Tous les articles par Jacqueline Collard

Pêche mondiale en surchauffe

Dans l’ensemble des mers de la planète il est pêché beaucoup plus de poissons que ne l’annoncent les statistiques officielles fondées sur les informations transmise par les Etats.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO, la pêche mondiale a connu un pic en 1996, avec 86 millions de tonnes de poissons sortis de l’eau, puis elle est restée quasiment « stable » selon son administration, perdant juste 0,38 tonne par an. Il n’y aurait donc pas de quoi trop s’inquiéter pour l’état des stocks.  Mais  ces chiffres sont largement sous-estimés, selon l’étude menée par l’Université de Colombie au Canada et publiée ces jours derniers sur le site Nature Communications.

Ces recherches ont été menées sous la direction de Daniel Pauly, directeur du Fisheries Center de l’université de Vancouver, qui est l’un des plus fameux halieutes sur la scène internationale. Ce biologiste récompensé de multiples prix est le premier à avoir développé des techniques d’évaluation basées sur de multiples documents et a créé une base de données unique et réputée, Sea arounds us.

Le secteur a effectivement atteint un sommet en 1996, constatent-ils, mais qu’ils chiffrent à 130 millions de tonnes. Puis les performances de la pêche ont régressé trois fois plus fortement que les statistiques de la FAO ne l’indiquent : de 1,2 million de tonnes par an. Globalement, les deux chercheurs observent une différence de 53 % entre les quantités répertoriées officiellement et leurs propres calculs.

Ce sont les rendements faiblissants de la pêche industrielle qui expliquent largement le déclin global. Selon la FAO, le chalutage de crevettes, par exemple, a chuté entre les années 1990 et 2000, de 27 millions à 7 millions de tonnes environ. La pêche artisanale, quant à elle, est passée de 8 millions de tonnes en 1950 à 22 millions de tonnes en 2010 et semble moins soumise aux variations d’une saison à l’autre, mais elle est très souvent négligée alors qu’elle fait vivre de nombreuses familles à travers le monde. De même Ils dédaignent plus encore la pêche de subsistance que l’étude évalue à 3,8 millions de tonnes sans compter la pêche loisirs malgré tout de quantité relativement faible.Pour de nombreux pays ils ignorent en outre l’ampleur des pratiques illégales qui pillent leurs eaux ou bien les campagnes auxquelles se livrent certains de leurs navires, sans licence, dans les eaux de pays en développement, impactant souvent localement l’ensemble de la biodiversité.

Augmentation des cancers en France comme dans le monde

Une étude internationale qui vient d’être publiée dans la revue JAMA Oncology démontre que le nombre de cas de cancer a augmenté de 28% dans le monde entre 2006 et 2016, Les cancers hormono-dépendants, souvent liés à la pollution chimique, arrivent en tête dans une analyse par sexe. Au rythme actuel, prévient l’OMS, le nombre de cas pourrait augmenter de 60 % dans les deux prochaines décennies, avec les pays en développement comme principales sources de nouveaux cas.

Le déclenchement d’un cancer peut évidemment avoir des origines multiples et combinées. La part du hasard, c’est-à-dire liée à la survenue de mutations aléatoires dans l’ADN des cellules, fait l’objet d’âpres débats scientifiques. Elle est évaluée par certains à deux tiers des mutations susceptibles de déclencher un cancer. Le poids de l’hérédité, c’est-à-dire les prédispositions à développer certains cancers en raison de son patrimoine génétique, représenterait environ 5 % des cas.

Le consortium de chercheurs «Global Burden of Disease Cancer Collaboration» a publié une étude révélant une forte progression en dix ans. Le nombre de cas a grimpé de 28% depuis 2006, atteignant 17,2 millions de cas en 2016 à travers le monde, ainsi que 8,9 millions de décès.

En France métropolitaine, en 2018, 382 000 nouveaux cas de cancers de tous ­types se sont déclarés, dont 204 600 chez les hommes, et 177 400 chez les femmes. Le nombre de décès par cancer cette même année est estimé à 157 400, dont 89 600 pour les hommes et 67 800 chez les femmes. Ces estimations d’incidence (nouveaux cas) et de mortalité sont tirées de rapports de Santé publique France et de l’Institut national du cancer (INCA), réalisés conjointement avec le réseau des registres des cancers (Francim) et les Hospices civils de Lyon et rendus publics en ce début juillet.

Sans surprise, le tabac et l’alcool restent les deux principaux « fauteurs évitables » de cancers, représentant 20 % et 8 % des cas, les deux sexes confondus. Chez les hommes, c’est ensuite l’alimentation qui prédomine (5,7 % des cas), tandis que chez les femmes, c’est le surpoids et l’obésité (6,8 %). « Je ne m’attendais pas à ce que ces facteurs de risque soient si élevés, commente Isabelle Soerjomataram. Il semble que la France suive dans ce domaine la trajectoire de pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. »

La part des cancers dits « évitables », c’est-à-dire attribuables à des facteurs de risque liés au mode de vie ou à l’environnement, vient d’être réévaluée pour la France métropolitaine :en 2000, la part des cancers évitables était évaluée en France à 35 %, tandis que les études portant sur d’autres pays donnent une fourchette variant entre 30 % et 50 %, pour 2015 elle représenterait 41 % des tumeurs survenues en 2015 chez les adultes de plus de 30 ans, soit 142 000 cas (84 000 chez les hommes et 58 000 chez les femmes). Cette estimation est le fruit d’une vaste étude coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), publiée lundi 25 juin dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

Mais que deviennent donc les mégots abandonnés?

Alors que les mégots sont de plus en plus pourchassés, dans les villes, comme sur les lieux de villégiature et donc les plages, les responsables des collectivités renforcent la communication sur l’aspect environnemental de ses déchets qui semblent anodins pour certains. Chaque année, c’est plus de 6.000 milliards de cigarettes qui sont fumées dans le monde, pouvant conduire à plus d’un demi-million de tonnes de mégots rejetés dans notre environnement.

On en trouve partout, dans les rues des villes, dans les campagnes et dans les océans. Des déchets toxiques et polluants, plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans, ils représentent 40% des déchets ramassés sur les plages méditerranéennes.Si l’on ajoute à cela le fait qu’un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, l’ampleur du désastre est évidente.

Imprégnés de substances chimiques (près de 4000) dont une cinquantaine sont réellement toxiques, comme la nicotine, les mégots doivent être « dépollués » avant de pouvoir être recyclés: d’où l’on perçoit l’incohérence.

Lorsque ces mégots sont jetés au sol, il devient alors très compliqué de les récupérer. Pour éviter cela, quelques projets sont mis en place : des cendriers adaptés ou des mesures plus contraignantes pour lutter contre cette pollution, comme une éco-contribution pour les fabricants. Leur élimination n’est aucunement réglementée à travers le Monde ainsi leur destination vers les eaux usées et plus loin mers et océans est inévitable.

De plus en plus de travaux de recherche les concernent, un collectif s’est d’ailleurs crée pour cette cause: il s’agit du Cigarette Butt Pollution Projet mais aussi Le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE) qui  lui est partenaire d’un projet de recherche européen dont l’un des volets vise précisément à mesurer l’impact que pourraient avoir les mégots sur les espèces marines.

Sources :

Etude des filières de collecte et de traitement des mégots de cigarettes

Document du ministère de l’Ecologie relatif aux mégots

Rapport européen sur les déchets marins

Une nouvelle culture du risque s’avère indispensable

L’économiste Pierre-Noël Giraud s’exprime face aux dernières crises qui ont impacté la population française , crises tant industrielles que sanitaire.

Personne n’est à l’abri de la survenance d’une crise même les plus protégés. La clé d’une meilleure gestion de crise est l’anticipation. En élaborant une stratégie dans le calme avec une équipe de communication, la réactivité pourra opérer en temps de crise. La gestion de crise doit être une démarche permanente qui doit s’intégrer dans tous les échelons de responsabilité.

« Il reste incontestable que la liste des risques extrêmes s’allonge et que leur probabilité d’occurrence augmente. Il nous faut donc adopter une vision d’un monde où alterneront, avec une fréquence probablement croissante, deux régimes très différents. Le régime « normal » (« business as usual »), gouverné par des tendances lourdes, et des périodes, plus brèves espérons-le, de crises violentes.

Les principaux organes du pouvoir, en premier lieu les Etats mais aussi les grandes entreprises, doivent développer une « culture du risque » constituée d’une part de l’élaboration et de la révision permanentes d’une vision stratégique, et d’autre part de la mise en place d’organisations spéciales de gestion des crises.

Par ailleurs, une vision stratégique n’est utile et accessible qu’à des organisations dont la durée d’exercice de leur pouvoir est longue. Or l’horizon des gouvernements élus ne dépasse guère cinq ans, dix si la Constitution le permet. Du côté des entreprises, il n’y a rien à attendre des banques et autres institutions financières : car la finance est intrinsèquement « court-termiste ».

Un nouveau rapport du Haut Conseil du climat ( HCC) cible les priorités

Le Haut Conseil pour le climat  HCC a rendu public, le 8 juillet, son rapport annuel intitulé « Redresser le cap, relancer la transition : Urgence climatique : l’accélération des mesures toujours en attente ».

Communiqué de presse émis à Paris, le 8juillet 2020

Ce rapport fait le point sur l’évolution des émissions de gaz à effet de serre en France, et sur les politiques climatiques mises en place. Il constate des progrès dans la gouvernance, un accroissement des annonces mais pas d’avancée structurelle quant au rythme de baisse des émissions et  s’inquiète des retards pris par la France concernant les émissions des gaz à effet de serre.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est insuffisante pour respecter les budgets carbone futurs. Les émissions de la France ont diminué de 0,9% en 2019, ce qui est similaire aux années précédentes et loin des –3%attendus dès 2025. Les quatre grands secteurs émetteurs, le transport (30%) suivi de l’agriculture, le bâtiment et l’industrie, ont tous raté le premier budget carbone(2015-2018). La baisse temporaire des émissions lors du confinement est marginale par rapport aux efforts à accomplir.

Le HCC identifie plusieurs mesures de sortie de crise qui sont compatibles avec les objectifs climat, en particulier:

-La rénovation énergétique des bâtiments,

-Les investissements dans les transports publics et les infrastructures de mobilité douce,

-Les mesures d’efficacité énergétique et d’électrification et la R&D dans l’industrie,

-L’augmentation du stockage de carbone dans les sols et le développement des protéines végétales,

-Le déploiement des énergies renouvelables.

La Convention citoyenne pour le climat a démontré que des personnes d’horizons géographiques, sociaux, politiques et culturels ci-différents peuvent pleinement percevoir l’urgence climatique et converger en quelques mois sur de nombreuses propositions d’envergure pour le climat et la justice sociale.Leurs propositions doivent être valorisées, mais l’État reste le garant de la mise en œuvre des politiques publiques climatiques et de leur équité, ainsi que de l’atteinte des objectifs climatiques de la France. La transition juste est un enjeu politique qui appelle une redevabilité exemplaire de l’Etat.

https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2020/07/communiqu-de-presse_rapport-annuel_hcc.pdf