Après la journée sans portable du 7 février, voilà la journée sans Facebook ce 28 février et alors que le premier réflexe matinal pour beaucoup de Français est de consulter son fil d’actualité, on peine à croire que l’objectif sera réalisable car cette utilisation est devenue un geste commun.
Comment donner du sens à une journée “sans” ? Thierry Le Fur, expert en comportements numériques et addictifs, propose de se demander pourquoi nous utilisons les réseaux, pour mieux s’en servir sans asservir. Mais la vocation réelle de cette journée n’est pas tant de s’abstenir d’utiliser les réseaux sociaux , mais plutôt de réussir à prendre du recul et à réfléchir à l’utilisation grandissante, voire démesurée, de ceux-ci. La finalité étant de lutter contre la cyberdépendance et l’intrusion des publicités et fausses informations dans nos vies numériques.
Facebook comporte bien évidemment de nombreux avantages, qui lui ont permis de séduire un très grand nombre d’utilisateurs et de s’imposer sur le marché : chaque jour, 4,5 milliards de contenus sont partagés dans le monde. Ce réseau social nous permet de suivre l’actualité de nos connaissances et de nos amis… sans jamais avoir à leur adresser la parole.
Pour pouvoir échanger et dialoguer, nous avons besoin de prendre du temps et d’écouter l’autre. Qui ne s’est jamais plaint de voir un adolescent scotché à son téléphone pendant un moment en famille ? L’omniprésence de Facebook peut rapidement déconnecter l’utilisateur du réel et apporter son lot de dérives comme le cyber-harcèlement ou l’apparition de challenges dangereux ; elle peut donc s’avérer dangereuse, notamment pour les jeunes..
Et c’est précisément parce que l’ambition de Facebook est d’être rentable que la plateforme ne s’attache pas au qualitatif. Elle n’est clairement pas faite pour les relations humaines telles que nous les concevons. L’enjeu ici n’est pas seulement l’impact de Facebook sur les relations humaines, c’est également son impact sur le traitement de l’information. Les algorithmes sont conçus pour faire remonter dans le fil d’actualité les publications que l’internaute pourrait aimer, créant ainsi une certaine “bulle” au sein de laquelle l’utilisateur ne voit que ce que Facebook pense qu’il aimera. L’information reçue est biaisée.
Le numérique a aujourd’hui un réel pouvoir – notamment sur la politique, comme le prouvent les récents scandales. Une information relayée par des millions de personnes aura forcément un impact, aussi désire-t-on que les algorithmes d’un acteur répondant à une autre législation puissent dicter quelle information sera vue de tous ? Quelle image impactera la vie politique ou sociale de notre pays ?
Il est temps pour les législateurs de se positionner et de défendre les initiatives françaises ou européennes qui véhiculent d’autres valeurs, participent à la vie économique de leur pays et suivent les règlementations locales.