Tous les articles par Jacqueline Collard

Le 22 août devient le jour du dépassement en 2020

Rappelons que ce jour correspond à la date où l’humanité a utilisé la quantité de ressources que la planète peut fournir, au delà nous vivons à crédit de celle ci.

Avec la crise sanitaire du coronavirus, le jour du dépassement de la Terre a reculé de trois semaines par rapport à 2019 (le 29 juillet), arrivant ainsi ce samedi 22 août en 2020. C’est l’ONG Global Footprint Network, qui chaque année calcule cette date.

Le calcul du jour du dépassement mondial est réalisé depuis le début des années 1970, aboutissant à une dette écologique cumulée « qui équivaut à 18 années terrestres », indique l’ONG. « En d’autres termes, il faudrait à la planète 18 ans de régénération pour inverser les dommages causés par la surexploitation des ressources naturelles, en supposant que cette surexploitation soit totalement réversible ».

La pandémie a notamment entraîné une forte baisse des émissions des gaz à effets de serre. Ces dernières devraient ainsi reculer de 8 % par rapport à l’an dernier, la plus grosse chute jamais observée dans l’histoire, selon l’Agence internationale de l’ Energie ( AIE). Les mesures sanitaires et le confinement ont notamment entraîné l’arrêt de nombreuses activités industrielles et une contraction du trafic aérien sans précédent (jusqu’à -98,3 % en mai par rapport à la même période de 2019). Le rapport de Global Footprint Network montre une réduction de 9,3 % de l’empreinte écologique mondiale par rapport à la même période l’année dernière. Les principaux moteurs étaient l’empreinte carbone (réduite de 14,5 % par rapport à 2019) et l’empreinte des produits forestiers (réduite de 8,4 % par rapport à 2019).

Cette brusque contraction risque cependant de ne pas être durable et il y a fort à parier que le Jour du Dépassement repasse en juillet en 2021. L’humanité utilise actuellement 60 % de ressources en plus que ce qui peut être renouvelé – ou autant que si nous vivions sur 1,6 Terre.

La transition écologique pourrait bénéficier d’un investissement de 30 milliards

Trente milliards d’euros devraient être investis dans la transition écologique dans le cadre du plan de relance national, a déclaré le ministre de l’économie Bruno Le Maire dans Le Journal du dimanche ce week end : « Avec la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, nous proposons de consacrer 30 milliards d’euros aux investissements dans la transition écologique, sur les 100 milliards prévus ».« Dans le cadre du plan de relance, nous allons créer un fonds de plusieurs centaines de millions d’euros pour réhabiliter des centaines d’hectares de friches industrielles, pour organiser une sorte de « recyclage urbain ». Cela permettra aux industriels et aux commerces, notamment, de s’y installer et cela changera la donne pour les villes qui se vident par le centre. »

Si la France présente un plan satisfaisant aux instances européennes, elle pourrait bénéficier de 13 Mds€ de subventions par an, en moyenne, de 2021 à 2023, soit 13 % du plan de relance de 100 Mds annoncé par le gouvernement conduit par Jean Castex.

le Premier ministre se dit « convaincu de l’urgence de ce combat » et table sur les acteurs des territoires et le local pour relayer « ce plan de relance sans précédent (qui) créera les conditions d’une croissance écologique, mais aussi des emplois qualifiés dès aujourd’hui et pour les jeunes qui entreront prochainement sur le marché du travail. L’action de la Convention citoyenne pour le climat, dont j’ai notamment reçu des représentants, sera prolongée par des mesures concrètes et ambitieuses ».

A été nommée secrétaire d’État à la biodiversité, la députée LREM Bérangère Abba. Elle appuiera donc la ministre Barbara Pompili sur un sujet majeur pour les prochains mois. Deux rendez-vous internationaux importants auront lieu en 2021 : le congrès mondial pour la nature en janvier à Marseille et la  COP 15 de la Convention internationale en mai en Chine. Elle prendra en charge une mission d’information sur la réhabilitation de l’étang de Berre, et présidera le groupe d’étude sur les parcs nationaux, parcs naturels régionaux et aires protégées. Cette expérience lui sera sans doute bien utile pour préparer la stratégie française en matière d’aires protégées.

Un écologue du CIRAD met en évidence les risques et raisons de la déforestation

La lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts tropicales, dont l’agriculture et l’élevage sont responsables, doit être menée tant au niveau local qu’international, au travers d’une coopération solidaire entre pays producteurs et pays importateurs, nous rapporte Claude Garcia écologue forestier du CIRAD.

La déforestation, la dégradation forestière causée par l’exploitation illégale des bois rend les écosystèmes forestiers plus vulnérables face aux risques d’incendies et au changement climatique. Cependant ce sont l’agriculture et l’élevage qui représentent la principale cause directe de disparition des forêts tropicales. En vingt ans, et notamment en Amérique latine, l’agriculture commerciale a dépassé l’agriculture de subsistance comme principal moteur de déforestation et n’oublions pas que nos modes de consommation ( en particulier notre recours exagéré à l’alimentation carnée) participent aux désastres des forets tropicales.

 L’exemple flagrant c’est l’ Amazonie brésilienne, où les chiffres de la déforestation repartent depuis peu à la hausse de manière inconsidérée. Et pourtant, le Brésil avait adopté une politique volontariste qui avait abouti à une baisse très significative de la déforestation de 80 % entre 2004 et 2012. Or nous sommes confrontés depuis le changement de gouvernant à l’inverse. Depuis le début de l’année 2020, 4.731 km² ont été déboisés, contre 4.701 km² de janvier à juillet 2019, une hausse de 34,5%., selon les données récoltées par satellite par l’Institut National de Recherche Spatiale (INPE). La forêt amazonienne s’étend sur 6 millions de km2 dont près de 4 millions au Brésil. Cette foret de par son importance  joue un rôle capital dans le cycle de l’eau au niveau du continent américain dans son ensemble.

Un glaciologue paie de sa vie ses recherches au Groenland

Le spécialiste de glaciologie Konrad Steffen éminent scientifique américano-suisse, le spécialiste du réchauffement climatique a été victime d’un accident mortel pendant une campagne de mesures au Groenland. Il serait tombé dans une fissure.

« Il était très impliqué dans les chapitres du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat),  sur la glace et les océans. C’était un des meilleurs scientifiques dans son domaine dans le monde« , a salué Christoph Hegg, vice-directeur du WSL* que Konrad Steffen dirigeait en Suisse.. Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du GIEC, a tenu également à rendre hommage à Konrad Steffen.

Au Groenland, Konrad Steffen, assisté par la NASA et la Fondation nationale américaine pour la science, construisait depuis 1990 un réseau de stations météorologiques automatiques. Au moment de son décès, « il faisait de la maintenance sur ces stations, c’est quelque chose qui est fait régulièrement« , a expliqué  M. Hegg. Au cours de ses expéditions annuelles, avec ses équipes, il examinait notamment le manteau neigeux arctique, qui se défait de façon inexorable.

*l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) que Konrad Steffen dirigeait.

Notre mer Méditerranée une des plus polluée

La Méditerranée est la mer la plus polluée d’Europe, malgré une hausse modérée depuis 2009 de la quantité de déchets marins qui s’y trouvent, a révélé le 24 juillet 2019 l’Ifremer (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer), qui tente de caractériser cette pollution, et notamment les déchets flottants, en les photographiant.

L’Ifremer a mené, entre 1994 et 2017, une vaste étude de suivi des déchets marins méditerranéens : « Si la quantité de déchets marins en Méditerranée fluctue chaque année, elle affiche néanmoins une augmentation globale depuis 2009« , annonce dans un communiqué l’institut basé à Brest, relevant la présence de sacs et bouteilles plastiques, canettes métalliques et emballages alimentaires, cordes synthétiques et filets de pêche ou encore vêtements.

« Dans les années 90, leur densité fluctuait autour de 100 déchets par km2« , note Olivia Gérigny, océanographe au centre Ifremer de Toulon et auteure principale de l’étude publiée dans la revue Marine Pollution Bulletin . « Depuis 2012, cette densité se situe plutôt autour de 200 déchets par km2, avec un maximum de près de 300 atteint en 2015. Le plastique représente plus de 60% de ces déchets« , affirme la chercheuse, pour qui cette hausse s’explique par une augmentation de la production de plastique sur la période, mais aussi un recensement plus systématique.

Ces macro-déchets ont été recensés sur près de 90% de la surface échantillonnée dans les deux zones d’étude : le golfe du Lion et la côte orientale corse. « La Méditerranée est la mer européenne la plus polluée par les déchets« , assure Olivia Gérigny, soulignant que dans une étude comparable menée en mer du Nord, les densités annuelles restaient inférieures à 50 déchets par km2. Des déchets ont été retrouvés dans les 30 canyons sous-marins étudiés, selon l’Ifremer, qui note deux autres zones principales d’accumulation : au large de Marseille et au nord-est de la Corse.