Tous les articles par Jacqueline Collard

La loi Climat résilience votée par le Parlement le 20 juillet

Le Parlement français a adopté définitivement mardi le projet de loi Climat et Résilience à l’issue d’un parcours chaotique devant les deux chambres et d’une bataille permanente des associations environnementales déçues d’un texte qu’elles qualifient « édulcoré ».

Ce texte, voté par l’Assemblée nationale et le Sénat à la suite d’un compromis, est inspiré des 146 propositions de la Convention citoyenne sur le climat retenues par Emmanuel Macron.Il est à noter de nombreux  points de friction entre les deux chambres tout au long de ce travail entamé depuis des mois.
La loi vise à placer la France sur la trajectoire d’une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 1990), en vertu de l’Accord de Paris sur le climat.Saisi notamment par la commune de Grande-Synthe (Nord), qui dénonce l’inertie des pouvoirs publics, le Conseil d’Etat a ordonné le 1er juillet au gouvernement de prendre des mesures supplémentaires d’ici au 31 mars 2022 pour atteindre cet objectif.

Au-delà de l’innovation démocratique, le projet de loi accélère la transition de notre modèle de développement vers une société neutre en carbone, plus résiliente, plus juste et plus solidaire. Il a l’ambition d’entraîner et d’accompagner tous les acteurs dans cette indispensable mutation. Tous les domaines de notre vie sont concernés :

  • Consommer
  • Produire et travailler
  • Se déplacer
  • Se loger
  • Se nourrir
  • Renforcer la protection judiciaire de l’environnement

Du côté du ministère de la Transition écologique, on estime que cette loi, ajoutée aux lois déjà votées (énergie-climat, LOM, Agec), au plan de relance, aux mesures réglementaires et aux mesures européennes, permet de tendre vers l’objectif des -40 %.

Le texte : https://www.ecologie.gouv.fr/loi-climat-resilience

Retrouvez les mesures phares dans le communiqué de presse sur le vote définitif du projet de loi au Parlement

Révision de la convention d’AARHUS par l’Europe dans le cadre du Pacte vert

Rappel: Les dispositions concernant l’information du public ont été confortées, entre autres, par la convention d’Aarhus signée le 25 juin 1998 au Danemark par 39 États. Adoptée en application de l’article 10 de la déclaration de Rio pour la région Europe de la Commission économique des Nations Unies, la convention d’Aahrus porte sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement. Elle se décliait selon les axes suivants :

Développer l’accès du public à l’information détenue par les autorités publiques, en prévoyant notamment une diffusion transparente et accessible des informations fondamentales
* Favoriser la participation du public à la prise de décisions ayant des incidences sur l’environnement. Il est notamment prévu d’encourager la participation du public dès le début d’une procédure d’aménagement, « c’est-à-dire lorsque toutes les options et solutions sont encore possibles et que le public peut exercer une réelle influence ». Le résultat de sa participation doit être pris en considération dans la décision finale, laquelle doit faire également l’objet d’une information.
* Étendre les conditions d’accès à la justice en matière de législation environnementale et d’accès à l’information

Depuis plus de 20 ans cette convention a eu du mal à être appliquée aussi la révision de celle ci s’imposait afin que le principe pollueur payeur devienne une réalité.

Le nouvel accord a été conclu le lundi 12 juillet et le règlement doit maintenant être formellement approuvé avant d’entrer en vigueur. Proposée initialement en octobre 2020, dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, cette révision devrait assurer un contrôle public accru des actes de l’Union européenne en matière d’environnement.La modification validée cette semaine par le Parlement et le Conseil prévoit de préciser ce contrôle administratif et juridictionnel à travers certaines conditions.
La commissaire chargée de l’environnement, des océans et de la pêche, Virginijus Sinkevičius, s’est exprimée dans un communiqué. « Cette révision renforcera la capacité de la société civile européenne et du grand public à exercer un contrôle sur les décisions ayant une incidence sur l’environnement. Il s’agit d’un élément important du système d’équilibre des pouvoirs dans le domaine de l’état de droit en matière d’environnement, qui permettra de garantir que le pacte vert pour l’Europe apporte un changement durable. »

Leçons d’un siècle de vie Edgar Morin

Edgar Morin un grand humaniste, sociologue et philosophe qu’il fait bon lire et écouter!   Des invitations à la lucidité et à la vigilance: s’attendre à l’inattendu!

La joie de vivre chevillée au corps, Edgar Morin a fêter ses  100 ans le 8 juillet 2021. L’homme est vif-argent et toujours curieux d’aujourd’hui. Le penseur est complexe, questionnant l’imprévu et l’incertain, et d’autant plus précieux en temps de crises. Une grande œuvre (soixante ouvrages), docteur honoris causa de trente-huit universités à travers le monde, ce monument national n’a pourtant pas vraiment fait école en son pays. Intellectuel médiatique avant l’heure, peut-être a-t-il dérouté des disciples pour embrasser trop de champs ?

Loin des chapelles et sans frontières, théoricien et militant, il a traversé le siècle, à contre-courant quand il le fallait. Il a pensé sa vie et vécu sa pensée, toujours là où ça se passe, aux premières loges de l’histoire. La politique a surgi chez lui à l’âge de 13 ans, au choc de la manifestation antiparlementaire du 6 février 1934. Résistant (sous le nom de Morin pour ses camarades) pendant la Seconde Guerre mondiale, il publie en 1946 son premier livre, « l’An zéro de l’Allemagne », en rupture avec l’antigermanisme d’alors. Jusqu’en 1947, il partage un appartement rue Saint-Benoît avec Marguerite Duras, Robert Antelme, Dionys Mascolo, sortant le soir pour écouter Boris Vian trompetter au Tabou ou Juliette Gréco au Vieux-Colombier (« Marguerite cuisinait des déjeuners franco-vietnamiens et des dîners de fête réunissant les Queneau, les Merleau-Ponty, les René Clément, Georges Bataille »).

Le sociologue et philosophe estime que la course à la rentabilité comme les carences dans notre mode de pensée sont responsables d’innombrables désastres humains causés par la pandémie de Covid-19. Or, l’arrivée d’un imprévisible était prévisible, mais pas sa nature. D’où sa maxime permanente : « Attends-toi à l’inattendu. »

Ces dernières œuvres:

  • Sur la crise : Pour une crisologie suivi de Où va le monde ?, Paris, Éditions Flammarion, coll. Champs, 2020, réunion de deux textes anciens, le premier datant de 2016 le deuxième de 1981.
  • Changeons de voie : Les leçons du coronavirus , Paris, Éditions Denoël, 2020.
  • L’entrée dans l’ère écologique, Paris, L’Aube, 2020.
  • Frères d’âme, entretien avec Pierre Rabhisur des questions de Denis Lafay, Paris, L’Aube, 2021.
  • Leçons d’un siècle de vie, (2021), Paris : Denoël,

Une plainte est déposée contre l’exposition au plomb des riverains de la cathédrale Notre Dame de Paris

Le 15 avril 2019, près de 460 tonnes contenues dans la toiture et la flèche de la cathédrale de Paris étaient parties en fumée avant de se disperser autour du monument et au-delà, dans le sillage de l’immense panache de fumée. Jusqu’à 500 000 microgrammes par mètre carré (µg/m2) avaient été mesurés sur le parvis ou encore 20 000 µg/m2 autour de la très fréquentée fontaine de la place Saint-Michel (jamais fermée au public). Rappelons que le plomb est une substance très toxique, même à faible dose, particulièrement pour les jeunes enfants et les femmes enceintes.

Deux ans après l’incendie de Notre-Dame, une nouvelle plainte pour mise en danger de la vie d’autrui a été  déposée contre X, mardi 6 juillet, devant le tribunal de Paris.
Elle émane de l’Union départementale CGT de Paris (UD CGT 75), de l’Association Henri Pézerat et de deux familles dont les enfants ont été exposés aux retombées de plomb à leur domicile et à l’école. En avril, l’association Robin des Bois avait déposé une plainte similaire après un premier recours infructueux en août 2019.
Le dépôt de cette nouvelle plainte intervient alors que les poussières de plomb polluent toujours l’environnement de la cathédrale.

En effet  depuis 2 ans l’association Henri Pézerat réclament un confinement du chantier et des études complémentaires détaillant les points contaminés et demandant un suivi sanitaire des personnes qui ont été exposées (pompiers, riverains  et travailleurs du chantier).


			

Lien fort entre pesticides et pathologies graves

L’Inserm a rendu un nouveau rapport sur les conséquences sur la santé des pesticides. La survenue de plusieurs maladies présente un lien de « présomption fort » avec l’exposition à ces substances, selon l’Institut.

Son dernier rapport datait de 2013. L’Inserm vient de rendre de nouvelles conclusions sur les liens entre l’exposition aux pesticides et la survenue de maladies. Ce rapport issu d’une expertise collective analyse les nouvelles données parues dans la littérature scientifique depuis huit ans. En tout, plus de 5.000 études ont été passées en revue pour tirer des conclusions par maladie. En 2013, l’Inserm concluait déjà qu’une association semblait exister entre les pesticides et la maladie d’Alzheimer, le cancer de la prostate, ainsi que certaines formes de cancer comme les les lymphomes non hodgkiniens (LNH), le myélome, le cancer de la prostate, la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs et la BPCO  broncho-pneumapathie chronique obstructive.   Ce rapport affirme la nécessité de préserver les femmes enceintes à des expositions éventuelles  à ces produits toxiques.

Ce qui s’ajoute au rapport d’expertises rendu le 30 juin confirmant la relation entre certaines maladies et une exposition aux pesticides. Trois substances en particulier avaient  été passées au crible : le glyphosate, le chlordécone et les fongicides SDHI.

https://www.inserm.fr/sites/default/files/2021-06/Inserm_ExpertiseCollective_Pesticides2021_Synthese.pdf

Inserm. Pesticides et effets sur la santé : Nouvelles données. Collection Expertise collective. Montrouge : EDP Sciences, 2021.
Pour accéder aux expertises collectives en ligne : https://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/1

http://www.inserm.fr/thematiques/sante-publique/expertises-collectives