Tous les articles par Jacqueline Collard

Une loi interdisant les PFAS a été votée

L’Assemblée nationale française a approuvé la loi portée par Les Écologistes restreignant la fabrication, l’importation et la vente de produits contenant des PFAS (ou « polluants éternels »), à partir du 1er janvier 2026 et ceci sans modification, induisant son adoption définitive.

Ainsi à partir de cette date, la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché des produits contenant des PFAS, dans le secteur de l’habillement, des chaussures, des cosmétiques et des farts de skis. L’interdiction sera généralisée à tous les produits textiles en 2030, à l’exception de ceux « nécessaires à des utilisations essentielles ». Les ustensiles de cuisine ne sont pas concernés par cette interdiction, les parlementaires les ayant exclus en première instance sous pression industrielle.

Or rappelons nous Les PFAS (ou substances per- et polyfluoroalkyles) constituent une catégorie de 10 000 produits chimiques que l’on trouve dans de nombreux produits de la vie courante et qui s’accumulent tant dans l’environnement que dans le corps humain. Ils sont extrêmement persistants et causent de graves dommages de santé.Du fait de l’utilisation variée de ces composés chimiques et de leur persistance, tous les milieux peuvent être concernés par des contaminations : l’eau, l’air, les sols, et la chaîne alimentaire.

La principale source d’exposition est l’alimentation, en particulier :

  • la consommation de produits de la mer, de viande, de fruits, d’œufs ;
  • la consommation d’eau de boisson.
  • ANALYSES de L’ARS: https://www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr/media/129015/download?inline

L’air intérieur et extérieur est aussi une voie d’exposition possible mais moins importante, ainsi que l’ingestion de poussières contaminées.

Maintenant il va falloir généraliser cette interdiction d’abord à l’échelle européenne avant une généralisation mondiale: restons attentifs et vigilants.

Compléments d’information: Le 1er décembre 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le PFOA comme « cancérogène pour les humains » (groupe 1) et le PFOS comme substance « peut- être cancérogène pour les humains » (groupe 2B).

Le niveau d’imprégnation de la population française a été mesuré par l’étude Esteban publiée en 2019 par Santé publique France  (Elle a été réalisée sur un échantillon de 744 adultes (18-74 ans) et 249 enfants (6-17 ans) durant deux ans (2014 à 2016). 17 PFAS étaient recherchés.

 

Les pollens arrivent et se déploient

Les polluants de l’air d’origine biologique constituent un enjeu de santé publique : les pollens sont responsables de réactions allergiques appelées pollinoses au niveau des muqueuses respiratoires et oculaires et les effets de l’exposition aux moisissures dans l’air portent essentiellement sur la santé respiratoire de l’enfant.(ce phénomène  touche 20 % des enfants dès 9 ans et 30 % des adultes).

L’allergie au pollen fait prématurément son retour en France. Avec la pollution et le changement climatique, les symptômes s’intensifient en ville.Mi-février, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) place 30 départements  de la France en vigilance forte.

Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), la Fédération Atmo France regroupant les Associations agréées de la qualité de l’air (AASQA) et l’Association des pollinariums sentinelles de France (APSF) rassemblent et analysent l’ensemble des données issues de leur surveillance.

Avec le réchauffement climatique, les émissions polliniques sont de plus en plus précoces, en particulier pour les espèces qui pollinisent à la fin de l’hiver ou au début du printemps, comme le cyprès, le frêne ou le bouleau. Ces essences ont aussi tendance à produire davantage de pollen dans un environnement plus riche en CO2, l’un des gaz responsables du réchauffement climatique.

En France, 20 à 30 % de la population est allergique au pollen, et ce  chiffre poursuit son augmentation. En ville, les symptômes sont de plus en plus sévères : à la conjonctivite et à la rhinite s’ajoutent des complications pulmonaires, une gêne respiratoire et l’asthme. En cause : les effets synergiques du réchauffement climatique et de la pollution atmosphérique.

« Si la végétalisation des espaces urbains est indispensable pour absorber les polluants gazeux particulaires, lutter contre les îlots de chaleur urbains et améliorer le bien-être des citadins, il faut éviter de mettre des arbres qui libèrent beaucoup de pollen », plaide Samuel Monnier, ingénieur au RNSA. Privilégier des haies diversifiées (plutôt que des haies composées d’une seule espèce), éviter autant que possible les graminées (ou à défaut préférer celles dont l’intérêt décoratif est lié au feuillage, qui restent très allergisantes mais dont les floraisons sont moins fréquentes) et choisir globalement des plantes moins allergisantes font partie des préconisations fournies par le RNSA aux collectivités.

Découvrez les risques d’allergie en fonction de votre département grâce à la carte proposée par le Réseau national de surveillance aérobiologique.

Les fleurs trop souvent produites avec des pesticides

Profitant d’une absence de réglementation sur l’utilisation de pesticides dans la production florale, des professionnels fleuristes ou des utilisateurs s’interrogent à juste titre sur cette présence de plus en plus fréquente.

Rappelons nous de l’action en justice et la reconnaissance de liens avec une exposition aux pesticides dans la période prénatale d’une fleuriste, dont la petite fille est décédée à l’age de 11 ans d’un leucémie aiguë lymphoblastique déclarée dés l’âge de 4 ans. Cette maman avait découvert alors, la face cachée du monde horticole, avec des fleurs venues du Kenya ou d’Equateur imprégnées de résidus  de pesticides . Une étude publiée en 2019 avait  détectée plus d’une centaine, dont la plupart interdits dans l’Union européenne, dans les bouquets de fleurs les plus vendus.

Le magazine QUE Choisir  a testé en laboratoire pour cette  cette St Valentin  15 bouquets (roses, gerberas et chrysanthèmes, achetés début janvier en boutique, grande distribution et en ligne) . « 100% des fleurs sont contaminées », avec « jusqu’à 46 résidus de pesticides différents sur un même bouquet », écrit-il. Ces substances « incluent des cancérogènes avérés et des perturbateurs endocriniens qui menacent directement la santé de ceux qui les manipulent quotidiennement ». « À ce jour, aucune règlementation ne limite la présence de résidus de pesticides dans les fleurs coupées, dont 80% sont importées de pays (Colombie, Équateur, Kenya…) autorisant encore l’usage de substances hautement toxiques », indique le magazine. En effet l’association UFC-Que Choisir affirme que 100 % des fleurs coupées, achetées et analysées par ses soins, renfermaient des résidus de pesticides, alors qu’une filiale française sans pesticides tente de s’implanter.

Après ces constats, une demande d’ obligation d’étiquetage est désormais largement exigée  en France.

Par ailleurs l’Anses a décider d’étudier la question de l’exposition des fleuristes;  cette  nouvelle mission est la suivante : étudier le danger de l’exposition aux pesticides par les fleurs, pour mesurer ces dangers, un processus qui devrait s’étaler sur deux ans et aboutir à des recommandations réglementaires.

Cet étiquetage existe déjà en Californie  depuis des décennies  » Pesticide use reporting sytem, » un système d’obligation pour les agriculteurs qui utilisent des pesticides de déclarer les produits qu’ils utilisent, leur quantité, la date et le lieu des épandages, aux autorités agricoles et sanitaires.

https://www.researchgate.net/publication/348480791_ASSESSMENT_OF_BELGIAN_FLORISTS_EXPOSURE_TO_PESTICIDE_RESIDUES

Consulter l’enquête d’UFC-Que Choisir :
https://www.quechoisir.org/enquete-roses-gerberas-chrysanthemes-petales-toxiques-n149144/2. 

Lire l’étude de l’université de Liège de 2017
https://www.mdpi.com/1660-4601/14/5/5263. 

Baldi, I.; Cordier, S.; Coumoul, X.; Elbaz, A.; Gamet-Payrastre, L.; Le Bailly, P. Pesticides: Effets sur la Santé; Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale): Paris, France, 2013; pp. 22–34. [Google Scholar]

Consulter le règlement de 1968
https://op.europa.eu/fr/publication-detail/-/publication/d044e08c-ca48-457a-abaa-0d63d89c

Certains s’interrogent sur la croissance de l’IA ? Qu’en est-il ?

Paris a accueilli, pendant deux jours, le Sommet pour l’action sur l’IA. À l’issue de cet événement, 61 pays, dont la France et l’Inde, pays co-organisateurs, ont réussi à s’accorder sur une déclaration commune promouvant une intelligence artificielle « ouverte », « inclusive » et « éthique ».  L’une des priorités majeures de cette déclaration est de rendre l’intelligence artificielle « durable pour la population et la planète ».

Lors de ce  Sommet de l’IA, le Président  a annoncé 109 milliards d’euros d’investissements et l’installation de 35 data centers dans le pays pour développer cette technologie alors qu’il en existent déjà 260  louant des espaces de stockage de données à diverses entreprises, et qu’en plus on en dénombre déjà 5000 plus petits .

Face à l’explosion des usages du numérique, les centres de données s’imposent  de plus en plus nombreux. Une augmentation  poussée en grande partie par la vidéo en streaming , les réseaux sociaux et par l’arrivée d’intelligences artificielles génératives comme ChatGPT ou Midjourney. Or derrière leur apparence sobre, ce sont de véritables monstres énergivores, grands consommateurs  d’eau pour leur refroidissement et leur climatisation qui interrogent de leur montée en puissance et en présence.

La pression sur l’or bleu est déjà pointée du doigt dans certains territoires alors que dans certains pays comme l’ Uruguay, Google est accusé de piller l’eau potable.

Simultanément de plus en plus de chercheurs s’interrogent sur   l’impact de l’IA sur notre perception des défis environnementaux. Mais déjà en décembre dernier The University of British Columbia au Canada avait produit une étude(1) dans le même axe. « Il est important de reconnaître que ces plateformes ne sont pas neutres en termes de valeur, mais qu’elles offrent plutôt une interprétation particulière qui peut diverger de la compréhension des experts de ces défis environnementaux », concluent-ils.

Quels sont les dangers de la croissance galopante de l’IA pour notre environnement ?

Le numérique représente déjà 4,4 % de l’empreinte carbone de la France. Cela pourrait être trois fois plus en 2050 si des mesures pour limiter son impact ne sont pas prises. Ces centres contribuent à 1 % des émissions de GES dans le secteur de l’énergie et utilisent
jusqu’à 1,3 % de l’électricité mondiale.

Chaque requête sur  ChatGPT, et  consommerait ainsi jusqu’à 1,5 litre d’eau pour générer 100 mots ,  2,9 Wh d’électricité, tout en produisant  près de 5 fois plus d’émissions qu’une voiture.

Les chercheurs estiment qu’en 2027, la consommation d’énergie de l’IA sera 10 fois supérieure à ce qu’elle était en 2023. Par ailleurs, les IA reposent sur des matériaux numériques fabriqués à partir de minéraux, comme le cuivre, le lithium, ou encore le cobalt, dont l’extraction est gourmande en eau et génère de la pollution et contribue à la déforestation.

AVIS de l’ADEME « Numérique & environnement : entre opportunités et nécessaire sobriété ».

Rapport AIEA : https://iea.blob.core.windows.net/assets/18f3ed24-4b26-4c83-a3d2-8a1be51c8cc8/Electricity2024-Analysisandforecastto2026.pdf

(1) https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ad95a2

Atmo AURA réalise des analyses sur les PFAS dans l’air ambiant

Au cours de l’année 2024, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes ( Association référente de la qualité de l’air de notre Région)  poursuit le travail d’investigation des PFAS dans l’air ambiant initié en 2023. Les premiers essais ont été menés afin de développer une méthodologie de mesures de ces polluants dans l’air ambiant dans l’objectif de récolter les premières données dans la région. Les mesures ont eu lieu sur deux sites de fond urbains dans le bassin lyonnais, où des projets avaient déjà été initiés sur d’autres matrices environnementales.

Les objectifs derrière cette étude sont multiples. Il s’agit en première intention pour Atmo Auvergne-Rhône-Alpes de lancer des travaux permettant de répondre aux interrogations du territoire, de ses citoyens et de ses membres, tout en conservant un positionnement scientifique et neutre, et bénéficiant d’être référent Air sur notre  territoire régional.

22 molécules ont initialement été recherchées, puis jusqu’à 38 dans les derniers essais. La liste des composés recherchés est identique à celle concernant les mesures dans l’eau, ou à l’émission des installations industrielles.

Pour rappel, à ce jour, il n’existe pas de méthode de mesure standardisée pour les PFAS dans l’air ambiant au niveau mondial. Actuellement, très peu de données concernant les PFAS dans cette matrice sont disponibles : aucune en France jusqu’à présent s’agissant de concentrations dans l’air ambiant. Des mesures indicatives dans l’air ont déjà été réalisées dans le Sud Lyonnais sans toutefois permettre ce calcul de concentrations de ces polluants dans l’air. Des contrôles de la présence de PFAS sont toutefois déjà effectués pour d’autres matrices, comme l’eau de consommation, les sols, les milieux aquatiques ou les denrées alimentaires.

Ces résultats permettent déjà pour la première fois de fournir un ordre de grandeur des concentrations des PFAS dans l’air de l’ordre du picogramme/m3: les composés détectés sont aussi ceux retrouvés dans les mesures réalisées par la DREAL dans l’air à l’émission de certains industriels du secteur ainsi qu’en air ambiant à l’aide de prélèvements passifs.

A ce stade cependant, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes attire l’attention sur le faible nombre de résultats actuellement disponibles qui invite à la vigilance sur la représentativité de ces résultats pour refléter l’exposition des habitants: les analyses se poursuivent.