Tous les articles par Jacqueline Collard

L’évaluation de la toxicité des pesticides retoquée par le Parlement européen

Le Parlement européen s’est opposé, mercredi 23 octobre, à une proposition de la Commission européenne sur l’évaluation de la toxicité des pesticides sur les pollinisateurs, jugée bien trop faible.

Face à ce recul de Bruxelles, le Parlement européen a décidé de s’indigner dans une résolution adoptée mercredi 23 octobre en session plénière (533 voix pour, 67 contre, 100 abstentions), les eurodéputés ont jugé «totalement  inacceptable que les États membres s’opposent à la mise en œuvre complète des orientations de l’Efsa de 2013».

En effet  en  2013 une  publication de l’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) de lignes directrices définissait les tests et protocoles qui doivent être menées par l’industrie pour évaluer la toxicité de ses pesticides sur les pollinisateurs, en  prenant en compte la toxicité chronique (et pas seulement la toxicité aiguë), pour l’ensemble des pollinisateurs, dont les abeilles sauvages et les bourdons,et  au-delà des seules abeilles mellifères.  Or l’Efsa, qui se trouve chargée de réviser ses lignes directrices, dont l’adoption ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs années, ce qui sous entend une régression forte, favorable aux fabricants de pesticides, très opposés aux lignes directrices de 2013.

Les eurodéputés «demandent à la Commission de retirer son projet de règlement et d’en soumettre un nouveau au comité permanent (le Scopaff) sans tarder». En mai, la médiatrice européenne avait donné raison aux associations, dénonçant la «mauvaise administration» de la Commission européenne, la sommant de publier les documents relatifs aux délibérations, y compris ceux faisant état de la position des Etats membres.

L’ANSES préconise une utilisation à distance des téléphones portables

Expositions aux téléphones mobiles portés près du corps

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de rendre son rapport d’expertise concernant les dangers éventuels du téléphone portable porté près du corps, dans une veste, ou dans les poches par exemple. Elle recommande la vigilance concernant les appareils mis sur le marché avant juin 2016. En  effet la réglementation a évolué à travers une nouvelle directive appelée RED et depuis le 13 juin 2017 les portables commercialisés doivent s’y conformer.

Les « DAS », comme « débits d’absorption spécifique », permettent de mesurer « la partie de l’énergie transportée par les ondes électromagnétiques (…) absorbée par le corps humain », explique l’Agence nationale de fréquences (ANFR), qui gère l’ensemble des fréquences radioélectriques en France. Ils s’expriment en Watt par kilogramme : 2W/kg, c’est la valeur limite réglementaire du DAS en France, que le téléphone soit placé au niveau de la tête ou du tronc.Placés très près du corps, comme dans la poche ou contre la tête, les téléphones pourraient exposer à des taux d’ondes potentiellement élevés. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), recommande que de nouvelles mesures soient prises pour éviter une surexposition. « Des incertitudes subsistent sur les éventuels effets sanitaires à long terme en lien avec les ondes émises par les téléphones« , explique un communiqué. « L’Agence recommande que des mesures soient prises afin que les utilisateurs ne soient plus exposés à des DAS dépassant 2W/kg ». C’est  la conclusion du rapport d’expertise de l’Anses concernant les ondes émises par les smartphones. L’Agence avait été saisie en octobre 2017 par la Direction générale de la santé et la Direction générale de la prévention des risques afin de savoir si l’exposition à ces ondes était « susceptible de provoquer des effets sanitaires ».

En effet, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a relevé des valeurs élevées de « DAS tronc » pour un grand nombre de téléphones et a sollicité l’Anses pour identifier de possibles effets biologiques ou sanitaires à des DAS supérieurs à 2 W/kgs. « Pour cela, l’Anses a examiné les études récentes portant sur les effets éventuels liés à de tels niveaux d’exposition. Les publications analysées dans les expertises précédentes de l’Anses sur les risques liés aux radiofréquences ont également été prises en compte. » Tous ces travaux, qui portaient sur l’animal ou les cultures cellulaires, « mettent en évidence, avec des éléments de preuve limités, des effets biologiques sur l’activité cérébrale liés à des expositions supérieures à 2 W/kg, mais ne permettent pas de conclure à l’existence ou non d’effets sur d’autres fonctions biologiques spécifiquement associées à de telles expositions au niveau du tronc. » Aucune précision autour des effets biologiques sur le cerveau n’est précisé. Cependant, dans un rapport de juillet 2019, l’Anses mentionne plusieurs études sur les effets des ondes sur le cerveau.

AVIS et RAPPORT de l’Anses relatif aux effets sanitaires éventuels liés aux valeurs élevées de débit d’absorption spécifique de téléphones mobiles portés près du corps

Les SUV favoriseraient-ils le réchauffement climatique ?

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de lancer une alerte inattendue : les SUV, en plein boom dans les villes, menacent de réduire à néant les tentatives du secteur automobile de réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) et serait une source majeure d’émissions de CO2 et de réchauffement mondial.

Alors que ce type de véhicules connaissent une engouement surprenant pour atteindre 200 millions de SUV  dans le monde cette révélation de l’AIE a de quoi étonner.

« Ces dix dernières années, les SUV ont été la deuxième source de croissance des émissions de CO», après le secteur de l’énergie, a fait savoir M. Birol (directeur de l’AIE) à Paris, lors d’une conférence internationale sur l’électrification de l’énergie. la star de l’industrie automobile, ce n’est pas la voiture électrique, c’est le SUV : en 2010, 18 % des ventes de voitures dans le monde concernaient des SUV ; en 2018, c’était plus de 40 % ! Souvent plus lourds et moins aérodynamiques, ces véhicules omniprésents dans les gammes des constructeurs consomment un quart d’énergie de plus qu’une voiture de taille moyenne.

« Certes, des constructeurs automobiles mettent beaucoup d’argent dans les voitures électriques, mais les mêmes mettent aussi sur le marché de plus en plus de modèles de SUV », a souligné M. Birol. « Oui, les voitures électriques marchent fort, il y en a environ 6 millions dans le monde (…). Mais est-ce synonyme de décarbonation ? Absolument pas », a-t-il insisté, relevant que la moitié roulent « dans un pays, en Asie », la Chine, où les deux tiers de l’électricité sont produits par des centrales à charbon. « Les voitures électriques ne sont pas la panacée, le prérequis doit être une décarbonation du système énergétique », a-t-il plaidé.

L’économiste américain Rifkin sort un livre »le new deal vert mondial »

L’économiste américain Rifkin vient de sortir un livre très évocateur : « le new Deal vert mondial ».

Dans son nouvel ouvrage et alors que le dérèglement climatique est chaque jour plus d’actualité, il décrit comment construire en quelques années une société fonctionnant à 100 % grâce aux énergies renouvelables, ce qui implique bien sur que la transition énergétique soit prise au sérieux par les États .

Jeremy Rifkin a déclaré lors de la sortie de son ouvrage : « La survie de notre espèce dépend de la transformation de nos modes de production »

Selon Carbon Tracker Initiative, un think tank britannique, le point de bascule est nécessaire par le  passage réel vers les énergies renouvelables en délaissant les énergies fossiles et sera atteint lorsque 14 % de l’électricité sera fournie par le soleil et le vent. Reste à savoir, qui des financiers, est prêt à permettre d’atteindre rapidement cet effet levier ?

Une ONG dévoile la liste des entreprises mondiales les plus polluantes

Alors que le dérèglement climatique s’affirme partout dans le monde, les données des émissions s’affinent. Dernièrement, c’est l’ONG Climate Accountability Institute, la principale autorité mondiale sur le rôle du pétrole dans l’urgence climatique qui dévoile cette liste : vingt sociétés pétrolières ou gazières, responsables d’avoir le plus contribué à la crise climatique depuis 1965. Elles ont participé collectivement, par la combustion de leurs produits, à la production de 480 milliards de tonnes de dioxyde de carbone et de méthane. Ce chiffre équivaut à 35 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre du monde.

Ces résultats pointent le rôle historique des entreprises de combustibles fossiles dans l’escalade de la crise climatique. Dans une autre étude datant de 2017 réalisée par Peter Frumhoff de l’Union of Concerned Scientists aux États-Unis, les émissions de CO2 et de méthane des 90 plus grands producteurs industriels de carbone sont responsables de près de la moitié de l’augmentation de la température mondiale et de près d’un tiers de la hausse du niveau de la mer entre 1880 et 2010.

Patrick Heller, l’auteur principal d’un important rapport sur les organismes de contrôle des énergies fossiles, Natural Resource Governance, commente leur attitude ainsi : « Les régulateurs ont encore du mal à obtenir des informations fiables et régulières sur leurs dépenses, leurs projections de production future ou leurs stratégies commerciales fondamentales. Il est dès lors difficile pour le public d’évaluer en toute confiance la viabilité des engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique ou de poursuivre la transition vers un bouquet énergétique plus propre. Il est également difficile d’évaluer les risques que l’argent que les compagnies dépensent aujourd’hui pour l’exploration puisse se retrouver dans des actifs immobilisés qui ne seront pas viables du point de vue financier alors que le monde s’éloigne des énergies fossiles ».

Bryony Worthington, directrice exécutive de l’Environmental Defence Fund Europe explique que les gouvernements des États et les compagnies liées aux énergies fossiles sont indissociables en termes d’intérêts et de comportement lors des négociations sur le climat.

L’un des scientifiques climatologues les plus réputés au monde Michael Mann , déclare que les révélations de l’étude du Climate Accountability Institute mettent en lumière le rôle des entreprises de combustibles fossiles et a appelé les responsables politiques aux prochaines négociations sur le climat au Chili en décembre à prendre des mesures urgentes pour freiner leurs activités. « La grande tragédie de la crise climatique est que sept milliards et demi de personnes doivent payer le prix – sous la forme d’une planète dégradée – pour que quelques dizaines d’intérêts polluants puissent continuer à faire des profits records. C’est un grand échec moral de notre système politique et nous ayons permis que cela se produise. »