Alors que l’autorité de régulation des télécoms a lancé le 30 décembre 2019 la procédure d’attribution de fréquences dans la nouvelle bande 3,5 GHz. Son déploiement s’accompagne cependant de nombreuses interrogations sur ses effets sanitaires et environnementaux.
Rappelons que dés 2011, le Centre international de recherche sur le cancer a classé les radiofréquences comprises entre 30 kHz et 300 GHz comme cancérogène possible pour l’homme. « Aujourd’hui, il y a des incertitudes sur les effets à long terme d’une utilisation intensive du téléphone portable”.
Dans un rapport préliminaire publié lundi 27 janvier, l’Anses conclut à « un manque important voire à une absence de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés aux fréquences autour de 3,5 GHz ». En d’autres termes, à ce stade, il lui est impossible d’évaluer les risques liés à la 5G. Elle demande donc aux opérateurs de fournir toutes les informations techniques afin de pouvoir caractériser les niveaux d’exposition.
Communiqué Anses
Le déploiement de la technologie de communication de « 5ème génération » promet des services innovants s’appuyant sur de nouvelles infrastructures. Ces évolutions technologiques vont modifier les modalités d’exposition de la population, et nécessiteront d’adapter les méthodes de mesure et d’évaluation. Dans le cadre du déploiement de la 5G prévu en fin d’année en France, l’Anses a engagé des travaux d’expertise visant à évaluer les risques sanitaires liés à l’exposition des populations à ces technologies. A cet effet, l’Anses souligne la nécessité de disposer des données décrivant les technologies développées et leurs installations afin de caractériser les niveaux d’exposition associés et d’évaluer les éventuels effets sanitaires.
Dans le cadre du déploiement de la 5G et de la feuille de route nationale lancée par le Gouvernement en juillet 2018, l’Anses a été saisie par les ministères chargés de la santé, de l’environnement et de l’économie afin de conduire une expertise sur l’exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de cette technologie et aux éventuels effets sanitaires associés. Dans ce contexte, l’Anses publie un rapport préliminaire qui détermine les bases de ses travaux d’expertise dont les résultats seront disponibles au 1er trimestre 2021. Elle y présente notamment un recensement des études scientifiques disponibles et identifie les axes principaux d’évaluation des risques.
La technologie 5G : de nouvelles bandes de fréquences à investiguer
Le déploiement de la technologie 5G vise à développer des services innovants dans de multiples domaines comme la santé, les médias, les transports ou encore les industries du futur. Elle s’appuiera sur de plus grandes capacités de transfert de données mobiles, en quantité et en vitesse, pour proposer une plus grande offre de services sans-fil et favoriser le développement d’objets interconnectés.
En France, les premières offres 5G seront lancées fin 2020. Les fréquences déjà utilisées par les précédentes générations de téléphonie mobile (2G, 3G, 4G) seront exploitées, ainsi que deux nouvelles bandes de fréquences :
- dans un premier temps, la bande 3,5 GHz pour la couverture en téléphonie mobile 5G dans des zones géographiques étendues,
- puis les années suivantes, la bande 26 GHz pour la communication entre des objets connectés ou pour de la téléphonie mobile dans des périmètres restreints.
Des données d’exposition essentielles pour l’évaluation des risques
L’Anses souligne la nécessité de disposer du maximum d’informations techniques de la part des industriels impliqués afin d’être capable de définir des scénarios d’exposition des populations, en collaboration avec l’Agence nationale des fréquences (ANFR), et d’évaluer l’impact sanitaire éventuel.
Les opérateurs de téléphonie mobile ont déjà réalisé des expérimentations pilotes dans plusieurs villes françaises dont Lyon et Grenoble pour tester le fonctionnement des nouvelles infrastructures. A cette occasion, dans le cadre de ses missions de contrôle de l’exposition du public aux ondes, l’ANFR effectue depuis fin 2018 des essais exploratoires de mesure de l’exposition dans la bande 3,5 GHz. Ces mesures constitueront l’une des sources de données prises en compte dans l’expertise de l’Anses.
Deux champs d’expertise identifiés
L’Agence a identifié deux champs d’évaluation des risques distincts correspondant aux deux nouvelles bandes de fréquences 5G, autour de 3,5 GHz et de 26 GHz dont les modalités d’exposition sont différentes.
Elle a mis en évidence un manque de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés à l’exposition aux fréquences autour de 3,5 GHz. De ce fait, les experts évalueront la possibilité d’extrapoler les résultats des travaux d’expertise antérieurs de l’Agence sur les impacts sanitaires des diverses technologies de communications existantes (3G, 4G, Wi-Fi, …) qui utilisent des fréquences proches de la bande 3,5 GHz, de 0,8 à 2,45 GHz. Concernant les fréquences plus élevées, entre 20 et 60 GHz, les données disponibles dans la littérature sont plus nombreuses, les travaux d’expertise s’attacheront donc à les analyser pour évaluer les impacts sanitaires éventuels liés aux expositions dans la bande 26 GHz.