Tous les articles par Jacqueline Collard

Une nouvelle méta-analyse sur les risques du glyphosate

Nous rapportons une publication du 10 février dans la revue Mutation Research, étude américaine  qui enfonce le clou : oui, le glyphosate est bien lié à un risque accru de lymphome non hodgkinien (LNH).

Le glyphosate est l’herbicide systémique à large spectre le plus largement utilisé dans le monde. Des évaluations récentes du potentiel cancérogène des herbicides à base de glyphosate (GBH) par divers organismes régionaux, nationaux et internationaux ont suscité la controverse. La plupart des participants à ces études épidémiologiques n’étant pas exposés à du glyphosate pur, mais plutôt à des formulations à base de glyphosate (telles que Roundup® ou Ranger Pro ®) avec un certain nombre d’adjuvants, on pourrait affirmer que le LNH se manifestait à la suite de l’exposition au mélange ou un ingrédient autre que le glyphosate dans la formulation.
Ils ont recherché s’il existait une association entre une exposition cumulée élevée à des GBH et un risque accru de lymphome non hodgkinien (LNH) chez l’homme. Nous avons effectué une nouvelle méta-analyse comprenant la dernière mise à jour de la cohorte de l’étude sur la santé en agriculture (AHS) publiée en 2018 ainsi que cinq études cas-témoins.
Ensemble, toutes les méta-analyses effectuées à ce jour, y compris cette dernière font systématiquement état de la même constatation clé: l’exposition aux GBH est associée à un risque accru de LNH.
Ils ont complété par un soutien supplémentaire provenant d’études sur l’incidence de lymphomes malins chez des souris traitées avec du glyphosate pur, ainsi que des liens potentiels entre l’exposition à la GBH et l’immunosuppression, une perturbation du système endocrinien et des altérations génétiques couramment associées au LNH.
Dans l’ensemble, conformément aux preuves tirées d’analyses expérimentales sur des animaux et de mécanismes, notre méta-analyse actuelle d’études épidémiologiques chez l’homme suggère un lien évident entre l’exposition aux GBH et l’augmentation du risque de LNH.

Des smartphones à revoir selon Phone Gate

Après  en avoir fait la demande aux divers Ministères français concernés pour les mettre en demeure de faire cesser la loi du silence imposée par les lobbys de l’industrie de la téléphonie mobile., et sans réponses,   « Alerte Phonegate » demande aux industriels de la téléphonie mobile lors de leur congrès en Espagne  une protection réelle de la santé des utilisateurs.

La demande portait sur le rappel de plus de 250 modèles de téléphones mobiles parmi les plus vendus sur le marché français, qui doivent soit être retirés du parc en activité par une procédure d’échange gratuit, soit faire l’objet d’une mise à jour logicielle ou matérielle gratuite par le fabricant.Ceci a entrainé qu’après deux années de lutte menées par l’association Alerte Phone Gate, l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR), établissement public administratif, se soit vue obligée de publier les tests concernant les modèles de téléphone portables dont les DAS localisés « tronc » dépassaient la limite réglementaire (2 W/Kg en Europe alors qu’elles ne sont que de 1,6 W/Kg aux Etats-Unis et que les méthodes d’élaboration sont elles-mêmes discutables).
World Congress à Barcelone, Espagne
Conférence de Presse à Barcelone
lundi 25 Février 2019
6 milliards d’utilisateurs surexposés en danger
La nouvelle organisation de consommateurs Alerte Phonegate, créée en Mars 2018 pour protéger la santé de centaines de millions d’utilisateurs de téléphones mobiles surexposés, sera présente à l’ouverture du Mobile World Congress à Barcelone, Espagne, avec :
Marc ARAZI
Médecin, Président d’Alerte Phonegate (France),
Pierre-Marie THEVENIAUD
Biologiste, Président de Robin des Toits (France),
Juan Antonio RIVERA VILA
Ingénieur et Biologiste en bâtiment, Porte-parole régional de l’association Electro y Quimico Sensibles (Espagne).
Un Appel international y sera lancé à tous les fabricants pour qu’ils retirent ou mettent à jour tous les téléphones mobiles testés dans des conditions qui ne tiennent pas compte des usages réels et des effets sur la santé.
En France, depuis Avril 2018, dix modèles de smartphones ont soit été retirés du marché, soit mis à jour.
Les associations encourageront tous les utilisateurs à exercer leurs droits en tant que consommateurs à exiger des technologies respectueuses de leur santé.
2 pétitions à signer :

https://www.change.org/p/en-signant-vous-prot%C3%A9gez-la-sant%C3%A9-de-millions-d-utilisateurs-de-t%C3%A9l%C3%A9phones-portables

https://www.5gspaceappeal.org/the-appeal/

De nombreuses études montrent l’effondrement des espèces d’insectes

La synthèse de 73 études réalisée par les auteurs à paraître dans la revue « Biological Conservation », confirme que près de la moitié des espèces d’insectes – essentiels aux écosystèmes comme aux économies – sont en déclin rapide dans le monde entier en  pointant  en particulier le rôle de l’agriculture intensive .

« La conclusion est claire : à moins que nous ne changions nos façons de produire nos aliments, les insectes auront pris le chemin de l’extinction en quelques décennies. » 

Cette situation alarmante reviendrait « au plus massif épisode d’extinction » depuis la disparition des dinosaures, précisent les scientifiques, avant de souligner : « La proportion d’espèces d’insectes en déclin (41%) est deux fois plus élevée que celle des vertébrés et le rythme d’extinction des espèces locales (10%) huit fois plus. » Quand on parle de perte de biodiversité, le sort des grands animaux capte souvent seule l’attention. Or, les insectes sont « d’une importance vitale pour les écosystèmes planétaires » et « un tel événement ne peut pas être ignoré et devrait pousser à agir pour éviter un effondrement des écosystèmes naturels qui serait catastrophique », insistent les scientifiques.Les insectes sont à l’origine de la pollinisation des cultures. A l’inverse, leur disparition progressive a un impact sur toute la chaîne alimentaire, et notamment le déclin « vertigineux » des oiseaux des campagnes révélé en France en 2018.

A l’origine de cette chute des insectes, les chercheurs australiens désignent la perte de leur habitat (urbanisation, déforestation, conversion agricole) mais aussi le recours aux pesticides et engrais de synthèse. Ces substances sont au cœur de l’intensification des pratiques agricoles des soixante dernières années.

« Restaurer les habitats, repenser les pratiques agricoles, avec en particulier un frein sérieux à l’usage de pesticides et leur substitution par des pratiques plus durables, s’imposent urgemment », soulignent les auteurs du rapport, qui appellent aussi à assainir les eaux polluées, en ville comme en milieu rural.

L’espérance de vie ne croit plus selon le dernier rapport de l’INSEE

Chaque année, au milieu du mois de janvier, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) rend public son bilan démographique de la France.

Avec une certaine inquiétude  les observateurs ont rendu compte de la quatrième année de baisse consécutive de l’indicateur naissance . 758 000 nouveaux bébés sur l’année, 12 000 de moins qu’en 2017, 60 000 de moins qu’en 2014… Tout juste pouvait-on se consoler de rester le pays le plus fécond de l’Union européenne.

A la fin dudit bilan, une série d’autres chiffres a laissé les commentateurs de marbre. Et pourtant… Depuis quatre ans, l’espérance de vie des Français a cessé de croître. Cet indicateur, sans doute un des plus symboliques de l’état de santé d’un pays et des progrès qu’il enregistre, plafonne. Pour être tout à fait précis, l’espérance de vie à la naissance des hommes, qui atteignait 79,2 ans en 2014, a enregistré une minuscule progression de deux mois pour s’arrêter à 79,4 ans en 2018. Quant à celle des femmes, traditionnellement supérieure, elle est passée, dans le même temps, de 85,4 ans à 85,3 ans. L’espérance de vie des Français, c’est-à-dire la durée de vie moyenne d’une génération, a gagné trente ans au XXe siècle, mais a cessé de croître depuis 2015.

On peut se rassurer en constatant que le phénomène, bien qu’inédit, n’est pas propre à la France. En Allemagne, aux Pays-Bas, en Australie, en Grande-Bretagne, partout au sein du monde développé l’inflexion est sensible. Aux Etats-Unis, on observe même depuis trois ans un recul inquiétant de l’espérance de vie, notamment du fait d’une explosion des overdoses médicamenteuses, des suicides et des maladies chroniques provoquées par l’obésité. Autre piste à ne pas négliger : le creusement des inégalités qui taraude les sociétés occidentales. Même si celui-ci reste moins marqué en France, l’Insee constate qu’un individu qui appartient à la catégorie des 5 % les plus pauvres a une espérance de vie inférieure de treize ans à un autre faisant partie des 5 % les plus riches. On imagine sans mal que le déclin des classes moyennes observé un peu partout ne peut que tirer l’ensemble vers le bas en termes d’espérance de vie.

De très nombreux facteurs contribuent à l’allongement de la vie.

Sur longue période, les conditions de vie s’améliorent, le travail est moins pénible physiquement et le nombre d’heures de travail baisse. Plus qualifiés, les individus sont de plus en plus attentifs à leur santé et à leur corps en particulier (hygiène, alimentation, etc.). L’accès aux soins progresse. La qualité des soins et l’innovation en matière de santé jouent mais on constate peu de relations au plan international entre le système de soins lui-même et l’espérance de vie. Dans les années plus récentes, les progrès qui ont le plus accru l’espérance de vie ont surtout été réalisés en faveur des personnes les plus âgées, autour de 80 ans pour les femmes et 70 ans pour les hommes, principalement par une amélioration des traitements des cancers et des maladies de l’appareil respiratoire.

Le bilan démographique 2018

Résolution du parlement européen sur la prévention en matière de cancers féminins

Communiqué du 14 février 2019

Cancers féminins : le Parlement Européen a donné des axes d’action, la Commission Européenne doit les mettre en œuvre !

Le Parlement Européen a adopté hier, à une très large majorité, une résolution sur les enjeux et stratégies politiques de la lutte contre les cancers féminins et les pathologies associées. L’eurodéputée Verte/EELV et spécialiste de santé publique Michèle Rivasi rappelle les mesures les plus marquantes de ce texte. Pour la première fois, la travail de nuit des femmes est pris en compte.

Un européen sur trois développe un cancer au cours de sa vie. Certains types de cancers, tels que les cancers du sein, de l’utérus ou du col de l’utérus, frappent quasi exclusivement les femmes. Près de 60 000 nouveaux cas de cancers du sein ont été diagnostiqués en France en 2017, causant 12 000 décès la même année. Cette résolution souligne la nécessité de renforcer les registres de cancers nationaux – qui reste un point faible en France – et invite à un meilleur accompagnement psychologique des victimes et de leurs proches. Il demande aussi une amélioration et une harmonisation du dépistage à l’échelle européenne. On constate en effet qu’un diagnostic précoce du cancer du sein permet un taux de survie d’environ 80 %. Des études danoise et française ont aussi montré que le travail de nuit des femmes augmente leur risque de cancer du sein de 30 %. Nous avions soulevé cette question à Bruxelles en octobre 2018 avec l’association française Cyclosein. La très grande majorité des eurodéputés ont soutenu ma demande de réviser la législation « temps de travail » pour réduire ce risque spécifique.

PRENDRE EN COMPTE LE TRAVAIL DE NUIT POUR PRÉVENIR LES RISQUES DU CANCER DU SEIN

La résolution adoptée par le Parlement Européen demande aussi « la création d’une commission d’enquête chargée d’examiner l’impact des implants en silicone sur la santé des femmes, et en particulier le lien possible avec les formes de cancer et les comorbidités associées ». Il est urgent en effet de développer davantage les mesures visant à garantir la sécurité des implants mammaires. Des milliers de femmes en sont porteuses. Mais nous n’avons aujourd’hui aucune garantie qu’un scandale comme celui des prothèses PIP, que j’ai vigoureusement dénoncé lors de la révision sur la législation sur les implants médicaux, ne se reproduise pas avec un autre fabricants. La Commission et les États membres doivent mettre en œuvre le cadre juridique existant, en particulier dans les domaines de la surveillance, de la vigilance et du contrôle concernant l’utilisation de dispositifs médicaux à haut risque et leurs effets sur la santé des femmes.

Ce texte est un premier pas. Les résolutions et prises de positions européennes se répètent depuis plus de vingt ans sur le cancer et les cancers féminins, sans grand succès à la lumière d’un nombre de malades qui n’a jamais été aussi élevé. Il faut plus que de l’accompagnement ou du dépistage, il faut une politique cohérente de prévention sur des facteurs de risque qui sont aujourd’hui en grande partie connus. Du travail de nuit des femmes à la chasse aux perturbateurs endocriniens, à la lutte contre le tabac illicite, l’utilisation des pesticides ou l’alerte aux médicaments cancérigènes, il faut maintenant que la Commission Européenne prennent les mesures qui s’imposent pour vraiment lutter contre les facteurs de risque des cancers hormono-dépendants.

Contact : Michèle Rivasi, Députée européenne

Charles-Maxence Layet, 33 6 08 92 46 00

En savoir plus : Résolution sur les enjeux et stratégies politiques de la lutte contre les cancers féminins et les pathologies associées

FR https://bit.ly/2N616IN

EN : http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P8-TA-2019-0112+0+DOC+XML+V0//EN

Impact du travail de nuit sur le risque de cancer du sein
Etude Cecile, en France : https://bit.ly/2UU9Moc
Etude Nested, au Danemark : https://bit.ly/2TOCLK9