Tous les articles par Jacqueline Collard

La 6ème ordonnance du 25 mars remet en cause l’encadrement de l’installation d’antennes-relais

Communiqué de presse du 31 mars 2020

L’Etat d’urgence sanitaire remet en cause l’encadrement de l’installation d’antennes-relais : par l’ordonnance n° 2020-230 du 25 mars.

L’ordonnance n° 2020-3201 du 25 mars dite « 6ème ordonnance » a été publiée au JORF n°0074 du 26 mars dans le cadre de la loi sur l’état d’urgence sanitaire du 23 mars 2020. Par cette dernière, le gouvernement remet en cause l’encadrement de l’installation d’antennes-relais de téléphonie mobile prévu par la loi 2015-136 du 9 février 2015 relative à la sobriété, à la transparence, à l’information et à la concertation en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques, dite loi Abeille » et déjà affaibli par la loi Elan, du 24 novembre 2018, portant sur les conditions d’information du maire pour la construction de stations radioélectriques. La loi Elan fixait alors aux opérateurs un délai d’un mois au lieu de deux précédemment entre le dépôt de leur dossier d’information auprès du maire (DIM) et le dépôt de leur demande d’autorisation d’urbanisme pour l’installation d’une station radioélectrique.

La 6ème ordonnance ouvre de nombreuses dérogations au Code des postes et des communications électroniques, et prévoit explicitement :

– La suspension de l’obligation aux opérateurs de transmettre le dossier
d’information au maire ou au président d’intercommunalité,
– La possibilité pour les opérateurs d’implanter de nouvelles installations
radioélectriques (ou antennes-relais) sans accord préalable de l’Agence
nationale des fréquences,
– Une dispense d’obtenir de la part des services d’urbanisme municipaux une
autorisation pour les constructions nécessaires (permis de construire ou
déclaration de travaux).

Cette libéralisation totale du secteur des installations d’antennes-relais, en plein démarrage du déploiement de la 4G+ ou de la 5G et en pleine crise sanitaire, donne carte blanche aux opérateurs de téléphonie mobile. Toutes mesures d’information à l’égard des communes et par là-même de précautions à l’usage des populations riveraines semblent avoir été complètement oubliées, suscitant notre profonde inquiétude.

Les autorités gouvernementales et particulièrement le Ministère des Solidarités et de la Santé ne peuvent ignorer ni les effets sanitaires des radiofréquences, ni les rapports de l’Anses incitant à réduire l’exposition des enfants aux radiofréquences et à prendre des précautions pour éloigner les sources de champs électromagnétiques des êtres vivants, ni le classement par l’OMS (en 2 B ) des champs électromagnétiques de radiofréquence « peut-être cancérigènes », ni la tromperie généralisée des industriels ayant conduit au scandale du « Phonegate », ou encore la publication récente de Santé Publique France sur l’augmentation de cas de tumeurs cérébrales (glioblastomes) et du rôle joué par les radiofréquences dans leur étiologie.

Nous considérons que la 6ème ordonnance du 25 mars 2020 est contraire au principe de précaution et pourrait avoir à terme un fort impact sanitaire souligné à maintes reprises dans nos échanges institutionnels.

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L’EFSA a mis à jour la base de données OPENFOODTOX sur les dangers chimiques

Communiqué de l’EFSA

L’EFSA a mis à jour sa base de données OpenFoodTox qui comprend désormais des données de toxicité sur près de 5000 substances chimiques issues de plus de 2000 évaluations scientifiques effectuées par l’EFSA depuis 2002.

OpenFoodTox a été lancé en 2017 pour fournir un point d’accès unique aux données synthétisées sur les substances chimiques évaluées par l’EFSA. Auparavant, ces données n’étaient disponibles que séparément au sein de milliers de publications scientifiques différentes. Pour chaque substance les informations suivantes sont fournies : le secteur concerné de l’alimentation humaine ou animale (par exemple additifs alimentaires, pesticides ou contaminants) et les populations affectées (humains, animaux d’élevage ou animaux sauvages).

Lors de cette dernière mise à jour, 4950 substances chimiques étaient analysées et c’est  plus de 150 substances ( étudiées dans 200 évaluations scientifiques supplémentaires ) qui ont été ajoutées à cette base de données. Plusieurs d’entre elles sont incluses dans différentes catégories de populations et catégories alimentaires (alimentation humaine et/ou animale).

Alternatives à l’expérimentation animale

La base de données OpenFoodTox permet notamment aux scientifiques de développer de nouveaux modèles informatiques in silico pour prédire la toxicité des substances dans l’alimentation humaine et animale. Grâce à la modélisation, ils peuvent par exemple prédire, sans avoir recours à l’expérimentation animale, la toxicité d’une substance pour le rat – dans le cadre de l’évaluation des risques pour l’homme – ou la toxicité d’une substance pour l’abeille, le poisson ou le ver de terre dans le cadre de l’évaluation des risques pour l’environnement.

De tels outils contribuent à fournir des alternatives aux études de toxicité traditionnelles qui utilisent des animaux. L’EFSA soutient les méthodologies d’évaluation des risques conformes à l’approche dite des ‘3R’ (réduire, raffiner, remplacer) qui minimisent le recours à l’expérimentation animale et encouragent l’utilisation de données obtenues grâce à d’autres méthodes, lorsque c’est possible.

Les perspectives futures pour OpenFoodTox 2.0 incluent l’enrichissement du modèle grâce à l’inclusion d’autres propriétés chimiques, notamment des données sur le métabolisme, la bioaccumulation ou encore les données d’exposition. Il est aussi prévu de relier la base de données aux modèles informatiques utilisés pour prédire la toxicocinétique et la toxicité. Parmi les exemples récents figurent des modèles pour l’homme, les animaux d’élevage (poulets ; porcins, ovins première partiedeuxième partie) et les animaux sauvages ( abeilles, poissons)

L’EFSA est propriétaire de cette base de données et de son contenu. OpenFoodtox fait partie intégrante de la banque de données globale de l’EFSA (DWH – EFSA Data Warehouse) mise en place par l’Autorité pour améliorer un accès libre du public aux données.

https://www.efsa.europa.eu/fr/news/chemical-hazards-data-and-modelling-boost

Premières études sur l’épidémie en Chine

Les premières analyses de l’épidémie en Chine publiées, il y a quelques jours, dans le journal de référence The Lancet, montrent qu’il y avait 67% de malades chroniques chez les décédés contre 40 % chez les survivants (cancer, maladies cardiovasculaires, diabète, maladies rénales et hépatiques.)

En Chine, où la fin de l’épidémie semble proche, les chiffres sont toutefois plus rassurants. Dans un pays qui compte plus de 1,4 milliard d’habitants, un peu plus de 80.000 personnes ont été contaminées par le coronavirus, selon le Johns Hopkins Center for Systems Science and Engineering, chargé de comptabiliser les données de l’épidémie.

Si le nombre de décès en Chine se compte en milliers, celui des guérisons est, lui, largement supérieur. Toujours selon le Johns Hopkins Center for Systems Science and Engineering, près de 50.000 personnes ont déjà guéri dans la province du Hubei, contre un peu plus de 3.000 décès dans cette même région. La zone de Wuhan recense donc 16 fois plus de patients guéris que décédés, un chiffre semblable à la moyenne actuellement admise . Plusieurs centaines de patients guéris ont également été recensés dans les autres provinces du pays.

 Des compléments :

2020 Mar 13;7(1):11. doi: 10.1186/s40779-020-00240-0.

2020 Feb 15;395(10223):497-506. doi: 10.1016/S0140-6736(20)30183-5. Epub 2020

En plus  des conseils donnés par le Pr Wang Zhou, MD Le manuel de prévention du Coronavirus :  Découvrez les 101 conseils scientifiques qui pourraient vous sauver la vie.

Médecin en chef du Centre de Wuhan pour le contrôle et la prévention des maladies.

Wang_Zhou_Nanshan_Zhong_Qiang_Wang_KeHu_ZaiqiZhang-Coronavirus_PreventionHandbook_101_Science-Based_Tips_That_Could_Save_Your_Life-Skyhorse.pdf.

Repenser la veille sanitaire: l’ANSES y participe à travers le MOOD

Au sein de l’Anses, des épidémiologistes du Laboratoire de Lyon  contribuent à ce projet H2020, réunissant 25 instituts de recherche et agences de santé publique, coordonné par le Cirad dans le cadre du projet MOOD (Monitoring outbreak events for disease surveillance in a data science context): qui a débuté en janvier 2020.

Les questions initiales abordées dans le projet MOOD : Quel est le risque d’introduction d’un nouveau pathogène en Europe ? Quel est le risque qu’il se propage ? Quelles sont les zones favorables pour sa diffusion ? Ce projet vise à améliorer les outils et services d’intelligence épidémique, avec aujourd’hui un fort focus sur le COVID-19.

Face à l’urgence du COVID-19, les équipes de MOOD ont déployé sans attendre des actions spécifiques, notamment dans la modélisation de la transmission du virus, et la détection précoce des émergences et leur suivi.

Ainsi, pendant quatre ans, instituts de recherches, fondations et organisations gouvernementales de santé publique et vétérinaire œuvreront de concert pour unifier et améliorer les outils et services d’intelligence épidémique, en France, aux côtés du Cirad et de l’Anses, l’Inserm, l’Inrae, et l’Université de Montpellier sont impliqués dans le projet. L’European Center for Disease Control, ECDC, est un des partenaires importants de MOOD, ainsi que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation) et l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale).Plus globalement, le projet Mood devrait, d’ici 2023, développer de nouveaux outils de veille des épidémies, complémentaires à ceux déjà utilisés par les services de santé publique. Le projet dispose d’une enveloppe de 14 millions d’euros.

Changement climatique, mobilité animale et humaine, croissance démographique, urbanisation, etc. : il existe aujourd’hui un risque accru d’émergence de nouveaux agents pathogènes, et d’accélération de leur propagation au niveau mondial. Ce projet devrait  permettre d’incorporer des données sur le climat, les migrations, l’occupation des sols et la déforestation, qui peuvent avoir une incidence cruciale sur la propagation des pathogènes. La rapidité de détection de ces émergences et d’évaluation des risques qu’ils représentent pour la santé publique est cruciale : c’est une question de jours, parfois d’heures…

https://www.anses.fr/fr/content/face-aux-maladies-%C3%A9mergentes-repenser-la-veille-sanitaire-mondiale

Le parallèle entre crise sanitaire et climatique? mais saura-t-on en tirer leçons?

La baisse des pollutions observées dans les territoires où le confinement a été décidé a poussé certains observatoires à établir des parallèles entre cette crise sanitaire et la crise climatique,

La menace infectieuse avait donné lieu néanmoins  à une mémoire collective et à une documentation étayée de ces épisodes anciens, il n’en n’est pas de même avec la crise climatique: les impacts du réchauffement climatique et des autres changements environnementaux échappent à toute cartographie antérieure et sont complètement inédits pour nos contemporains. L’inconnue sera donc beaucoup plus grande et moins renseignée.  Or le Président de la république en avait conclut dans l’un de ces premiers discours« Cette crise est un tournant historique. « Il y aura un avant et un après » disait-il.

L’une des conséquences les plus frappantes du confinement mis en place pour endiguer l’épidémie a été  le ralentissement net de l’économie offrant à notre environnement une petite accalmie, largement publiée sur les réseaux d’information sur la pollution atmosphérique tant en Chine, qu’en Europe, comme en France avec un retour de la faune en ville ce qu’on ne pouvait facilement imaginer !

Or le 21 mars 45 députés ont tenté de proposer un plan de relance économique post-Covid-19 sur la transition écologique. Leur argument étant « Nous devons assurer un développement enfin humain, équilibré et responsable, car cette crise interroge notre modèle économique, nos façons de consommer, cette mondialisation sans contrôle »,  mais il n’a pas emporté le vote à la majorité. Une occasion manquée  qui augure mal ce que sera  la politique économique, sociale et climatique du Gouvernement après la crise sanitaire du coronavirus.