Tous les articles par Jacqueline Collard

Un cocktail antifongique en lien avec Alzheimer

La revue scientifique, Environmental Health Perspectives récente,  a relaté une étude portant sur l’exposition de souris  à de faibles doses de trois fongicides  (cyprodinil, mépanipyrim et pyriméthanil) dans leur eau de boisson pendant 9 mois .

Après cette période, une quantité plus importante de plaques amyloïdes, marqueur dominant de la maladie d’Alzheimer, a été mise en évidence. Ce n’est pas la seule conclusion. En effet, des dépôts vasculaires évocateurs de l’angiopathie amyloïde céré­brale, connue pour provoquer des hémorragies cérébrales chez les personnes atteintes de la maladie ainsi que des protéines marqueurs d’inflammation cérébrale, caractéristiques de cette démence ont été observés chez les souris modèles exposées à ces substances.

En conclusion, cette étude ne démontre pas un lien entre l’exposition à ces trois pesticides et le déclenchement de la maladie d’Alzheimer mais bien une aggravation des signes préexistants.

En partant du constat que les pesticides ont envahi notre environnement et notre alimentation depuis le siècle dernier, ces chercheurs français ont voulu s’intéresser aux effets sur le long terme de certaines molécules chimiques sur les marqueurs de cette démence, qui touche bon nombre d’agriculteurs.

“Fungicide Residues Exposure and b-amyloid Aggregation in a Mouse Model of Alzheimer’s Disease”, Pierre-André Lafon, Yunyun Wang, Margarita Arango-Lievano et al., Environmental Health Perspectives, Janvier 2020, https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/EHP5550

Des experts de l’IPBES nous alertent, une fois encore

Nous reprenons les paroles de quatre experts mondiaux de l’IPBES qui lancent un appel solennel à réorienter les plans de reprise face au potentiel de dévastation présenté par de futures pandémies. « Une seule espèce est responsable de la pandémie de Covid-19 : la nôtre », affirment Josef Settele, Sandra Díaz, Eduardo Brondizio et Peter Daszak dans un communiqué publié par l’IPBES le 27 avril. « La déforestation effrénée, l’expansion incontrôlée de l’agriculture, l’agriculture intensive, l’exploitation minière et le développement des infrastructures, ainsi que l’exploitation des espèces sauvages, ont créé les « conditions parfaites » pour la propagation des maladies de la faune aux humains », expliquent ces experts de la biodiversité.

« On estime que 1,7 million de virus non identifiés du type connu pour infecter les humains sont présents chez les mammifères et les oiseaux aquatiques. N’importe lequel d’entre eux pourrait constituer la prochaine « maladie X » – potentiellement encore plus perturbatrice et mortelle que le Covid-19 », ajoutent les scientifiques. Ils demandent :

  •  de garantir l’application des réglementations environnementales et lancer uniquement des plans qui incitent à des activités plus respectueuses de la nature
  • d’adopter une approche « One Health ». Cette approche reconnaît les interconnexions complexes entre la santé des personnes, des animaux, des plantes et l’environnement et tient compte des conséquences à long terme des actions de développement
  • de financer de manière adéquate les systèmes de santé et d’inciter à un changement de comportement au plus près des zones de risques de pandémie.

Nous augmentons la probabilité qu’une pandémie comme celle-ci survienne parce que nous multiplions les interactions avec des micro-organismes potentiellement pathogènes, comme dans les marchés aux animaux sauvages, par exemple. Le facteur le plus important est la destruction des habitats et la déforestation, si des espèces vivantes sont sous stress, alors vous créez les conditions pour qu’un virus se répande plus facilement.

https://ipbes.net/covid19stimulus

La sortie de crise proposée par le haut Conseil du climat

Les dix membres du Haut Conseil pour le climat (HCC instance indépendante créée en 2019), ont  détaillé les causes communes à l’actuelle pandémie de coronavirus et la hausse mondiale des températures et plaide pour une sortie de crise résolument tournée vers la lutte contre le changement climatique (conclusions du rapport ).

Depuis 40 ans, les rapports scientifiques du Giec détaillent les phénomènes physiques en cours, décrivent les solutions techniques pour stopper et atténuer les émissions de gaz à effet de serre et préconisent des actions d’adaptation des populations et de leurs activités à la hausse des températures. Pourtant, les promesses d’action faites par les gouvernants dans le cadre de l’accord de Paris ne sont pas à la hauteur des enjeux. Le premier enseignement à tirer de cette crise sanitaire , c’est que les systèmes précoces d’alerte doivent être renforcés, de la protection des lanceurs d’alerte à l’organisation de la réponse. Le virus a profité de la rapidité des transports et des flux commerciaux massifs pour visiter l’ensemble de la planète en quelques semaines. Ces vecteurs sont aussi ceux qui émettent le plus de gaz à effet de serre.

Les États membres de l’ONU ont adopté en 2015 le « cadre d’action de Sendaï pour la réduction des risques de catastrophes » couvrant la période 2015-2030.Le Haut Conseil appelle à la mise en œuvre effective de cet accord destiné à anticiper les crises et à en réduire les conséquences. « Nous devons circonscrire le changement climatique tout autant que la pandémie« , a déclaré Petteri Taalas, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), à l’occasion de la cinquantième Journée de la Terre. « Nous devons agir ensemble dans l’intérêt de la santé et de la qualité de vie de l’humanité, non seulement dans les semaines et les mois qui viennent, mais aussi pour les nombreuses générations à venir ». Records de chaleur, acidification des océans, élévation du niveau de la mer, fonte des glaciers… tous ces indicateurs font état d’une accélération du changement climatique ces cinq dernières années, d’après le rapport de l’ONU sur le climat mondial en 2015–2019.

« Certes, cette pandémie Covid-19 a provoqué une grave crise sanitaire et économique au plan mondial, mais si nous ne luttons pas contre le changement climatique, le bien-être humain, les écosystèmes et les économies pourraient être menacés pendant des siècles », a averti le chef de cette agence onusienne, cité dans un communiqué.L’ONU est d’autant plus inquiète que « les crises économiques précédentes ont souvent été suivies d’une reprise accompagnée d’une croissance des émissions de carbone bien plus forte ». Elle réclame la mise en place de plans de relance post-pandémie favorisant une « croissance plus verte ».

34 ans après la catastrophe de Tchernobyl la radioactivité est toujours d’actualité

Il y a déjà 34 ans les alertes internationales  nous informaient qu’une catastrophe nucléaire était en cours en Ukraine sur le site de Tchernobyl. 34 ans après la catastrophe, la question du démantèlement reste entière, même si un deuxième sarcophage  a été installé il y a peu de temps. Aucun plan validé n’a été rendu public.

Nous reprenons le communiqué de notre partenaire la CRIIRAD:

Un zone interdite été mise en place autour de la centrale de Tchernobyl avec l’évacuation, en 1986, de quelques 125 000 habitants, dont ceux de Prypiat, désormais ville fantôme. Elle s’étend autour du réacteur n°4 qui a explosé le 26 avril 1986, sur environ 2 600 km2 à cheval sur l’Ukraine et le Belarus, une surface comparable à la Métropole du Grand Paris. Dans cette zone boisée, les incendies sont récurrents et conduisent à des rejets réguliers de radioactivité dans l’atmosphère.

Au cours de ces dernières semaines des incendies se sont  développés même dans la zone d’exclusion à 2 pas du sarcophage.(Cette arche doit protéger le premier sarcophage des intempéries, limiter les risques d’effondrement et de contamination, et permettre de procéder aux travaux de démantèlement des décombres radioactifs et notamment des quelques 200 t de corium (résultant de la fusion du cœur avec les matériaux de structure).  La CRIIRAD a suivi de près l’évolution des foyers car les territoires contaminés, qui s’étendent bien au-delà de la zone interdite, constituent encore un très important réservoir de radioactivité. S’ajoute à cela la présence d’installations nucléaires et de très nombreux dépôts de déchets radioactifs, le plus souvent hors normes. (voir communiqués CRIIRAD).

Tchernobyl for ever est le titre d’un documentaire réalisé en 2011 par Alain de Halleux. En tout état de cause, l’absence de solutions pérennes 34 ans après la catastrophe n’a pas fini de susciter inquiétudes et interrogations parmi nos concitoyens ; for ever ?
Site CRIIRAD : http://www.criirad.org (y compris les pétitions)
Site des balises : balises.criirad.org
 

Continue reading

Résidus de pesticides dans les aliments : 4,5 % des échantillons dépassent la limite maximale

L’EFSA vient de  publier  son nouveau rapport annuel sur les résidus de pesticides présents dans les aliments dans l’Union européenne. Le rapport est basé sur les données collectées grâce aux activités de contrôle menées au niveau national par les États membres de l’UE, l’Islande et la Norvège, et comprend à la fois un échantillonnage ciblé et aléatoire.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a publié, le 2 avril, son rapport annuel sur les résidus de pesticides présents dans les aliments de l’Union européenne. Verdict ? Pour l’année 2018, 95,5 % (contre 95,9 % en 2017) des quelque 91 000 échantillons analysés sont en-dessous de la limite maximale de résidus (LMR). Ce qui signifie que 4,5 % dépassent ce niveau, 2,7 % étant considérés comme non conformes, car dépassant toujours la LMR après prise en compte de l’incertitude des résultats.

La section consacrée aux données collectées de façon aléatoire est particulièrement utile car elle couvre le même panier de produits sur une rotation de trois ans, ce qui signifie que des tendances à la hausse ou à la baisse peuvent être identifiées pour des produits spécifiques.

Par exemple, entre 2015 et 2018, la proportion d’échantillons qui présentaient des dépassements de résidus a augmenté dans les bananes (de 0,5% à 1,7%), les poivrons (1,2% à 2,4%), les aubergines (0,6% à 1,6%) et les raisins de table (1,8% à 2,6%). En revanche, les dépassements ont baissé en 2018 par rapport à 2015 pour les brocolis (de 3,7% à 2%), l’huile d’olive vierge (0,9% à 0,6%) et les œufs de poule (0,2% à 0,1%).

Résidus de pesticides dans les aliments : il est possible de suivre suivez les tendances grâce aux graphiques navigables. Les résultats du programme coordonné de contrôle en diagrammes et graphiques navigables sont accessibles de façon à rendre les données plus facilement accessibles à des non-spécialistes.

Dans le cadre de son analyse des résultats, l’EFSA a également réalisé une évaluation des risques alimentaires. Cette évaluation suggère que les produits alimentaires analysés en 2018 ne sont pas susceptibles de constituer un problème pour la santé des consommateurs. Toutefois, un certain nombre de recommandations sont formulées pour accroître l’efficacité des systèmes de contrôle européens et continuer ainsi d’assurer un niveau élevé de protection des consommateurs.

Source : EFSA (lien)