Tous les articles par Jacqueline Collard

Un livre édifiant sur notre société numérique : voyage au bout d’un like

Dans notre société abreuvée de technologies qui ne sont là que pour notre bonheur et notre liberté, un livre qui devrait nos interroger de nos usages et impacts que cela implique !

L’industrie numérique veut rester discrète et faire croire qu’elle n’a pas d’impact matériel sur le monde réel. Le nouveau livre du journaliste Guillaume Pitron montre cette réalité : « l’Enfer Numérique : voyage au bout d’un like » explore les impacts du courriel (faible), des vidéos et des « réseaux sociaux » (majeur), de l’Internet des objets (colossal). Nos connexions quotidiennes et multiples occasionnent un véritable désastre écologique.

Guillaume Pitron journaliste et auteur d’une enquête publiée aux Éditions Les Liens qui Libèrent autour du numérique. Depuis des années, le journaliste Guillaume Pitron travaille sur les métaux et terres rares et donc, par extension, sur tout ce qui compose le numérique. Devenu omniprésent dans nos vies et dans la société, le numérique et son envers restent pourtant méconnus. Dans son dernier ouvrage « L’enfer numérique Voyage au bout d’un like », publié en septembre 2021, Guillaume Pitron enquête sur l’empreinte matérielle du virtuel.  Des matériaux requis  pour la fabrication des terminaux, aux câbles sous-marins pour faire transiter les données, aux colossaux data centers, ses investigations l’ont conduit aux 4 coins du monde.

NB: Pour rappel : la fabrication d’une puce électronique de deux grammes implique le rejet de deux kilos de matériaux issus de la terre. Si l’on regarde toute la chaîne de production, toute la matière première mobilisée pour fabriquer un outil numérique, on se rend compte de son immense matérialité. Un téléphone portable ne pèse pas 150 grammes. Il pèse en réalité 70, 80, 150 kilos. Plus on va vers des technologies numérisées, avec l’appel à des métaux de l’écorce terrestre, qu’il faut extraire en sortant énormément de roche, plus ce coût matériel est lourd.

 

Un article du Criigen : du glyphosate dans le placenta humain !

Ce 13 septembre la dernière version d’une importante découverte (concernant une fois de plus les produits avec du glyphosate comme ingrédient) a été mise en ligne dans le grand journal scientifique Toxics  :

https://www.mdpi.com/2305-6304/9/9/220/pdf

Communiqué de presse :

Fruit d’une collaboration entre des chercheurs de l’unité INSERM U1139 (3PHM) de l’Université de Paris, Faculté de Pharmacie et le Pôle Risques de l’Université de Caen Normandie, cette étude démontre que le glyphosate passe à à travers le placenta humain.

Par ailleurs, le Roundup, pesticide largement utilisé dont le principe actif déclaré est le glyphosate, contient un ensemble de toxiques à base d’hydrocarbures oxydés et de métaux lourds. Ce sont ces composés et non le glyphosate qui altèrent sérieusement l’intégrité du placenta, causant des dommages vasculaires, entre autres.
Ces polluants ne sont ni déclarés ni testés par l’industriel pour l’autorisation de l’utilisation du Roundup dans l’environnement. L’autorisation est donc basée sur le glyphosate seul et non sur l’ensemble Roundup qui est beaucoup plus toxique.
Ceci pourrait expliquer des problèmes de grossesse ou de malformations à la naissance, ce pesticide étant le plus commercialisé dans le monde et omniprésent dans la chaîne alimentaire.
Le débat sur le glyphosate seul est donc insuffisant pour expliquer la toxicité du pesticide.

Contact presse : Pr. Sophie Gil, sophie.gil@u-paris.fr
Pr. Gilles-Eric Seralini, gilles-eric.seralini@unicaen.fr, 06 70 80 20 87

Le Lévothyrox fait de nouveau parler de lui

Ce  médicament réapprouvé en septembre 2017 et utilisé par plus de 3 millions de personnes en France pour stabiliser leur taux de TSH, une hormone qui stimule la thyroïde.

Quatre ans plus tard, un rapport d’experts conclue que la nouvelle formule du médicament, (après retrait de l’ utilisation de sa première formulation suite à des effets secondaires notoires ) fabriqué par le laboratoire Merck, avait été approuvé par l’Agence Nationale de Sécurité et du Médicament (ANSM) qui était consciente qu’elle (la nouvelle formule) était très différente de la première et que donc elle comportait des risques pour les consommateurs.

Le médicament finira par provoquer des milliers d’effets secondaires en France. Pourtant, au tout début de sa commercialisation, les autorités sanitaires, indiquaient qu’il ne représentait aucune menace pour la santé des millions de consommateurs. La nouvelle formule est même beaucoup plus stable que la précédente”, disait Agnès Buzyn, à l’époque ministre de la santé, en septembre 2017.

“Une nouvelle action collective va être lancée mardi 14 septembre en France dans le dossier du Levothyrox, a appris franceinfo auprès de maître Christophe Lèguevaques, un des avocats qui en est à l’initiative. Cette fois, elle vise l’Agence Nationale de la Sûreté du Médicament (ANSM)”

La clôture du Congrès de l’UICN produit un manifeste

C’était la première fois depuis l’Assemblée générale fondatrice en 1948 à Fontainebleau que la France accueillait le congrès mondial de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). À la clôture les organisateurs semblaient satisfaits mais les associations environnementales restaient sur leur faim. Entre autres la FNE s’exprimait ainsi : « La France continue de donner des leçons à tous sur les enjeux de biodiversité et de climat, mais reste largement dans l’incantation ». Et le WWF de rajouter : Le « succès » économique ne peut plus se faire aux dépens de la nature. Nous avons un besoin urgent d’une réforme systémique.

Le Comité français de l’UICN s’est impliqué pour que le Congrès mondial soit une opportunité forte d’expliquer à tous les enjeux de biodiversité et de faire largement connaître les actions réalisées et les solutions à mettre en place. Pour ce faire, ce comité  s’est impliqué dans deux projets : « Les enfants pour la biodiversité », en partenariat avec Milan Presse, et le développement de kits pédagogiques pour la biodiversité en collaboration avec l’association Adphile. Il est également partenaire du Mobile Film Festival, du Festival Vivant ! sur l’art et la nature, et du livre blanc de la jeunesse porté par le Ministère de l’Éducation Nationale.

Il a été souligné par le représentant des Régions de France que la préservation de la biodiversité est une compétence clef pour les régions françaises, l’heure est désormais aux décisions, charge aux gouvernements de la planète de prendre les mesures nécessaires d’ici la COP15 (Conférence des nations unies sur la biodiversité) pour inverser avant 2030 la courbe de l’effondrement dramatique de la biodiversité.  À quelques semaines de  la COP 26 à Glascow et de la COP15 Biodiversité encore reportée en 2022 en Chine , l’UICN entend mettre la pression pour sauver la biodiversité et enrayer le dérèglement climatique, au moment où les négociations patinent.

 Les messages clés de cette semaine riche d’échanges est résumé dans le manifeste produit en clôture : celui-ci appelle à une « réforme systémique urgente » pour résoudre conjointement l’ensemble de ces défis.

« L’humanité a atteint un point de bascule, écrit l’organisation. Notre fenêtre de tir pour répondre à ces urgences interdépendantes et partager équitablement les ressources de la planète se réduit très vite. À nous d’agir dès lors !

Manifeste de Marseille | Congrès mondial de la nature de l’UICN 2020 (iucncongress2020.org)

Biodiversité et santé : un meeting organisé à Marseille dans le cadre de l’UICN

Cette réunion a mis en évidence combien la perte de biodiversité est un risque majeur de santé publique :  elle fait suite à une alerte de nombreux  scientifiques qui appellent à agir fortement contre le réchauffement et l’effondrement de la biodiversité qui se sont multipliés ces dernières années. C’est dans ce contexte que l’émergence du covid-19 a interrogé les effets de l’érosion de la biodiversité sur notre santé.

Il est avéré que les maladies infectieuses sont fortement liées aux pollutions qu’elles proviennent de l’eau, de l’air ou des sols, et qu’elles sont amplifiées par le réchauffement climatique. Néanmoins  ces sujets sont très complexes et  l’on ne connait  pas  réellement toutes les interactions entre ces indicateurs. Le contexte One Health qui rassemblent santé humaine, santé vétérinaire, et santé des écosystèmes, montre ces interactions déjà visibles malgré un manque de connaissances criant. La crise sanitaire actuelle avec les virus SRAS COV 2 en sont un exemple flagrant.

Cet échange a permis d’ailleurs de montrer, que  dans la gestion d’une crise sanitaire  combien il s’avère  nécessaire d’allier des compétences diverses de scientifiques afin de mieux comprendre comment les zoonoses (de plus en plus fréquentes en raison essentiellement de l’emprise humaine dans la nature, et la mondialisation des transports) sont le nid de ces maladies infectieuses, afin de mieux s’en préserver.

L’analyse rétrospective des données épidémiologiques disponibles montre que, depuis 1940, des déterminants d’origine agricole ( tout particulièrement les élevages intensifs) ont été associés à plus de 25 % de toutes les maladies infectieuses – et plus de 50 % des zoonoses – apparues chez les humains.

 Rohr, J.R., Barrett, C.B., Civitello, D.J. et al. Emerging human infectious diseases and the links to global food production. Nat Sustain
2, 445–456 (2019). https://doi.org/10.1038/s41893-019-0293-3