Tous les articles par Jacqueline Collard

Un rapport de parlementaires européens met l’accent sur la régulation télécoms

Un rapport de deux députés européens accuse la commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants ICNIRP d’être trop proche de l’industrie des télécoms.

La Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) est chargée de « protéger la population et l’environnement » , contre les risques liés aux ondes électromagnétiques. Depuis vingt ans, l’Union européenne s’appuie sur les recommandations de l’ICNIRP pour fixer les limites d’exposition de la population aux champs électromagnétiques. Les dernières lignes directrices de l’ICNIRP ont été publiées le 11 mars 2020, réevaluées et immédiatement endossées par Bruxelles. l’ICNIRP est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé comme une « commission scientifique indépendante », ce qui n’est pas démontré par le rapport parlementaire, entre autre les liens qu’elle entretient avec l’Institut américain des ingénieurs électriciens et électroniciens (IEEE). Le rapport passe au crible les biographies des 42 membres du comité et de son groupe d’experts scientifiques pour conclure que « la majorité des scientifiques de l’ICNIRP ont effectué des recherches partiellement financées par l’industrie » et de ne pas prendre en compte les publications scientifiques alertant des risques sanitaires liés au développement de la 5G.

Les dernières lignes directrices de l’ICNIRP s’appliquent à la 5G. « La chose la plus importante à retenir pour les gens est que les technologies 5G ne pourront pas causer de dommages lorsque ces nouvelles lignes directrices seront respectées », concluait son président Eric van Rongen.

Vous trouverez en complément le communiqué de presse :

https://www.michele-rivasi.eu/a-la-une/icnirp-conflits-dinterets-5g-et-capture

Une étude de Générations futures met l’accent sur les résidus de pesticides dans l’eau

Notre partenaire Générations futures a publié sa dernière enquête qui concerne les résultats d’analyse de l’eau, qui bien que l’eau soit un produit particulièrement suivi,  témoigne des échecs des plans Ecophyto : c’est pourquoi il est demandé que pareil constat ne perdure pas au bénéfice de la santé publique.

CONTEXTE

L’objet de cette enquête est l’analyse des résultats des contrôles sanitaires de l’eau du robinet réalisés dans le cadre d’analyses réglementaires par les agences régionales de santé. Les données correspondent à l’année 2019 et sont fournies par le ministère des solidarités et de la santé sur le site data.gouv.fr.

L’ analyse des données démontre clairement que :
  • 56,8 % des quantifications de résidus de pesticides sont des perturbateurs endocriniens (PE).
  • 38,5 % des quantifications de résidus de pesticides sont des cancérigène, mutagène, reprotoxique (CMR).
  • 78,5 % des quantifications de résidus de pesticides retrouvés sont des PE et/ou CMR.
  • Ces données montrent clairement que des pesticides sont fréquemment retrouvés dans l’eau du robinet en France (dans 35,6% des analyses les recherchant) et que parmi les résidus retrouvés, les molécules CMR et/ou suspectées PE représentent plus des trois quart des quantifications individuelles de pesticides (et plus de la moitié pour les seuls PE) !

La Cour des comptes européenne épingle le projet Lyon-Turin

Le projet Lyon-Turin est épinglé par un rapport de la Cour des comptes européenne pour son retard, l’augmentation des coûts, son risque de non-rentabilité et son remboursement hypothétique du CO2 dépensé pour sa construction.

Ce projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin a déjà fait coulé beaucoup d’encre or sa réalisation accuse un retard de 15 ans et ses coûts ont été beaucoup augmentés, à la hauteur  de 4,4 milliards d’euros, à savoir 85% par rapport à l’estimation initiale. La Cour pointe des prévisions de trafic trop optimistes, les volumes de trafic réels s’écartant notablement de ceux prévus et il existe un risque élevé de surestimation des effets positifs de la multi-modalité largement promue.

« Sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin, les données les plus récentes de l’observatoire des trafics de marchandises dans la région alpine (2017), indiquent que moins de 3 millions de tonnes de marchandises sont transportées annuellement via la ligne conventionnelle existante. Or, selon les prévisions de trafic les plus récentes, ce chiffre devrait s’établir à 24 millions de tonnes en 2035, soit huit fois le flux de trafic actuel. Cette différence considérable peut s’expliquer par l’état inapproprié de la ligne conventionnelle existante et par le fait que le trafic peut emprunter d’autres cols alpins ».

« De plus, l’évaluation des avantages environnementaux générés par les infrastructures de transport phares sur le plan des émissions de CO2 doit tenir compte aussi bien des effets négatifs de la construction que des effets positifs à long terme de l’exploitation de l’infrastructure une fois celle-ci achevée. En réalité, la construction de nouvelles grandes infrastructures de transport est une source importante d’émissions de CO2, tandis que les avantages environnementaux dépendent du volume du trafic effectivement transféré depuis d’autres modes de transport, plus polluants. » 

Le gestionnaire d’infrastructure français a par exemple estimé en 2012 que la construction de la liaison transfrontalière Lyon-Turin et de ses lignes d’accès, générerait 10 millions de tonnes d’émissions de CO2. Selon ses estimations, cette infrastructure de transport phare, ne deviendra avantageuse du point de vue des émissions de CO2 que 25 ans après le début des travaux. Cependant, se fondant sur les mêmes prévisions de trafic, nos experts ont conclu que les émissions de CO2 ne seraient compensées que 25 ans après l’entrée en service de l’infrastructure.

Rapport complet à télécharger :

www.eca.europa.eu/Lists/ECADocuments/SR20_10/SR_Transport_Flagship_Infrastructures_FR.pdf

Le PFOA classé polluant organique permanent (POP)

Par un règlement, publié le 15 juin au Journal officiel de l’Union européenne, la Commission européenne a inscrit l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), ses sels et ses composés apparentés, en annexe I du règlement du 20 juin 2019 sur les polluants organiques persistants (POP)( RÈGLEMENT DÉLÉGUÉ (UE) 2020/784 DE LA COMMISSION  du 8 avril 2020).

Il sert à fabriquer des polyméres fluorés, de la mousse anti-incendie, des moquettes et textiles antitaches,  et des revêtements anti-adhésifs notamment dans le domaine alimentaire).

Les Polluants Organiques Persistants (ou P.O.P.), sont des substances organiques qui sont capables de résister à la dégradation biologique, chimique et photolytique (décomposition chimique par la lumière) dans l’environnement. Les P.O.P. sont persistants dans le temps dans l’environnement ; ils se bioaccumulent (sont assimilés) dans les tissus vivants, sont mobiles (se déplacent sur de très longues distances) et se bioamplifient (augmentation des concentrations d’une substance dans les maillons de la chaîne alimentaire).

La convention de Stockholm est un traité international datant de 2004  a pour objectif de protéger la santé de la population et l’environnement des P.O.P, en interdisant certains produits polluants. Les pays signataires s’engageaient à ne pas produire, vendre, acheter ou utiliser de tels substances. Elle complétait le le protocole Aarhus est un traité international qui interdit la fabrication et l’utilisation de substances chimiques particulièrement polluantes en Europe, Amérique du Nord et Asie centrale. 

Le PFOA s’ajoute au 21 premiers POP mais dés 2009 son cousin le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) avait déjà intégré ce classement ;  ce qui parait normal compte tenu de  sa grande toxicité qui  ne semble plus faire de doutes sachant que parmi la vingtaine de composés perfluorés, le PFOS et le PFOA sont actuellement ceux dont la toxicité est la plus importante.

Impact colossal de l’industrie textile sur l’environnement et les eaux résiduaires

Il est rare que nous nous interrogions sur les impacts environnementaux de la mode,  alors que  certains ne savent résister à la frénésie d’achats de vêtements à chaque saison. Alimentant notre dévorante envie de nouveauté, les grandes marques internationales de prêt-à-porter proposent chaque jour d’irrésistibles pièces à des prix défiant toute concurrence, sans que les consommateurs ne se posent ces questions.

Et pourtant aujourd’hui, 4 % de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire nos vêtements. Le textile est le 3 e secteur consommateur d’eau dans le monde, après la culture de blé et de riz.

De plus chaque année, le textile émettrait l’équivalent de 1,2 milliards de tonnes de CO2  soit environ 2 % des émissions globales de gaz à effet de serre. C’est encore plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. La projection serait qu’en 2050, le secteur textile émettrait jusqu’à 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre si les tendances actuelles de consommation se poursuivent sur la même lancée.
Une autre réflexion s’impose, celle du type de fibres utilisées pour la fabrication de ces vêtements : naturelles ou synthétiques (le pétrole étant la matière première). Pour faire pousser des matières végétales ou élever des animaux, on utilise beaucoup d’eau et de produits chimiques qui impactent durablement les sols et rivières adjacentes.
 Nous pouvons de fait reprendre la citation du grand couturier d’Yves Saint-Laurent : « la mode passe certes, mais les impacts environnementaux et sociaux qu’elle provoque s’inscrivent dans le temps ».