Tous les articles par Jacqueline Collard

Prévention pour les professionnels qui utilisent le dioxyde de titane nanoparticulaire

17 000 tonnes de dioxyde de titane sont produites ou importées chaque année en France, sous forme nanoparticulaire sous l’abréviation de TiO2-NP : il est l’un des nanomatériaux les plus utilisés dans différents secteurs industriels comme l’alimentation, les cosmétiques  et même les médicaments etc…

Il constitue de ce fait une source d’exposition potentielle importante en milieu professionnel. C’est donc dans la continuité des travaux menés pour la population générale, que l’Anses recommande aujourd’hui des valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) pour renforcer la prévention des risques pour les travailleurs.

Plusieurs caractéristiques physico-chimiques du TiO2-NP peuvent influencer sa toxicité : la taille, la forme, la présence ou non d’un revêtement de surface ou encore la cristallinité, ce qui en fait une substance très complexe. Les particularités du TiO2-Np sont aussi des propriétés d’absorption des rayonnements ultraviolets et photocatalytiques, propriétés permettant entre autre la décomposition chimique de certains polluants et c’est ainsi qu’ils sont utilisés par exemple dans les vitrages dits « autonettoyants ».

Les personnes exposées par voie respiratoire,peuvent engendrer une inflammation pulmonaire susceptible d’entraîner dans certains cas la cancérogénèse. Ainsi l’Anses préconise une valeur limite d’exposition professionnelle VLEP-8h de 0,80 microgramme par mètre cube. Le respect de cette valeur permet de prévenir l’inflammation pulmonaire, effet survenant aux concentrations d’exposition les plus faibles.

AVIS et RAPPORT de l’Anses à la proposition de valeurs limites d’exposition en milieu professionnel pour le dioxyde de titane sous forme nanométrique

Le ciment des Alpes s’effondre

Les montagnes s’effondrent : ce qui provoque le dégel du permafrost, fait que le « ciment des Alpes disparait».

Le réchauffement climatique a de multiples conséquences. L’une d’entre-elles est la fonte des glaciers. Moins connue, mais tout aussi dramatique pour les sommets, la dégradation de ce qu’on appelle le permafrost qui est le liant des roches.

Ce permafrost, nous le connaissions  dans les régions polaires, et bien il est présent aussi  à haute altitude. Celui qui nous concerne, dans les Alpes, l’est bien souvent un héritage des dernières périodes glaciaires. Les terrains et les riches sont gelés depuis des centaines, des milliers, voire des dizaines de milliers d’années, ce qui assurent leur cohésion.

Depuis trois décennies, les chercheurs notent  une accélération des mouvements de versants associés à une dégradation du permafrost. On assiste  ainsi à une multiplication des écroulements rocheux liés à la hausse des températures: encore des effets qui s’accroissent de façon significative, et sont encore des témoignages du changement climatique. L’été, les alpinistes sont plus que jamais, témoins de ces chutes de pans de rochers, rendant leur sport toujours plus dangereux.

Le salicylate d’héxyle pourrait être classifié toxique par l’ECHA

Le salicylate d’héxyle est une substance parfumante utilisée dans beaucoup de produits tels que les cosmétiques, notamment les shampoings, les savons et autres articles de toilette ainsi que dans les nettoyants ménagers et les détergents.

Identifiée comme potentiellement toxique pour l’Homme, cette substance ne fait actuellement pas l’objet d’un encadrement réglementaire au niveau européen. Afin de protéger la santé des consommateurs, l’Anses a évalué les effets associés à l’exposition à cette substance dans le but de la classer dans le cadre du règlement CLP.

l’Anses a soumis de ce fait une proposition de classification à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA)  (classification, étiquetage et emballage des produits). Si elle est validée, cette classification aura des conséquences directes sur l’étiquetage des produits contenant cette molécule au niveau européen.

La proposition de classification fait l’objet d’une consultation publique, depuis le 8 février 2021 et pour deux mois, afin de permettre aux parties prenantes de commenter ou d’apporter des informations complémentaires dont elles disposent.

l’Agence confirme la capacité de la substance à provoquer des réactions allergiques cutanées ainsi que des effets toxiques pour le développement du fœtus (malformations, retards de développement…). En effet, pour ces derniers, des données existent sur des substances structurellement similaires, l’acide salicylique et le salicylate de méthyle déjà classées quant à leur toxicité pour le développement foetal. L’Anses a donc proposé que la substance salicylate d’héxyle soit classée de la même manière dans le règlement européen.

Si cette proposition est validée, le salicylate d’héxyle devra être étiqueté comme suit :
•    « Peut provoquer une allergie cutanée ; catégorie 1 (H317) »
•    « Susceptible de nuire au fœtus ; catégorie 2 (H361d) »

Cette proposition a été mise en consultation publique sur le site internet de l’ECHA le 8 février 2021 pour une période de deux mois, afin de donner l’opportunité à toutes les parties prenantes de présenter leurs positions, leurs arguments scientifiques ou les informations complémentaires dont elles disposent.

https://www.anses.fr/fr/content/proposition-de-classification-d%E2%80%99une-substance-parfumante

Un livre d’actualités : la servitude électrique

Alors que depuis des années on nous fait part de la nécessité de réduire notre demande électrique, que des textes sont élaborés dans le cadre de la transition énergétique et écologique, pour  la promotion des ENR, que la loi climat est en cours de propositions au Parlement un livre fait le point sur cette énergie si présente dans nos vies.

L’action de l’électricité se révèle dans trois domaines principaux : la lumière, la force, l’information. Une telle immatérialité la fait passer pour innocente. Pourtant, son efficacité repose essentiellement sur le pouvoir du feu, elle n’est qu’un vecteur énergétique. Dégâts et déchets sont cachés en amont ou en aval de son utilisation.

Dans « la Servitude électrique », les sociologues Gérard Dubey et Alain Gras rappellent que le pouvoir de séduction de l’électricité repose sur une illusion : son immatérialité. Loin d’être une solution à la crise climatique, le tout-électrique est un désastre écologique.

Gérard Dubey est sociologue, professeur à l’Institut Mines-Telecom Business School. Il est l’auteur de Le Lien social à l’ère du virtuel (PUF, 2001), Dans la peau d’un pilote de chasse ? (PUF, 2016, avec C. Moricot) et Mauvais temps (Dehors, 2018, avec P. de Jouvancourt).

Alain Gras est professeur émérite de socio-anthropologie des techniques à l’université Paris 1-Sorbonne. Il a publié Les Macro-systèmes techniques (PUF, 1997), Fragilité de la puissance (Fayard, 2003), Le Choix du feu (Fayard, 2007) et Oil (B2, 2015).

On reparle du cluster de bébés nés sans bras (ATMS) de l’Ain

Le temps du  scientifique n’est pas celui des médias, et encore moins celui du sensationnel.

En 2015, le Registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera) a rédigé un rapport sur six cas suspects d’ATMS (cas d’agénésie transverse des membres supérieurs ) identifiés entre 2009 et 2014 dans l’Ain, concentrés dans un rayon de 17 km. En 2018 avec plusieurs années de recul c’est 8 enfants qui sont  nés avec des malformations congénitales dans le département de l’Ain c’est-à-dire avec un bras ou une main qui  ne se sont pas développés  et sont décelés lors de  la naissance du bébé . C’est alors que la directrice du Remera estime que cette concentration de cas « n’est probablement pas due au hasard » et recommande une enquête. Le rapport précise que « l’hypothèse la plus probable serait celle d’une exposition à un tératogène [un agent qui peut provoquer des déformations du fœtus] commun à ces six mères, peut-être une substance utilisée en agriculture ou en médecine vétérinaire ». Mais à cette époque, déjà, les experts étaient divisés, et le dossier refermé par les institutions.

 C’était sans compter de la médiatisation de ce rapport, qui a permis de connaitre d’autres clusters en particulier en Loire Atlantique et en Bretagne, alors qu’on dénombre prés de 150 cas semblables par an. Plusieurs enquêtes son donc menées sans que des conclusions ne soient tirées. En juillet 2019, un comité d’experts réunis par SPF et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) concluait également à l’absence de cluster dans l’Ain.

On pensait le dossier refermé alors qu’une équipe de scientifiques a publié, le mardi 9 février dans la revue Birth Defects Research, une analyse, pourtant passée inaperçue, confortant la réalité d’un cluster d’agénésies transverses du membre supérieur (ATMS) dans une petite zone du département de l’Ain.

Ces travaux, conduits par la généticienne Elisabeth Gnansia, présidente du conseil scientifique du Registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera) et Jacques Estève, biostatisticien aux Hospices civils de Lyon, apportent de nouveaux éléments à la controverse qui perdure depuis plusieurs années entre les responsables du registre Remera et les autorités sanitaires. Ils suggèrent que dans un cercle de 16,24 km centré sur la commune de Dompierre-sur-Veyle, le nombre de naissances d’enfants souffrant d’atrophie d’un bras ou d’une main, entre 2009 et 2014, a été près de dix fois supérieur à la moyenne.

Ainsi convaincus de la nécessité d’informer les responsables du Remera ont voulu valider leur analyse par une publication dans la littérature scientifique internationale: ce qui est dorénavant fait.