Tous les articles par Jacqueline Collard

L’association Secrets toxiques réalise un film d’informations grand public

Notre partenaire Secrets Toxiques  a préparé une série de projections-débats dans toute la France. Le film qu’ils ont co-construit a pour finalité d’être diffusé au plus grand nombre. C’est le  21 février 2022 que la campagne Secrets Toxiques a mis son film en ligne.

D’une durée d’une heure et mettant en scène des intervenants de pointe sur les sujets de l’agroécologie et des pesticides, le film a pour objectif de montrer le scandale de l’absence d’évaluation sérieuse de la toxicité des pesticides tels qu’ils sont commercialisés, et notamment l’absence de prise en compte de l’effet dit « cocktail », c’est-à-dire résultant de l’interaction entre les différents composés chimiques du mélange vendu comme pesticide.

La campagne s’est mobilisée à partir des études faites sur la contamination quasi généralisée de la population française par le glyphosate, ses co-formulants, adjuvants et ses produits de dégradation (étude que nous avions proposée sur notre site le 15 janvier 2022)

Le climat enjeu majeur pour la survie de l’humanité

Alors que depuis des années les scientifiques , accompagnés des citoyens conscients, alertent les politiques de  l’urgence de se mobiliser sur les aspects climat biodiversité, le constat de la faiblesse des actions prévues reste inquiétant. L’humanité et la nature sont en péril. Les effets du réchauffement sont désormais généralisés et souvent irréversibles, alertent les chercheurs.

En  2014 le GIEC concluait à une simple augmentation de la probabilité des dommages « graves, généralisés et irréversibles 

Le dernier rapport du Giec pour son 2ème volet ( 6ème évaluation) qui vient de paraitre accentue encore ces nécessités: Il dévoile un constat grave et menaçant qui remet en question toutes les prévisions scientifiques faites jusqu’ici : les impacts du changement climatique sont déjà là et ils frappent plus fort et plus vite que ce prévu.Certains événements et conditions climatiques extrêmes qui n’étaient pas censées se produire avant 2100 ont déjà été constatés.

Près de la moitié de la population mondiale (soit 3,3 milliards de personnes) vit dans des zones très vulnérables au climat, principalement dans les pays du Sud. Depuis 2008, chaque année, les phénomènes météorologiques extrêmes provoquent déjà le déplacement de 20 millions de personnes à l’intérieur de leur propre pays. D’ici à 2050, l’élévation du niveau de la mer affectera plus de 1 milliard de personnes qui pourraient voir leur habitat détruit, la montée des océans rendant les rivages inhabitables.

Ainsi, ce sont 10% des surfaces d’élevage et de culture actuelles qui pourraient devenir inexploitables d’ici 2050. Le réchauffement climatique provoquera une flambée des prix des produits alimentaires, la population entière devra faire face à une situation d’insécurité alimentaire, où les produits alimentaires seront moins variés et moins abondants qu’aujourd’hui, et de plus en plus de personnes n’y auront pas accès. et c’est donc présager encore plus de pénuries, de pauvreté, de famines ou de conflits.

Ces perspectives inquiétantes se doublent d’une injustice fondamentale : alors qu’ils ne concourent que marginalement au réchauffement climatique, les pays déshérités sont et seront les plus affectés, faute des moyens d’atténuer ses conséquences ou de s’y adapter. Les pays riches doivent de toute urgence tenir enfin leur promesse, datant de 2009, de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les États en développement.

1er volet du rapport du Giec d’aout 2021 : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/ confirmé par l’augmentation des catastrophes climatiques de l’été 2021

2ème volet de février 2022 : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/   sur les impacts, les vulnérabilités et l’adaptation à la crise climatique.

L’Ukraine attaquée ; la réminiscence de Tchernobyl est sérieuse

Notre partenaire la Criirad met l’accent sur le conflit russo-ukrainien qui a débuté le 24 février, apportant de  fortes inquiétudes en matière de contamination radioactive et de sûreté nucléaire.

Aucun des 4 réacteurs de l’ancienne centrale de Tchernobyl n’est plus en fonctionnement (le dernier a été arrêté en 2000) mais la zone comporte de nombreuses installations à risque (entreposages de combustibles irradiés, sarcophage du réacteur n°4, désormais recouvert d’une arche qui n’est certes pas conçue pour résister à des obus), installation de traitement de déchets radioactifs et multiples entreposages de déchets radioactifs pour la plupart non sécurisés (un grand nombre étant enfouis en vrac dans des fosses simplement recouvertes d’une couche de terre). L’un des termes sources les plus préoccupants est l’entreposage en piscine des assemblages de combustibles irradiés déchargés des réacteurs n°1, 2 et 3. Tout doit être fait pour maintenir en fonctionnement leurs dispositifs de sûreté, ce qui implique que les équipes soient toujours en situation d’assurer les interventions.

La centrale accidentée a généré de grandes quantités de déchets radioactifs (près de deux millions de mètres cubes de végétaux, sols, matériaux de construction, équipements divers, etc.) qui ont été disposés dans la zone d’exclusion autour du réacteur accidenté. Ces déchets ont été gérés en fonction de leur niveau d’activité. Les déchets de moyenne et haute activité (10​4 Bq/g à plus de 10​6​​​ Bq/g) ont été majoritairement entreposés dans des casemates en béton ou stockés dans des tranchées à fond étanche recouvertes d’une couverture argileuse.

L’inquiétude concerne également la sécurité des 15 réacteurs des 4 centrales nucléaires de Khmelnitski, Konstantinovka, Rovno et Zaporijjia. Évidemment, il est raisonnable de penser qu’elles ne constituent pas des objectifs militaires mais des situations de conflits sont toujours des situations à haut risque. De source officielle, 12 des 15 réacteurs nucléaires étaient en fonctionnement ce matin (étaient déconnectés du réseau électrique le réacteur n°5 de la centrale nucléaire de Zaporizhzhya, le réacteur n°1 de Rivno et le réacteur n°2 de Khmelnitsky).

Le laboratoire de la CRIIRAD s’efforce actuellement de vérifier et recouper les informations. Elle  a renforcé son dispositif de surveillance en conséquence et se tient prêt à communiquer à ce sujet si des contaminations ou risques de contaminations le justifiaient, grâce aux  balises qu’elle gère, permettant de suivre l’évolution de la pollution potentielle et ce, d’autant que les échanges avec les autres laboratoires restent permanentes.

http://www.criirad.org/

http://balises.criirad.org/actu_guerre_Ukraine_2022.html

La sécheresse sévit gravement dans le sud de l’EUROPE

Les sécheresses se sont multipliées en Méditerranée depuis les années 1950, et elles ont déjà contraint certains agriculteurs à abandonner leurs terres, au risque de les désertifier. Cela peut également augmenter les risques d’incendies de forêt. Dans la région méditerranéenne, le sol se dégrade et les terres se transforment en désert plus rapidement que partout ailleurs dans l’Union européenne, et le constat est que les sols de la région méditerranéenne s’appauvrissent très rapidement, en lien avec les pratiques agricoles et le changement climatique.

Une  étude, commanditée par l’Europe est la première à examiner et à résumer l’état des sols dans la Méditerranée européenne, elle souligne qu’il n’existe toujours pas de législation européenne spécifique protégeant les sols ruraux de l’urbanisation.Cette étude  sur la santé des sols a révélé que jusqu’à 70 % des sols de l’UE perdaient leur capacité à assurer des fonctions écologiques essentielles. Les sols peu profonds de la Méditerranée sont particulièrement sensibles à l’intrusion de l’eau de mer, à l’érosion, à la sécheresse et aux incendies de forêt. En fait, cette région présente les taux d’érosion les plus élevés de l’UE et les niveaux les plus bas de matière organique du sol.

L’étude pointe cependant le fait que, si de nombreuses études se sont penchées sur la problématique de l’érosion des sols dans cette région, peu ont été menées sur l’impact de la dégradation des sols au niveau biologique. Et pourtant il  est certain qu’un fort taux d’érosion affecte directement les infrastructures humaines, en augmentant notamment le risque de mouvements de terrain, de coulées de boues, etc., la dégradation de la biodiversité contenue dans les premiers mètres de sol ne fait qu’empirer la situation.

Rapport de la défenseure des droits sur le numérique

Dans un rapport publié en début de mois, Claire Hédon nouvelle Défenseure des droits alerte sur les difficultés auxquelles près de 10 millions de personnes sont confrontées dans leurs démarches numériques mises en place depuis 3 ans. Elle  pointe l’insuffisance des réponses de l’État. Durant ces 3 années, la transformation numérique de l’administration et des services public s’est poursuivie, entrainant une évolution profonde de la relation à l’usager.

A plusieurs reprises, notamment dans le rapport de 2019 « Dématérialisation et inégalités d’accès aux services publics », l’ancien Défenseur des Droits, Jacques Toubon, avait apporté des critiques à la politique de e-administration. En particulier, il était reproché à l’approche numérique d’être exclusive et donc discriminatoire à l’égard des personnes peu familières avec les outils informatiques.

Mais, avant même d’en venir aux services en ligne, la Défenseure des Droits fustige les inégalités d’accès à Internet qui persistent dans le pays. Le rapport reconnaît tout de même quelques progrès grâce à une amélioration indéniable de la couverture Internet et surtout la création des premières Maisons des services au public (MsaP) avec des créations de postes de conseillers numériques.

Malgré tout, le recours au numérique est souvent exclusif et donc incontournable, l’accueil physique ou téléphonique ayant été supprimé ou rendu incapable de réaliser certaines démarches. L’État a prévu des dispositifs d’accompagnement ou de formation mais qui sont peu connus et donc peu utilisés, la Défenseure des Droits relayant les critiques déjà formulées par la Cour des Comptes.

https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/rapports/2022/02/rapport-dematerialisation-des-services-publics-trois-ans-apres-ou-en-est-on?