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Publication par l’ANSES de l’étude Pesti’home sur les usages des pesticides à domicile

L’ANSES a publié le rapport de l’étude sur l’utilisation des pesticides dans l’habitat: voici le commmuniqué qui est proposé:

Afin de mieux connaître les pratiques et les usages des pesticides des Français à leur domicile, dans les habitations, les jardins ou encore pour traiter les animaux domestiques, l’Anses a mis en place l’étude Pesti’home.

Cette étude dresse un aperçu complet des produits pesticides utilisés à domicile, les conditions d’utilisation ainsi que les profils des utilisateurs. Avec plus de 1500 ménages interviewés et plus de 5400 produits identifiés, il s’agit de la première étude d’envergure nationale dans ce domaine. Les résultats obtenus éclairent sur les conditions réelles d’utilisation et de stockage, et permettront de mieux évaluer les expositions des populations aux pesticides.

Principaux enseignements de l’étude

Les pesticides regroupent différents types de produits utilisés pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles : champignons, insectes, acariens, rongeurs, mauvaises herbes …etc.

L’étude Pesti’home prend en compte les produits disponibles à la vente pour les particuliers : ceux utilisés pour protéger les plantes d’intérieur et d’extérieur, des produits biocides utilisés à la maison pour lutter contre les insectes, les rongeurs ou les parasites et moisissures du bois, et des médicaments antiparasitaires humains et vétérinaires contre les poux, les puces, les tiques, etc.

L’étude a été réalisée en France métropolitaine en 2014 auprès d’un échantillon représentatif des ménages répartis sur l’ensemble du territoire. Au total, 1507 ménages ont participé à l’enquête, basée sur un questionnaire et un inventaire à domicile des produits stockés.

75 % des ménages ont utilisé au moins une fois un pesticide dans l’année

Il ressort de l’étude Pesti’home que l’utilisation des pesticides à domicile est généralisée : 75% des ménages ont utilisé au moins un produit pesticide dans les 12 mois précédant la date de l’enquête.

Les produits les plus utilisés sont les insecticides : 84% des ménages ayant utilisé des pesticides ont employé des insecticides dans l’année. Ce sont principalement des biocides utilisés contre les insectes volants (40% des ménages) et les insectes rampants (28%), et des médicaments vétérinaires pour lutter contre les parasites des animaux de compagnie (61% des ménages ayant un animal domestique). La moitié des utilisateurs d’insecticides en utilisent au moins 3 fois par an.

Viennent ensuite les herbicides et les produits contre les maladies des plantes d’extérieur, utilisés respectivement par 22% et 20% des foyers ayant un espace extérieur : jardin, terrasse, balcon. Les herbicides sont utilisés au moins 2 fois par an par la moitié des utilisateurs, tout comme les fongicides.

Enfin, les répulsifs cutanés humains, tels que les répulsifs contre les moustiques, utilisés par 12 % des utilisateurs à une fréquence importante : au moins 6 utilisations par an pour la moitié des ménages et plus de 25 fois par an pour un quart des ménages.

3 profils-types d’utilisateurs de pesticides à domicile

Selon les principaux usages des produits et leurs fréquences, 3 profils-types d’utilisateurs ont été définis :

  • Les faibles utilisateurs de produits pesticides, qui traitent peu contre les nuisibles. Ce sont des ménages qui habitent dans des logements collectifs, en centre-ville, souvent dans la région Ile-de-France.
  • Les forts utilisateurs de ces produits : ils possèdent des animaux de compagnie qu’ils traitent contre les puces, les tiques, et/ou ont recours aux traitements contre les poux pour l’homme.
  • Les très forts utilisateurs de pesticides, ont plusieurs usages de différents types de produits, dans leur jardin, maison, piscine, et pour se protéger eux-mêmes des insectes.

 Recommandations de l’Agence

Mieux informer sur les conditions d’utilisation et les modalités d’élimination des produits

Le premier enseignement de l’étude Pesti’home relève des précautions d’emploi des pesticides à la maison, clairement pas assez connues et donc suivies. Par exemple, environ un tiers des ménages ne lit jamais les indications des emballages des anti-acariens et anti-rongeurs et un quart d’entre eux ne les lit jamais pour les produits contre les insectes volants et rampants. D’autre part, si les précautions d’emploi sont suivies par la majorité des ménages lorsqu’ils utilisent des produits pour traiter les plantes d’extérieur (70%) ou des produits anti-poux (68%), ils ne sont que 29% à les respecter lors de l’utilisation de répulsifs, et 36% pour les produits contre les insectes volants.

L’Anses souligne donc la nécessité de mieux informer le grand public sur les conditions d’utilisation des pesticides à domicile, tous produits et usages confondus. Il est indispensable de lire les recommandations figurant sur les emballages ou les notices et de les suivre attentivement, en veillant par exemple si c’est indiqué au port de gants ou à l’aération de la pièce où le produit a été utilisé. Pour les antiparasitaires vétérinaires vendus en pharmacie ou par les vétérinaires, l’Anses recommande aux professionnels de bien expliquer les conditions d’application figurant sur la notice.

Pesti’home montre aussi que les utilisateurs ne savent pas suffisamment comment se débarrasser des produits. A titre d’exemple, 60% des ménages jettent leurs produits inutilisés à la poubelle et seulement 31% les déposent à la déchetterie. D’autre part, plus d’un quart des ménages avaient dans leur stock au moins un produit de protection des plantes interdit la vente[1]. Pour l’Anses, il est donc important que les pouvoirs publics et les collectivités locales diffusent les informations et conseils pratiques pour éliminer les produits qu’ils soient anciens, usagés ou interdits. L’Agence rappelle ainsi qu’il est recommandé de ne pas les jeter à la poubelle ni les vider dans l’évier mais de les déposer à la déchetterie ou à l’endroit prévu par la mairie, la communauté de communes ou d’agglomération.

 Mieux évaluer les expositions et les risques liés aux usages de pesticides à domicile

L’étude Pesti’home apporte des connaissances sur les usages réels des pesticides à domicile au quotidien. Ces informations sont indispensables pour mieux évaluer les expositions et les risques potentiels pour la santé des populations et identifier en particulier les expositions cumulées à des substances chimiques.

Les données recueillies ont d’ores et déjà permis d’orienter les campagnes de mesures dans l’air intérieur et les études d’imprégnation des populations (mesures dans le sang, les cheveux, les urines), et elles contribueront à interpréter leurs résultats.

Fin 2019, l’ensemble des données Pesti’home seront accessibles via une plateforme open data et pourront ainsi être exploitées dans le cadre des travaux de recherche et d’évaluation sur l’exposition de la population aux pesticides. D’autre part, les résultats de Pesti’home seront partagés au niveau européen afin, notamment, d’affiner les modèles d’exposition de l’Homme et de l’environnement ainsi que les conditions d’emplois prévues pour les produits biocides à usage domestique.

Enfin, l’étude Pesti’home a été étendue à l’outremer et les résultats de ce volet seront publiés en 2020.


[1] Comparée à la période où l’enquête a été réalisée, la proportion de produits interdits a augmenté : en effet, depuis le 1er janvier 2019, la Loi Labbé interdit l’achat, l’usage et la détention des produits phytopharmaceutiques chimiques de synthèse par les particuliers.

La France de nouveau condamnée par la Cour Européenne de justice pour le polluant Oxyde d’azote

Dernier épisode judiciaire pour la France : la Cour de Justice européenne (CJUE) persiste et condamne notre pays  pour avoir dépassé « de manière systématique et persistante » la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote (NO2) en application de la directive 2008 et ce depuis le 1er janvier 2010.  Ce constat de manquement porte sur douze agglomérations et zones de qualité de l’air : Marseille, Toulon, Paris, Auvergne-Clermont-Ferrand, Montpellier, Toulouse Midi-Pyrénées, Reims-Champagne-Ardennes, Grenoble, Strasbourg, Lyon-Rhône-Alpes, Vallée de l’Arve et Nice. La juridiction européenne a également constaté un dépassement systématique et persistant de la valeur limite horaire du polluant dans les agglomérations de Paris et de Lyon.

La France est également condamnée pour manquement à son obligation de réduire les périodes de dépassement à la durée la plus courte possible, après le dépassement du délai prévu pour l’application des valeurs limites. Pour remplir cette obligation, les États membres sont tenus d’établir un plan relatif à la qualité de l’air qui n’a as été convaincant : la situation de dépassement systématique et persistant des valeurs limites démontre « par elle-même » que la France « n’a pas mis à exécution des mesures appropriées et efficaces », cingle la Cour.

La même sanction risque de tomber pour les PM 10 (Particules fines de 10 Microns) dont les dépassements sont récurrents, en contradiction avec l’application de la directive 2011 concernant ces autres polluants.

La réponse de  la ministre de la Transtion écologique dit « prendre acte » de la décision et affirme la détermination du Gouvernement à « améliorer rapidement la qualité de l’air« . « Sur la période 2000-2018, les émissions d’oxydes d’azote ont baissé de 54 % dans notre pays et (…) le nombre d’agglomérations concernées par les dépassements de la valeur limite pour le NO2 a été divisé par deux (…). Les limites réglementaires sont respectées pour une large partie du territoire et de la population, mais des dépassements subsistent en zone urbaine, à proximité du trafic routier« , a déclaré Elisabeth Borne.

L’État entend protéger le public des expositions aux émissions de la téléphonie mobile

Voici le communiqué de presse transmis par les Ministères de la santé, de la transition écologique :

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié le 21 octobre 2019 son avis relatif aux effets sanitaires liés aux ondes émises par les téléphones mobiles lorsque utilisés près du corps. L’avis ne met pas en évidence de danger grave et immédiat mais souligne que les résultats des études scientifiques publiés à ce jour ne permettent pas d’exclure l’apparition d’effets biologiques chez l’homme au-delà de certains seuils.

Dans une approche de précaution, les ministres de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé et de l’Économie et des Finances ont décidé d’engager les actions suivantes, qui permettront de répondre aux préconisations formulées par l’ANSES. Elles seront menées grâce à l’appui de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) :

1/ La France va demander à la Commission européenne de renforcer les exigences applicables aux nouveaux téléphones portables mis sur le marché. Comme le recommande l’ANSES, le Gouvernement demandera que les tests d’homologation soient réalisés au contact de l’appareil, et non à 5 mm comme c’est le cas actuellement, afin qu’ils soient plus représentatifs de l’exposition réelle des utilisateurs ;

2/ L’ANFR développera des outils permettant de renforcer l’information des utilisateurs :

-  L’application mobile « Open Barres » sera complétée d’ici la fin de l’année afin de permettre à chaque utilisateur de connaître les émissions de son modèle de téléphone mobile ;
-  Les distances d’usage recommandées seront également indiquées sur le site de l’ANFR (data.anfr.fr), qui mentionne déjà les distances pour les téléphones contrôlés, ainsi que sur l’application « OpenBarres ». A la condition d’une bonne coopération des fabricants, elles seront disponibles également d’ici la fin de l’année ;

3/ Le Gouvernement réunira les principaux constructeurs afin qu’ils s’engagent dans une démarche volontaire à mettre à jours les logiciels de leurs modèles mis sur le marché avant l’application des normes récentes, plus restrictives en termes d’émissions ;

4/ Enfin le contrôle par l’ANFR des produits mis sur le marché sera intensifié de 30% en 2020.

Le Gouvernement rappelle par ailleurs aux utilisateurs les 6 bons comportements à adopter lors de l’utilisation d’un téléphone mobile en vue de réduire son exposition aux radiofréquences (www.radiofrequences.gouv.fr/les-bons-gestes-pour-limiter-son-exposition-a99.html) :

1. Utiliser un kit main-libre
2. Privilégier les messages texte pour communiquer
3. Privilégier les zones de bonne réception
4. Éviter de maintenir votre téléphone à l’oreille dans les transports
5. Choisir un téléphone mobile ayant un débit d’absorption faible( DAS*)
6. Éviter les conversations trop longues

Rappel *Qu’est-ce que le DAS ?

Une partie de l’énergie transportée par les ondes électromagnétiques est absorbée par le corps humain. Pour quantifier cet effet, la mesure de référence est le débit d’absorption spécifique (DAS), pour toutes les ondes comprises entre 100 kHz et 10 GHz. Le DAS s’exprime en Watt par kilogramme (W/kg).

 

L’évaluation de la toxicité des pesticides retoquée par le Parlement européen

Le Parlement européen s’est opposé, mercredi 23 octobre, à une proposition de la Commission européenne sur l’évaluation de la toxicité des pesticides sur les pollinisateurs, jugée bien trop faible.

Face à ce recul de Bruxelles, le Parlement européen a décidé de s’indigner dans une résolution adoptée mercredi 23 octobre en session plénière (533 voix pour, 67 contre, 100 abstentions), les eurodéputés ont jugé «totalement  inacceptable que les États membres s’opposent à la mise en œuvre complète des orientations de l’Efsa de 2013».

En effet  en  2013 une  publication de l’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) de lignes directrices définissait les tests et protocoles qui doivent être menées par l’industrie pour évaluer la toxicité de ses pesticides sur les pollinisateurs, en  prenant en compte la toxicité chronique (et pas seulement la toxicité aiguë), pour l’ensemble des pollinisateurs, dont les abeilles sauvages et les bourdons,et  au-delà des seules abeilles mellifères.  Or l’Efsa, qui se trouve chargée de réviser ses lignes directrices, dont l’adoption ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs années, ce qui sous entend une régression forte, favorable aux fabricants de pesticides, très opposés aux lignes directrices de 2013.

Les eurodéputés «demandent à la Commission de retirer son projet de règlement et d’en soumettre un nouveau au comité permanent (le Scopaff) sans tarder». En mai, la médiatrice européenne avait donné raison aux associations, dénonçant la «mauvaise administration» de la Commission européenne, la sommant de publier les documents relatifs aux délibérations, y compris ceux faisant état de la position des Etats membres.

L’ANSES préconise une utilisation à distance des téléphones portables

Expositions aux téléphones mobiles portés près du corps

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de rendre son rapport d’expertise concernant les dangers éventuels du téléphone portable porté près du corps, dans une veste, ou dans les poches par exemple. Elle recommande la vigilance concernant les appareils mis sur le marché avant juin 2016. En  effet la réglementation a évolué à travers une nouvelle directive appelée RED et depuis le 13 juin 2017 les portables commercialisés doivent s’y conformer.

Les « DAS », comme « débits d’absorption spécifique », permettent de mesurer « la partie de l’énergie transportée par les ondes électromagnétiques (…) absorbée par le corps humain », explique l’Agence nationale de fréquences (ANFR), qui gère l’ensemble des fréquences radioélectriques en France. Ils s’expriment en Watt par kilogramme : 2W/kg, c’est la valeur limite réglementaire du DAS en France, que le téléphone soit placé au niveau de la tête ou du tronc.Placés très près du corps, comme dans la poche ou contre la tête, les téléphones pourraient exposer à des taux d’ondes potentiellement élevés. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), recommande que de nouvelles mesures soient prises pour éviter une surexposition. « Des incertitudes subsistent sur les éventuels effets sanitaires à long terme en lien avec les ondes émises par les téléphones« , explique un communiqué. « L’Agence recommande que des mesures soient prises afin que les utilisateurs ne soient plus exposés à des DAS dépassant 2W/kg ». C’est  la conclusion du rapport d’expertise de l’Anses concernant les ondes émises par les smartphones. L’Agence avait été saisie en octobre 2017 par la Direction générale de la santé et la Direction générale de la prévention des risques afin de savoir si l’exposition à ces ondes était « susceptible de provoquer des effets sanitaires ».

En effet, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a relevé des valeurs élevées de « DAS tronc » pour un grand nombre de téléphones et a sollicité l’Anses pour identifier de possibles effets biologiques ou sanitaires à des DAS supérieurs à 2 W/kgs. « Pour cela, l’Anses a examiné les études récentes portant sur les effets éventuels liés à de tels niveaux d’exposition. Les publications analysées dans les expertises précédentes de l’Anses sur les risques liés aux radiofréquences ont également été prises en compte. » Tous ces travaux, qui portaient sur l’animal ou les cultures cellulaires, « mettent en évidence, avec des éléments de preuve limités, des effets biologiques sur l’activité cérébrale liés à des expositions supérieures à 2 W/kg, mais ne permettent pas de conclure à l’existence ou non d’effets sur d’autres fonctions biologiques spécifiquement associées à de telles expositions au niveau du tronc. » Aucune précision autour des effets biologiques sur le cerveau n’est précisé. Cependant, dans un rapport de juillet 2019, l’Anses mentionne plusieurs études sur les effets des ondes sur le cerveau.

AVIS et RAPPORT de l’Anses relatif aux effets sanitaires éventuels liés aux valeurs élevées de débit d’absorption spécifique de téléphones mobiles portés près du corps