Tous les articles par Jacqueline Collard

Premières études sur l’épidémie en Chine

Les premières analyses de l’épidémie en Chine publiées, il y a quelques jours, dans le journal de référence The Lancet, montrent qu’il y avait 67% de malades chroniques chez les décédés contre 40 % chez les survivants (cancer, maladies cardiovasculaires, diabète, maladies rénales et hépatiques.)

En Chine, où la fin de l’épidémie semble proche, les chiffres sont toutefois plus rassurants. Dans un pays qui compte plus de 1,4 milliard d’habitants, un peu plus de 80.000 personnes ont été contaminées par le coronavirus, selon le Johns Hopkins Center for Systems Science and Engineering, chargé de comptabiliser les données de l’épidémie.

Si le nombre de décès en Chine se compte en milliers, celui des guérisons est, lui, largement supérieur. Toujours selon le Johns Hopkins Center for Systems Science and Engineering, près de 50.000 personnes ont déjà guéri dans la province du Hubei, contre un peu plus de 3.000 décès dans cette même région. La zone de Wuhan recense donc 16 fois plus de patients guéris que décédés, un chiffre semblable à la moyenne actuellement admise . Plusieurs centaines de patients guéris ont également été recensés dans les autres provinces du pays.

 Des compléments :

2020 Mar 13;7(1):11. doi: 10.1186/s40779-020-00240-0.

2020 Feb 15;395(10223):497-506. doi: 10.1016/S0140-6736(20)30183-5. Epub 2020

En plus  des conseils donnés par le Pr Wang Zhou, MD Le manuel de prévention du Coronavirus :  Découvrez les 101 conseils scientifiques qui pourraient vous sauver la vie.

Médecin en chef du Centre de Wuhan pour le contrôle et la prévention des maladies.

Wang_Zhou_Nanshan_Zhong_Qiang_Wang_KeHu_ZaiqiZhang-Coronavirus_PreventionHandbook_101_Science-Based_Tips_That_Could_Save_Your_Life-Skyhorse.pdf.

Repenser la veille sanitaire: l’ANSES y participe à travers le MOOD

Au sein de l’Anses, des épidémiologistes du Laboratoire de Lyon  contribuent à ce projet H2020, réunissant 25 instituts de recherche et agences de santé publique, coordonné par le Cirad dans le cadre du projet MOOD (Monitoring outbreak events for disease surveillance in a data science context): qui a débuté en janvier 2020.

Les questions initiales abordées dans le projet MOOD : Quel est le risque d’introduction d’un nouveau pathogène en Europe ? Quel est le risque qu’il se propage ? Quelles sont les zones favorables pour sa diffusion ? Ce projet vise à améliorer les outils et services d’intelligence épidémique, avec aujourd’hui un fort focus sur le COVID-19.

Face à l’urgence du COVID-19, les équipes de MOOD ont déployé sans attendre des actions spécifiques, notamment dans la modélisation de la transmission du virus, et la détection précoce des émergences et leur suivi.

Ainsi, pendant quatre ans, instituts de recherches, fondations et organisations gouvernementales de santé publique et vétérinaire œuvreront de concert pour unifier et améliorer les outils et services d’intelligence épidémique, en France, aux côtés du Cirad et de l’Anses, l’Inserm, l’Inrae, et l’Université de Montpellier sont impliqués dans le projet. L’European Center for Disease Control, ECDC, est un des partenaires importants de MOOD, ainsi que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation) et l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale).Plus globalement, le projet Mood devrait, d’ici 2023, développer de nouveaux outils de veille des épidémies, complémentaires à ceux déjà utilisés par les services de santé publique. Le projet dispose d’une enveloppe de 14 millions d’euros.

Changement climatique, mobilité animale et humaine, croissance démographique, urbanisation, etc. : il existe aujourd’hui un risque accru d’émergence de nouveaux agents pathogènes, et d’accélération de leur propagation au niveau mondial. Ce projet devrait  permettre d’incorporer des données sur le climat, les migrations, l’occupation des sols et la déforestation, qui peuvent avoir une incidence cruciale sur la propagation des pathogènes. La rapidité de détection de ces émergences et d’évaluation des risques qu’ils représentent pour la santé publique est cruciale : c’est une question de jours, parfois d’heures…

https://www.anses.fr/fr/content/face-aux-maladies-%C3%A9mergentes-repenser-la-veille-sanitaire-mondiale

Le parallèle entre crise sanitaire et climatique? mais saura-t-on en tirer leçons?

La baisse des pollutions observées dans les territoires où le confinement a été décidé a poussé certains observatoires à établir des parallèles entre cette crise sanitaire et la crise climatique,

La menace infectieuse avait donné lieu néanmoins  à une mémoire collective et à une documentation étayée de ces épisodes anciens, il n’en n’est pas de même avec la crise climatique: les impacts du réchauffement climatique et des autres changements environnementaux échappent à toute cartographie antérieure et sont complètement inédits pour nos contemporains. L’inconnue sera donc beaucoup plus grande et moins renseignée.  Or le Président de la république en avait conclut dans l’un de ces premiers discours« Cette crise est un tournant historique. « Il y aura un avant et un après » disait-il.

L’une des conséquences les plus frappantes du confinement mis en place pour endiguer l’épidémie a été  le ralentissement net de l’économie offrant à notre environnement une petite accalmie, largement publiée sur les réseaux d’information sur la pollution atmosphérique tant en Chine, qu’en Europe, comme en France avec un retour de la faune en ville ce qu’on ne pouvait facilement imaginer !

Or le 21 mars 45 députés ont tenté de proposer un plan de relance économique post-Covid-19 sur la transition écologique. Leur argument étant « Nous devons assurer un développement enfin humain, équilibré et responsable, car cette crise interroge notre modèle économique, nos façons de consommer, cette mondialisation sans contrôle »,  mais il n’a pas emporté le vote à la majorité. Une occasion manquée  qui augure mal ce que sera  la politique économique, sociale et climatique du Gouvernement après la crise sanitaire du coronavirus.

Une étude qui fait écho en cette période de confinement aux virus

Rappelons que la pollution de l’air est à l’origine d’une crise sanitaire mondiale majeure dont l’importance vient encore d’être rappelée par une étude révélant 8 millions de morts par an dans le monde et 67.000 en France chaque année. Et surtout les particules affaibliraient par ailleurs notre système immunitaire local en provoquant des réactions inflammatoires .

L’ONG European Public Health Alliance (EPHA) a lancé, le 16 mars, une alerte dans ce sens. « Les patients souffrant de maladies cardiaques et pulmonaires chroniques causées ou aggravées par une exposition sur le long terme de la pollution de l’air sont moins capables de lutter contre les infections pulmonaires, et plus susceptibles de mourir », alerte Sara De Matteis, professeur en médecine du travail et de l’environnement à l’Université de Cagliari, en Italie. C’est principalement dans les grandes villes que les habitants seraient les plus exposés à ce risque. « Le coronavirus est une plus grande menace dans les villes polluées, précise l’ONG. La pollution de l’air cause de l’hypertension, des diabètes, des maladies respiratoires. Des maladies que les médecins associent à des taux de mortalité plus élevés pour le Covid-19. ». Cette  étude italienne montre une relation entre les concentrations aériennes des polluants et l’incidence des infections virales lors des alertes de pollution.

« Il existe une corrélation forte entre la qualité de l’air et les infections par les virus respiratoires comme le coronavirus. »Le rôle délétère de la pollution aérienne lors de l’épidémie du SARS en 2002 en Chine a été démontré a posteriori. Les pics de pollution dans certaines régions ont en effet accéléré et intensifié la diffusion du virus via les personnes sensibles. Le phénomène n’est pas nouveau: une étude rétrospective a montré l’importance de la pollution de l’air (au charbon) dans la mortalité de la pandémie grippale de 1918!

La crise sanitaire mondiale actuelle n’est -elle pas l’occasion d’une prise de conscience nécessaire que les autorités de santé devraient prendre en compte?

22 mars journée mondiale de l’eau: une alerte de L’UNESCO

La Journée du 22 mars est chaque année dédiée à la ressource en eau, cette année  l’Unesco publie un nouveau rapport sur les dommages causés par la hausse des températures sur les activités humaines et les milieux naturels. Ce rapport souligne  toutes les solutions qui existent pour parer aux pénuries et diminuer les émissions de gaz à effet de serre.Dans ce rapport , les Nations unies estiment que près de 52 % de la population mondiale pourrait avoir à vivre en subissant les effets d’une pénurie d’eau d’ici 2050.

En effet le changement climatique affecte déjà le cycle de l’eau. Les changements climatiques affectent et affecteront la disponibilité, la qualité et la quantité d’eau nécessaires aux besoins humains élémentaires, portant ainsi atteinte à la jouissance des droits fondamentaux à l’eau potable et à l’assainissement de milliards de personnes, c’est que dit le nouveau rapport mondial de l’ONU sur la mise en valeur des ressources en eau, dont les auteurs appellent à un engagement plus concret des États pour relever ce défi. Pourtant les auteurs du programme ONU-Eau considèrent l’eau comme l’élément clé de la plupart des dix-sept Objectifs de développement durable : de la lutte contre la faim dans le monde, la pauvreté, l’inégalité entre les genres, à la dégradation des sols et de l’état de l’océan. Seulement plus les températures s’élèvent, plus la demande en eau grimpe et plus l’évaporation s’accentue, privant les sols de leur humidité.

Pour la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, « on aurait tort de ne voir la question de l’eau que sous l’angle d’un problème ou d’une insuffisance. Une meilleure gestion de l’eau peut appuyer les efforts visant à atténuer et à s’adapter aux effets des changements climatiques ». Malheureusement, constatent les auteurs, si la nécessité de lutter contre les changements climatiques par une meilleure gestion du cycle de l’eau est bien reconnue, elle ne se traduit pas dans les faits.

Le constat est édifiant pourtant « Les inondations et précipitations extrêmes au niveau mondial ont augmenté de plus de 50 % ces dix dernières années, et surviennent actuellement à un rythme quatre fois plus soutenu qu’en 1980, écrivent les rapporteurs. D’autres événements climatiques extrêmes comme les tempêtes, les sécheresses et les vagues de chaleur ont augmenté de plus d’un tiers au cours des dix dernières années et sont enregistrés deux fois plus souvent qu’en 1980. »

L’adoption de mesures intégrées d’adaptation et d’atténuation est une proposition gagnant-gagnant, estiment enfin les auteurs du rapport. Elles sont bénéfiques pour la gestion durable des ressources en eau et pour le droit humain à l’eau potable et à l’assainissement. Elles s’attaquent en outre directement aux causes et aux conséquences des changements climatiques, y compris dans la réponse à apporter face aux phénomènes météorologiques extrêmes. Elle contribue enfin à la réalisation de plusieurs des Objectifs de développement durables.

Plus de détails : https://fr.unesco.org/commemorations/waterday

https://fr.unesco.org/news/ressources-eau-joueront-role-cle-face-aux-changements-climatiques