Tous les articles par Jacqueline Collard

Quel est l’impact environnemental de l’usage du numérique ?

L’accès à internet s’est généralisé. Nous sommes de plus en plus connectés, de plus en plus rapides et polyvalents dans notre usage des équipements numériques… mais à quel prix ? On pourrait parler d’impact environnemental « invisible » ou « immatériel ».

En France par exemple, 89 % de la population avait accès à internet en 2018 contre 41 % en 2006. Le numérique est omniprésent dans notre vie que ce soit au travail ou à la maison. 47,9 % de la population mondiale avait en sa possession un ordinateur personnel en 2017. Ce chiffre s’élève à 76 % en France. Concernant le smartphone qui a connu une progression importante puisque 58 % des Français en détenait un en 2015 et 73 % en 2017.

Selon The Shift Project, le numérique serait responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, soit deux fois plus que le secteur de l’aviation civile. L’usage des ordinateurs, téléphones et tablettes nous paraît anodin alors qu’ils sont des pollueurs invisibles.

Malheureusement, cet impact est bel et bien réel et matériel. Comme évoqué précédemment, le numérique représente 4 % des émissions de gaz à effets de serre mondiales. En 2019 seulement, ces émissions de gaz à effet de serre équivalaient celle de 116 millions de tours du monde en voiture selon le calcul de GreenIT. Son empreinte globale sur l’humanité représenterait du double au triple l’empreinte de la France.

La fabrication est une étape clé dans la compréhension de ces impacts. Elle représente 44 % des gaz à effets de serre émis par le numérique (Fabrication, Utilisation), notamment par l’utilisation d’énergie primaire lors de l’extraction des matériaux nécessaires à la fabrication, la transformation de ces matériaux… Pour un ordinateur de 2 kg par exemple, 800 kg de matières premières doivent être mobilisés.

Concernant l’utilisation de nos équipements numériques, elle représenterait 56 % des émissions de gaz à effets de serre des équipements (Fabrication et utilisation). Mis à part l’utilisation d’énergie pour l’alimentation directe de nos appareils, utiliser tout équipement numérique implique la circulation de données, or en moyenne, une donnée parcourt 15 000 km, soit un aller-retour Paris-Haïti. En 2019, Greenpeace a abordé le sujet dans un rapport consacré. 7 % de la consommation d’électricité mondiale serait attribuable à ces data centers.

D’après l’ADEME, le numérique émettra autant de gaz à effets de serre que le secteur automobile d’ici 2050. Pour éviter ce scénario, il existe des solutions, dont la première est  de garder ses équipements le plus longtemps possible.

The Shift Project, 2018, « Pour une Sobriété Numérique », https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2018/11/Rapport-final-v8-WEB.pdf
ADEME, 2019, « La Face Cachée du Numérique », https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-face-cachee-numerique.pdf
– GreenIT, 2019, « Empreinte Environnementale du Numérique Mondiale », https://www.greenit.fr/wp-content/uploads/2019/10/2019-10-GREENIT-etude_EENM-rapport-accessible.VF_.pdf

Le télétravail officialisé par décret

Le télétravail dans la Fonction publique est consolidé réglementairement par le décret n° 2020-524 du 5 mai 2020, qui vient modifier le décret n° 2016-181 du 11 février 2016, notamment pour le rendre plus flexible et adaptable « ponctuellement » aux futurs confinements et pour ajouter des cas dérogatoires concernant les quotités en télétravail (comme le cas des « agents dont l’état de santé, le handicap ou l’état de grossesse le justifient », ou en cas de « situation exceptionnelle perturbant l’accès au service ou le travail sur site »).

Quelque 5 millions de Français ont été précipités dans le télétravail par la crise sanitaire et ne sont pas encore près d’en sortir… Muriel Pénicaud, ministre du Travail,  a appelé les partenaires sociaux à négocier rapidement un encadrement de ce mode de fonctionnement .

C’est dans ce cadre que ce décret a vu le jour «Il facilite l’utilisation du matériel informatique personnel de l’agent travaillant à distance. Il permet, en cas de situation exceptionnelle perturbant l’accès au site , de déroger à la limitation de la règle imposant un maximum de trois jours de télétravail par semaine. »

Une étude de l’Ifop pour la fondation Jean Jaurès montre que pendant cette crise, 64 % des Français ont  travaillé, dont 30 % étaient des télétravailleurs. Auparavant, le télétravail ne représentait que 5 à 15 % des salariés. C’est donc une pratique qui a réussi à se généraliser très vite dans la période épidémique, les moyens technologiques l’ayant  permise.

 

 

L’usage de la cuisson au barbecue est à surveiller

Alors que le confinement est terminé et que l’été arrive, profiter d’une grillade en famille ou entre amis est une façon agréable de se retrouver, mais des questions se posent souvent. Rassurez-vous, il est possible de se régaler autour d’un barbecue en connaissant les risques potentiels qui existent pour la santé.

Le risque principal vient du gras qui s’écoule lors de la cuisson des viandes et des poissons, et qui prend feu au contact des braises, carbonisant l’aliment. Plusieurs études ont révélé que cette réaction provoque la formation d' »aminés hétérocycliques », une substance cancérigène. Toutefois, cette réaction n’est pas seulement imputable à la cuisson au barbecue. Toutes les cuissons d’aliments à des températures élevées augmentent le risque de cancer et il convient de toujours retirer les parties noircies des aliments.
Mais n’oublions pas que pour les légumes cuits au barbecue en plus d’être bons pour la ligne , il n’est pas  plus conseillé de consommer les parties noircies.

Comme le précise l’Agence nationale de Sécurité sanitaire (Anses),  « la cuisson d’aliments à des températures élevées, en particulier en contact direct avec la flamme, conduit à la formation en surface de composés chimiques dont certains comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ont des propriétés cancérigènes ».

Bruxelles met en demeure la France pour la conformité en matière de polluants atmosphériques

Une loi européenne sur la qualité de l’air concentre actuellement l’attention de la commission européenne. Il s’agit de la directive NEC (National Emission Ceiling soit Plafonds d’Émission Nationaux). Elle a pour ambition de fixer des plafonds d’émissions de polluants de l’air pour chaque Etat membre et par polluant à l’horizon 2025 et 2030.Le Parlement européen a votée en plénière cette directive NEC le 28 octobre 2015.

La Commission européenne a délivré une mise en demeure à la France pour le retard pris dans la transposition de la règlementation européenne sur les émissions polluantes. « La Commission demande à la France (…) de transposer correctement dans sa législation nationale toutes les exigences de la directive relative à la réduction des émissions nationales de certains polluants atmosphériques (directive NEC) », explique l’exécutif européen, qui vise aussi d’autres pays d’Europe.

Cette directive prévoit des engagements nationaux de réduction des émissions pour les États membres en ce qui concerne cinq polluants atmosphériques importants: les oxydes d’azote (NOx), les composés organiques volatils non méthaniques (COVNM), le dioxyde de soufre (SO2), l’ammoniac (NH3) et les particules fines (PM2,5).

La Commission a décidé d’adresser une lettre de mise en demeure à la France, qui dispose à présent de quatre mois pour remédier à la situation. À défaut, la Commission pourrait adresser un avis motivé.

La directive européenne 2016/2284 concernant la réduction des émissions nationales de certains polluants atmosphériques (directive NEC).

Retrouvez le texte intégral de la décision de la Commission européenne

La santé mentale impactée par la crise sanitaire

La  crise épidémique que nous connaissons avec les conditions de vie en confinement sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé mentale de la population.En janvier 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l’épidémie du Covid-19 causée par le nouveau coronavirus SARS-CoV2 était une urgence de santé publique internationale avec un fort risque de dissémination dans de nombreux pays à travers le monde et de fait, l’a requalifiée en pandémie le 11 mars 2020.

Plusieurs articles ont été publiés dans la revue Lancet dès le mois de février 2020, ceux ci alertaient les politiques et la communauté scientifique quant à l’impact de mesures de gestion de l’épidémie de Covid-19 sur la santé mentale des populations.

Nous rapportons  un de ces résultats obtenus par l’analyse qu’ a fait l’ École de santé publique de Rennes après avoir mis en place une surveillance comportementale et psychologique qui avait pour objectif , d’évaluer l’état de la santé mentale de la population, et d’en identifier les déterminants pour en suivre les évolutions. La revue d’épidémiologie hebdomadaire restitue cette étude dans son numéro 13 du 7 mai.Cette étude présente donc le niveau d’anxiété dans la population française dans un contexte de pandémie au SARS-CoV2

Il a été choisi un échantillon indépendant de 2 000 personnes âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine qui a été interrogé via Internet, en étudiant la représentation de ces personnes par une analyse d’abord pour la période du 23 au 25 mars puis en deuxième lieu du 30 mars au 1er avril 2020. Dans la 1ère période on arrive à une prévalence de l’anxiété de 26,7% et dans la 2ème le pourcentage passe à 21,5%.

La crise du COVID, l’angoisse générale, amplifiée  par l’ambiance oppressante du confinement, par la rupture des régulations sociales, ont donc eu des conséquences différentes selon les individus. Les personnes les plus vulnérables et fragiles ont pu amplifier leur consommation problématique  (tabac, alcool, drogue, jeu…). Santé publique France (SPF) révèle ainsi qu’« environ un quart des fumeurs déclare avoir augmenté sa consommation ». Par ailleurs, pour 55% d’entre eux, la consommation est restée stable, tandis qu’elle n’a baissé que pour 19%. Dans le détail, « la hausse moyenne du nombre de cigarettes fumées par les consommateurs quotidiens est de 5 cigarettes par jour », précisent les auteurs de cette enquête menée du 30 mars au 1er avril. Concernant la consommation d’alcool, les résultats sont moins mauvais qu’attendu. Selon l’étude de SPF, un quart des Français ont ainsi réduit leur consommation d’alcool pendant le confinement, quand 11 % à l’inverse l’augmentaient.. « L’ennui, le manque d’activité, le stress et le plaisir sont les principales raisons mentionnées par les fumeurs ou usagers d’alcool ayant augmenté leur consommation », note Viêt Nguyen Thanh, responsable de l’unité addictions à la direction de la prévention et de la promotion de la santé à Santé publique France.

Les premières données de ce dispositif d’enquête, en particulier la prévalence élevée de l’anxiété dans la 1ère période, ont permis de conforter et d’ajuster la réponse afin de promouvoir la santé mentale et prévenir l’installation ou l’aggravation de troubles psychologiques. C’est dans cet axe qu’a été crée un numéro vert national, accessible24h/24 et 7j/7  (0800 130 000), mis à disposition du grand public par le ministère de la Santé pour obtenir gratuitement des conseils et des informations sur le Covid-19.

BEH n°13 (7 mai 2020) Chan-Chee C, Léon C, Lasbeur L, Lecrique JM, Raude J, Arwidson P, du Roscoät E.

La santé mentale des Français face au Covid-19 : prévalences, évolutions et déterminants de l’anxiété au cours des deux premières semaines de confinement (Enquête CoviPrev, 23-25 mars et 30 mars-1er avril 2020). Bull Epidémiol Hebd. 2020;(13):260-9. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/13/2020_13_1.html

Etudes Lancet sur l’impact des mesures de la gestion de la crise

Bao Y, Sun Y, Meng S, Shi J, Lu L. 2019-nCoV epidemic: address mental health care to  empower society. Lancet. 2020.
https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30309-3
[3] Liu S, Yang L, Zhang C, Xiang Y-T, Liu Z, Hu S, et al. Online  mental health services in China during the Covid-19 outbreak.  Lancet Psychiatry. 2020. https://doi.org/10.1016/S2215-0366 (20)30077-8