Tous les articles par Jacqueline Collard

Combien nous coûtent le recours aux pesticides ?

Ce n’est un secret pour personne : les gouvernements successifs sont, depuis plus de dix ans, incapables de faire baisser le recours aux pesticides dans les campagnes françaises. Rien n’y fait, ni la forte demande sociétale, ni l’accumulation des preuves des risques environnementaux et sanitaires dus au recours excessif aux « phyto », ni même les travaux suggérant qu’une grande part de ce qui est épandu est simplement inutile.

En 2007, au terme du Grenelle de l’environnement, organisé par Nicolas Sarkozy, les pouvoirs publics avaient mis en place le plan Ecophyto, destiné à diviser par deux l’usage des agrotoxiques en dix ans. Cette décennie s’est écoulée ; l’intensité du recours aux pesticides n’a pas été divisée par deux. Non seulement elle n’a pas été divisée par deux, mais elle n’a même pas commencé à faiblir. Et elle n’est même pas restée stable : elle a continué à croître, imperturbablement.

Le plan national Ecophyto, lancé en 2008 par le gouvernement français, qui visait une réduction de l’usage des pesticides de 50 % en dix ans, « si possible », est un échec.

En 2016, devant l’échec inéluctable, le plan Ecophyto a laissé place au plan Ecophyto II, qui a repoussé l’objectif à 2025. En 2018, un renforcement des outils a été mis en œuvre, et le plan Ecophyto II est devenu plan Ecophyto II +. La probabilité est cependant forte qu’un nouvel échec se profile.

Or un rapport de l’INRA paru en 2017 présenté par des spécialistes agronomes montrait à travers leur revue  Cahiers Agricultures que le plan Ecophyto a bénéficié de 361 millions d’euros de financement entre 2009 et 2014 – dont un peu plus de la moitié issue de la redevance pour pollution diffuse. Au total, donc, ce sont sans doute quelque 700 millions d’euros d’argent public qui auront été investis dans la réduction des « phyto », pour un résultat global dont il faut bien dire – à s’en tenir aux chiffres – qu’il est jusqu’à présent nul.

Pourtant depuis des années des alternatives se déploient avec les organismes de recherche dont l’INRA ainsi que des ONG qui s’emploient à faire connaître ces alternatives dont notre partenaire Générations futures( Doc en pièce jointe); La signature de l’appel auquel nous participons depuis des mois  » nous voulons des coquelicots » en fait partie.

https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/pdf/2017/01/cagri160188.pdf

https://www.generations-futures.fr/wp-content/uploads/2017/04/brochure-alternatives.pdf

https://nousvoulonsdescoquelicots.org/l-appel/

L’OMS sonne l’alerte sur l’antibiorésistance

Ce 29 avril, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie dans un rapport ses recommandations pour lutter contre l’antibiorésistance:  freiner la progression de ce grave fléau dans les années à venir. Actuellement, on estime 700 000 victimes qui décèdent chaque année des suites d’une maladie résistance aux antibiotiques, dont 230 000 de la tuberculose.

Déjà à la fin 2015, l’Organisation mondiale de la santé a créé le GLASS, programme international de surveillance de la résistance aux antibactériens, auxquels participent une cinquantaine de pays (dont la France ne fait pas partie) [1]. Les premiers constats dressés, portant sur 22 pays, sont inquiétants.

Le réseau de surveillance rapporte les cas de bactéries résistantes (à au moins un antibiotique d’usage courant) chez des personnes suspectées d’une infection sanguine. Si dans certains pays, aucun cas n’est identifié, la part de patients antibiorésistants peut dépasser les 80%.

« Les taux de résistance à la pénicilline, médicament utilisé depuis des décennies pour traiter la pneumonie partout dans le monde, vont de 0% à 51% dans les pays ayant notifié des données », détaille l’OMS. De plus, dans les cas où une infection par Escherichia coli est identifiée, « entre 8% et 65% des bactéries présentent une résistance à la ciprofloxacine, un antibiotique couramment utilisé contre ces infections ».

Les bactéries résistantes les plus souvent signalées dans le premier rapport du GLASS [2] sont Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Staphylococcus aureus et Streptococcus pneumoniae, suivies de Salmonella spp.

« Certaines des infections les plus courantes, et potentiellement les plus dangereuses, s’avèrent résistantes aux médicaments », commente le Dr Marc Sprenger, directeur du secrétariat chargé du problème de la résistance aux antimicrobiens à l’OMS.

Ce 29 avril, l’OMS relaie un rapport demandant « des actes immédiats, coordonnés et ambitieux pour éradiquer la résistance antimicrobienne », détaille le Groupe de coordination inter-institutions des Nations Unies sur la résistance aux antibiotiques, à l’initiative de ce document. L’OMS souhaite réunir la santé de l’Homme, de l’animal et l’environnement autour d’un même axe de réflexion.

Des recommandations, comme  mettre en place des systèmes de veille et de régulation « pour un usage responsable et prudent des molécules antimicrobiennes »et surtout réguler en priorité l’usage des antibiotiques dans le secteur agricole : car  ces agents sont utilisés pour stimuler la croissance des plantes.

1)GLASS regroupe actuellement 25 pays à revenu « élevé », 20 pays à revenu « intermédiaire » et 7 pays à revenu « faible ». Les données présentées portent sur les 22 pays ayant déjà fourni des données sur leurs niveaux d’antibiorésistance.

2)L’OMS précise que le GLASS exclut la recensement des cas de résistance de Mycobacterium tuberculosis, responsable de la tuberculose, celle-ci faisant l’objet d’un suivi spécifique depuis 1994.

Paris : Rendez-vous mondial de la biodiversité pour une semaine à l’Unesco

C’est un rendez-vous crucial de la lutte contre l’effondrement de la biodiversité: la 7ème session plénière de l’IPBES (  Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) s’est ouverte lundi 29 avril au siège de l’Unesco, à Paris. Elle débouchera sur l’adoption, samedi 4 mai, d’un état des lieux mondial, futur socle de politiques environnementales comme les rapports du Giec.

Plus de 800 représentants de 130 pays, principalement des scientifiques et des diplomates, sont présents depuis  lundi matin pour l’ouverture de cette session plénière de l’IPBES souvent surnommé le ‘Giec de la biodiversité’.A l’agenda de cette session, les experts doivent adopter, samedi 4 mai en clôture de la session, un rapport de 1.800 pages, établi par 150 experts issus de 50 pays, dressant un état des lieux mondial de la biodiversité. Dévoilé lundi 6 mai, il constituera le plus large travail jamais mené à ce sujet depuis l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire, en 2005.

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », avait lancé Jacques Chirac lors du sommet mondial de la Terre de Johannesburg, en 2002, pointant ainsi la menace du réchauffement climatique. Depuis, rien n’a fondamentalement bougé, il faudrait aujourd’hui ajouter : la vie sauvage s’effondre, et nous fermons les yeux.

Lors de son discours, le président de l’IPBES, Robert Watson, a déclaré que «si les gouvernements veulent atteindre les objectifs du développement durable, il faut agir d’urgence pour limiter les changements climatiques d’origine humaine et la perte de biodiversité.  La lutte contre la perte de biodiversité ne peut se faire que par des actions rapides et transformatrices partout dans le monde (…) Les informations contenues dans l’évaluation mondiale permettront aux gouvernements, au secteur privé et à la société civile de faire de meilleurs choix pour une action éclairée».

C’est sur la base de ce rapport, et de son résumé pour les décideurs, que sera élaboré le futur cadre mondial pour la biodiversité post-2020, qui sera lancé lors de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique (CDB), en Octobre 2020 à Pékin. Ce cadre mondial prendra la suite des objectifs d’Aichi, bien loin d’être atteints.

Selon un projet de rapport dévoilé par l’Agence France-Presse (AFP), un quart des 100.000 espèces évaluées –sur les huit millions que compte la planète- sont menacées d’extinction, que ce soit en raison de l’agriculture, de la pêche, de la déforestation ou du changement climatique. Une accélération pourrait survenir de manière «imminente», avec 500.000 à un million d’espèces à leur tour menacées dans les prochaines décennies, estime l’IPBES dans ce projet non finalisé.La sixième extinction de masse des espèces est bel et bien en cours. 

Dans ce domaine, la France a une responsabilité particulière. Grâce à ses territoires ultramarins et aux près de 11 millions de kilomètres carrés d’espace océanique placés sous sa juridiction, elle abrite environ 10 % de la biodiversité mondiale. Elle compte ainsi plus de 19 000 espèces endémiques (qui ne vivent nulle part ailleurs sur la planète), dont 80 % en outre-mer.Mais elle compte aussi parmi les dix pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées au niveau mondial. Sur les quelque 5 000 espèces de faune et de flore évaluées par l’UICN – soit moins de 3 % des espèces connues en France métropolitaine et ultramarine –, 26 % sont classées en danger d’extinction. Dans l’Hexagone, pour les quatre groupes majeurs que sont les mammifères, les oiseaux nicheurs, les reptiles et les amphibiens, le risque s’est même accru de 15 % entre les années 2008-2009 et 2015-2017.

Promesses de santé : attention aux allégations non fondées

Foodwatch épingle dans une nouvelle  enquête les allégations santé présentes sur des produits qui doivent être consommés en grande quantité pour en espérer le moindre effet.  Les supermarchés regorgent de ces produits dont les étiquettes vantent les vertus pour notre bien-être et notre santé. Des mérites très hypothétiques : la plupart de ces affirmations reposent en réalité sur du vent, dénonce Foodwatch, qui épingle ce jeudi 21 mars une vingtaine de produits. « La Commission européenne doit fixer des règles claires en commençant par passer en revue les plus de 2.000 allégations santé qu’elle a mis en attente en 2012 et qui peuvent depuis être tout de même utilisées », réclame Mégane Ghorbani, responsable des campagnes chez Foodwatch France.

« Les consommateurs ont le droit de savoir si les promesses faites sur les emballages sont fiables ou pas. Et ce n’est pas aux industriels de décider. »

Pour dénoncer cette promesse qui fleure bon une forme de « healthwashing » et qui est emblématique des pratiques de nombre d’industriels, Foodwatch lance donc une pétition ciblant une infusion d’une marque trés connue. « En tant que leader du marché, Unilever doit montrer l’exemple, en arrêtant d’utiliser une allégation pas encore validée et en retirant la mention « Détox, pas d’intox ».

26 avril – il y a 33 ans c’était la catastrophe de Tchernobyl

33 ans aprés Tchernobyl La CRIIRAD notre partenaire avec qui nous partageons des mesures de prévention qui s’imposent ,nous  envoie le communiqué de presse dont nous rapportons  un extrait:

« il est important de rappeler l’importance, en cas de retombées radioactives, de disposer rapidement d’une évaluation fiable de la nature et de l’intensité de la contamination afin d’évaluer la pertinence des mesures de protection que les autorités mettent en œuvre (ou pas)et de pouvoir conseiller les citoyens sur les mesures individuelles.

Nécessité de surveiller la radioactivité de manière indépendante des services de l’Etat.

En 1986, en réaction aux mensonges des autorités françaises sur l’impact de la catastrophe de Tchernobyl, des citoyens ont créé la CRIIRAD(Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité). Elle dispose de son propre laboratoire d’analyse de la radioactivité et gère, avec le soutien de collectivités locales, un réseau de balises, dans la vallée du Rhône,afin d’être en capacité de détecter,dans les meilleurs délais, une contamination radioactive de l’atmosphère. En complément de ces outils, la CRIIRAD a décidé de développer sur le territoire national,un réseau de préleveurs bénévoles. Il s’agit de citoyens,adhérents de l’association, formés par le personnel du laboratoire et capables d’effectuer des mesures radiamétriques et des prélèvements d’eau de pluie, du couvert végétal et du sol en cas de suspicion de contamination……..

Entre février et avril2017, les bénévoles du réseau CRIIRAD ont collecté des échantillons de solen 20 stations réparties dans le quart sud-est de la France. Les analyses radiologiques effectuées au laboratoire de la CRIIRAD sur les 10 premiers centimètres de sol permettent de disposer d’un d’état des lieux qui servira de référence en cas de retombées futures.Le césium 137, un élément radioactif artificiel,est détecté dans les 20 échantillons de sol prélevés entre février et avril 2017, à des niveaux de quelques Bq/kg à quelques dizaines de becquerels par kilogramme frais. Il s’agit de la contamination résiduelle imputable aux retombées des essais nucléaires atmosphériques particulièrement intenses dans les années 50-60 et à celles de Tchernobyl en 1986.

En effet, la période physique du césium 137 est de trente ans, c’est le temps nécessaire pour que sa radioactivité soit divisée par deux. Il existe sur le territoire français des secteurs où la contamination par le césium 137 a pu s’accumuler de manière spécifique, comme le montrent les mesures effectuées par la CRIIRAD en 2015 au pied des hêtres (1130 Bq/kg sec) et dans des fonds de dolines du Vercors(8000 Bq/kg sec) ou des sols du Mercantour(plus de 100000 Bq/kg). »

Les études réalisées entre 2014et 2017par le laboratoire de la CRIIRAD1, ont permis de montrer que 80% du césium 137est présent dans les 20 premiers centimètres de sol et que certaines espèces de champignons restent contaminées par le césium 137 à des niveaux significatifs (plus de 100 Bq/kg frais pour des bolets bais et des chanterelles en tube de la Loire). Si ces champignons avaient été cueillis au Japon, à ces niveaux de contamination, ils n’auraient pas pu être exportés et n’auraient pu franchir les frontières de l’Europe.Mise en ligne en avril 2017 de l’Atlas de la contamination des sols. »

L’ouvrage «Contaminations radioactives: Atlas France et Europe» publié en2002 aux éditions Yves Michel est accessible gratuitement sur internet depuis avril 2017.

Version intégrale :

http://www.criirad.org/actualites/dossier2019/CP_CRIIRAD20190425_Radioactivite_Tchernobyl.pdf

Pour plus de détails visionner :  https://info.arte.tv/fr/tchernobyl-30-ans-plus-tard

[1] Site CRIIRAD : http://www.criirad.org (y compris nos pétitions)
[2] Site des balises : balises.criirad.org