Tous les articles par Jacqueline Collard

Un nouveau rapport de l’ONU « loin du compte » , face au changement climatique

l’ONU vient de publier un nouveau rapport sur les « avancées dans la lutte contre le changement climatique ». La conclusion en est d’être « très loin du compte » pour parvenir à limiter le réchauffement bien en deçà de 2 °C, et si possible 1,5 °C, comme engage l’accord de Paris sur le climat.

Alors que selon l’accord de Paris de 2015 les quelque 200 États signataires devaient réviser tous les cinq ans les engagements climatiques qu’ils avaient pris de manière volontaire, seuls 75 pays (dont les membres de l’Union européenne), représentant seulement 30 % des émissions mondiales, ont déposé leurs nouveaux objectifs auprès de l’ONU avant la date limite du 31 décembre 2020.

Selon la Convention-cadre des Nations unies (CCNU)sur les changements climatiques, qui a effectué une première évaluation de ces nouvelles NDC, l’impact combiné de ces nouveaux plans climat entraînerait seulement une baisse des émissions de gaz à effet de serre de  0,5 % d’ici à 2030, comparé à 2010, très loin des 45 % nécessaires pour ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement. Les prochains mois devraient être  cruciaux pour accélérer les efforts des Etats jusqu’à  la 26e conférence mondiale sur le climat (COP26), qui devrait se tenir à Glasgow (Ecosse) en novembre 2021, après avoir été reportée d’un an en raison de la crise sanitaire.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a souligné le  23 février que le changement climatique cause « 16 millions de déplacés chaque année », ce qui encourage l’enrôlement d’hommes désœuvrés dans des groupes terroristes, le trafic humain, ainsi que le crime organisé: nous sommes bien devant les défis du XXIe siècle. Ce fut donc l’objet  du débat  qui s’est tenu, mardi 23 février, en visioconférence, entre New York et les capitales des membres du Conseil. Présidé par la Grande Bretagne, il s’est agit  de démontrer le consensus nécessaire et grandissant, autour de l’idée, que l’urgence climatique est  une véritable menace pour la sécurité collective du Monde.

« L’humanité menace son existence sur cette planète. L’étape d’après pourrait être un désastre. Malgré tout, de nombreux pays s’en tiennent à leur approche de statu quo. » c’est ainsi que s’est exprimée Patricia Espinosa, la responsable climat des Nations unies (ONU),  vendredi 26 février. L’urgence se fait donc de plus en plus présente.

https://unfccc.int/news/climate-commitments-not-on-track-to-meet-paris-agreement-goals-as-ndc-synthesis-report-is-published

https://unfccc.int/sites/default/files/resource/cma2021_02_adv_0.pdf

Interpellation des agences sur l’évaluation des pesticides

119 députés européens, français et sénateurs français dénoncent les failles dans l’évaluation des pesticides et exigent que l’EFSA change ses pratiques toxiques.

Fin octobre 2020, une étude scientifique démontre la présence de produits toxiques dans 14 pesticides, non déclarés sur les étiquettes. Dès le 1er décembre, 9 associations portent plainte contre x et lancent une campagne citoyenne “Secrets Toxiques” qui mobilise plus de 14 000 signatures. Leur combat ? Remettre en question le système d’évaluation actuel et exiger le retrait de ces pesticides du marché en France et en Europe. Ce 25 février, la coalition d’associations envoie, avec le soutien de 119 députés européens, français et sénateurs, un premier courrier à  l’EFSA, chargée de l’évaluation des risques dans le domaine des denrées alimentaires.  

Après des pétitions des associations et les citoyens, 119 députés européens, français et sénateurs français de plusieurs couleurs politiques ont rejoint la mobilisation en co-signant une lettre exigeant que l’EFSA  :

  • fasse application correcte du règlement européen tel qu’interprété par la Cour de justice de l’Union européenne dans son arrêt du 1er octobre 2019 et notamment de mettre en place une prise en compte des effets cumulés de la substance active telle que déclarée évaluée avec tous les autres composants de pesticides qui sont présents dans les formulations commerciales, et ce dès la procédure d’autorisation ou de renouvellement d’une substance active déclarée. C’est le premier et peut-être le plus important des « effets cocktails » ;
  • mettre en place une procédure de prise en compte des effets entre différentes formulations de pesticides dits plus classiquement « effets cocktails » dès le stade de l’évaluation des substances actives déclarées ;
  • mettre en place une procédure assurant, lors des évaluations de renouvellements d’approbations de substances actives déclarées, de la prise en compte de l’ensemble des publications scientifiques, notamment des avis du CIRC et les études de toxicité de formulations commerciales complètes, et de faire application du règlement européen et de l’arrêt du 1er octobre 2019 de la CJUE ;
  • assure la publication des données brutes, articles et références sur lesquels se base l’EFSA dans ses évaluations.

Des produits toxiques non déclarés sont retrouvés sur l’étiquette de 14 pesticides évalués par l’EFSA.

L’étude d’octobre 2020 du Pr Gilles-Eric Séralini et Gérald Jungers ouvre une nouvelle brèche concernant le système d’évaluation des pesticides au niveau européen et français. Elle démontre que plusieurs métaux lourds et autres formulants toxiques entrent dans la composition de pesticides, non déclarés sur l’étiquette. Comment cela est-il possible ? L’étude démontre de nombreuses failles dans les systèmes d’évaluation des pesticides utilisés en Europe.

Télécharger le communiqué de presse

Un reportage d’ARTE sur la fabrique de l’ignorance

Un reportage d’investigation produit par la chaine ARTE le 23 février à propos de la stratégie de persuasion, utilisée par des lobbies trop souvent peu scrupuleux sur l’impact de leurs produits quant à la santé des concitoyens.

Des mécanismes qui sont initiés depuis longtemps , l’industrie du tabac a été l’une des premières, et nous assistons, avec les grands enjeux de notre société, à des moyens de  plus en plus sophistiqués, pour mettre le doute dans la population. Ce qui est grave c’est que ces stratagèmes discréditent de ce fait, les appels à la prudence, lancés par les communautés scientifiques et médicales.

L’argument : « Il n’y a pas de consensus « est souvent  entendu dans les médias dans la parole d’experts, produisant le doute dans la population souvent trop peu informée, si ce n’est par le marketing et la publicité.

Cela permet au monde industriel de mettre sur le marché des  produits qui ne devraient pas être commercialisés, avec des études de dangers non finalisées. Nous constatons bien que nous sommes confrontés à ces soi disant incertitudes  tant avec les perturbateurs endocriniens, les produits CMR , les nanoproduits, les pesticides, les risques engendrés par la téléphonie mobile ou les rayonnements ionisants et même  les données sanitaires et climatiques. Retrouvons le bon sens et soyons vigilants sur les informations claironnées  par les médias et n’hésitons pas  à vérifier l’origine des travaux d’études.

2020 une parenthèse pour le CO2 mais qu’attendre de 2021 ?

Effectivement le ralentissement économique planétaire a finalement contre toute attente limité la production de gaz à effets de serre ; ainsi nous pouvons constaté combien nos activités humaines lorsqu’elles ne sont pas bridées sont impactantes pour le climat.

Cyril Crevoisier, directeur de recherche au CNRS en météorologie dynamique, assure que sur l’ensemble de 2020, les émissions de CO2 auraient baissé de 7 % à 8 % ( équivalent au taux de 2016). Un chiffre qui va dans le même sens que  d’autres données, comme celles du Global Carbon Project, publiées en décembre 2020. C’est d’autant plus surprenant que le dioxyde de carbone (CO2) a une durée de vie moyenne dans l’atmosphère de cent ans, et donc les variations annuelles sont extrêmement difficiles à observer. Ce qui démontre que cet objectif climatique de la Cop 21 est tout à fait réalisable. Jamais une telle diminution n’avait été constatée.
Une autre bonne nouvelle en 2021 c’est le retour dans le giron de l’accord de Paris des Etats Unis. Pour Cyril Crevoisier, l’urgence impose de focaliser l’effort sur deux domaines : le secteur de l’énergie, au sens large, qui représente 44 % des émissions (et a vu les siennes baisser de 6 % pendant les deux confinements), ainsi que le trafic routier, dont la baisse est responsable, à elle seule, de 50 % de la chute des émissions sur la période.

Nous devons rester vigilants en concentrant nos efforts sur de nouvelles solutions à l’échelle mondiale et elles sont nombreuses, à nous de prendre les bonnes orientations tant au niveau individuel que collectif et tout particulièrement dans le champ des énergies et des transports.

Des expériences de géo-ingénierie pour ralentir le changement climatique ?

Une équipe de scientifiques de Harvard prévoit  de lancer un ballon à haute altitude depuis Kiruna en Laponie pour tester s’il peut transporter l’équipement nécessaire pour une future expérience consistant à disséminer des particules réfléchissant les radiations dans l’atmosphère terrestre.

Des groupes environnementaux suédois ont écrit au gouvernement et à la Swedish Space Corporation (SSC) pour exprimer leur opposition, inquiets de l’adoption d’une technologie potentiellement « dangereuse, imprévisible et ingérable ».

Les aérosols stratosphériques sont un élément clé de la technologie de géoingénierie solaire que certains ont proposé cette technologie  pour contrôler la température de la Terre, avec pour hypothèse que la crise climatique rendrait les conditions intolérables et que les gouvernements ne prendraient pas les mesures suffisantes. Les critiques portent sur  les conséquences de cette technique dont on soupçonne  ce que que les injections d’aérosols stratosphériques (SAI) à grande échelle pourraient endommager la couche d’ozone et au contraire provoquer un réchauffement de la stratosphère et perturber plus encore les écosystèmes.