Tous les articles par Jacqueline Collard

En amont de la Cop 29 un rapport du CNUCC confirme les tendances à la progression des températures

L’Azerbaïdjan accueillera la 29e conférence des parties (COP29) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Bakou du 11 au 22 novembre.

Comme avant chaque réunion annuelle des Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (Cnucc), le Programme onusien pour l’environnement (Pnue) délivre son évaluation des politiques climatiques en cours. Dans son dernier rapport (1) , publié le 24 octobre, le constat est clair : conserver la ligne des politiques actuelles emmène la température planétaire vers une augmentation de 3,1°C en 2100, par rapport aux niveaux préindustriels, .et selon les projections de la CCNUCC, l’ambition des NDC (2) demeure insuffisante pour limiter la hausse des températures moyennes mondiales à +1,5°C et respecter l’objectif de l’Accord de Paris.

Le rapport examine combien les pays doivent promettre de limiter les gaz à effet de serre et d’obtenir, lors de la prochaine série de contributions déterminées au niveau national, qui doit être soumise au début de 2025 avant la COP30. Des réductions de 42 % sont nécessaires d’ici à 2030 et de 57 % d’ici à 2035 sont nécessaires pour être sur la bonne voie pour 1,5 degrés Celsius.

Quant au réchauffement, les engagements climat combinés des 195 Parties à l’Accord de Paris pourraient mettre le monde sur la voie d’un réchauffement compris entre +2,1°C t +2,8°C d’ici la fin du 21e siècle en fonction des hypothèses sous-jacentes (il s’agit de la meilleure estimation possible, étant donné ces diverses hypothèses, d’après la CCNUCC)

Ce qui est confirmé par le  bulletin climat mensuel pour le mois d’ octobre 2024, publié le 7 novembre 2024, le programme européen Copernicus a annoncé que le mois d’octobre 2024 est le 2e mois d’octobre le plus chaud jamais enregistré (après oct. 2023, +1,7°C) : la température moyenne mondiale mensuelle était de +1,65°C au-dessus de la moyenne pré-industrielle (1850-1900). Par ailleurs, octobre 2024 est le 15e mois sur une période de 16 mois pour lequel la température moyenne mondiale à la surface a dépassé de +1,5°C la moyenne pré-industrielle.

Tout comme l’édition 2024 du Bulletin GES de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) sur les concentrations atmosphériques des trois principaux GES persistants (à longue durée de vie) : CO2, CH4 et N2O (publié le 28 octobre 2024). En 2023, les concentrations moyennes mondiales de chacun de ces gaz ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle (1750)

1) L’édition 2024 du rapport annuel du PNUE, Emissions Gap Report (publié le 24 octobre 2024)

2) Les contributions déterminées au niveau national, ou NDC, sont des plans  climatiques nationaux dans lesquels les pays qui sont parties à l’Accord de Paris communiquent les mesures qu’ils prévoient de prendre pour lutter contre les changements climatiques.

Communiqué de presse sur le rapport de synthèse 2024 NDC

Comment sont faites les alertes météorologiques ? et qu’en faire ?

Le système de vigilance de Météo-France a vu le jour en octobre 2001, après les conséquences catastrophiques des deux tempêtes Lothar et Martin de la fin décembre 1999. Les prévisions météorologiques sont établies par Arome, le principal modèle informatique de Météo-France, mis en service en 2008.

Destiné à prévenir populations et pouvoirs publics de l’imminence d’événements météorologiques inquiétants ou dangereux, il place les départements français sur une échelle de quatre niveaux – vert, jaune, orange et rouge – pour les vingt-quatre heures à venir. Actualisé deux fois par jour au minimum (à 6 heures et 16 heures), il peut l’être plus fréquemment si la situation l’exige. Un comité de pilotage composé de représentants de Météo-France et de plusieurs ministères (intérieur, transition écologique, santé) fait des propositions chaque année après avoir étudié les performances du système.

Entre 2002 et 2021, la vigilance orange a été déclenchée 1 071 fois et la vigilance rouge 49 fois, soit 1 120 événements météorologiques sur 2 024 jours. Le nombre de vigilances orange ou rouges a tendance à augmenter régulièrement. Les cinq dernières années (2017-2021) concentrent 53 % des vigilances rouges et 32 % des vigilances orange.

En France la coordination des mesures à prendre lors d’épisodes météorologiques forts est pris en charge par les services préfectoraux suivi d’une chaine de décisions incluant les communes et communautés de communes concernées, la sécurité civile, les SDIS et relayés par les Deal : en Auvergne Rhône Alpes une  plaquette d’informations pour les risques industriels qui peuvent être associés  a été transmise aux citoyens: vous pouvez la retrouver sur https://www.lesbonsreflexes.com/

Il semblerait qu’en Espagne où les crues torrentielles ont fait d’innombrables dégâts tant humains qu’urbanistiques , c’est bien un défaut de chaine de décisions tardif qui serait l’origine de cette catastrophe.On retiendra qu’il est conseillé dans  des cas d’événements puissants de bien suivre les consignes transmises sur les radios locales ( en lien avec les autorités préfectorales).

https://vigilance.meteofrance.fr/fr

Nouvelle étude faisant le lien entre pesticides et cancer de la prostate

Une étude de l’Université de Stanford (Californie)a été publiée le 4 novembre dans la revue Cancer et a évalué les associations entre l’exposition à 295 pesticides et la survenue du cancer de la prostate, pour chaque comté des Etats-Unis.Elle pointe la responsabilité de 22 pesticides, associés à la survenue du cancer de la prostate. 19 d’entre eux n’étaient pas connus jusqu’à présent et quatre seraient liés à un risque de mortalité accru.

Les quatre substances associées à la mortalité sont des herbicides, le trifluraline, le cloransulam-méthyl et diflufenzopyr et un insecticide, le thiaméthoxame, pour certains interdis en Europe.

Cette étude a permis d’ analyser les associations au niveau des comtés entre l’utilisation annuelle de 295 pesticides distincts (mesurés en kg par comté) et les taux d’incidence et de mortalité du cancer de la prostate dans les États contigus des États-Unis.

En France, le cancer de la prostate lié à l’exposition aux pesticides est reconnu comme maladie professionnelle depuis 2021. La loi prévoit un délai de prise en charge de 40 ans, sous réserve d’une durée d’exposition de 10 ans. Cela concerne notamment les professions exposées aux pesticides lors de la manipulation ou l’emploi de ces produits, par contact ou par inhalation ou par contact avec les cultures, les surfaces, les animaux traités ou lors de l’entretien des machines destinées à l’application des pesticides.

« Cette recherche démontre l’importance d’étudier les expositions environnementales, telles que l’utilisation de pesticides, pour expliquer potentiellement une partie de la variation géographique que nous observons dans l’incidence du cancer de la prostate et les décès à travers les États-Unis », a déclaré l’auteur principal Simon John Christoph Soerensen, de la Stanford University School of Medicine. « En nous appuyant sur ces résultats, nous pouvons faire progresser nos efforts pour identifier les facteurs de risque du cancer de la prostate et travailler à réduire le nombre d’hommes touchés par cette maladie. »

Et  rappelons que ce cancer est prédominant aux Antilles « Malgré l’arrêt, il y a 30 ans, de son utilisation aux Antilles comme insecticide, le chlordécone persistant dans l’environnement continue de contaminer les populations », alerte l’Inserm. Et ce via la consommation d’aliments eux-mêmes contaminés.

Incidences et mortalité des pesticides et du cancer de la prostate : étude d’association à l’échelle de l’environnement:  Simon John Christoph Soerensen MD, David S. Lim EM MS, Maria E. Doctorat à la rasse de Montez, Glenn M. Chertow MD, MPH, Benjamin I. Chung MD, MS, David H. Rehkopf ScD, MPH

Première publication : 04 novembre 2024 : https://doi.org/10.1002/cncr.35572

 

La Cop 16 s’achève sans grande avancée

« Les pays les plus dangereux de la planète sont ceux qui émettent le plus de CO2, c’est-à-dire les pays riches. Ce sont eux qui nous tuent », a dénoncé le président colombien Gustavo Petro en ouverture du sommet des chefs d’État et ministres de la COP16, à Cali, le 29 octobre.

La dernière semaine de négociations  s’est bloquée sur le financement des  crédits biodiversité dans la lutte contre la dégradation de la biodiversité et le partage des ressources génétiques.Or parmi les 23 objectifs de l’accord de Kunming-Montréal (Cet accord qui prévoit de placer 30 % des terres et des mers dans des aires protégées, à atteindre d’ici 2030) l’un est dédié à la mobilisation des ressources financières visant à introduire des systèmes innovants, tels que les crédits et les compensations pour la biodiversité. Pour y parvenir, l’accord prévoit de porter à 200 milliards de dollars les dépenses annuelles mondiales pour la nature. Et les pays développés se sont engagés à fournir 30 milliards de dollars d’ici 2030 (contre environ 15 milliards en 2022, selon l’OCDE). Mais comment mobiliser l’argent ? Cette bataille financière Nord-Sud doit toutefois reprendre le 11 novembre, dans l’autre COP, celle sur le climat, en Azerbaïdjan. Et portera sur des montants dix fois plus élevés.

Après de nombreuses années à le demander, les pays autochtones  ont obtenu la création d’un organe permanent qui va permettre de les représenter au sein des négociations onusiennes sur la biodiversité. Cet organisme consultatif reconnaitra ainsi leur rôle dans la conservation de la nature à l’échelle mondiale, y compris dans certaines des zones les plus riches en biodiversité de la planète. “C’est un moment sans précédent dans l’histoire des accords multilatéraux sur l’environnement”, s’est réjouie Camila Romero, une représentante des peuples Quechuas du Chili. Mais finalement les pays ont échoué à trouver un accord sur le financement de la préservation de la biodiversité, pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030, démontrant une fois encore les difficultés de consensus.

Le 8ème rapport du Lancet consacré aux impacts du changement climatique sur la santé nous alerte

En collaboration avec l’OMS, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et plus de 120 experts à travers le monde, la revue scientifique The Lancet révèle, mercredi 30 octobre, son 8éme rapport consacré aux impacts du changement climatique sur la santé, le « Lancet Countdown »(Nouvelle fenêtre) (« compte à rebours » en français).

La directrice de ce projet lancé en 2016, Marina Romanello,a  présenté à la presse ses nouvelles conclusions. « Les populations du monde entier sont confrontées à des menaces sans précédent pour leur bien-être, leur santé et leur survie en raison du changement climatique rapide », a-t-elle exposé. En effet Sur les 15 indicateurs de suivi des risques sanitaires liés au changement climatique, « dix ont atteint un nouveau record »,Certaines bactéries profitent aussi de la hausse des températures. Avec le changement climatique, les deux phénomènes pluies et inondations se multiplient, mettant en péril l’accès à des ressources vitales.

Au milieu de ces mauvaises nouvelles, le rapport pointe toutefois une lueur d’espoir : grâce à la réduction de l’utilisation du charbon, « les décès attribuables aux particules fines (PM2,5) en extérieur, causés par l’utilisation de combustibles fossiles, ont diminué de 6,9% entre 2016 et 2021 », explique-t-il. Cela montre « le potentiel salvateur de l’élimination progressive du charbon », poursuit The Lancet.

Dans le cas de la France, le rapport souligne que l’évolution du climat a, en vingt ans, « considérablement augmenté » le nombre de régions propices à la leishmaniose. Cette maladie, qui se traduit dans sa forme la plus fréquente par une infection cutanée, est provoquée par la piqûre des insectes appelés phlébotomes. Observées dans le sud de la France entre 2001 et 2010, les conditions climatiques propices à cette propagation s’étendent désormais jusqu’à la Côte-d’Or et au Maine-et-Loire. Les changements dans les précipitations et la hausse des températures favorisent la transmission de maladies infectieuses mortelles, qui touchent désormais de nouveaux territoires.

En France, 54,4% du territoire a connu au moins un mois de sécheresse extrême chaque année entre 2019 et 2023, note le rapport, qui ne dispose pas encore de données permettant de voir comment, à l’inverse, les pluies abondantes de 2024 ont elles aussi affectées la santé des Français, tout comme les récoltes agricoles,   poursuit Marina Romanello. Elles favorisent la transmission de maladies infectieuses, augmentent le risque de glissements de terrain et d’autres effets néfastes. »

En 2023, 88 348 kilomètres de littoral, répartis sur 83 pays, ont abrité des conditions propices à la transmission de maladies par les vibrions, « des bactéries qui génèrent des infections gastro-intestinales et des bactéries mangeuses de chair qui génèrent également des infections des plaies, avec un risque de septicémie », explique Marina RomanelloEt notamment, le choléra. Selon le rapport, ce record de surface s’est accompagné en 2023 d’un record du nombre de cas estimés de vibriose, engendrée par ces bactéries : environ 692 000, selon The Lancet.

« Aucun individu ni aucune économie n’est désormais à l’abri des menaces sanitaires du changement climatique, souligne Marina Romanello, la directrice exécutive du Lancet Countdown, chercheur à l’University College de Londres. Partout dans le monde, les populations souffrent de plus en plus des effets financiers et sanitaires du changement climatique, et les communautés défavorisées des pays aux ressources limitées sont souvent les plus touchées , remarque Wenjia Cai, coprésident du groupe de travail 4 du Lancet Countdown à l’université Tsinghua (Chine). L’adaptation ne parvient pas à suivre le rythme ».

Espérons un déclic lors de la prochaine COP 29!

The 2024 report of the Lancet Countdown on health and climate change: facing record-breaking threats from delayed action

https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)01822-1/abstract