Tous les articles par Jacqueline Collard

Anticiper le risque n’est-il pas le meilleur moyen de se protéger ?

Alors qu’il ne se passe pas un jour sans apprendre là, ou à l’autre bout du monde, que des catastrophes naturelles, climatiques ou opérés par l’homme ont entrainé des pertes humaines graves, n’est il pas temps de s’interroger sur la culture du risque bien en amont? En mettant l’accent sur les retours d’expérience comme avec AZF, Lubrizol, la vallée de la Roya en France par exemple , la culture du risque et la responsabilisation, les politiques actuelles invitent à ce questionnement.

L’été 2021 a vu se succéder inondations, canicules, feux de forêts, tempêtes, etc. A chaque événement, les décès et les pertes nous sont insupportables, parce qu’à force de revenir inlassablement faire la « une » des médias, ils nous semblent anticipables et évitables. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) répète depuis trente ans que le réchauffement climatique augmente la probabilité et l’intensité des événements graves.

Cela  suppose donc que les parties prenantes doivent être conscientes des dangers auxquels elles s’exposent, savent ce qu’il faut faire et ont la capacité de s’engager dans des actions de réduction des risques ou d’adaptation efficaces. De nouvelles campagnes de communication sont elles nécessaires et suffisantes pour corriger ce qui relèverait de l’erreur de jugement, d’appréciation du risque et du manque de motivation ?

La crise sanitaire a testé la résilience des villes face aux chocs en tout genre. Une ville doit être avant tout « choisie » et non « subie » à l’aune des grandes transformations de nos sociétés que sont le dérèglement climatique, la mondialisation et le mécontentement qu’elle suscite, les pressions démographiques et la révolution numérique.  Repenser la ville de demain, c’est répondre à des questions très concrètes pour changer la manière dont on y vit : que vont devenir nos grandes métropoles denses à l’ère du télétravail et comment répondre aux besoins croissants des citadins en quête de nature et de calme ?

L’expérience directe sur le terrain est pourtant le facteur le plus puissant de prise de conscience et d’action de réduction des risques ou d’adaptation. Comment la pédagogie pourrait-elle faire mieux que l’expérience directe ?

C’est dans ce cadre que nous participons à des mesures d’intelligence collective sur ces sujets avec la DREAL à travers le Secrétariat permanent pour la préventions aux risques de la Région grenobloise  (SPPPY) et de  l’IRMA (http://www.irma-grenoble.com )

 

Le bilan 2020 de la capacité hospitalière inquiète

Selon un étude émanant de la DREES en 2020, 1 342 hôpitaux publics, 667 établissements privés à but non lucratif et 974 cliniques privées composaient le paysage hospitalier français. La France compte désormais moins de 3 000 hôpitaux et cliniques. « Sous l’effet des réorganisations et des restructurations », 25 établissements publics et privés ont fermé l’an dernier. Au total, le nombre de sites géographiques répertoriés continue donc de diminuer. En effet c’est plus de 5 700 lits d’hospitalisation complète qui ont été fermés en 2020 dans les établissements de santé français en pleine épidémie COVID.

Loin d’être ralenties par la crise sanitaire, les fermetures se sont même accélérées en 2020, malgré le déploiement temporaire de lits supplémentaires à certains moments de l’année. Les déprogrammations d’opérations et le refus d’accueillir des patients dans certains services pour dégager du personnel face à l’épidémie ont pu accentuer cette dynamique, de même que les transformations de chambres doubles en simples, qui ont réduit d’autant le nombre de lits disponibles, note la Drees. «Ce repli poursuit une tendance observée depuis plusieurs années», rappelle le rapport, qui chiffre les fermetures de lits depuis sept ans à 27.000, «soit une baisse de 6,5%». Dix ans après l’épidémie de grippe H1N1, la pandémie de Covid-19 a montré de nouveau la très grande fragilité de ces établissements et de leur personnel comme l’accroissement de leurs risques.

Parmi les 1 342 établissements hospitaliers publics, trois types d’établissements  coexistent, avec des missions spécifiques pour chacun.
Les 180 sites de centres hospitaliers régionaux (CHR) dispensent les soins courants à la population la plus proche et des soins plus spécialisés à la population régionale, voir nationale ; les 931 centres  hospitaliers (y compris les ex-hôpitaux locaux), catégorie intermédiaire d’établissements, assurent la majeure partie des prises en charge de court séjour (médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie [MCO],) ainsi que la prise en charge de moyen séjour (soins de suite et de réadaptation [SSR]) de la population proche ; les 92 centres hospitaliers spécialisés (CHS) dispensent uniquement des soins en psychiatrie.
S’y ajoutent 139 autres établissements  publics, qui correspondent en majorité à des établissements de soins de longue durée. Au total, les hôpitaux publics concentrent 61 % des lits et 54 % des places en 2020.

Les capacités d’accueil de ces 2 983 établissements de santé se répartissent entre hospitalisation complète (387 000 lits) et partielle (80 000 places). En 2020, le nombre de lits en état d’accueillir des patients continue lui aussi de reculer (-1,5 %). En revanche, le nombre de places reste dynamique (+1,7 %),  avec une progression qui reste plus importante en moyen séjour  (+4,7 %) qu’en court séjour (+2,4 %).
En 2020, les capacités de prise en charge en hospitalisation  à domicile (HAD)connaissent une augmentation plus forte que  les années précédentes (+10,8 %, après +6,2 % en 2019). Elles représentent ainsi 7,0 % des capacités de l’hospitalisation  complète en court et moyen séjours (hors psychiatrie), contre 2,1 % en 2006. L’hospitalisation ambulatoire s’intensifie donc. À la fin de l’année, 21.300 patients pouvaient «être pris en charge simultanément en HAD sur le territoire», précise le document.

 En revanche les capacités d’accueil totales en hospitalisation complète, le nombre de lits de soins critiques (réanimation, soins intensifs et surveillance continue), très sollicités pendant l’épidémie de Covid-19, a augmenté de 3,6 % entre fin 2019 et fin 2020. En particulier, la capacité d’accueil en réanimation a progressé de 14,5 %. Reste que face à des vagues épidémiques la fragilité du système hospitalier devrait nous alerter !

ER1208.pdf (solidarites-sante.gouv.fr)

Où en est on de la pratique de l’irradiation des aliments?

L’UE évalue les règles d’irradiation ( ou ionisation) des aliments alors que son utilisation est en déclin

Une évaluation des règles d’irradiation des aliments en Europe a révélé que la législation n’aurait probablement pas beaucoup d’impact sur l’utilisation en raison d’un déclin provoqué par les craintes de l’industrie et des consommateurs, malgré les preuves scientifiques de sa sécurité sanitaire. Un symbole internationalement reconnu, le Radura, a été mis en place et désigne les aliments qui ont été irradiés.

En Europe, les aliments qui ont subi cette irradiation doivent obligatoirement présenter la mention « Traité par ionisation » ou « Traité par rayonnement ionisant » sur leur étiquetage, ce qui n’est pas le cas d’autres pays qui exportent leurs produits ionisés dans la plus grande opacité pour le consommateur. Soulignons que les traitements ionisants sont interdits en agriculture biologique

Les directives de l’Union européenne sur le sujet sont entrées en vigueur en 1999 et n’ont pas été beaucoup modifiées depuis***. Une feuille de route a été produite en 2017, suivie d’une étude commandée par la DG Santé et des commentaires du public en 2020, qui ont reçu 72 réponses, principalement de citoyens de l’UE.

Les effets des rayonnements ionisants sur les cellules de la matière vivante ou végétale sont mis à profit pour la conservation de certains produits alimentaires dont ils détruisent les microorganismes et les parasites; l’action des rayonnements, en particulier celle des rayons gamma du cobalt-60, entraîne des ruptures de liaisons chimiques lors de leur interaction avec le vivant, ce qui permet d’éliminer à froid et avec une grande fiabilité les bactéries, les moisissures et les parasites. Le traitement par ces rayons gamma est d’autant plus fiable que leur pouvoir pénétrant garantit que tous les points du produit sont effectivement traités. L’irradiation des aliments ne rend pas l’aliment radioactif .

Des associations de défense des consommateurs et de l’environnement soulignent l’appauvrissement de la valeur nutritive et des vitamines contenus dans les aliments. « Bien que l’irradiation soit suffisante pour tuer des organismes supérieurs, elle n’inactive pas les toxines / mycotoxines libérées par les bactéries et les champignons. En revanche, elles peuvent détruire des vitamines et entraîner la formation de substances néoformées ou de radicaux libres préjudiciables à la salubrité des aliments ou à leurs propriétés organoleptiques. » précise le CNRS.

Actuellement, l’ionisation est autorisée pour une seule catégorie d’aliments en Europe, il s’agit des herbes aromatiques séchées, des épices et des condiments végétaux. En France des dérogations ont été mises en place comme en France où un certain nombre de produits alimentaires peuvent être irradiés : épices, aromates, herbes aromatiques séchées ou surgelées, oignons, ail, échalotes, fraises, farine de riz, légumes déshydratés, fruits secs (abricots, figues, raisins, dattes) légumes et fruits secs, corn flakes et muesli, camembert au lait cru, viande de volaille, cuisses de grenouilles congelées, crevettes congelées, blanc d’œuf liquide déshydraté ou congelé…

Pour ce faire plusieurs centrales d’irradiation des aliments existent en France : à Sablé sur Sarthe (près du Mans), à Pouzauges (près de Nantes), Dagneux (près de Lyon), à Marseille, à Orsay (région parisienne), à Chaumesnil (près de Troyes), à Berric (Morbihan)… La plupart sont exploitées par la société IONISOS.

Les États membres effectuent des contrôles officiels mais l’intensité diffère considérablement, plus de la moitié étant effectués par l’Allemagne. Presque toutes les non-conformités concernent des denrées alimentaires importées, ce qui suggère des lacunes potentielles dans l’application de la législation sur l’irradiation aux frontières.

*** Directive n° 1999/2/CE du 22 février 1999  décliné en France par le décret n° 2001/1097 du 16 novembre 2001 et l’arrêté du 20 août 2002.

Le numéro 3114 créé pour la prévention suicide

Le lundi 27 septembre, le Ministre de la santé a lancé ce nouveau numéro d’appel lors de l’ouverture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie: ce numéro 3114 sera :  gratuit, confidentiel, accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, depuis tout le territoire national. Il entre en fonctionnement à compter du 1er Octobre

C’est un service complémentaire à celui de SOS Amitié qui est déjà à à l’écoute dans l’objectif de la prévention du suicide depuis 60 ans maintenant, 24 heures sur 24 tous les jours de l’année au 09 72 39 40 50 ou d’autres lignes d’aide.

Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, et la 5ème cause de mortalité chez les moins de 13 ans en France. . Dans ce contexte et dans le cadre de son programme « Psychiatrie et santé mentale » 2018-2023, la Haute autorité de Santé (HAS) a publié le 30 septembre 2021 une série de recommandations à destination des professionnels pour tenter de prévenir les tentatives de suicide chez les enfants et adolescents. Le but : mieux repérer, évaluer et orienter les enfants et adolescents pouvant présenter un risque suicidaire à court, moyen ou long terme. Quels sont les signes d’alerte ?

Ces signes ne doivent jamais être pris à la légère. « Le repérage des enfants et des adolescents suicidaires repose sur une écoute active et un questionnement direct. Il est donc important de prendre au sérieux la parole de tous les enfants et adolescents qui expriment ces idées et de leur apporter une réponse réactive et adaptée« , précise la HAS.

La crise sanitaire que nous vivons depuis des mois a été plus que jamais l’occasion de suicides et particulièrement de jeunes. Les idées suicidaires chez les enfants et les ados « ne doivent jamais être prises à la légère » et en cas de soupçon, les professionnels doivent leur poser la question sans détour, juge ce jeudi 30 octobre la Haute autorité de santé (HAS). Parmi « les signes qui doivent alerter », elle cite « un changement brutal du comportement, la consommation fréquente de drogue ou d’alcool, les actes d’automutilation ou encore les propos suicidaires, qui ne doivent jamais être pris à la légère ».

Selon la Société Française de pédiatrie, qui parle de « déferlement d’enfants qui vont mal dans les hôpitaux et en ville, les services de protection maternelle et infantile (PMI), ainsi  les psys et les centres médico-psychologiques ne savent plus où donner de la tête.

Il y a encore peu d’études quantitatives sur le sujet depuis le début du confinement. Mais on dispose de quelques indicateurs. On compte plus d’hospitalisations pour gestes suicidaires chez les moins de 15 ans, +80% de passages aux urgences pour troubles dépressifs et anxieux et plus d’actes également pour SOS médecins.

Le suicide est un phénomène complexe favorisé par plusieurs facteurs : biologiques, psychologiques et environnementaux. Ainsi, vivre dans un contexte de tensions familiales, relationnelles ou socio-économiques favorise les idées suicidaires.

Source : Idées suicidaires chez l’enfant et l’adolescent : repérer, évaluer et orienter la prise en charge, Communiqué de presse de la Haute Autorité de Santé du 30 septembre 2021

L’Agence RMC alerte sur les tensions sur l’eau dans nos territoires

(D’aprés les communiqués de presse), l’Agence de l’eau (RMC) Rhône Méditerranée Corse a  fait un  point précis sur la disponibilité en eau dans le Nord du bassin Rhône-Méditerranée et sur les stratégies adoptées pour gérer collectivement une ressource en tension.

Après plusieurs années marquées par de graves sécheresses, les situations de crise se multiplient. Pour prévenir les conflits d’usage et éviter de dégrader l’état des rivières et des nappes, le principe qui prévaut aujourd’hui est de gérer collectivement la ressource en eau. La stratégie et les mesures à prendre sont connues et déjà engagées dans des plans de gestion de la ressource en eau (PGRE), qui deviennent progressivement des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) en application des décisions nationales prises dans le cadre des Assises de l’eau. En Rhône-Alpes, l’Agence accompagne 22 plans de gestion de la ressource en eau.

Sur le territoire rhônalpin, les études révèlent un manque d’eau d’environ 40 millions de m3 pour satisfaire l’ensemble des usages sur les bassins versants et laisser un débit suffisant dans les rivières pour préserver la qualité de l’eau et la vie biologique. Et plus des deux-tiers des bassins versants sont en situation de déséquilibre en eau ou en équilibre fragile. Le changement climatique est à l’œuvre partout sur ce territoire. 7 nouveaux bassins versants,  jusque-là préservés, montrent les signaux d’une aggravation des tensions sur l’eau et pourraient d’ici 2022, s’ajouter aux 42 déjà en déficit : Lange – Oignin (Haut-Bugey), Avant-pays savoyard, Fier et Lac d’Annecy, Guiers Aiguebelette, Combe de Savoie, Isle Crémieu (Isère),  Rivières du Beaujolais.

« Dans la région les départements de la Drôme et de l’Ardèche sont très touchés par des déficits quantitatifs, c’est historique mais  il serait naïf de croire que seul le Sud est concerné, souligne Nicolas Alban, le Directeur de l’Agence basée à Lyon, on trouve aussi de plus en plus de petits bassins versants qui sont concernés par des déficits quantitatif, y compris plus au Nord. En 6 ans d’écart, on a +7% de territoires concernés par des déficits quantitatifs. En fait, on a un effet ciseau entre un réchauffement climatique qui diminue la ressource en eau  et une région assez dynamique qui gagne des habitants et qui donc demande plus d’eau. »

Incontestablement, le changement climatique va accroître les tensions sur l’eau. A l’horizon 2050-2070, le débit moyen des principales rivières de France devrait diminuer d’au moins 10 à 40 %. Et le débit moyen du fleuve Rhône risque de subir une baisse de 40% d’ici à la fin du siècle.

Pour l’instant les grands cours d’eau qui prennent leur source en montagne, affichent des débits confortables. « On a une impression de grande disponibilité en eau, mais il ne faut pas oublier que ces cours d’eau (le Rhône, l’Isère) sont soutenus en été par la fonte des glaciers, précise le directeur de l’Agence. C’est là qu’il y a un effet pervers :à cause du réchauffement climatique cette fonte de glaciers s’accélère et donne une disponibilité en eau qui est tout à fait trompeuse. Dans 10, 20 30 ans, quand on n’aura plus de glaciers, on risque d’avoir un effondrement des débits de ces cours d’eau « .

La dynamique est  lancée mais il reste essentiel de pouvoir rendre compte de la mise en œuvre effective des plans d’actions définis, de constater leur efficacité, et de développer une vision prospective de l’évolution de la ressource et des besoins dans le contexte urgent du changement climatique, qui s’affirme de plus en plus.