Tous les articles par Jacqueline Collard

Même en altitude la pollution plastique sévit de façon dissimulée

En Mai 2021, nous avions rapporté le retour de chercheurs partis en treck sur l’Everest pour faire des prélèvements de déchets plastiques. Ils étaient partis pour réaliser des analyses de sols afin de faire du “troisième pôle terrestre” le plus grand laboratoire du monde du changement climatique. Ces éléments surprenants ont fait l’objet d’une publication le 10 mars 2021 dans la revue Science of The Total Environment et ils avaient trouvés  de très importants taux de substances chimiques comme les perfluoroalkylées ou PFAS – qu’ils avaient  mesuré, pour la première fois au sommet de l’Everest.

 Cette fois ci ce sont des chercheurs de l’Université de Savoie qui ont fait des prélèvements sur le plus haut sommet d’Europe  le Mont Blanc : leur mission de terrain s’est clôturée en juin, avec les derniers prélèvements sur les hauteurs de Chamonix. Les chercheurs s’intéressent aux particules comprises entre 50 microns (50 millièmes de millimètre) et 5 millimètres, taille maximale des microplastiques. Avant l’opération Clean Mont-Blanc, l’équipe avait effet analysé l’eau de neuf lacs alpins situés à plus de 1 800 mètres d’altitude et éloignés, eux aussi, de toute activité humaine.

« On a retrouvé des microplastiques dans tous les lacs étudiés, rapporte David Gateuille. Il y a une certaine variabilité, certains lacs présentant des concentrations dix fois plus élevées que d’autres. » Les principales substances retrouvées portent les noms de polypropylène, de polyéthylène ou de PET, soit les plastiques les plus répandus, qui composent notamment les vêtements, les bouteilles, les sacs ou les emballages…

Le problème de la pollution plastique est devenu si grave que les microplastiques sont désormais intégrés aux cycles réguliers de l’atmosphère, circulant autour de la planète comme l’oxygène ou l’eau, selon une nouvelle étude du PNAS parue au printemps. Les particules de plastique envoyées dans l’air par les embruns océaniques et les surfaces routières traversent les continents et atteignent les endroits les plus reculés de la Terre.

«Nous avons trouvé beaucoup de pollution plastique héritée partout où nous avons regardé», explique la géologue Janice Brahney, de l’université d’État de l’Utah, qui a participé à cette étude faite sur 11 sites différents de l’ouest des États-Unis. « Ça voyage dans l’atmosphère et ça se dépose partout dans le monde ». « Ce plastique ne date pas de cette année, ajoute-t-il. Il provient de ce que nous avons déjà déversé dans l’environnement depuis plusieurs décennies. »

https://www.pnas.org/content/118/16/e2020719118

Nanomatériaux dans les cosmétiques ; la DGCCRF publie un mémo

Les autorités françaises mènent  des actions au niveau européen pour renforcer l’attention des autres États membres et de la Commission européenne sur l’utilisation des nanomatériaux dans les cosmétiques. Elles ont notamment adressé à la Commission un état des lieux des constatations effectuées depuis 2017 et l’ont alertée sur la présence de nanomatériaux non autorisés dans certains produits afin de garantir une mise en œuvre harmonisée à l’échelle du marché intérieur.

Petit rappel : le Règlement européen 1223/2009, dit Règlement Cosmétiques, qui a remplacé l’ancienne Directive, a introduisant la notion de nano-ingrédients, avec quelques obligations à la clé. Notamment, à compter du 11 juillet 2013, un produit cosmétique ne peut contenir un nano-ingrédient qu’à deux conditions :
• le nano-ingrédient a été notifié à la Commission européenne six mois avant la mise sur le marché du produit, accompagné de son lourd dossier d’évaluation de la sécurité pour examen par le CSSC : sans réponse des experts dans ce délai, il est considéré comme validé et autorisé,
OU
• le nano-ingrédient, après évaluation et avis favorable du CSSC qui le considère comme sûr d’emploi, figure dans les Annexes du Règlement (notamment celle des filtres anti-UV pour les dioxyde de titane et oxyde de zinc, ou celle des colorants pour le Carbon Black) et devient libre d’emploi.Dans les deux cas, le nano doit être signalé sur l’étiquette dans la liste des ingrédients par le terme [nano] accolé au nom INCI de la substance concernée.

En 2019, la DGCCRF a intensifié ses contrôles portant sur la thématique des nanomatériaux. Au total, près de 70 professionnels ont été contrôlées et 30 produits (produits cosmétiques ou leurs ingrédients) ont fait l’objet d’analyses.

La DGCCRF vient de publier un mémo pour un meilleur respect de la réglementation :

https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/nanomateriaux-dans-les-produits-cosmetiques-la-dgccrf-fait-le-point

29 juillet jour du dépassement 2021

L’ONG américaine Global Footprint Network calcule, chaque année, cette date appelée le « jour du dépassement de la Terre ». En 2020, cet évènement tombait le 22 août suite à l’impact des limitations d’activité en raison des confinements, il était déjà tombé le 29 juillet en 2019. Depuis les années 1970, la date du Jour du dépassement se dégrade : le 29 décembre en 1970, le 11 octobre en 1990, le 29 juillet en 2019.

Le ralentissement des activités humaines de 2020 avait réduit l’empreinte écologique mondiale de près de 10 %. Cette année au contraire c’est une augmentation de 6,6 % de l’empreinte écologique mondiale  qui a été calculée, mettant en évidence l’impact écologique négatif de la déforestation qui n’en finit pas de s’accroître.

L’humanité utiliserait actuellement 74 % de plus que ce que les écosystèmes de la planète peuvent régénérer, soit l’équivalent de 1,7 planète Terre.ce qui signifie que l’humanité a dépensé l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an.

Face à ces données, la PDG de Global Foot Network estime que « les plans de relance de l’ère post-Covid 19 ne peuvent réussir à long terme que s’ils s’appuient sur la régénération et la gestion raisonnée des ressources écologiques »

Cet été les cataclysmes s’enchaînent à travers le monde

Depuis le début de l’été, les incendies, les inondations , les canicules avec des sécheresses extrémes  se multiplient partout sur le globe.

Il suffit de suivre les informations pour constater que les populations mondiales sont affectées en nombre par ces différentes catastrophes qui touchent tant le Canada, la Californie, la Chine, la Sibérie et plus prés de nous la Gréce, la Turquie, la Sardaigne, la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie.

Interviewé Christophe Cassou chercheur sur le changement climatique et co-auteur  du 6ème rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’exprime ; « Il est maintenant clairement établi que le changement climatique augmente l’occurrence et l’intensité des évènements extrêmes, que ce soit les précipitations diluviennes ou à l’opposé les sécheresses, car le changement climatique perturbe de manière profonde tout le cycle de l’eau ».

Une fois encore donc, des scientifiques de premier plan ( plus de 15 000) soulignent la « hausse sans précédent » des catastrophes naturelles et alertent sur un changement dramatique et irrémédiable du système climatique.Ils ont en ce  mercredi 28 juillet souligné l’affaiblissement des « signes vitaux » de la planète sous les coups de l’économie mondiale. Ils s’inquiètent aussi de l’imminence possible de certains « points de rupture » climatiques.Ils dénoncent les gouvernements qui ont de manière systématique échoué à s’attaquer aux causes du changement climatique : « la surexploitation de la Terre ».

Sur les 31 « signes vitaux » de la planète, qui incluent les émissions de gaz à effet de serre, l’épaisseur des glaciers ou la déforestation, 18 atteignent des records, selon ce texte publié dans la revue « BioScience ».

Les auteurs réclament des actions rapides radicales dans plusieurs domaines : éliminer les énergies fossiles, réduire la pollution, restaurer les écosystèmes, opter pour des régimes alimentaires basés sur les plantes, s’éloigner du modèle de croissance actuel et stabiliser la population mondiale.

« Nous devons réagir face aux preuves qui montrent que nous allons vers des points de rupture climatiques, en prenant des mesures urgentes pour décarboner l’économie et en commençant à restaurer la nature plutôt que la détruire », a indiqué l’un des auteurs, Tim Lenton, de l’université britannique d’Exeter.

Nouvelle victoire sur l’exposition des riverains aux pesticides

Un collectif d’associations dont Générations futures avait déposé  des recours auprès du Conseil d’Etat (CE,) or celui ci l vient de rendre une décision majeure dans la lutte contre les pesticides, en annulant, car insuffisamment protectrices,  plusieurs dispositions encadrant leur épandage près des habitations :
– insuffisance des distances minimales pour les produits suspectés d’être cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR 2) – plusieurs pesticides relevant de cette catégorie,
– absence d’information réelle des riverains en amont des épandages ,
– insuffisante protection des riverains et travailleurs.

De nombreuses molécules de pesticides sont fortement suspectées d’être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques (CMR) ou d’être des perturbateurs endocriniens. Au regard du risque accru que ces substances font courir aux populations riveraines, le rapporteur public avait demandé que 35 substances actives ne puissent être pulvérisées à moins de 20 mètres des habitations.

Le CE rappelle au gouvernement l’importance de la protection de population contre les méfaits des pesticides et l’invite à prendre  enfin sérieusement en compte l’avis des scientifiques en revoyant en profondeur sa copie sous 6 mois

 ‘Pesticides et effets sur la santé, nouvelles données’ – Expertise collective – Inserm – Juin 2021

https://www.conseil-etat.fr/actualites/actualites/pesticides-le-conseil-d-etat-ordonne-que-les-regles-d-utilisation-soient-completees-pour-mieux-proteger-la-population