Tous les articles par Jacqueline Collard

La nécessité de développer la culture scientifique

Renaud Hétier et Nathanaël Wallenhorst sont enseignants-chercheurs en sciences de l’éducation et notamment auteurs de « Résistance, résonance – Apprendre à changer le monde avec Hartmut Rosa » (Le Pommier, 2020).

Ces 2 enseignants chercheurs en sciences de l’éducation interpellent le Ministère très conscients du fossé qui s’installent entre les décideurs et les profanes citoyens. Ils pensent qu’il est urgent d’y remédier. Ceci dans un souci de démocratie et surtout à un moment où le virage de notre société s’impose. Il faut développer fortement notre culture scientifique : éducation au climat et à ses interactions avec le vivant, compréhension du fonctionnement systémique de la biosphère, intégration des limites planétaires à ne pas franchir pour ne pas courir le risque d’emballements irréversibles…

Nous sommes au cœur d’un changement climatique majeur, d’un appauvrissement de la vie sur Terre et de phénomènes de pollution, de plus en plus destructeurs. Nous avons chaque jour l’expérience d’une zoonose devenue pandémique, de migrations climatiques qui s’intensifient, de records de douceur hivernale et de canicule estivale, d’une intensification de tempêtes et d’ouragans, etc.

Mais, face à ces réalités, nous n’avons pas l’air de croire en ce que nous savons. Nous savons, mais nous ne voulons pas savoir.

Ils proposent ainsi de revoir de toute urgence les programmes scolaires, particulièrement au collège et au lycée, de chacune des matières enseignées pour que nous enseignions l’ampleur de l’altération du système Terre de nature anthropique et travaillions à assurer la pérennité de l’aventure humaine à partir d’une transformation de sa relation au vivant. Enfin, il s’agit de chercher par tous les moyens possibles à apprendre d’autres types de relation au monde : en renonçant à faire du vivant seulement une « ressource » pour générer des gains, ou encore en apprenant à écouter le monde et non pas uniquement à le manipuler techniquement.

« Il faut développer fortement notre culture scientifique », demandent les auteurs.

Le nouvel indice de qualité de l’air est opérationnel depuis le 1er janvier

La baisse des émissions amorcée il y a plusieurs années, suite à la mise en place de différentes stratégies et plans d’action, a permis une amélioration globale de la qualité de l’air. Cependant même si  les concentrations moyennes annuelles de polluants diminuent, et que les dépassements des seuils réglementaires de qualité de l’air pour la protection de la santé à long terme,  affectent moins de zones : ce n’est pas encore assez, pour être en conformité avec les exigences européennes et encore moins pour celles de l’OMS.

Alors que 48.000 décès prématurés par an sont causés par la pollution de l’air, le ministère de la Transition écologique a actualisé l’indice ATMO le 1er janvier 2021, dont le dernier datait de  1994.

En 2019, cinq polluants sur les douze réglementés à l’échelle européenne présentent des dépassements des seuils réglementaires de qualité de l’air pour la protection de la santé humaine à long terme. Même s’ils sont moins nombreux que par le passé, les dépassements observés pour les PM10, le NO2 et l’O3 sont récurrents et concernent, en 2019, respectivement 2, 9 et 49 agglomérations.

Le nouvel indice ATMO diffère donc sur trois points majeurs :

  • Les particules fines de moins de 2,5 micromètres (PM2,5) seront quantifiées séparément des PM10. Ce cinquième indice est particulièrement pertinent du point de vue de la santé publique, puisqu’une augmentation de 10 microgrammes par m3 des PM2.5 est associée à une augmentation de 15% du risque de mortalité.
  • La géolocalisation se fera désormais de façon plus fine au niveau de la commune, y compris en Outre-Mer. Chacun pourra donc facilement s’enquérir de l’indice du jour près de chez lui, à la manière d’un bulletin météorologique.
  • Couleurs et niveaux d’alerte sont modifiés. La qualité de l’air est désormais échelonnée selon 6 classes : bon (bleu), moyen (vert), dégradé (jaune), mauvais (rouge), très mauvais (marron) et extrêmement mauvais (violet). Ce dernier niveau négatif est une nouveauté, avec la suppression du niveau le plus positif « très bon ».
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  • https://atmo-france.org/lindice-atmo
  • https://www.vie-publique.fr/en-bref/278040-nouvel-indice-atmo-de-mesure-de-la-qualite-de-lair

Retrouvez l’arrêté du 10 juillet 2020 relatif à l’indice de la qualité de l’air ambiant
> Retrouvez la notice technique expliquant le calcul de l’indice conformément à l’arrêté du 10 juillet 2020
Retrouvez la qualité de l’air près de chez vous

 

Les eaux usées témoignent de la présence du Sras-cov2

Actuellement, diverses études ont détecté de l’ARN du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées dans le monde entier avec une grande sensibilité, c’est-à-dire quelques jours seulement après l’identification du premier cas humain de Covid-19. La surveillance des eaux usées fournit un échantillon impartial de la population infectée, y compris les individus asymptomatiques. C’est devenu un nouvel outil épidémiologique développé et affiné par des scientifiques de l’environnement au cours des 20 dernières années.

Mise en place dans le cadre du réseau national de surveillance OBEPINE (OBservatoire EPIdémiologique daNs les Eaux usées) qui s’appuie sur 7 équipes de recherche affiliées à 9 tutelles, cette nouvelle approche permettrait de fournir une précieuse aide à la décision des politiques publiques.En parallèle de ce réseau national, l’unité COMETE (Covid-19 Marseille Environment Testing & Expertise) initiée par le BMPM (bataillon de marins-pompiers de Marseille) analyse quant à elle les eaux usées collectées sur Marseille. Cette technique agrège les informations sur la santé au niveau de la totalité de la population.

Ces analyses permettraient d’avoir :

  • Une amélioration des connaissances en termes d’épidémiologie des maladies infectieuses.
  • et  une surveillance de la variation génotypique du SARS-CoV-2

Plusieurs références d’études:

La myopie, une pathologie qui s’accroît chez les plus jeunes

Dés  2012, la revue The Lancet avait publié une étude chinoise qui annonçait déjà près de 90% la proportion de jeunes souffrant de ce trouble de la vision à la fin du lycée.

 Une nouvelle étude chinoise datant de cet été  a été publié dans  la revue The Lancet pour  le JAMA Ophtalmology, à partir de tests de vue réalisés entre 2015 et 2020 sur plus de 120 000 enfants âgés de 6 à 13 ans. Les résultats sont sans appel chez les enfants âgés de 6 à 8 ans : en 2020, ils ont en moyenne « perdu » 0,3 dioptries, l’unité de mesure de l’acuité visuelle. « La prévalence de la myopie a été multipliée par 1,4 à 3 en 2020 par rapport aux cinq années précédentes », commentent les chercheurs. Dans le détail, la proportion d’enfants de 6 ans atteints de myopie a dépassé les 21% en 2020 (5,7% entre 2015 et 2019) ; 26% pour les enfants de 7 ans (contre 16,2%) et 37% pour ceux de 8 ans (contre 27%).

Le chercheurs qui ont procédé à cette étude expliquent leurs résultats par la  plus grande sensibilité des plus jeunes aux changements environnementaux, sans oublier  le temps passé devant un écran avec l’école à la maison.  Ils estiment nécessaires des études supplémentaires et le suivi à long terme de ces enfants, « dans une période critique pour le développement de la myopie ». D’autres chercheurs qui ont publié dans le JAMA Ophtalmology jugent eux qu’en cas de nouveaux confinements, il serait judicieux de ne pas restreindre les jeux extérieurs des jeunes enfants, pour aider à contrer une vague de « myopie de quarantaine ».

Comprendre les effets chlordécone aux Antilles

Interdit dès les années 1970 aux États-Unis et en 1990 en métropole, le chlordécone a été massivement utilisé en Guadeloupe et en Martinique de 1972 à 1993 afin de protéger les bananeraies contre l’attaque d’un insecte, le charançon noir. Selon une étude de Santé publique France publiée en 2018, sa molécule se retrouve dans le sang de 95 % des Guadeloupéens.

Dés 1963, une étude de l’Université de l’Ohio a montré la toxicité de chlordécone chez la souris et chez la poule. En France, en 1968 et en 1969, l’utilisation du chlordécone est rejetée par la Commission des Toxiques qui dépend du ministère de l’Agriculture.
Mais, en 1972 c’est un bouleversement quand le ministre de l’agriculture de l’époque, Michel Cointat, autorise finalement l’utilisation du chlordécone en France.
Plus tard, en 1975, aux Etats-Unis, des ouvriers d’une usine de production de chlordécone sont victimes de sérieux troubles testiculaires et neurologiques.

Les autorités américaines prennent alors une décision radicale : interdire l’insecticide dans tout le pays à partir de 1976.

En France la substance a donc été massivement utilisée entre 1972 et 1993 ! Pourtant, depuis 1979, cette substance avait été classée « possiblement cancérigène ».

L ’étude « ChlEauterre » : qui a été publiée en septembre 2017 a permis d’identifier les territoires susceptibles de contenir le plus de « chlordécone ». [2] Les spécialistes estiment que les sols sont pollués pour au moins 600 ans, soit plus qu’un quart de la surface agricole des îles a été directement contaminé par le chlordécone. Ce sont les terres, mais aussi les nappes phréatiques, les rivières et même l’océan qui sont actuellement contaminés ! La catastrophe est telle qu’il est interdit de pêcher certains poissons dans l’océan Atlantique à moins de 500 m des côtes

Sur le plan sanitaire : la Martinique est le lieu avec le plus haut taux de cancer de la prostate au monde : 227 cas pour 100 000 hommes. En Guadeloupe le taux de cancer de la prostate est également élevé avec 184 cas pour 100 000 hommes.

Or en ce début d’année,  une bande dessinée illustre ce désastre sanitaire :

Le scandale du chlordécone dans les Antilles françaises par Jessica Oublié, Kathrine Avraam, Vinciane Lebrun et Nicola Gobbi

Jessica Oublié, installée en Guadeloupe depuis février 2018, y découvre avec stupéfaction les dommages du chlordécone sur l’environnement, l’eau, les aliments et les populations. Elle y consacre dix-mois de recherche et d’écriture qui la font voyager entre la Guadeloupe, la Martinique, l’Hexagone, les États-Unis et la Belgique et qui aboutissent à la publication de Tropiques toxiques, son deuxième roman graphique documentaire. Kathrine Avraam est autrice de bande dessinée et Illustratrice d’origine grecque. Elle est installée en France depuis 2015. Nicola Gobbi est auteur de bande dessinée et illustrateur. Il a illustré plusieurs albums en Italie. Vinciane Lebrun est photographe documentaire et fondatrice de l’agence Voyez-Vous.
Ce documentaire illustré permet de suivre les aventures de cette molécule chimique là où elle a été utilisée.