L’équipe du chercheur Séralini, soutenue par le CRIIGEN (comité de recherches et d’informations indépendantes sur le génie génétique), révèle que la nourriture des animaux de laboratoire est contaminée par des dizaines de substances chimiques toxiques, au rang desquels perturbateurs endocriniens, pesticides et OGM se côtoient. Cette faille dans la méthodologie des tests toxicologiques et pharmacologiques menés en amont de la mise sur le marché des substances chimiques minimise les risques sanitaires, rendant les résultats de 70 années d’études réglementaires « lourdement sujet à caution ». La conséquence directe est que d’innombrables molécules chimiques potentiellement dangereuses pour la santé publique ont été autorisées par les agences sanitaires. Pour mémoire, on compte actuellement 250 000 molécules chimiques présentes sur le marché, sans prendre en compte les produits de dégradation.
Une étude toxicologique repose sur la comparaison de la fréquence d’apparition de l’effet toxique recherché entre un groupe d’animaux soumis à une exposition, par rapport au groupe dit « témoin », c’est à dire vierge de cette exposition.
Or industriels et agences sanitaires partageaient le constat qu’une proportion élevée d’animaux de laboratoire présentait une prédisposition au développement de diverses pathologies. L’étude de l’équipe de Caen propose une piste d’explication à ce phénomène en mettant en évidence l’exposition chronique du groupe témoin à divers polluants via l’alimentation. Après avoir étudié sur 13 échantillons communs de croquettes pour rats les traces de 262 pesticides, 4 métaux lourds, 17 dioxines et furanes, 18 PCB et 22 OGM, le professeur Séralini révèle que « Tous les lots de croquettes contiennent des taux non négligeables de plusieurs de ces produits, à des niveaux susceptibles de causer des pathologies graves et de perturber le système hormonal ou nerveux des animaux. » À titre d’exemple, il indique qu’avec les PCB et les dioxines présents également dans les régimes, “les rats ont 40 % de risque supplémentaire de développer des maladies chroniques avec ces nourritures qu’avec des nourritures saines”.
Ce phénomène va dans le sens d’une minimisation du risque : puisque tous les animaux sont exposés par la nourriture, l’écart entre les différents groupes est en partie masqué. Pour tenter de remédier à la perte de puissance que cela représente (c’est à dire au risque de ne pas avoir un écart statistiquement significatif alors que la substance étudiée provoque réellement un effet sanitaire), les études toxicologiques étudient, et donc sacrifient, un nombre d’animaux étudiés plus important. Plus grave encore en terme de défaut méthodologique, dans certaines études, la nourriture contenait le polluant même qui était étudié, et ce, à l’insu des chercheurs qui estimaient leur groupe témoin exempt du produit. C’est le cas d’une étude du Laboratoire DuPont sur un colza transgénique tolérant au Roundup au sein de laquelle les croquettes des animaux témoins contenaient de manière importante des résidus de Roundup. L’étude a conclu à l’innocuité du colza en question.
La découverte n’a apparemment pas été du goût de tout le monde puisque le travail, accepté par l’éditeur scientifique de la revue internationale PlosOne, n’a pu paraître sur internet comme prévu le 18 juin mais à été retardé jusqu’au 2 juillet. « Une fois de plus, y a-t-il eu pression de la part de groupes ou d’entreprises qui ne voient pas d’un bon œil la publication d’une telle information ? », s’interroge ouvertement Corine Lepage, présidente d’honneur du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le
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