Tous les articles par Jacqueline Collard

Demande énergétique en croissance avec le réchauffement climatique

Le changement climatique va accroître la demande mondiale en énergie jusqu’à +58%, principalement en électricité, en plus des besoins liés à la croissance économique et à la hausse démographique, montre une étude publiée fin juin dans la revue Nature Communications.

Dirigée par Bas van Ruijven, de l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (Laxenburg, Autriche), et ses collègues, cette étude est la première à analyser, au niveau mondial, la demande énergétique (électricité, pétrole, gaz) pour quatre usages clés, à savoir l’agriculture, l’industrie, les usages résidentiels et commerciaux. Cet effet du climat portera à 80% sur l’électricité, en premier lieu dans les secteurs de l’industrie et des services

Cette étude met en évidence combien la demande énergétique  devrait s’accroître de deux à trois fois d’ici à 2050, particulièrement dans les pays en développement (de deux à quatre fois), mais aussi dans les pays industrialisés (de 1,4 à 2,7 fois), notamment en Chine.

Les assises de l’eau parle d’un nouveau pacte pour faire face au changement climatique

Les  Assises de l’eau terminées, mettent l’accent sur la protection des captages d’eau potable, les économies d’eau ainsi que la préservation des écosystèmes aquatiques. L’approvisionnement en eau est privilégié comme l’adaptation des territoires aux effets du réchauffement climatique.

L’ensemble des mesures prises dans le « nouveau pacte pour faire face au changement climatique » pourront-elles être financées et donc mis en œuvre , la question reste posée.

Sont ciblés trois objectifs à atteindre pour une meilleure gestion du grand cycle de l’eau : la protection des captages d’eau potable, les économies d’eau ainsi que la préservation des rivières et des zones humides.

La première séquence des Assises de l’eau août 2018 s’était conclue sur des décisions visant à réduire les fuites d’eau, renouveler les canalisations et améliorer leur gestion.

La seconde partie de ces assises s’inscrit dans la continuité, partant du constat que le changement climatique va  créer des tensions sur les ressources en eau disponibles, l’Agence de la biodiversité prévoit que les débits moyens des cours d’eau pourraient être réduits de 10 à 40 % d’ici 50 ans, ce qui aurait un impact sur le niveau des nappes phréatiques, mais aussi sur les écosystèmes. Pour cela l’objectif affiché par le gouvernement est d’ « économiser et de mieux partager l’eau ». Le but est de réduire de 10 % la consommation en 5 ans, et d’un quart sur 15 ans.

Or le sujet peut être  source de conflit, entre des usages parfois contradictoires : barrages hydrauliques et cultures agricoles, pour ne citer qu’eux.Un autre grand enjeu, mis en avant, est la protection de la qualité de l’eau potable, menacée par les pollutions aux nitrates et pesticides. Plutôt que de protéger uniquement les points de captage, le gouvernement veut donner compétence aux collectivités pour pouvoir préserver toute l’aire d’alimentation du captage, en envisageant un droit de préemption sur les zones de captage d’eau potable,  et se fixe comme objectif de doter 1000 captages prioritaires d’un plan d’action d’ici fin 2021.

Pour développer des solutions d’économie d’eau dans l’industrie et l’agriculture, le ministère prévoit de recourir à l’enveloppe du programme d’investissement d’avenir  (PIA3). Des concours d’innovation ou des appels à projets démonstrateurs seront lancés dans ce cadre.

Comment alimentation et biodiversité sont liées ?

En France, le modèle agricole industriel actuel appauvrit la biodiversité, privant les agriculteurs des services écologiques offerts par la nature, et menaçant à terme notre capacité à nous nourrir. Il faut donc accélérer la transition agro-écologique pour sortir d’une agriculture dépendante.Nous espérons que la prochaine PAC agira dans ce sens.

Les choix actuels avec un modèle industriel majoritaire  favorise la monoculture et détruit  les écosystèmes agricoles (destruction des haies et des mares, érosion des sols). Il est de plus dépendant de l’utilisation de grandes quantités de pesticides et de fertilisants de synthèse, d’un travail mécanisé intensif du sol et de la consommation d’énergies fossiles.Tous ces choix détruisent  à terme la biodiversité.

Les États Généraux de l’Alimentation en 2017 avaient réuni les parties prenantes de l’agriculture et de l’alimentation. Celles-ci ont convenu des modalités à mettre en œuvre pour offrir en 2030 une nourriture « de toutes les qualités » aux Français:La  conclusion était qu’il est nécessaire pour cela de parvenir à « une production agricole constituée pour un tiers de produits Bio, un tiers de produits équivalents à la Haute Valeur Environnementale -HVE- et un tiers de produits bénéficiant de la certification environnementale de niveau 2. »

L’agroécologie consiste à maximiser les services écologiques que nous offre la nature pour faire de la biodiversité une alliée de l’agriculture. Elle préserve la fertilité naturelle du sol, et met en place une diversification des cultures et des infrastructures écologiques (haies, mares, prairies, etc.). Ces pratiques permettent de rétablir le bon fonctionnement des systèmes écologiques.

Le label Bio garantit l’absence de pesticides de synthèse. Bien que ne faisant pas directement référence à la biodiversité, c’est également un mode de production qui lui est favorable et la renforce. En cela, demander davantage de produits bio et HVE dans nos assiettes permet de valoriser des pratiques complémentaires, et toutes deux nécessaires dans le contexte d’urgence environnementale actuel.

La Haute Valeur Environnementale (HVE) permet d’identifier les produits des agriculteurs qui mettent en place des pratiques agroécologiques. La présence de leur logo sur un produit signifie que l’agriculteur favorise la biodiversité sur son exploitation en ayant faiblement recours aux produits chimiques et en maintenant des éléments naturels (arbres, haies, bandes enherbées, etc.)

           Certification environnementale, mode d'emploi pour les ...

La certification environnementale de niveau 2, moins exigeante que la certification HVE (niveau 3), certifie que l’agriculteur limite ses apports d’intrants (pesticides et fertilisants de synthèse).

The state of the world’s biodiversity for food and agriculture.

Rapport de la Food and Agriculture Organization of the United Na­tions. 2019. www.fao.org/3/CA3129EN/CA3129EN.pdf

Les services écosystémiques rendus par les écosystèmes agricoles. INRA Science & Impact. Novembre 2017.
Source : Une certification environnementale pour les exploitations agricoles. Pour concilier agriculture et environnement. Pla­quette du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Janvier 2018. agriculture.gouv.fr/certification-environnemen­tale-mode-demploi-pour-les-exploitations
Une Europe agroécologique en 2050 : une agriculture multifonctionnelle pour une alimentation saine. Enseignements d’une modéli­sation du système alimentaire européen. Xavier Poux et Pierre-Marie Aubert. IDDRI. Septembre 2018. www.iddri.org/sites/default/files/PDF/Publications/Catalogue%20Iddri/Etude/201809-ST0918-tyfa.pdf

Annulation par le Conseil d’Etat de l’arrêté de Mai 2017 sur l’utilisation des pesticides

Le Conseil d’État vient d’annuler en partie l’arrêté de mai 2017 régissant les conditions d’utilisation des pesticides. « Générations futures », « Eau et rivières de Bretagne » et l’union syndicale « Solidaires »avaient porter ce recours. La conclusion du Conseil d’état reconnaît donc les manquements.

Le texte ne protégeait pas assez la santé publique et l’environnement en effet il ne prévoyait aucune disposition pour protéger les riverains des champs traités des aspersions de pesticides et présentait des failles pour les interdictions de traitement des zones enherbées destinées à protéger les rivières.Étaient oubliées aussi les mesures de protection  concernant  certains lieux fréquentés par des personnes vulnérables, tels les aires de jeu destinées aux enfants en bas âge, les établissements de santé, les maisons de retraite et les espaces de loisirs ouverts au public ».

Autre motif de grief, si l’arrêté prévoyait bien une protection des cours d’eau par interdiction de traitement par pulvérisation ou poudrage, il faisait sortir du champ d’application l’épandage de granulés ou l’injection des produits dans le sol alors que les risques de pollution par lessivage des champs par la pluie sont avérés. Enfin, l’arrêté instaurait une période de retour dans la zone traitée après le traitement chimique uniquement dans les cas où le champ était couvert d’une végétation et en excluait les traitements sur sol nu.

L’arrêté publié le 4 mai 2017

Le Conseil d’État a annulé l’arrêté

Le Haut conseil du climat (HCC) a rendu un rapport peu élogieux

Le HCC, composé de onze experts reconnus,  salue la décision du pays d’inscrire dans la loi un objectif de neutralité carbone en 2050 (impliquant que la France n’émette pas plus de gaz à effet de serre que ses «puits» — sols, forêts… — ne peuvent en absorber)

Le Haut conseil pour le climat (HCC) a rendu un premier rapport dans lequel il juge l’action de la France insuffisante dans sa politique de lutte contre le réchauffement climatique «Objectifs ambitieux» mais «actions insuffisantes», «dispositifs trop faibles»… tels sont les propos que l’on peut retenir. Les 10 experts du Haut conseil pour le climat (HCC) fustigent le manque de volonté du gouvernement d’atteindre les objectifs que s’est fixés la France en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES).

«Les actions engagées restent insuffisantes, alors que l’ensemble des politiques climatiques devrait dès maintenant être renforcé», le rythme actuel étant notoirement insuffisant.

Les engagements de la France ont peu de chance d’être tenus», explique sa présidente, la climatologue Corinne Le Quéré. «Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n’aura aucune chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour cela il faut que les mesures pour réduire les émissions deviennent une priorité nationale, au cœur des décisions des acteurs publics et privés», souligne la scientifique, co-auteur de trois rapports du Giec.

Avec 137 Mt équivalent CO2 (MtCO2e) émis en 2018, les transports sont les principaux émetteurs de GES français ; devant l’agriculture (86 MtCO2e), les bâtiments (84 MtCO2e) et l’industrie (79 MtCO2e). En 2015, l’empreinte carbone de chaque Français était évaluée à 6,6 tonnes de GES par an ; près du double (11 t) en intégrant les émissions imputables aux produits importés.«Les émissions du secteur des transports n’ont pas baissé depuis 10 ans. L’amélioration des performances des bâtiments, notamment en terme de chauffage, reste insuffisante. Les émissions de l’agriculture n’ont pas baissé autant que prévu», résume la climatologue franco-canadienne.

Mettre le climat au coeur de l’action publique tient désormais de l’urgence : la canicule qui sévit sur une grande partie de la France est là pour nous le rappeler!

rapport: diagnostic présenté au 1er Ministre intitulé «Agir en cohérence avec les ambitions»

https://www.hautconseilclimat.fr/rapport-2019/