commémoré ce mois ci le séisme et le tsunami survenu le 11 mars 2011 à la centrale de Fukushima-Daiichi qui ont tué quelque 18 500 personnes le 11 mars 2011, une catastrophe naturelle dont la dimension tragique a été amplifiée par un accident nucléaire à Fukushima. Or malgré les diverses mesures prises par le gouvernement japonais en faveur d’un retour de ces réfugiés, dont la décontamination et les aides à reconstruction, seuls 15% d’entre eux avaient regagné leur ancien domicile dans les zones de nouveau habitables, en mars 2018, soit sept ans plus tard.

Près de huit ans après les faits,les populations qui habitaient dans le nord-est du Japon et qui ont dû fuir leur maison après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima en mars 2011 pourront être dédommagées.. La justice nippone a ordonné mercredi le paiement de 3,4 millions d’euros de dommages-intérêts pour l’ensemble des habitants concernés.

La contamination, un facteur de non-retour parmi d’autres

Ce que ces résultats montrent, c’est que la culture de la gestion du risque et de la radioprotection dans les zones contaminées semble vaine. Au fil des plus de 120 entretiens réalisés (politiques nationaux et locaux, résidents, chercheurs, etc.), il ressort une très nette réticence des personnes à revenir vivre près de Fukushima. Pour des raisons directement liées à la contamination résiduelle, mais aussi à ses nombreuses conséquences. Le concept de «culture de la radioprotection» est peu audible des premiers intéressés.

Aujourd’hui, l’un des défis majeurs reste celui de la décontamination et du stockage de l’eau contaminée que certains aimeraient voir rejetée directement dans la mer.

Les risques sanitaires de la pollution sous estimés

La pollution de l’air ambiant est un risque majeur pour la santé, entraînant une mortalité respiratoire et cardiovasculaire. Une équipe de scientifiques, emmenés par Jos Lelieveld, de l’Institut Max-Planck de chimie (Allemagne), publie les résultats de leur dernière étude dans la revue de cardiologie « European Heart Journal ».

En utilisant de nouvelles méthodes de modélisation des effets de la pollution sur l’organisme, ces chercheurs nous livrent un rapport alarmant sur la surmortalité liée à l’air que nous respirons. Un modèle mondial récent de mortalité par exposition, basé sur un nombre inégalé d’études de cohortes dans de nombreux pays, fournit de nouvelles fonctions de risque, qui appelle à une réévaluation de la charge de morbidité. En conséquence, nous avons estimé la mortalité cardiovasculaire excessive attribuée à la pollution atmosphérique en Europe.

Ces estimations dépassent de plus d’un facteur deux les analyses récentes, telles que la charge mondiale de morbidité pour 2015. Nous estimons que la pollution atmosphérique réduit l’espérance de vie moyenne en Europe d’environ 2,2 ans avec un taux de mortalité annuel attribuable par habitant en Europe de 133/100 000 par an. « Le nombre de morts par maladies cardiovasculaires qui peut être attribué à la pollution de l’air est beaucoup plus important que prévu », expliquent ces chercheurs.

« Dans la seule Europe, le nombre de décès en excès est de près de 800.000 par an;8,8 millions dans le monde – un chiffre encore plus élevé que celui de l’ONU. En France 67.000 personnes décéderaient prématurément chaque année en raison de la pollution.

Un nouveau rapport GEO de l’ONU sur l’état de la planète vient de paraitre:Ce rapport sur l’environnement mondial (Global Environment Outlook, GEO), sur lequel ont travaillé 250 scientifiques de 70 pays pendant six ans, souligne également un fossé grandissant entre pays riches et pays pauvres : surconsommation, pollutions et gaspillage alimentaire au Nord précipitent famine, pauvreté et maladies au Sud.

Les émissions responsables de la pollution de l’air, les produits chimiques contaminant l’eau potable et la destruction accélérée des écosystèmes nécessaires à la survie de milliards de personnes causent une sorte d’épidémie mondiale qui entrave aussi l’économie, selon le texte.

Et alors que les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter, les dérèglements climatiques, comme les sécheresses ou les tempêtes, risquent de s’ajouter au fardeau de milliards de personnes.

Une société en dette de sommeil

Les Français dorment de moins en moins. ils ont perdu entre 1 heure et 1 h 30 en 50 ans de sommeil, selon le baromètre de Santé publique France. L’omniprésence des smartphones et des écrans, mais aussi le bruit, expliquent entre autres ce phénomène.

A l’instar de tous les pays, « cette étude confirme de manière pleine et entière la haute prévalence de l’insuffisance de sommeil dans la population générale française », indique le bulletin épidémiologique du 8 mars. Une valeur proche des 7 heures au minimum seraient recommandées par les autorités de santé. Un grand nombre de Français seraient donc en manque de sommeil.Cette évolution est problématique : on sait que le manque de sommeil a des effets délétères sur la santé. « Cette dette est une épidémie qui aggrave la plupart des maladies chroniques », souligne le docteur Joëlle Adrien, présidente de l’INVS. De nombreuses études épidémiologiques montrent que dormir moins de six heures par nuit est associé à un risque plus élevé d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension, de pathologies cardiaques. Il joue aussi sur la fonction immunitaire, en accentuant le risque d’infection.

http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2019/8-9/

L’endométriose « enfin » prise en compte

L’endométriose est une maladie gynécologique complexe aux causes mal connues. Elle se caractérise par des douleurs chroniques dans le bas-ventre. On estime qu’une femme sur sept serait touchée. L’endométriose est une maladie inflammatoire, bénigne et chronique de l’appareil génital féminin qui s’explique schématiquement par le développement de muqueuse utérine (l’endomètre) en dehors de l’utérus, colonisant d’autres organes. Bénigne, mais pouvant avoir des conséquences invalidantes, cette maladie débute lors des premières règles et ses symptômes cessent en principe à la ménopause.

A l’occasion de la Semaine européenne de lutte contre l’endométriose qui se déroule du 7 au 13 mars, le centre de l’endométriose du Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph (GHPSJ), qui a mis en place une prise en charge multidisciplinaire de la maladie, organise une campagne d’information du grand public.***

L’importance de poser au plus vite un diagnostic. Car si l’on ne guérit pas de l’endométriose, plus elle est prise en charge tôt et plus il est possible de contenir son impact sur la vie des femmes. Or, « il faut attendre en moyenne sept ans pour qu’une femme soit diagnostiquée », déplore Eric Sauvanet. «Le diagnostic n’est pas simple à poser, d’où la longue errance de certaines patientes, qui attendent parfois longtemps avant de poser un nom ce qu’elles ont. Mais dès qu’elles ont identifié leurs symptômes, elles doivent consulter sans tarder dans un centre de référence », préconise le médecin.

En France, l’endométriose touche 1 femme sur 10 en âge de procréer. Elle se caractérise par une migration anormale des cellules en dehors de l’utérus, via les trompes. Les organes génitaux, le péritoine et parfois les voies digestives sont atteints.

En moyenne, 5 ans d’inertie se déroulent entre les premiers symptômes rapportés et le diagnostic de l’endométriose. Selon EndoFrance, 20 à 50% des femmes consultant pour une infertilité souffrent d’endométriose. Et 30 à 40% des femmes diagnostiquées pour une endométriose souffrent d’infertilité

***En clôture de cet événement, la ministre de la Santé propose, dans son plan d’action, de :

Rechercher les signes de l’endométriose à l’occasion des consultations rendues obligatoires depuis le 1er mars pour « l’enfant et l’adolescent, à 11-13 ans et 15-16 ans » ;

« Intégrer la recherche de signes d’endométriose dans les consultations dédiées à la santé sexuelle des jeunes filles entre 15 et 18 ans réalisées par les médecins ou les sages-femmes et mobiliser également les services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé » ;

« Renforcer la formation sur les signes d’alerte, le diagnostic et la prise en charge de premier recours de l’endométriose dans la formation initiale et continue des professionnels de santé concernés. » Mais aussi sensibiliser les étudiants à ce sujet lors de leur service sanitaire ;

Améliorer l’accès aux soins, par la création de « filières de l’endométriose », mises en place à l’échelle locale par les Agences régionales de santé (ARS). L’idée est de regrouper les professionnels de ville et hospitaliers : « médecins généralistes, gynécologues, chirurgiens, sages-femmes, psychologues, et les associations de patientes ayant l’expertise de cette pathologie » ;

Veiller à la meilleure prise en charge de la douleur et des troubles de la fertilité**, en cas de diagnostic ;

Développer la recherche : Agnès Buzyn a demandé à l’Inserm de « renforcer la communication scientifique vers les professionnels », et de créer « des outils de pédagogie pour le grand public ».