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Aliments ultra transformés : Anthony Fardet nous fait des recommandations

Anthony FARDET, chargé de recherche, UMR 1019 – Unité de Nutrition humaine, à l’Université de Clermont-Auvergne, Inra et Edmond ROCK, directeur de recherche, Inra, nous alertent  sur l’aspect de l’alimentation qui n’est pas seulement nutritionnel.

Longtemps seule approche de notre alimentation, ces chercheurs ont mis l’accent sur la nature même de l’aliment en nous parlant de sa « matrice ». Une « matrice » (du latin mater qui signifie mère) est un élément qui « fournit un appui ou une structure, et qui sert à entourer, à reproduire ou à construire ». Dans le cas des aliments, il s’agit en quelque sorte de leur structure tridimensionnelle. Les nutriments (ainsi que l’eau) qui la composent interagissent entre eux, ce qui confère des propriétés particulières, voire spécifique.L’effet matrice des aliments implique donc que « deux aliments de composition identique mais avec des structures différentes n’ont pas les mêmes effets sur la santé ».

Ils expliquent que l’effet « matrice » des aliments/ingrédients/nutriments est donc essentiel si l’on veut évaluer correctement leurs effets sur la santé.La matrice joue plusieurs rôles fondamentaux dans l’alimentation : elle influe sur la satiété (degré de mastication, selon que la matrice soit solide, semi-solide/visqueuse, liquide, friable ou molle), la vitesse de libération des nutriments dans le tube digestif – et donc leur utilisation métabolique ultérieure ou biodisponibilité – et sur la vitesse de transit digestif.

 Il en résulte que tout procédé technologique modifie la matrice d’un aliment, qu’il soit thermique, mécanique, et/ou fermentaire: Au vue de l’évidence scientifique, il apparaît donc fondamental de prendre en compte l’effet « matrice » des aliments dans les recommandations nutritionnelles . Cela passe notamment par limiter la consommation d’aliments ultra-transformés (comme indiqué dans le dernier PNNS, dont les matrices sont artificiellement modifiées et bien souvent dégradées).

Le rapprochement avec l’explosion des maladies chroniques ( diabète, obésité, maladies métaboliques, intolérances alimentaires etc..)pourrait en être la conséquence,avec une trop grande consommation d’aliments riches en sucre, graisses saturées et additifs variés souvent présents dans l’ alimentation industrielle où les produits ultra transformés sont légion.

Ses recommandation sont le suivantes à la fois scientifiques et holistiques

1) Un minimum 85% de calories d’origine végétale ;
2) Un maximum 15% d’aliments ultra-transformés ;
3) Pour les aliments non ultra-transformés, mangez varié, si possible bio, local et de saison.

Anthony Fradet, auteur du livre Halte aux aliments ultra transformés MANGEONS VRAI, Editions Thierry Souccar, 2017, 256 pp. ISBN : 978-2-36549-242-3

Un adolescent sur 5 en surpoids

Les chiffres sont inquiétants. Une étude de la DREES en fait état, grâce à au partenariat entre Santé publique France, le ministère de la Santé et les médecins et infirmiers de l’Éducation nationale.

En 2017, 18 % des adolescents en classe de troisième étaient en surcharge pondérale, dont 5 % obèses. L’écart se creuse entre les garçons et les filles au détriment de ces dernières: en 2017, 20 % des filles contre 17 % des garçons étaient en surpoids, dont respectivement 5,4 % et 4,7 % obèses. le surpoids et l’obésité constituent un problème majeur de santé publique en raison de leur retentissement potentiel sur la santé (  nombreuses pathologies cardiovasculaires, métaboliques, articulaires, vésiculaires et cancéreuses…–, ainsi qu’à une augmentation notable de la mortalité.

Sont mis en évidence dans ce rapport, leurs habitudes de vie qui aggravent ces résultats: absence de petit déjeuner, irrégularité des repas, de passage à la cantine, manque d’activités sportives, temps passé sur les écrans,  le déficit de sommeil , etc..

Dans ses conclusions, la Drees met l’accent sur la persistance de fortes inégalités sociales. « Ainsi, 24% des enfants d’ouvriers sont en surcharge pondérale et 8% sont obèses, contre respectivement 12% et 3% des enfants de cadres.

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er1122.pdf

Santé publique France publie l’étude Esteban

L’étude de Santé sur l’Environnement, la Biosurveillance, l’Activité physique et la Nutrition 2014-2016 vient d’être publiée.

Elle avait pour objet de répondre à des objectifs de biosurveillance, de surveillance des maladies chroniques et de surveillance nutritionnelle (alimentation, activité physique et marqueur de l’état nutritionnel). L’Esen (Equipe de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle) a été chargée de l’analyse du volet Nutrition de cette étude et de sa mise en perspective avec les résultats de l’étude ENNS en ajoutant les  expositions à certaines substances de l’environnement retrouvées dans l’ alimentation, le type d’activité physique et la présence chez les personnes de l’étude ayant certaines maladies chroniques ou facteurs de risque (diabète, allergies, maladies respiratoires, hypertension artérielle, hypercholestérolémie…)
L’étude complète les résultats de l’Etude nationale nutrition santé (ENNS).

Esteban a été réalisée sur un échantillon d’enfants de 6 à 17 ans et d’adultes de 18 à 74 ans résidant en France métropolitaine. Suite à un tirage au sort selon un plan de sondage a 3 degrés, l’inclusion des sujets s’est déroulée d’avril 2014 à mars 2016 pour tenir compte de la saisonnalité de l’alimentation et des expositions éventuelles.

Les principaux résultats sont les suivants:

Chez les adultes de 18 à 74 ans, en 2015 et en évolution depuis 2006 (ENNS) :
  • La prévalence du surpoids (obésité incluse, IMC ≥ 25) des adultes est restée stable, de l’ordre de 49% en population générale : 54% des hommes et 44% des femmes.
  • Cette prévalence augmente avec l’âge, et est restée supérieure chez les personnes les moins diplômées (stabilité).

Chez les enfants de 6 à 17 ans, en 2015 et en évolution depuis 2006 (ENNS) :

  • La prévalence du surpoids (obésité incluse) est estimée à 17%, dont 4% d’enfants obèses (stabilité).
  • La prévalence du surpoids (obésité incluse) diminue quand le niveau de diplôme de la personne de référence du ménage augmente, en 2015 comme en 2006.
  • La prévalence de la maigreur a significativement augmenté (passant de 8% à 13%), cette augmentation touchant principalement les filles de 11-14 ans (19% en 2015).

Pratique de l’activité physique

D’après les résultats de l’étude Esteban-2015 :
  • 70% des hommes et 53% des femmes déclarent un niveau d’activité physique « modéré » ou « élevé », correspondant aux recommandations de l’OMS.
  • Le niveau d’activité physique « élevé » diminue avec l’âge, chez les hommes et les femmes, au profit d’une activité physique « modérée ».

D’après les données mesurées dans les études ENNS et Esteban, la proportion d’adultes déclarant un niveau d’activité physique « modéré » ou « élevé » :

  • a augmenté chez les hommes de 40-54 ans entre 2006 et 2015 (passant de 55% à 70%)
  • est restée stable (de l’ordre de 69%) chez les hommes de 18-39 ans et chez les plus de 55 ans
  • a diminué de manière significative dans toutes les classes d’âge chez les femmes (passant de 63% en 2006 à 53% en 2015)

Comportements sédentaires

D’après les résultats de l’étude Esteban-2015 chez les adultes (et en comparaison avec ENNS-2006) :
  • 9 adultes sur 10 rendent compte d’un niveau de sédentarité « modéré » ou « élevé » (avec 3 heures ou plus d’activités sédentaires par jour).
  • 41% atteignent un niveau de sédentarité « élevé » (avec plus de 7 heures d’activités sédentaires quotidiennes), sans différence entre hommes et femmes.
  • 80% des adultes déclarent passer 3 heures ou plus devant un écran par jour en dehors de toute activité professionnelle.
  • La durée quotidienne moyenne passée devant un écran a fortement augmenté entre 2006 et 2015 pour l’ensemble de la population adulte, passant de 53% des adultes qui déclaraient passer 3 heures ou plus chaque jour devant un écran à 80% (hors activité professionnelle). Cette augmentation est davantage marquée chez les femmes et touche toutes les tranches d’âge.
  • Plus de détails:: Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (ESTEBAN 2014-2016) Volet Nutrition. Chapitre Consommations alimentaires – Études et enquêtes. Équipe de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (ESEN) et Santé publique France. Septembre 2018

Lancement de la 2ème version de la stratégie perturbateurs endocriniens (SNPE 2)

En avril 2014, la France est le premier État au monde à se doter d’une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE1)

Annoncée en février 2018 par le Gouvernement, la deuxième stratégie (SNPE2, 2019-2022) a été  soumise à consultation publique en janvier 2019. Son objectif principal est la réduction de l’exposition de la population et de l’environnement aux perturbateurs endocriniens (PE de nouveau cette stratégie revient sur la table des négociations et cela devient de plus en plus urgent

La deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens comprend des actions de recherche, d’expertise, d’information du public et de réflexion sur leur encadrement réglementaire. Elle fixe des grands objectifs stratégiques qui guideront l’action des pouvoirs publics et comprend un plan d’actions détaillé, qui fixe les modalités de mise en œuvre et  mesures phares accompagnant cette stratégie.

L’expertise des substances PE sera poursuivie et renforcée. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) devra expertiser 6 substances par an en 2019 et 2020, puis 9 à partir de 2021. Par ailleurs, Générations Futures salue le fait que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé doive désormais travailler de manière conjointe avec l’Anses pour dresser le bilan des substances pouvant présenter des propriétés de perturbation endocrinienne dans les cosmétiques, les dispositifs médicaux et les médicaments.

https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/2019.01.14_SNPE2_10points_0.pdf

L’aviation aura du mal à tenir ses engagements en matière de baisse des GES

Depuis des années, le secteur aérien promet de réduire ses émissions de gaz à effet de serre ou de particules, ses nuisances sonores.’ C’est l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI)qui l’annonce annonçant qu’elle aura du  mal à tenir ses engagements.

L’agence onusienne en charge de l’aviation civile évalue le bilan environnemental du trafic commercial vers le milieu du siècle qui s’annonce catastrophique. Avec le triplement annoncé du trafic commercial entre 2015 et 2045 et malgré les progrès techniques escomptés (dans la motorisation ou les carburants), la consommation de carburants devrait, elle aussi, s’envoler.

Les rejets d’oxydes d’azote (NOx) en haute altitude pourraient également tripler, et quadrupler à basse altitude. Une moindre croissance des émissions de particules fines est attendue à proximité des aéroports.