Tous les articles par Jacqueline Collard

Réduire l’utilisation des produits perfluorés

Les perfluorés (PFAS) : Comme leur nom l’indique  ils sont composés d’éléments carbonés et  fluorés : une grande famille  dont il faudrait apprendre à en réduire l’exposition: On les retrouve notamment dans les textiles (vêtements, chaussures, tissus, tapis, moquettes), les emballages en papier et carton pour le contact alimentaire et les ustensiles de cuisine (revêtement anti-adhésif). Ils entrent également dans la composition des mousses anti-incendie, des isolants de fils électriques, des cires à parquet, des vernis et peintures, des produits nettoyants et de certains pesticides.

Les  composés perfluorés les plus fréquemment utilisés sont le PFOS, le PFHxS et le PFOA. Leurs propriétés est d’être résistants à la chaleur et de se diluer difficilement dans l’eau et dans les graisses.

Les enquêtes de Santé Publique France (ELFE et ESTEBAN) ont mis en évidence une contamination totale de la population, plus faible en moyenne que celles mesurées aux USA et au Canada, mais les niveaux les plus élevés correspondent à ceux induisant des effets sanitaires dans plusieurs enquêtes épidémiologiques. En 2009, l’ANSES  avait  rendu un avis sur le relargage de PFOA par les revêtements des ustensiles de cuisine anti-adhésifs. A l’heure actuelle, la toxicité de certains de ces composés pose question, certains d’entre eux étant notamment suspectés d’avoir des effets de perturbateurs endocriniens.

En juin 2019, les ministres européens de l’Environnement ont appelé la Commission Européenne à développer une action pour éliminer les utilisations non-essentielles des PFAS.

Le film Dark waters sorti le 26 février relate une affaire de contamination de l’environnement par une décharge de produits perfluorés qui a secoué l’opinion publique aux Etats Unis dans les années 2000. L’étude épidémiologique menée à cette occasion a contribué à mettre en évidence une grande variété d’impacts sanitaires dans la population.

Etude ANSES 2009: https://www.anses.fr/fr/system/files/MCDA2007sa0391.pdf

Notre rapport au danger doit changer

Nous sommes désormais à l’ère de la mondialisation du risque. La propagation du coronavirus n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’emprise du monde des hommes et du caractère hyperconnecté de nos sociétés contemporaines : la mondialisation des échanges internationaux, la circulation des flux de marchandises, le  tourisme, les migrations, sont les fruits de l’environnement de notre quotidien… La menace est consubstantielle à notre mode de vie et il n’y a plus possibilité d’exclure aucun danger, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne . En bref, le risque est devenu aujourd’hui le produit de  notre mode de vie.

A vrai dire, si les sociétés actuelles sont marquées par l’apparition de risques inédits (on parle  de « risques majeurs ), cela ne signifie pas qu’elles sont plus dangereuses : c’est, en premier lieu, notre rapport au danger qui a changé et à certains égards, notre rapport au monde et la connaissance de celui-ci. Nous sommes habitués à vivre avec le danger, mais sans prise de conscience de celui ci et quand il est présent nous sommes désemparés.

L’une des raisons de cette situation est que notre organisation sociale ne prévoit pas de mode de fonctionnement dégradé : le seul vecteur de circulation de l’argent dans le corps social est l’activité économique instantanée, tout ralentissement de la croissance a des conséquences délétères sur les situations des personnes physiques comme des personnes morales. La crise sanitaire que nous vivons en est le témoin :  à  force de subir des restrictions budgétaires, l’hôpital est aujourd’hui aux abois (les gréves des hospitaliers durant cette dernière année n’ont  pas été entendues et ont été sans effets) , ainsi abordent ils la crise du coronavirus dans des conditions extrêmement difficiles et on ne peut qu’admirer leur capacité à travailler dans une telle situation, mais il sera nécessaire d’en tirer des leçons .

Le mode de gestion des forêts doit être revu : l’agroforesterie pourrait y contribuer

 En cette année internationale de la santé des végétaux, l’ANSES  s’inquiète de l’augmentation du nombre de pathogènes en France. Ces émergences constituent une menace importante pour la santé des végétaux et des forêts françaises:  La situation est de plus en plus préoccupante », estime Roger Genet, directeur général de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

La fréquence des sècheresses, les feux de forêts , les changements climatiques entrainant des éléments extrêmes, nécessitent une adaptation de nos ressources forestières, face à une dégradation  largement visible par les forestiers, et à l’heure où l’agroforesterie commence à être reconnue: parions sur  cet accompagnement qui mériterait plus de reconnaissance

https://www.anses.fr/fr/system/files/LAnsesauSIA2020.pdf

 

Atténuer l’épidémie: le but ultime

Il y aura au moins deux semaines de confinement collectif en France en raison de l’épidémie de coronavirus, a estimé mardi le ministre de la Santé. « On est parti sur au moins deux semaines de confinement collectif (…) On sait que deux semaines, c’est une période nécessaire pour bloquer la circulation du virus », a déclaré Olivier Véran . Cette épidémie est cependant  une maladie  bénigne dans 81% des cas, et  les cas graves se portent sur des patients en déficience immunitaire du fait de multi-pathologies, de sensibilité accrue ou d’ages avancés .

Etant donné la capacité des virus à muter, le nouvel horizon des autorités de santé n’est plus de les faire disparaître purement et simplement, mais de limiter leurs effets par le contrôle, explique l’historien Patrice Bourdelais dans une tribune au « Monde ».

Autrement dit, ralentir le rythme des nouvelles contaminations de façon à étaler dans le temps le nombre de cas nécessitant une hospitalisation.Tel est l’objectif des dispositifs mis en place en France: Il montre qu’en l’absence de mesures de protection ou de confinement, le nombre de cas augmente rapidement et surpasse les capacités de prise en charge des patients sévèrement atteints à l’hôpital . L’enjeu étant bien de ralentir la dynamique de l’épidémie afin de protéger les systèmes de santé de la surcharge. Les mesures individuelles ou collectives permettent de retarder le pic épidémique pour étaler dans le temps le nombre de cas d’infection. L’épidémie n’est pas empêchée, mais suffisamment ralentie pour permettre aux hôpitaux de s’occuper correctement des malades.

Mais  surtout le nombre de décès est étroitement lié à la qualité des soins qui sont apportés aux cas les plus graves. Plus un hôpital est débordé, plus le risque est important. L’exemple de l’Italie (plus de 9000 cas pour 500 décès) est le plus frappant à cette heure : certains services de soins intensifs dans le nord du pays manquent ainsi d’appareils de ventilation artificielle, indispensables aux cas les plus sévèrement touchés.

Le stress impacte nos capacités immunitaires

En cette période de crise sanitaire, mieux vaut éviter de trop stresser ! Telle est la conclusion que l’on peut tirer d’une étude publiée dans le Journal of experimental medicine par l’équipe de Sophie Ugolini, directrice de recherche au centre d’immunologie de Marseille-Luminy (Inserm, CNRS, Aix Marseille Université). Cette étude expérimentale révèle en effet, pour la première fois, comment le stress agit sur la réponse immunitaire dirigée contre les virus.

Selon elle “Un stress psychologique entraîne l’activation de l’hypothalamus dans le cerveau, explique -t-elle , puis s’ensuit une cascade d’événements qui activent le système nerveux dit sympathique.” Ce système nerveux sympathique induit la production d’hormones de “stress” telles que les catécholamines (adrénaline et la noradrénaline), qui circulent alors dans le sang pour déclencher différentes réactions physiologiques de riposte au niveau des tissus et organes (augmentation du rythme cardiaque, de la fréquence respiratoire, de la contraction musculaire, de la consommation énergétique, etc).

Par le biais du cerveau, de l’activation du système nerveux autonome (qui contrôle de nombreuses fonctions de l’organisme en dehors de notre volonté) et de sécrétions hormonales de type adrénaline et cortisol, le stress est une réponse physiologique de notre organisme à des éléments extérieurs qui viennent perturber son équilibre. Ce qui veut dire que  l’adrénaline chez nous, peut nous sauver du danger immédiat mais pourrait aussi nous affaiblir face à des stress à long terme.

Le stress réduit ainsi la réponse immunitaire aux maladies infectieuses. Pour la première fois, une étude d’un laboratoire marseillais explique le mécanisme moléculaire du phénomène.

https://rupress.org/jem/article/doi/10.1084/jem.20190554/133716/%CE%B22adrenergic-signals-downregulate-the-innate