Tous les articles par Jacqueline Collard

Les SUV favoriseraient-ils le réchauffement climatique ?

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de lancer une alerte inattendue : les SUV, en plein boom dans les villes, menacent de réduire à néant les tentatives du secteur automobile de réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) et serait une source majeure d’émissions de CO2 et de réchauffement mondial.

Alors que ce type de véhicules connaissent une engouement surprenant pour atteindre 200 millions de SUV  dans le monde cette révélation de l’AIE a de quoi étonner.

« Ces dix dernières années, les SUV ont été la deuxième source de croissance des émissions de CO», après le secteur de l’énergie, a fait savoir M. Birol (directeur de l’AIE) à Paris, lors d’une conférence internationale sur l’électrification de l’énergie. la star de l’industrie automobile, ce n’est pas la voiture électrique, c’est le SUV : en 2010, 18 % des ventes de voitures dans le monde concernaient des SUV ; en 2018, c’était plus de 40 % ! Souvent plus lourds et moins aérodynamiques, ces véhicules omniprésents dans les gammes des constructeurs consomment un quart d’énergie de plus qu’une voiture de taille moyenne.

« Certes, des constructeurs automobiles mettent beaucoup d’argent dans les voitures électriques, mais les mêmes mettent aussi sur le marché de plus en plus de modèles de SUV », a souligné M. Birol. « Oui, les voitures électriques marchent fort, il y en a environ 6 millions dans le monde (…). Mais est-ce synonyme de décarbonation ? Absolument pas », a-t-il insisté, relevant que la moitié roulent « dans un pays, en Asie », la Chine, où les deux tiers de l’électricité sont produits par des centrales à charbon. « Les voitures électriques ne sont pas la panacée, le prérequis doit être une décarbonation du système énergétique », a-t-il plaidé.

L’économiste américain Rifkin sort un livre »le new deal vert mondial »

L’économiste américain Rifkin vient de sortir un livre très évocateur : « le new Deal vert mondial ».

Dans son nouvel ouvrage et alors que le dérèglement climatique est chaque jour plus d’actualité, il décrit comment construire en quelques années une société fonctionnant à 100 % grâce aux énergies renouvelables, ce qui implique bien sur que la transition énergétique soit prise au sérieux par les États .

Jeremy Rifkin a déclaré lors de la sortie de son ouvrage : « La survie de notre espèce dépend de la transformation de nos modes de production »

Selon Carbon Tracker Initiative, un think tank britannique, le point de bascule est nécessaire par le  passage réel vers les énergies renouvelables en délaissant les énergies fossiles et sera atteint lorsque 14 % de l’électricité sera fournie par le soleil et le vent. Reste à savoir, qui des financiers, est prêt à permettre d’atteindre rapidement cet effet levier ?

Une ONG dévoile la liste des entreprises mondiales les plus polluantes

Alors que le dérèglement climatique s’affirme partout dans le monde, les données des émissions s’affinent. Dernièrement, c’est l’ONG Climate Accountability Institute, la principale autorité mondiale sur le rôle du pétrole dans l’urgence climatique qui dévoile cette liste : vingt sociétés pétrolières ou gazières, responsables d’avoir le plus contribué à la crise climatique depuis 1965. Elles ont participé collectivement, par la combustion de leurs produits, à la production de 480 milliards de tonnes de dioxyde de carbone et de méthane. Ce chiffre équivaut à 35 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre du monde.

Ces résultats pointent le rôle historique des entreprises de combustibles fossiles dans l’escalade de la crise climatique. Dans une autre étude datant de 2017 réalisée par Peter Frumhoff de l’Union of Concerned Scientists aux États-Unis, les émissions de CO2 et de méthane des 90 plus grands producteurs industriels de carbone sont responsables de près de la moitié de l’augmentation de la température mondiale et de près d’un tiers de la hausse du niveau de la mer entre 1880 et 2010.

Patrick Heller, l’auteur principal d’un important rapport sur les organismes de contrôle des énergies fossiles, Natural Resource Governance, commente leur attitude ainsi : « Les régulateurs ont encore du mal à obtenir des informations fiables et régulières sur leurs dépenses, leurs projections de production future ou leurs stratégies commerciales fondamentales. Il est dès lors difficile pour le public d’évaluer en toute confiance la viabilité des engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique ou de poursuivre la transition vers un bouquet énergétique plus propre. Il est également difficile d’évaluer les risques que l’argent que les compagnies dépensent aujourd’hui pour l’exploration puisse se retrouver dans des actifs immobilisés qui ne seront pas viables du point de vue financier alors que le monde s’éloigne des énergies fossiles ».

Bryony Worthington, directrice exécutive de l’Environmental Defence Fund Europe explique que les gouvernements des États et les compagnies liées aux énergies fossiles sont indissociables en termes d’intérêts et de comportement lors des négociations sur le climat.

L’un des scientifiques climatologues les plus réputés au monde Michael Mann , déclare que les révélations de l’étude du Climate Accountability Institute mettent en lumière le rôle des entreprises de combustibles fossiles et a appelé les responsables politiques aux prochaines négociations sur le climat au Chili en décembre à prendre des mesures urgentes pour freiner leurs activités. « La grande tragédie de la crise climatique est que sept milliards et demi de personnes doivent payer le prix – sous la forme d’une planète dégradée – pour que quelques dizaines d’intérêts polluants puissent continuer à faire des profits records. C’est un grand échec moral de notre système politique et nous ayons permis que cela se produise. »

Le chercheur en neurosciences Michel Desmurget alerte sur la présence des écrans face aux enfants

Michel Desmurget qui dirige, au CNRS, une équipe de recherche sur la plasticité cérébrale, vient de publier  : «  La Fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants » .

Pour cela il se fonde sur la littérature scientifique disponible et  détaille les effets de l’omniprésence des outils numériques sur la cognition, le comportement et le bien-être des enfants.

Il dénonce le temps passé devant les écrans par les jeunes et ceci même pour les plus petits : il déclare: » Le temps d’écran n’est pas seulement excessif, il est extravagant’.

Aux Etats-Unis, on est à près de trois heures par jour à 3 ans, quatre heures quarante entre 8 et 12 ans et six heures quarante entre 13 et 18 ans.

En France, les enfants de 6 à 17 ans passaient en moyenne, en 2015, quatre heures et onze minutes par jour devant un écran, selon l’étude Esteban menée par Santé publique France. D’autres données diffèrent un peu, mais elles sont toutes dans des fourchettes équivalentes, et, dans tous les cas, dans des proportions très élevées. Seulement 6 % à 10 % des enfants ne sont pas touchés. Alors que les écrans sont devenus la première occupation des enfants et adolescents, bien avant l’école, les alertes des scientifiques et professionnels se succèdent et mettent en garde contre les excès : surpoids, troubles du sommeil, myopie, résultats scolaires en baisse, retard de langage, troubles de l’attention et du comportement, déprime…

Selon Michel Desmurger, le constat est clair, le cerveau des enfants n’est pas fait pour être autant exposé aux écrans : « C’est un danger général qui touche tous les facteurs de développement, ça touche le développement intellectuel, le langage, l’attention, la mémorisation, le développement émotionnel et social. »

Le point de départ de certaines recherches concernant nos changements environnementaux (éducation, nutrition, pollutions diffuses, écrans, etc.) permette de  constater une baisse des capacités cognitives des dernières générations, plus précisément depuis le milieu des années 1990. « Depuis 2000, c’est la première fois que le QI commence à descendre », affirme ainsi Michel Desmurget.

Est-ce le temps passé devant les écrans qui diminue les capacités cognitives ? Est-ce que les enfants ayant des capacités cognitives plus limitées que les autres sont plus attirés par les écrans ? « Ce qui est sûr, c’est que les écrans sont un facteur de risque de sédentarité ; pour le reste, on ne sait pas trop… En épidémiologie, il faut beaucoup de temps et d’efforts pour prouver la réalité d’un facteur de risque d’effet potentiellement faible. Or, nous ne sommes pas dans une situation où nous pouvons conclure… d’autant que les tests, normés, n’évoluent pas alors que les cohortes, elles, évoluent », estime le professeur Bruno Falissard, directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations de l’Inserm.

Le directeur de recherche à l’Inserm en profite aussi pour démonter le mythe des « Digital Natives », la génération qui a grandi en même temps que le développement d’Internet, une légende urbaine selon lui :  » C’est un mythe bien pratique, ça permet de dire « ils apprennent, ils savent différemment », quand on regarde, effectivement ils savent utiliser des applications , mais ce n’est pas parce que vous savez  utiliser des applications ou des jeux que vous savez utiliser tout ce que le numérique peut avoir de positif.

Une étude publiée dans la revue scientifique Nature en mai 2017 a également montré que les tout-petits (de 6 à 36 mois) exposés aux écrans en fin de journée ont une durée de sommeil significativement plus courte du fait de la lumière bleue émise par les smartphones et tablettes. Cette dernière affecte la synthèse de mélatonine, une hormone jouant un rôle important dans le mécanisme du sommeil.

D’où la nécessité, lorsqu’il s’agit d’édicter des recommandations par rapport à l’exposition aux écrans, de distinguer les activités (programmes conçus pour les enfants ou pas, éducatifs ou récréatifs, etc.), le temps passé , les périodes dans la journée, et le contexte (enfants seuls ou accompagnés).

«  La Fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants » (Seuil, 425 pages, 20 euros).

Le Secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance dévoile sa stratégie

Le secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, Adrien Taquet, a présenté lundi 14 octobre une série de mesures pour garantir à tous les enfants français « les mêmes chances et les mêmes droits ». Les disparités entre les territoires laissent entrevoir un travail considérable Outre-mer.
Adrien Taquet,  a présenté les différents axes de sa « stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance ». Après un travail de concertation nationale et des travaux menés avec les professionnels du secteur, les départements et les collectifs d’anciens enfants placés, Adrien Taquet a mis en avant, ce lundi, trois objectifs et quatre engagements. Pour les atteindre, 80 millions d’euros devraient être débloqués entre 2020 et 2022, en plus des 8 milliards d’euros déjà investis chaque année.

La stratégie dévoilée aujourd’hui fait de nombreux constats : au total, en France, 500 000 enfants de moins de 3 ans vivent sous le seuil de pauvreté et les enfants sont bien moins protégés dans les Outre-mer que dans l’Hexagone. Pour l’affirmer, le secrétariat d’Etat auprès de la ministre de la Santé se base sur différentes études de l’INSEE.

Sont mis en avant

  • des bilans de santé systématiques en maternelle d’ici 2022
  • des entretiens prénatals précoces à systématiser car seuls 20% des besoins en termes sont exercer, il faut doubler le nombre de visites à domicile prénatales par les sages-femmes de PMI, et le nombre de visites à domicile infantiles par des infirmières puéricultrices juste après l’accouchement. Enfin, pour soutenir les parents en difficultés, 20 nouveaux relais parentaux (500 nouvelles places) pourraient être créés.
  •  l’innovation en PMI  - Lire le rapport : pour sauver la PMI, agissons maintenant (…) pdf Rapport de Michèle Peyron :  Téléchargement (3.4 Mo)

http://www.rencontressantepubliquefrance.fr/wp-content/uploads/2019/06/4-PEYRON.pdf