Tous les articles par Jacqueline Collard

Il est urgent de limiter la pollution maritime : l’état des océans l’exige

Un rapport publié le 4 mars, affirme que les États membres n’appliquent pas de manière  stricte les règles et la surveillance antipollution des bateaux fréquentant les ports de l’Union. La réalité, c’est que plus des trois quarts des mers européennes ont un problème de pollution ».

L’état des océans se dégrade.Il faut protéger l’océan, dit-on , à trois mois de l’ouverture de la conférence des Nations unies sur l’océan ( UNOC-3),d’autant que la  protection de l’océan sera au cœur des discussions prévue à Nice du 9 au 13 juin 2025.

Quelles sont les causes essentielles ? Déversements d’hydrocarbures dans l’eau, pollution chimique, déchets plastiques, conteneurs et engins de pêche perdus en mer, sans compter les dégazages illégaux.…

Or dans l’Objectif « zéro pollution » la Commission européenne a publié, en ce début mars, les indicateurs de suivi des cibles ambitieuses qu’elle s’est fixées à l’horizon 2030. Et il est constaté que l’Europe progresse sur l’air et les pesticides, mais reste très loin du compte sur l’eau, pour le plastique et le bruit, alors qu’est attendu pour l’UE, un territoire sans pollution.Néanmoins les États membres peinent à lutter contre les impacts des activités maritimes: en cause, ne application encore défectueuse de la législation européenne par les 27.

l’UE met à la disposition de ses membres plusieurs outils, dont le système de surveillance par satellite pour la détection de rejets d’hydrocarbures, baptisé CleanSeaNet, qui permet de scruter d’éventuelles pollutions. Sur la période 2022-2023, le CleanSeaNet a repéré 7.731 déversements possibles d’hydrocarbures dans les mers européennes.

Et les auditeurs de la Cour des comptes « ont constaté que les États membres avaient donné suite à moins de la moitié de ces alertes et n’avaient confirmé la pollution que dans 7% des cas ». En cause, « le décalage entre le moment où l’image satellite est captée et celui où le contrôle en mer est effectué ».

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=OJ:C_202501500

Le rapport peut être consulté ou téléchargé sur le site internet de la Cour des comptes européenne à l’adresse suivante:
https://www.eca.europa.eu/fr/publications/sr-2025-06

Rapport spécial 06/2025:  «Lutte contre la pollution marine causée par les navires – L’UE navigue toujours en eaux troubles»   (C/2025/1500)

4 mars journée mondiale sur l’obésité : l’un des plus grands défis sanitaires du XXIe siècle »

Dans notre pays Santé Publique France comptabilise  8 millions de Français  concernés par l’obésité, et ce constat est malheureusement généralisé.

En effet, selon une étude du Lancet ,cette épidémie est présente et s’amplifie partout dans le monde, comme en témoigne l’analyse  établie à partir des données de 204 pays et territoires dans le monde, avec les chiffres du Global Burden of Disease. »Sans réforme urgente des politiques et actions concrètes, 60% des adultes soit 3,8 milliards de personnes et près d’un tiers (31%) des enfants et adolescents, soit 746 millions, devraient être en surpoids ou obèses d’ici 2050″ selon l’étude.Pour parvenir à ce triste constat, des chercheurs de l’Université de Washington (Etats-Unis) ont utilisé plus de 1 350 études nationales et internationales.

Et les projections s’avèrent alarmantes: « En 2050, un jeune sur trois souffrant d’obésité soit 130 millions, vivra dans deux régions: l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, suivies par l’Amérique latine et les Caraïbes, avec des conséquences sanitaires, économiques et sociales graves », notent-ils.L’obésité chez les jeunes devrait bondir de 121% à l’échelle mondiale, avec un total de 360 millions d’enfants et adolescents obèses d’ici 2050. Les premiers touchés, avec une forte hausse attendue dès 2022-2030 à l’échelle mondiale, sont les garçons âgés de 5 à 14 ans: en 2030, on devrait compter dans cette catégorie davantage d’obèses (16,5%) que de jeunes en surpoids (12,9%).

« Les enfants et adolescents obèses sont une priorité absolue si nous voulons éviter la transmission intergénérationnelle de l’obésité, des maladies chroniques et des coûts financiers et sociétaux désastreux pour les générations futures », alertent les auteurs. Lesquels soulignent que « l’épidémie mondiale sans précédent de surpoids et d’obésité est une tragédie profonde et un échec sociétal monumental ».

« Si nous agissons maintenant, il est encore possible d’empêcher une transition complète vers l’obésité mondiale chez les enfants et les adolescents. De nombreux pays n’ont qu’une courte fenêtre de tir. Des plans d’action quinquennaux (2025-2030) sont nécessaires de toute urgence pour freiner la hausse de l’obésité. »

Un spécialiste danois de l’obésité, Thorkild IA Sørensen de l’Université de Copenhague, s’interroge : Ne serait-il pas souhaitable de mettre en place :« une régulation des aliments ultra-transformés,la  promotion de programmes de santé maternelle et infantile ou encore de l’activité physique… La question la plus urgente est de savoir quelles interventions seront à la fois réalisables et efficaces. »

Une étude démontre une exposition massive humaine aux produits chimiques en contact avec les denrées alimentaires (FCC)

Une équipe de chercheurs suisses et américains *a réévalué à la hausse le nombre de produits chimiques en contact alimentaire (FCC: pour food contact chemicals, en anglais) retrouvés dans le corps humain, dont certains sont déjà considérés comme « extrêmement préoccupants ». Jusqu’alors les hommes sont connus pour être exposés  via les aliments, mais toute l’étendue de l’exposition humaine à tous les FCC n’était  pas connue. Pour combler ce déficit de connaissances important, ces chercheurs ont procédé à une vue d’ensemble systématique des FCC qui ont été surveillés et détectés dans des études de biosurveillance humaines selon un protocole bien défini, sachant qu’on considère qu’il en existe 14 000 au total selon les scientifiques – les auteurs ont pu répertorier pour la première fois les preuves de leur présence dans des échantillons biologiques comme le sang, l’urine, le sérum, la peau, le plasma.

Cette  étude publiée le 17 septembre par le Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology révèle la présence d’au moins 3 601 substances chimiques dans le corps humain provenant de matériaux utilisés pour les emballages ou les ustensiles de cuisine. Or environ 80 appartiennent à la catégorie des substances dites « extrêmement préoccupantes ». Il s’agit de substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction ou de substances persistantes, bioaccumulables et toxiques, selon la classification de l’Agence européenne des produits chimiques.

Et certains sont particulièrement pointés du doigt. « L’un des principaux problèmes reste le bisphénol A, qui continue à être utilisé dans les revêtements des bouteilles, boîtes de conserve ou des canettes »Pour protéger notre santé, les normes en vigueur au sein de l’Union Européenne sont loin d’être suffisantes, selon Jane Muncke, du Food Packaging Forum, l’une des coautrices de l’étude.

*Publication du  17 septembre 2024 dans le Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology proposée par des chercheurs du Food Packaging Forum (fondation basée à Zurich)de l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau ou encore de l’Institute of Environmental Health Science de la Wayne University (Detroit, États-Unis).

Une nouvelle plateforme « Tous exposés »

Face à la dérégulation facilitée par la nouvelle loi d’orientation agricole  , comme des constats de plus en plus fréquents de produits chimiques analysés tant dans les eaux de consommation que dans des produits alimentaires dont les fruits et légumes , des associations avec comme chefs de file Générations futures et Secrets toxiques créent  une plateforme de suivis des risques sanitaires de l’alimentation. Celle ci,  dénommée  « tous exposés« . a été développée en collaboration avec l’association Data for Good, abrite notamment deux cartes interactives complémentaires facilitant les connaissances du sujet.

Face à ces dangers, la plateforme propose d’interpeller le ministre de la Santé Yannick Neuder pour lui demander d’intégrer la non-exposition aux pesticides chimiques dans les futures stratégies nationales sur l’alimentation. Et d’inscrire dans la loi un objectif de 12 % de consommation de produits issus de l’agriculture biologique en 2030.

La carte Géophyto, développée par Générations Futures,  permet de visualiser quels pesticides sont les plus achetés par département et quelles sont leurs propriétés (perturbateurs endocriniens, cancérogènes, polluants des eaux, etc.).

et la carte la carte Adonis permet de visualiser l’utilisation de pesticides chimiques par commune sur le territoire français et ainsi de comprendre les conséquences d’une telle utilisation en agriculture sur nos lieux de vie,  il nous est alors plus aisé de connaitre les éventuelles expositions sur notre environnement immédiat.

Générations Futures, Métabolites de pesticides : la face cachée de l’iceberg, Octobre 2024, disponible sur : Générations Futures.

Générations Futures, PFAS dans l’eau : une pollution invisible et persistante, 23 janvier 2025, disponible sur :Générations Futures.

En 2023 la Fondation allemande Heinrich Böll et La Fabrique écologique, en collaboration avec le collectif d’ONG écologistes Nourrir avait  déjà produit  à l’échelle mondiale un Atlas des pesticides éclairant  l’importance de la contamination des eaux, de l’air et des sols.

La loi d’orientation agricole votée revient sur des dispositifs protecteurs

Adoptée dans la précipitation avant le Salon de l’agriculture, la loi d’orientation agricole prétend répondre à la crise du secteur mais avec un dramatique recul des normes environnementales.

Présenté dés avril 2024 par le Gouvernement, ce texte avait depuis été suspendu par la dissolution de l’Assemblée, et sommeillait au Sénat depuis, et c’est finalement avec l’horizon du nouveau Salon de l’agriculture qu’il a été examiné, répondant ainsi aux revendications des syndicats agricoles majoritaires. En témoin l’une des mesures phares de cette loi qui consacre « la protection, la valorisation et le développement de l’agriculture » au rang d’« intérêt général majeur ».

Des dispositifs de simplification ont été prévus, en particulier avec des atteintes à l’environnement, sur les contentieux, et les haies offrant un recul évident sur les mesures de protection déjà engagées, comme les règles encadrant l’usage des pesticides et la protection de la ressource en eau, la suppression d’objectif pour la bio, les entorses au ZAN et à la loi littoral. Les dispositions  de cette loi d’orientation agricole vise aussi à réduire la répression pénale à l’égard du monde agricole. et à prendre des mesures pour assurer le revenu des producteurs, et dans l’espoir de simplifier leur quotidien.

Soulignons dans l »article 1 alinéa 7 est indiqué la préservation voire l’augmentation du recours  à l’irrigation ce qui ne peut que surprendre dans le cadre d’une disponibilité constatée de l’eau, réduite depuis des années.

Ce texte instaure cependant, un diagnostic de résilience, accompagnement essentiel pour anticiper et gérer les impacts du changement climatique sur les exploitations prévu par le Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc) et porté par les Chambres d’agriculture.

L’objectif principal  de ce diagnostic étant  de travailler ensemble, entre agriculteur et conseiller, pour :
• Identifier les points sensibles des exploitations face aux aléas climatiques (sécheresses, inondations, épisodes de gel, etc.).
• Déterminer les leviers d’adaptation à mettre en place, grâce à un échange technique structuré et un outil de diagnostic.

https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/dossiers/souverainete_agricole_renouvellement_generations